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Jérémie 27
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

Plan du commentaire biblique de Jérémie 27

Le système de flatterie, pratiqué depuis longtemps par les faux prophètes, se continuait, même après que les premiers jugements de Dieu avaient éclaté et avaient ainsi démontré la vanité de toutes ces promesses. Une première déportation avait déjà eu lieu et ces séducteurs persistaient à annoncer, en réponse aux prédictions sinistres de Jérémie, le retour de ces premiers exilés, ainsi que celui des objets sacrés enlevés du temple par le conquérant. Jérémie contredit ici toutes ces promesses mensongères.

  • Titre et date, verset 1
  • message adressé aux rois voisins, versets 2 à 11
  • et à Sédécias, versets 12 à 15
  • avertissement aux sacrificateurs et au reste du peuple, versets 16 à 22.
1 Au commencement du règne de Jéhojakim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole-ci fut adressée à Jérémie de la part de l’Éternel.

Il faut lire Sédécias au lieu de Jehojakim ; comparez verset 12 et Jérémie 28.1. Ce dernier nom a été substitué au premier par une erreur de copiste évidente.

Au commencement : dans la quatrième année du règne de ce roi (Jérémie 28.1).

2 Ainsi m’a dit l’Éternel : Fais-toi des liens et des jougs, et mets-les sur ton cou.

Des liens et des jougs : les liens pour attacher au corps les deux pièces de bois dont se compose le joug.

Mets-les : cet acte symbolique fut réellement exécuté.

3 Puis envoie-les au roi d’Édom, au roi de Moab, au roi des fils d’Ammon, au roi de Tyr et au roi de Sidon, par les ambassadeurs venus à Jérusalem vers Sédécias, roi de Juda ;

Envoie-les. Il est difficile d’admettre qu’il ait réellement envoyé un joug à chacun de ces rois ; mais celui que portait en ce moment Jérémie était pour les ambassadeurs un emblème parlant du message dont il les chargeait pour leurs maîtres.

Par les ambassadeurs : qui étaient venus sans aucun doute pour arrêter le plan d’une révolte générale contre Nébucadnetsar. Jérusalem était naturellement désignée par sa position pour être le centre de la coalition. Jérémie est chargé d’annoncer à chacun des conjurés que ce vaste projet échouera.

Édom, Moab, Ammon, les anciens ennemis d’Israël, s’associent aujourd’hui à lui pour faire le mal. Sous Jéhojakim encore ils étaient alliés à Babylone contre Juda (2 Rois 24.2).

4 et commande-leur de dire à leurs maîtres : Ainsi parle l’Éternel des armées, Dieu d’Israël : Voici comment vous parlerez à vos maîtres : 5 C’est moi qui par ma grande puissance et par mon bras étendu ai fait la terre, l’homme et les bêtes qui sont sur la face de la terre, et je la donne à qui il me plaît.

C’est moi et non pas la puissance des dieux de Babylone… Il fallait établir le droit de Dieu dans toute son étendue et dans son caractère le plus universel et le plus absolu, pour mettre les prétendus droits de l’homme à leur place et fermer la bouche aux raisonneurs.

6 Maintenant, c’est moi qui ai donné toutes ces contrées aux mains de Nébucadnetsar, roi de Babylone, mon serviteur ; je lui ai donné même les animaux des champs pour le servir.

Mon serviteur : en tant que dépositaire de la puissance divine sur la terre à cette époque. Comparez Jérémie 25.9, note.

Même les animaux des champs : la terre elle-même, avec tous les êtres qui l’habitent, tombe sous sa souveraineté.

7 Et toutes les nations lui seront assujetties, à lui, à son fils et au fils de son fils, jusqu’à ce que vienne le temps de son pays, à lui aussi, et que de nombreuses nations et de grands rois l’assujettissent.

Ce n’était évidemment pas là l’état normal de l’humanité. D’après le prophète lui-même, ce pouvoir absolu, dévolu à un seul homme, était un châtiment infligé aux peuples d’alors et destiné à les ramener à Dieu.

À lui, à son fils et au fils de son fils, soit deux générations après lui, c’est-à-dire à peu près les soixante-dix années fixées dans le chapitre précédent comme la durée de la puissance chaldéenne. Le fils et successeur de Nébucadnetsar, Evil-Mérodac, fut assassiné par son beau-frère Nériglissor, qui avait épousé la fille de Nébucadnetsar et le trône revint bientôt au fils de celle-ci, Laborosoarcod. Mais il fut tué au bout de quelques mois par Naboned, sous lequel fut détruite la monarchie babylonienne.

Le temps de son pays : le temps où le jugement atteindra à son tour la puissance des Chaldéens. Dieu a arrêté d’avance le temps des nations (Luc 21.24 ; Actes 17.26), le terme fatal de leur puissance, qu’il fait coïncider avec le moment où la mesure de leur iniquité est comble (Genèse 15.16).

À lui aussi. Nébucadnetsar lui-même sera atteint par le jugement dont il est aujourd’hui l’exécuteur.

Des nations et de grands rois : comparez Jérémie 25.14 ; Jérémie 50.9 ; Jérémie 50.14.

8 Et le peuple et le royaume qui ne se soumettront pas à lui, Nébucadnetsar, roi de Babylone, et celui qui ne mettra pas son cou sous le joug du roi de Babylone, ce peuple-là, je le visiterai par l’épée, par la famine et par la peste, dit l’Éternel, jusqu’à ce que je l’achève par sa main.

