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Introduction au Nouveau Testament
Bible Annotée

I

Le titre du Nouveau Testament procède du Seigneur lui-même. Dès l’origine de ses révélations, Dieu avait appelé berith, alliance, le dessein arrêté de sa miséricorde envers notre humanité (Genèse 15.18), et ange de l’alliance Celui qui devait en être le médiateur. Ce mot, qui revient sans cesse dans la Bible, a été rendu dans la version grecque des LXX par celui de diathèkè, disposition testamentaire, et dans la vulgate latine par testamentum. Or Jésus, en instituant la cène, adopta ce terme consacré et désigna ainsi les biens impérissables qu’il léguait à ses rachetés. « le nouveau testament en mon sang » (Luc 22.20; 1 Corinthiens 11.25) ; nouveau par opposition à l’ancien, qui en avait été la préparation, testament, parce que le Seigneur fondait alors dans ses souffrances et dans sa mort la disposition testamentaire de l’héritage éternel. C’est dans cette même signification que les écrivains sacrés entendent ce mot toutes les fois qu’il s’agit du salut acquis et légué par le Sauveur (Galates 3.15, 17 ; Hébreux 9.15-20, etc.). C’est aussi pour cela que le salut est appelé un héritage (Actes 20.32 ; Éphésiens 1.11 ; Hébreux 1.14 ; 1 Pierre 1.4, etc.) et ceux qui sont sauvés des héritiers (Romains 8.17 ; Tite 3.7; Jacques 2.5). Or, quel autre titre l’Église aurait-elle pu choisir pour le document divin de son Héritage céleste, qui fut mieux approprié à son contenu que celui de Testament de Jésus-Christ ? Quiconque ouvre ce livre peut et doit le faire avec les sentiments d’un fils qui relit les dernières dispositions d’un père vénéré; il en sondera chaque clause, en pèsera chaque expression, car ce qu’il lit est le titre de toutes ses espérances.

II

Le contenu du Nouveau Testament, en d’autres termes, ce qui en est l’objet, répond parfaitement à cette idée; jamais livre ne justifia mieux son titre. En effet, ce qui remplit tout ce livre, du premier mot jusqu’au dernier, ce qui en est la lumière et la vie, comme le soleil l’est dans la nature, c’est Jésus-Christ et son œuvre au sein de notre humanité. Il ne s’agit point ici tout d’abord d’un système de doctrines religieuses et morales, mais d’un fait, ou mieux encore d’une personne, d’un Être assez grand, assez puissant pour accomplir l’œuvre immense de la rédemption du monde. Jésus-Christ n’est pas seulement un docteur ou même un révélateur, il est à la fois la Révélation de Dieu et le Sauveur des hommes. Aussi parle-t-il avec l’autorité d’un Être qui « seul connaît Dieu, que Dieu seul connaît, et qui seul révèle Dieu » (Matthieu 11.25-27). Il dit : « Je suis la vérité, je suis la lumière du monde. Celui qui m’a vu a vu mon Père. Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». Il demande à ses disciples de croire en lui comme ils croyaient en Dieu (Jean 14.1).

Tel est Celui qui, par sa vie et son œuvre remplit tous les écrits du Nouveau Testament, qu’elles soient racontées dans les Évangiles, ou exposées dans les épîtres. Ainsi le reconnurent et le confessèrent ses disciples : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, tu as les paroles de la vie éternelle ». Ils avaient trouvé cette confession dans l’expérience intime de leur âme; et ceux qui lisent le Nouveau Testament avec la même foi, qui y trouvent le même Sauveur et le reçoivent dans leur cœur, font à leur tour la même expérience et se convainquent que le contenu de ce livre constitue la vie chrétienne elle-même : profonde harmonie de la vérité divine et de l’expérience humaine, qui porte en soi son vivant témoignage.

