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Esaïe 41
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Esaïe 41

L’Éternel suscite le libérateur de Sion

Le but de ce discours est comme celui du précédent, de consoler Israël. Le prophète l’a fait au chapitre 40 en lui présentant d’une manière générale le salut promis, dont il lui a donné pour gage la puissance infinie de Dieu. Il continue à le faire, au chapitre 41, en lui montrant un libérateur déjà en marche pour le sauver et en prouvant, par les prédictions relatives à l’apparition de ce libérateur, que c’est bien Jéhova qui l’envoie.

1 Îles, faites silence pour m’écouter, et que les peuples prennent de nouvelles forces ; qu’ils approchent, puis qu’ils parlent ! Allons ensemble en jugement !

L’Éternel démontre qu’il est Dieu par l’envoi d’un conquérant devant qui les peuples païens tremblent.

Jéhova invite les païens (les îles : les peuples éloignés) à débattre avec lui la question de savoir qui, de lui ou de leurs idoles, est Dieu ; ils doivent d’abord écouter quelles preuves il a lui-même à donner de sa divinité, puis, rassemblant leurs forces, se défendre à leur tour contre lui.

2 Qui a fait lever de l’Orient celui dont la justice rencontre les pas ? Qui lui a livré les nations et lui a soumis les rois ? Il réduit leur glaive en poussière ; il rend leur arc semblable à la paille qu’emporte le vent ;

Il en appelle, pour prouver sa divinité, à l’œuvre qu’il a commencé d’accomplir (versets 2 à 4). Un héros parcourt la terre en vainqueur : quelqu’un des dieux des païens peut-il se vanter de l’avoir suscité ? Jéhova seul a pu le faire, car ce héros arrive pour détruire les oppresseurs d’Israël et préparer ainsi sa délivrance. Le prophète voit, ce conquérant sortir de l’Orient ; il sera nommé plus tard : c’est le roi des Perses, Cyrus (voir à Ésaïe 44.28 et Ésaïe 45.1-3).

La justice rencontre ses pas, se trouve sur sa route, l’accompagne : il accomplit, par ses victoires, les jugements de Dieu (Ésaïe 40.4) ; il est comme le grand justicier de l’Éternel.

3 il les poursuit et passe en paix par un chemin où son pied n’avait point marché. 4 Qui a accompli cela ? Qui l’a fait ? Celui qui appelle les générations depuis le commencement, moi, l’Éternel, qui suis le premier ; et je suis, moi aussi, avec les derniers.

Comparez Ésaïe 44.6.

5 Les îles le voient et sont saisies de crainte ; les bouts de la terre tremblent ; ils approchent et viennent ; 6 chacun aide son voisin et dit à son frère : Prends courage !

À la venue de Cyrus, les idolâtres épouvantés cherchent en vain du secours dans les hommes et dans les idoles (verset 7) ; ils multiplient celles-ci, afin de s’assurer la faveur des dieux.

7 Le forgeron encourage le fondeur, le polisseur au marteau celui qui frappe l’enclume ; il dit de la soudure : elle est bonne, puis il le fixe avec des clous, pour qu’il ne branle pas.

Fabrication d’idoles précipitée et ridicule. Comparez Ésaïe 40.19 ; Ésaïe 44.12.

8 Mais toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, race d’Abraham mon ami ;

Le prophète n’attend pas de voir si les païens ont quelque chose à répondre à ce discours. Il se tourne vers Israël pour le rassurer ; lui n’a rien à craindre de Cyrus ; n’est-ce pas son Dieu même qui l’envoie pour sa délivrance ?

L’Éternel accumule les termes de tendresse. Nous rencontrons ici pour la première fois l’expression de serviteur de l’Éternel qui reviendra si souvent dans la suite de cette prophétie. Abraham avait déjà porté ce titre (Genèse 26.24) ; sa race en a hérité. Voir, sur le sens de cette expression, la note Ésaïe 42.1.

Que j’ai choisi : comparez Deutéronome 7.6 ; Deutéronome 14.2.

Mon ami, c’est-à-dire : qui m’aimait. Ce : qui m’aimait répond au : que j’ai choisi ; c’est le côté humain dans l’élection. Abraham est appelé l’ami de Dieu par Josaphat (2 Chroniques 20.7) et par Jacques (Jacques 2.23). C’est son titre constant chez les Arabes ; le Coran l’appelle même tout court, l’ami ; la ville d’Hébron où il a résidé, porte par cette raison actuellement le nom de El-Châlil : le bien-aimé.

9 toi que j’ai été prendre aux bouts de la terre et que j’ai appelé de ses extrémités ; toi à qui j’ai dit : Tu es mon serviteur ; je t’ai choisi, et ne t’ai point rejeté,

Les bouts de la terre… : la lointaine Mésopotamie où Abraham demeurait jusqu’à sa vocation.

