Amos, dont le nom signifie « pesant » et par extension « fardeau », ou, selon d’autres, « porteur », ne doit pas être confondu avec Amots, père d’Ésaïe, comme cela a été fait par quelques Pères de l’Église. Il nous apprend lui-même qu’il venait du pays de Juda (Amos 7.12) et qu’il était originaire de Thékoa, petit bourg mentionné plus d’une fois dans l’Ancien Testament (2 Chroniques 11.6 ; 20.20, etc.) et situé à 10 kilomètres au sud de Bethléem, dans le désert de Juda. On en retrouve encore quelques ruines sous le nom à peine altéré de Thékoua.
Amos, d’après 1.1, était un toked, c’est-à -dire un berger paissant son propre troupeau, et non pas un simple mercenaire ; comparez 2 Rois 3.4, où le terme est appliqué au roi de Moab, Mésa. Dans le passage 7.14, Amos s’appelle lui-même boker, c’est-à -dire bouvier. On pourrait conclure de là qu’il possédait aussi du gros bétail. Mais le mot tson (brebis, chèvre), au verset 15, montre qu’il faut prendre le mot boker dans le sens de berger en général.
C’est de ce milieu agreste que Dieu le tire pour l’envoyer prophétiser dans le royaume d’Israël, ainsi qu’il le déclare à Amatsia, sacrificateur de Béthel (Amos 7.15). En disant qu’il n’est « ni prophète, ni fils de prophète », il veut faire entendre qu’il n’a jamais vécu dans une des écoles de prophètes, ni comme chef, ni comme disciple ; il n’est pas prophète de profession.
Amos prouve la réalité de sa mission par le courage avec lequel il l’entreprend et l’accomplit. Ce n’était pas peu de chose que d’aller prononcer des paroles comme les siennes à Béthel, le principal sanctuaire consacré au culte des veaux d’or, et de s’attaquer à une puissance comme l’était celle d’Israël sous Jéroboam. Il y allait de sa vie. Il est probable qu’après avoir accompli cette périlleuse tâche, il rentra dans sa patrie.
On remarque dans le style d’Amos des tournures populaires et beaucoup d’images tirées des champs. Voici les expressions de Calvin telles qu’elles sont reproduites dans les Lettres françaises de Calvin publiées par J. Bonnet, II page 205 :
Le prophète Amos descouvre et reprend les vices de la Cour, sans rien espargner. Car il y va en rusticité comme un vacher ou un berger tel qu’il était de son estat, quand il fut appelé à la charge d’enseigner
On peut la fixer d’une manière à peu près certaine, car la suscription indique qu’Amos exerça son ministère sous Ozias, de Juda, et sous Jéroboam, fils de Joas, c’est-à -dire Jéroboam II, d’Israël. Ce dernier souverain est nommé encore une fois 7.10. Or, comme il a régné 41 ans, de 824 à 783, et pendant les 27 dernières années simultanément avec Ozias, c’est durant cette dernière partie de son long et glorieux règne que doit se placer l’activité de notre prophète, dont les discours, adressés à Israël, supposent en effet un peuple qui se complaît dans une prospérité déjà longue. Fixer une date plus exacte n’est pas possible. Celle, très précise pour les contemporains, qu’Amos donne 1.1, en disant : « deux ans avant le tremblement de terre », ne peut servir à nous éclairer ; car, bien que Zacharie (Zacharie 14.5) fasse allusion à cet événement, comme il n’est mentionné ni dans les livres des Rois, ni dans les Chroniques, il nous est impossible de tirer de là une date plus positive. Du reste, Amos parle de ce tremblement de terre moins pour fixer une date qu’en vue de la relation intime qui, comme nous le verrons, existe entre sa mission prophétique et ce jugement de Dieu qui suivit de très près. Dieu, en sanctionnant ainsi la parole, de son serviteur d’une manière toute spéciale, montrait par là qu’il l’accomplirait également sur tous les points (par exemple 5.27 ; 6.14, 9.1).
Extérieurement, rien ne semblait justifier les menaces d’Amos. Ozias et Jéroboam avaient l’un et l’autre élevé leurs États à un haut degré de prospérité. Ozias avait abattu définitivement la puissance des Édomites ; il avait subjugué les Philistins et rendu tributaires les Ammonites (comparez 2 Rois 14.22 ; 2 Chroniques 26.6-8). De son côté, Jéroboam, par une série de victoires, avait secoué le joug des Syriens et rétabli son royaume dans ses limites anciennes, « de l’entrée de Hamath jusqu’à la mer de la plaine (mer Morte) », conformément à la parole de l’Éternel qu’avait prononcée Jonas, fils d’Amittaï (2 Rois 14.25).
Mais sous cette prospérité brillante se cachait une grande corruption. Juda était sans doute moins profondément atteint, aussi sa ruine était-elle moins imminente. Mais on sent au langage d’Amos qu’Israël dort sur un volcan et court à sa perte comme en se jouant. À la fois voluptueux et bigot, il se livre à toutes les jouissances sensuelles, sans être moins zélé avec tout cela pour le culte des veaux d’or, comme si c’était là le vrai culte de l’Éternel. Par cette conduite, Israël amasse peu à peu sur sa tête l’orage qui bientôt doit le détruire.
C’est là le message qu’apporte Amos. Il ne nomme pas l’ennemi qui sera la verge dont Dieu frappera son peuple, mais on le devine, c’est l’Assyrien (Amos 5.27, « au-delà de Damas »).
Les neuf chapitres de ce livre peuvent se diviser en trois groupes :