III

Ainsi se manifesta dans le monde Celui qui est tout l’objet du Nouveau Testament. Il se révéla par sa parole, par ses œuvres, par sa vie entière. Ses disciples « virent sa gloire ». Mais cette apparition de Jésus-Christ sur la terre, dont ses contemporains eurent seuls l’immense avantage de jouir, serait-elle une lumière brillante qui ira ensuite s’éteindre dans la nuit ? Qui transmettra au monde la connaissance de ce Sauveur, de sa vie, de son œuvre ? Il y avait pourvu.
L’un de ses premiers soins, avant d’entrer dans son ministère, avait été de choisir parmi tous ses disciples douze témoins (Matthieu 9.9 ; Marc 3.4; Luc 6.13), auxquels lui-même donne ce nom (Actes 1.8) ; et ce nom, ils l’adoptent comme un titre que nul ne portera s’il n’a assisté à tout le ministère du Seigneur (Actes 1.22) ; ils s’en prévalent devant le peuple et devant les conseils (Actes 2.32 ; Actes 3.15 ; Actes 5.32 ; Actes 10.39 ; Actes 13.31). À ces témoins, Jésus donne lui-même encore le titre d’apôtres, c’est-à-dire d’envoyés (Luc 6.13) ; et après les avoir instruits, pénétrés de sa parole et de sa vie, il les chargera solennellement de leur mission au moment de les quitter (Matthieu 28.19-20). Dans sa dernière prière, il déclare qu’il leur a confié la Parole divine que son Père lui avait confiée à lui-même, et que c’est par leur parole que les hommes croiront en lui (Jean 17.8-20).
Mais leur préparation n’est pas encore achevée; livrés à eux-mêmes, ils seraient incapables de remplir leur mission.
Jésus leur ordonne d’attendre à Jérusalem l’accomplissement de la grande promesse qu’il leur a faite de leur envoyer d’en haut l’Esprit de lumière et de vie, qui les conduira dans toute la vérité et les transformera en des hommes nouveaux. Le jour de la Pentecôte luit sur eux, et l’effusion puissante de cet Esprit de Dieu opère en eux et par eux les prodiges de vie religieuse et morale dont le livre des Actes contient le récit. Alors ils prêchent; ils prêchent Jésus-Christ, sa vie et son œuvre; ils prêchent la repentance et la foi en lui. Et l’Église qui naît et grandit sous la puissance créatrice de cette parole qu’ils appellent eux-mêmes la Parole de Dieu (Actes 4.29 ; Actes 6.2,7 ; 8.14 ; 11.9, etc.), l’Église reconnaît partout et toujours les apôtres comme les dépositaires divinement autorisés de cette Parole ; jusqu’à ce jour, elle n’a jamais dévié de ce principe, fondé à la fois sur l’autorité de Jésus-Christ et sur le caractère incomparable de vérité qui resplendit dans l’enseignement apostolique.
Quant à saint Paul, nous savons par lui-même comment le Seigneur l’appela au glorieux ministère de l’apostolat (Actes 22 ; Galates 1.1).

IV

Tels sont les témoins en dehors desquels nous ne savons rien de Jésus-Christ, mais dont le témoignage suffira pour porter son nom et son salut jusqu’à la dernière génération qui naîtra sur la terre. Pour cela, toutefois, il fallait qu’à la Parole prêchée vînt s’ajouter la Parole écrite. - L’Église, il est vrai, a été créée et a commencé à conquérir le monde, durant près de trente ans, par la prédication, avant qu’un seul mot du Nouveau Testament eût été écrit, et ce fait suffirait, à défaut d’autres preuves, pour nous convaincre que la Parole vivante sera toujours le grand moyen de l’évangélisation du monde ; ce fait suffirait aussi à démontrer qu’il n’est pas exact d’identifier absolument la Parole de Dieu avec l’Écriture. Mais aussi l’expérience a prouvé, par les corruptions successives de toute tradition orale, ce que serait devenu dans le monde l’enseignement apostolique, s’il avait été livré à tous les hasards d’une transmission privée de sa garantie première. Encore ici, Dieu y avait pourvu. Et ne pouvait-on pas penser à priori qu’il y pourvoirait ? Celui qui avait accompli en son Fils bien-aimé l’œuvre divine de la rédemption du monde pouvait-il ensuite abandonner cette couvre à l’ignorance, à l’erreur, à l’esprit de mensonge qui l’auraient infailliblement pervertie ? C’est Jésus-Christ lui-même qui a fondé, sur l’autorité de sa parole, cet à priori, quand il déclarait à ses disciples que leur témoignage atteindrait « jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1.8), et quand il annonçait que son Évangile serait « prêché à toutes les nations » (Matthieu 24.14). qu’y avait-il d’ailleurs de plus naturel que des faits d’une si haute importance, des enseignements tels que ceux du Sauveur, fussent consignés par écrit pour en conserver la mémoire pure et fidèle ? Les écrits du Nouveau Testament sont nés successivement pour répondre aux nécessités où se trouvait l’Église chrétienne dans le siècle apostolique. Tant que vécurent les témoins officiels du Sauveur, leur parole vivante suffit pour conserver et répandre tout l’Évangile de sa grâce qu’ils annonçaient. Mais lorsqu’ils commencèrent à disparaître de la scène, on dut éprouver partout le besoin de posséder des relations authentiques de leur prédication. Ainsi se produisirent diverses relations de la vie de Jésus, dont l’Église ne put adopter que celles qui étaient évidemment fondées sur le témoignage apostolique, seule autorité reconnue par elle (Luc 1.1-2). De là nos quatre Évangiles. - Celui qui avait allumé le feu d’une vie nouvelle sur la terre, ayant achevé son œuvre personnelle, créa cette même vie dans les âmes par l’effusion de l’Esprit de Dieu. Son Église naît, grandit et commence la conquête du monde par le ministère des apôtres. De quelle importance était, pour l’avenir, la connaissance de cette grande création progressive ! Le livre des Actes, qu’on a pu appeler l’Évangile du Saint-Esprit ou la première histoire ecclésiastique, nous a conservé cette genèse de l’Église.

