Ce terme ne se trouve dans la Bible qu’aux épîtres de Jean (1Jn 2.18 ; 2.22 ; 4.3 ; 2Jn 1.7) ; mais l’idée qu’il représente se rencontre beaucoup plus souvent. L’anti-Christ désigne, comme l’indique la composition du mot, l’adversaire du Christ, — en fait, le dernier et le grand ennemi du Messie (voyez : Oint). Cette figure de l’Antichrist appartient à cette littérature spéciale qu’on a appelée la littérature apocalyptique et qui date de la dernière époque de l’histoire d’Israël. On en trouve l’origine dans les livres les plus récents de l’Ancien Testament et déjà dans ces passages des Prophètes où nous voyons apparaître la préoccupation des choses finales. L’ère du Messie devait survenir à la fin de l’ère présente, à la fin des temps, et inaugurer une économie nouvelle. Le Messie serait l’agent providentiel de ce renouvellement de toutes choses. Une dernière lutte, plus grande et plus terrible que toutes les précédentes, donnerait la victoire au bien sur le mal, au Christ sur... l’Antichrist. Comme la cause de Dieu était personnifiée dans le Messie, l’armée des ennemis de Dieu devait avoir aussi, dans la pensée du temps, un chef diabolique : l’AntiChrist. Cette figure de l’antichrist ne s’est dessinée que petit à petit dans la littérature apocalyptique. Nous en trouvons quelques éléments au livre du prophète Ezéchiel (Eze 38; Eze 39) sous les traits du roi Gog, et au livre de Daniel (Dan 11) sous les traits du roi persécuteur, Antiochus. A l’époque apostolique, il empruntera bien des traits à la figure dé Néron. A chaque période où des événements catastrophiques faisaient facilement penser à la fin des temps, celui que l’on considérait comme l’auteur responsable des malheurs de l’époque devenait l’Adversaire maudit, l’Antichrist. Il est probable que dans le livre de l’Apocalypse, le chiffre 666, désigne Néron-César.
Jésus, lui-même, ne parle pas de l’Antichrist, mais il semble avoir pensé que les derniers temps de l’économie actuelle seraient marqués par une recrudescence du mal, sous l’aspect d’une puissance séductrice contre laquelle ses disciples même devront se tenir en garde. Il parle de faux-messies qui chercheront à les séduire (Marc 13.6,22).
Dans les épîtres de Jean, où apparaît le mot même d’antichrists, ces antichrists sont nombreux et se confondent avec les méchants en général ou tout au moins avec ceux qui se constituent chefs des ennemis de Dieu (1Jn 2.18).
Numérisation : Yves Petrakian