L’arche était un coffre sacré pour lequel les anciens Hébreux avaient la plus grande vénération. Les textes les plus antiques nous apprennent que l’arche accompagnait le peuple à la guerre et qu’elle était, dans la bataille, le signe de la présence de Yahvé au milieu des siens. Sans l’arche, Israël était vaincu d’avance (Nom 14.44).
Battu par les Philistins à Aphek, le peuple attribua sa défaite à l’absence de l’objet sacré (1Sa 4.3-4). En temps de paix l’arche était conservée dans un des sanctuaires du pays, à Béthel (Juges 20.27), à Silo (1Sa 4.3), à BethSchémesch (1Sa 6.13-16), à KirjathJéarim (1Sa 7.1) et enfin à Jérusalem (2Sa 6).
La seule explication qui nous soit donnée du caractère sacré de l’arche date de l’époque où, sous l’influence des prophètes, on cherchait à spiritualiser les croyances ancestrales. On enseigna alors que l’arche tenait sa sainteté des tables de la Loi qui y étaient conservées (De 10.5). Mais les vieux textes ignorent cette conception ; pour eux l’arche n’est pas « l’arche de l’alliance » ou « l’arche du témoignage », c’est-à-dire l’arche de la Loi, mais simplement « l’arche de Dieu ». Nous savons aujourd’hui que les idées religieuses des Israélites primitifs se rapprochaient beaucoup de ce que nous appelons le fétichisme l’objet sacré était vénéré comme l’habitation de la divinité. On lui parlait comme on aurait parlé à la divinité même (No 10.35-36). L’idée primitive était donc que Yahvé était dans. l’arche. On comprend dès lors la croyance que l’arche peut accomplir des miracles comme elle le fait au pays des Philistins (1Sa 5), punir les téméraires qui lui manquent de respect (1Sa 6.19-21 ; 2Sa 6.6-11) et diriger à sa volonté l’attelage qui la transporte (1Sa 6.7-12).
Il est à remarquer que l’arche disparut assez tôt du culte israélite et sans que nous sachions quand, comment et pourquoi. Nous savons seulement qu’elle n’existait plus au temps de Jérémie, dans le livre duquel nous trouvons ces mots : « En ces jours-là, dit Yahvé, on ne parlera plus de l’arche de l’Alliance de Yahvé ; elle ne viendra plus à la pensée ; on ne se la rappellera plus ; on ne s’apercevra plus de son absence et l’on n’en fera point une autre » (Jer 3.16). Peut-on conclure de ces mots qu’à l’époque de Jérémie la disparition de l’arche ne remontait pas à un très lointain passé puisqu’on la regrettait encore ? Ce qui est certain, c’est que la dernière mention de l’arche dans les vieux récits historiques ne nous mène qu’aux jours de Salomon. Il est probable que l’arche perdit peu à peu de son prestige, à mesure que le développement des idées prophétiques battait en brèche les vieilles superstitions païennes et que le jour vint, — sans que nous puissions dire quand, — où, la vieille arche tombant en ruines, on ne songea plus à la remplacer par une arche neuve.
Numérisation : Yves Petrakian