Les développements de la vie chrétienne, dans ses luttes contre le péché et le monde, exigeant partout l’action apostolique au sein des troupeaux, et les apôtres ne pouvant être présents partout à la fois, ils recoururent à la correspondance pour faire parvenir aux églises les directions, les instructions, les encouragements dont elles avaient besoin. De là les Épîtres du Nouveau Testament. - Enfin, sous le feu des premières persécutions, l’esprit prophétique révèle à un disciple les vues d’avenir, les consolations et les espérances si nécessaires aux chrétiens dans leurs grandes épreuves : ainsi est née l’Apocalypse. - Bien que ce ne soit pas là exactement l’ordre chronologique dans lequel ces livres ont été composés, il en résulte que le Nouveau Testament, comme l’Ancien, renferme des écrits historiques, didactiques et prophétiques. Mais ce ne sont point là des catégories exclusives. Comme dans toutes les œuvres de Dieu, une harmonie profonde se manifeste dans ce recueil, dont toutes les parties se pénètrent mutuellement parce qu’elles sont pénétrées du même esprit. La vie de Jésus-Christ, d’où tout émane, anime le livre des Actes, les épîtres et l’Apocalypse, non moins que les Évangiles. On aurait pu même, indépendamment de ceux-ci, la reconstruire historiquement, si jamais une critique destructive était parvenue à nous priver des quatre documents qui nous l’ont transmise.

V

Ces livres sont-ils authentiques ? En d’autres termes, sont-ils revêtus du caractère et de l’autorité du témoignage apostolique ? Cette question devant se présenter à l’occasion de chacun d’eux, c’est là que nous l’examinerons. Ici, nous nous bornons à quelques observations générales qui ne trouveraient pas leur place ailleurs. - La formation de notre recueil qui, par la nature des choses, a dû surgir d’elle-même dans l’Église, a pourtant son histoire, histoire riche en enseignements du plus haut intérêt. Si l’on considère l’éminente autorité morale dont jouissaient les apôtres et leurs compagnons d’œuvre immédiats, on aura la certitude que leurs écrits furent religieusement conservés par les églises auxquelles ils étaient adressés. Ils étaient lus et relus dans les assemblées du culte, ainsi que le constate l’histoire. Pour cela, il fallait qu’un échange général de ces livres, reproduits par des copies, eût lieu entre les églises qui les considéraient comme le bien commun de toutes (Voir la recommandation de l’apôtre Paul, Colossiens 4.16). L’authenticité de ces écrits fut donc, dès l’origine, un simple fait de notoriété publique. Si l’on considère encore que la composition et la propagation de ces mêmes écrits eut lieu pendant l’espace de prés d’un demi-siècle (52-100), et cela du vivant des apôtres, du moins de quelques-uns d’entre eux qui étaient là pour en rendre témoignage aux églises; si l’on considère en outre la rapidité avec laquelle se répandit le christianisme dans la Palestine, la Syrie, l’Asie Mineure, la Grèce, l’Italie, l’Égypte, le nord de l’Afrique, les Gaules, où se formèrent partout des troupeaux chrétiens, bientôt mis en possession des principaux livres du Nouveau Testament, on comprendra que la plus grande, partie de notre recueil se soit formée d’elle-même, et dans des circonstances qui ne laissaient aucun doute sur son origine. Aussi trouvons-nous, avant la fin du second siècle, les quatre Évangiles, les Actes des apôtres, treize épîtres de Paul, la première de Pierre et la première de Jean, en possession incontestée de leur autorité apostolique clans toutes les églises. À l’égard des autres livres, dont les destinées seront retracées dans les introductions spéciales, il y eut dans quelques contrées des hésitations, des doutes, des délais jusqu’au IVe siècle. Dès lors, le recueil fut définitivement formé et universellement revêtu de son caractère de canonicité. - De cette formation du canon, spontanée pour la plus grande et la plus importante partie du Nouveau Testament, mûrement réfléchie quant aux quelques écrits moins universellement admis, et appelés pour cela deutérocanoniques, - de cette formation, de son histoire, de sa conclusion définitive au IVe siècle, il résulte :