Je ne t’ai pas rejeté, c’est-à-dire méprisé et mis de côté, comme ta petitesse, puis tes fautes m’en eussent donné le droit.

10 ne crains point, car je suis avec toi ; ne t’effraye point, car je suis ton Dieu ; je t’ai pris à moi ; je t’aide aussi, et je te soutiens par la droite de ma justice.

Citation de Genèse 26.24. Ainsi aimé dans le passé, Israël n’a rien à redouter de l’avenir.

11 Voici, ils seront confondus et couverts de honte, tous ceux qui sont enflammés contre toi ; ils seront semblables au néant, ils périront, ceux qui disputent contre toi ; 12 tu les chercheras, et tu ne les trouveras plus, ceux qui te querellent ; ils seront semblables au néant, réduits à rien, ceux qui te font la guerre ! 13 Car moi, l’Éternel, je suis ton Dieu, qui te prends par la main droite, qui te dis : Ne crains point ; c’est moi qui t’aide ! 14 Ne crains point, vermisseau de Jacob, restes d’Israël ; c’est moi qui t’aide, a dit l’Éternel ; et ton Rédempteur est le Saint d’Israël.

Vermisseau de Jacob, c’est-à-dire : Jacob, qui es semblable à un ver. Le ver est l’image d’un être humilié, qu’on foule aux pieds. Tel est Israël, impuissant et misérable sous le joug des Chaldéens (Ésaïe 21.10 ; comparez Psaumes 2.7). C’est pourtant ce peuple qui bientôt dominera sur ses oppresseurs (versets 15 et 16).

Restes d’Israël : Israël n’est plus un peuple ; il n’y a plus que des individus dispersés parmi les Gentils.

Ton Rédempteur. Ce titre est employé avec prédilection par l’auteur d’Ésaïe chapitres 40 à 66. Il désigne celui qui prend en mains la cause d’une personne, son champion, son vengeur (Job 19.25 ; comparez Ésaïe 35.9, note.

15 Voici, je fais de toi une herse pointue, neuve, à deux tranchants ; tu fouleras les montagnes et tu les broieras, et tu rendras les collines semblables à de la balle ;

Montagnes, collines : images des puissants ennemis d’Israël. Comparez Ésaïe 40.4 ; Michée 4.11-13.

16 tu les vanneras, et le vent les emportera, et l’ouragan les dispersera ; mais toi, tu tressailliras de joie en l’Éternel ; tu te glorifieras dans le Saint d’Israël. 17 Les malheureux et les pauvres, qui cherchent des eaux et n’en trouvent point, et leur langue est dévorée par la soif, moi, l’Éternel, je les exaucerai ; moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai point.

L’état de souffrance et d’humiliation dans lequel se trouve Israël, est présenté sous l’image d’un désert que Dieu changera en un lieu bien arrosé. Comparez Ésaïe 29.19.

18 Je ferai jaillir des fleuves sur les sommets dépouillés et des sources au milieu des vallées ; je changerai le désert en un lac et la terre aride en fontaines d’eau ;

Comparez les tableaux semblables Ésaïe 30.25 ; Ésaïe 36.6-7, etc.

19 je mettrai dans le désert le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai ensemble dans la steppe le cyprès, le platane et le buis ; 20 afin que tous voient et sachent et remarquent et comprennent que c’est la main de l’Éternel qui a fait cela, et le Saint d’Israël qui l’a créé.

Le monde entier devra reconnaître le doigt de Dieu dans les dispensations extraordinaires dont Israël sera l’objet (versets 18 et 19).

21 Présentez votre cause, dit l’Éternel ; produisez vos raisons, dit le Roi de Jacob.

Cette œuvre (l’envoi de Cyrus) est bien celle de Dieu, puisque lui et lui seul, l’a prédite.

Dans le morceau du précédent discours analogue à celui-ci (Ésaïe 40.12-26), le prophète s’était adressé à Israël, à ceux qui étaient tentés d’être incrédules ; dans le passage Ésaïe 41.1-7, aux idolâtres ; ici, il s’adresse aux idoles elles-mêmes. Il les invite à produire la preuve qu’elles sont quelque chose et que Jéhova n’est pas le seul Dieu qui existe.

Le Roi de Jacob : expression qui ne se trouve qu’ici. Mais comparez l’expression très-usitée : le puissant de Jacob (Ésaïe 49.26 ; Genèse 49.21) ; et pour le terme de Roi : Ésaïe 33.22.

22 Qu’ils les produisent et nous déclarent ce qui doit arriver ! Déclarez-nous quelles sont les choses anciennes que vous avez prédites, et nous y appliquerons notre cœur pour en connaître l’issue ; ou bien faites-nous entendre les choses à venir !