Les fléaux de Dieu atteindront les peuples rebelles, s’ils échappent à l’épée de Nébucadnetsar.

9 Et vous, n’écoutez pas vos prophètes, ni vos devins, ni vos songes, ni vos augures, ni vos magiciens, qui vous disent : Vous ne serez point assujettis au roi de Babylone,

Le prophète désigne ici les diverses catégories de devins qui se trouvaient chez les peuples auxquels il s’adresse. Les inscriptions assyriennes et babyloniennes prouvent que les souverains d’Orient ne faisaient rien sans consulter les dieux. Ézéchiel nous montre, Ézéchiel 21.26, Nébucadnetsar consultant deux sortes de présages pour savoir s’il doit se diriger sur Jérusalem ou sur la capitale des Ammonites.

10 C’est un mensonge qu’ils vous prophétisent pour vous é1oigner de votre pays, pour que je vous chasse et que vous périssiez.

Pour vous éloigner de votre pays. Ces mots désignent non le but que poursuivaient réellement ces faux prophètes, mais le résultat inévitable de leurs mensonges.

La déportation en masse était le châtiment que les monarques d’Orient infligeaient aux peuples rebelles.

11 Et la nation qui mettra son cou sous le joug du roi de Babylone pour le servir, je la laisserai en repos dans son pays, dit l’Éternel ; elle le cultivera et y demeurera. 12 Puis je tins le même langage à Sédécias, roi de Juda, lui disant. Mettez vos cous sous le joug du roi de Babylone et servez-le, lui et son peuple, et vivez !

Toutes ces menaces s’adressaient au peuple de Dieu aussi bien qu’aux peuples voisins. Israël, qui jusqu’alors avait formé une théocratie, c’est-à-dire un peuple dont Dieu était le souverain, devait apprendre à cette époque qu’il pouvait perdre son indépendance politique, sans cesser cependant d’être le peuple de Dieu. C’est ainsi que les deux sphères, civile et religieuse, qui jusqu’alors avaient été confondues dans l’État théocratique, commencèrent à se séparer l’une de l’autre. Jésus-Christ a formulé nettement et pour toujours cette distinction dans cette maxime : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

13 Pourquoi mourriez-vous, toi et ton peuple, par l’épée, par la famine et par la peste, comme l’Éternel l’a dit au peuple qui ne voudra pas servir le roi de Babylone ?

Pourquoi mourriez-vous ? Se révolter, c’était se condamner à une mort certaine.

14 N’écoutez pas les paroles des prophètes qui vous disent : Vous ne serez point assujettis au roi de Babylone. Car c’est un mensonge qu’ils vous prophétisent ;

Les paroles des prophètes : tels qu’Hanania, dans le chapitre suivant. Ils parlaient au roi et au peuple d’indépendance, aux sacrificateurs du retour des meubles sacrés emportés à Babylone, à chacun dans le sens qui flattait ses goûts.

15 car je ne les ai point envoyés, dit l’Éternel, et ils prophétisent en mon nom faussement, afin que je vous chasse et que vous périssiez, vous et les prophètes qui vous prophétisent. 16 Je parlai aussi aux sacrificateurs et à tout ce peuple, et je leur dis : Ainsi parle l’Éternel : N’écoutez point les paroles de vos prophètes, qui vous prophétisent en disant : Voici, les meubles de la maison de l’Éternel vont être ramenés bientôt de Babylone. C’est un mensonge qu’il vous prophétisent.

Bientôt : en opposition à la prédiction des soixante-dix ans, chapitre 25.

17 Ne les écoutez point ; soumettez-vous au roi de Babylone, et vivez : pourquoi cette ville serait-elle réduite en dévastation ? 18 S’ils sont prophètes, si la parole de l’Éternel est avec eux, eh bien ! Qu’ils intercèdent auprès de l’Éternel des armées pour que les meubles qui sont restés dans la maison de l’Éternel, dans celle du roi de Juda et à Jérusalem, ne s’en aillent pas à Babylone !

S’ils sont prophètes : S’ils ont vraiment quelque relation intime avec Dieu, qu’ils usent de ce privilège pour chercher à conserver ce qui reste encore et non pour entretenir la fausse espérance de recouvrer ce qui est irrévocablement perdu.

19 Car ainsi parle l’Éternel des armées au sujet des colonnes et de la mer et des porte-bassins et du reste des meubles laissés dans cette ville,

Colonnes… Nébucadnetsar avait déjà enlevé du temple tout ce qui était d’or et d’argent ; il n’y restait plus que les vases et objets d’airain.

Les colonnes : voir 1 Rois 7.23-26

La mer : 1 Rois 7.23-26.

Les porte-bassins : 1 Rois 7.27-37.

20 que Nébucadnetsar, roi de Babylone, n’a point pris, quand il emmena de Jérusalem à Babylone Jéchonias, fils de Jéhojakim, roi de Juda, et tous les notables de Juda et de Jérusalem ; 21 ainsi parle l’Éternel des armées, Dieu d’Israël, au sujet des meubles restés dans la maison de l’Éternel et dans celle du roi de Juda et à Jérusalem : 22 Ils seront emmenés à Babylone et ils y resteront jusqu’au jour où je les visiterai, dit l’Éternel, et où je les ferai remonter et revenir dans ce lieu-ci.

Jusqu’au jour : comparez Jérémie 32.5 ; sentence renfermant la promesse d’une restauration dont Dieu seul déterminera le moment.