Les idoles auraient deux moyens de prouver leur réalité : ou bien de prédire maintenant les choses à venir, ou bien de rappeler des prophéties anciennes dont on puisse reconnaître l’accomplissement. Mais elles n’ont jamais rien prédit ni ne le feront jamais. Annoncer l’avenir est le privilége exclusif du vrai Dieu et de ses prophètes (Deutéronome 18.21-22 ; Jérémie 28.9).

23 Annoncez les choses qui doivent arriver plus tard, et nous saurons que vous êtes des dieux ; faites du bien ou du mal, afin que nous le voyons et nous en étonnions ensemble !

Faites du bien ou du mal, c’est à-dire : Si vous ne pouvez prédire, faites n’importe quoi, pour prouver au moins que vous existez (Jérémie 10.5) !

24 Voilà, vous n’êtes rien ; et vos œuvres ne sont que néant ; abominable est celui qui vous choisit !

Celui qui adore de tels dieux est pour Jéhova, le Dieu vivant, un objet d’abomination (expression appliquée fréquemment dans le Deutéronome aux pratiques idolâtres ; Deutéronome 12.31 ; Deutéronome 18.12, etc.).

25 Je l’ai suscité du septentrion, et il est venu du soleil levant, celui qui invoque mon nom ; il marche sur les princes comme sur la boue, comme le potier foule l’argile.

À cette sommation, les idoles restent muettes (versets 21 à 24). Eh bien, moi, reprend l’Éternel, j’ai suscité Cyrus et ce qui prouve que c’est bien moi qui accomplis cela, c’est que je l’ai d’avance annoncé, ce que nul de vous n’avait su faire (versets 26 et 27).

D’après ce verset, Cyrus arrive du septentrion, puis de l’Orient (comparez verset 2). Le prophète ne veut donner qu’une indication générale.

Cyrus est appelé celui qui invoque mon nom (de l’Éternel). Nous avons déjà remarqué (Ésaïe 21.9, note) que les Perses étaient ennemis des images (Hérodote, I, 131). En la personne de Cyrus, Dieu donne donc la victoire sur le paganisme grossier à une religion plus pure et plus rapprochée de la religion israélite. Avec lui s’ouvre une nouvelle ère dans l’histoire ; c’est la fin de l’ancien Orient, le commencement d’un monde nouveau. Mais le terme invoquer mon nom exprime quelque chose de plus encore. L’édit par lequel Cyrus libéra les Juifs (2 Chroniques 36.23 ; Esdras 1.2-3) nous montre que ce conquérant rendit dans une certaine mesure hommage à l’Éternel et reconnut sa grandeur (comme l’avaient fait avant lui momentanément ses prédécesseurs, Nébucadnetsar, Darius, Daniel 2.47 ; Daniel 4.34 ; Daniel 6.26). Il mit Jéhova au nombre de ses dieux et désirait en faisant rebâtir son temple s’assurer sa faveur et son secours.

Comme sur la boue : comparez Ésaïe 10.6.

26 Qui a déclaré cela dès le commencement, pour que nous le sachions ; bien à l’avance, pour que nous disions : C’est vrai ! Non, personne ne l’a annoncé ; personne ne l’a fait entendre ; personne n’a entendu vos paroles !

Qui : d’entre vous, les idoles ?

Dès le commencement, bien à l’avance. Ésaïe se place par la pensée au moment où ses propres prophéties, celle-ci même, par exemple, se réaliseront, c’est-à-dire où Cyrus paraîtra ; et il en appelle, pour prouver la divinité de Jéhova, qui l’inspire, à la prédiction qu’il a faite longtemps à l’avance de l’apparition de ce conquérant. Si ce n’est pas Ésaïe, mais un prophète du temps de l’exil, qui a écrit ceci, il faut voir dans ces paroles une allusion aux prophéties plus anciennes annonçant la délivrance de la captivité (comme Ésaïe 11.11 ; Michée 4.10 ; Jérémie 25.12-14 ; Jérémie 29.10-14, etc.).

27 Le premier, je dis à Sion : Les voici ! Les voici !
Et j’envoie à Jérusalem un messager de bonnes nouvelles.

Les bonnes nouvelles sont avant tout celle de la libération et du retour des exilés : Les voici !

Le messager, ce sont les prophètes qui, à la fin de l’exil, se lèveront pour proclamer le salut (Ésaïe 40.9).

28 Et je regarde, et il n’y a personne ; et parmi eux pas un conseiller, que je puisse consulter et qui me réponde.

Le prophète formule, en terminant, le résultat de tout ce débat : les idolâtres ont eu la bouche fermée, le néant de leurs dieux a été démontré.

Personne… : parmi les idolâtres qu’Ésaïe avait interpellés (verset 1).

Un conseiller, c’est-à-dire un homme capable de faire connaître l’avenir (Nombres 24.14).

29 Voilà, ils ne sont tous que vanité ; leurs œuvres sont néant ; leurs idoles, du vent et du vide !

Leurs œuvres : les idoles qu’ils se sont fabriquées (verset 7).