Que l’Église a été évidemment conduite par un tact religieux admirable dans le petit nombre de cas où des doutes planaient sur tel ou tel écrit qu’il s’agissait de recevoir dans le canon.

Que néanmoins l’étude de toutes les questions relatives à l’origine, à l’histoire et aux caractères des écrits du Nouveau Testament a sa place légitime et nécessaire dans la théologie. Ces travaux de la critique sacrée, sans intéresser directement la foi; sont d’une grande importance comme préparation à l’exégèse du Nouveau Testament.

Que, malgré les rapports intimes qui existent entre l’authenticité et la canonicité de nos livres, il ne faut point confondre ces deux questions, mais admettre que tel livre puisse légitimement occuper sa place dans le canon, sans qu’il soit historiquement démontré qu’il émane de l’écrivain auquel l’attribue la tradition biblique. Tel est le cas de plusieurs écrits de l’ Ancien Testament et de quelques-uns du Nouveau. Quoi qu’il en soit la foi de l’Église et celle de chaque croyant repose sur des fondements tout autres que les résultats variables et souvent contradictoires de la critique.

VI

Ce qu’on appelle la crédibilité des livres du Nouveau Testament, distincte de l’authenticité et de la canonicité, repose sur deux bases également nécessaires : la vérité historique et la foi individuelle. Le Nouveau Testament est rempli de faits de la plus haute importance pour le salut de l’homme, aussi bien que pour l’histoire religieuse et morale de l’humanité tout entière. Ces faits sont-ils historiquement vrais ? Telle est, à ce point de vue purement extérieur, la seule question qu’ait à examiner et à résoudre la critique. Et nul ne peut prétendre à ce caractère d’une recherche sincèrement scientifique, s’il n’y apporte les mêmes procédés au moyen desquels la critique historique s’assure de la réalité des faits de l’histoire en général. Ainsi : les témoins primitifs sont-ils suffisants ? Sont-ils bien instruits ? Sont-ils dignes de confiance ? Ne se mettent-ils point en contradiction avec les données de l’histoire, acquises par d’autres sources ? Ils placent les faits racontés par eux dans un certain pays, à une certaine époque : ces faits sont-ils en harmonie avec la géographie, la langue, les mœurs, les idées religieuses, morales, politiques, de ce pays et de cette époque ? Les conséquences immédiates des événements qu’ils racontent en découlent-elles rigoureusement comme l’effet de la cause, tellement que l’un deviendrait inexplicable sans l’autre ? Pour ne citer ici qu’un exemple, n’est-ce pas là, de toute évidence, le phénomène que présentent la naissance et les triomphes moraux de l’Église chrétienne ? Supprimez l’histoire du Nouveau Testament, et toute la civilisation à dater de cette époque est un effet sans cause, c’est-à-dire une impossibilité. - Telles sont les questions qu’a à résoudre la science de l’histoire, pour ce qui concerne le Nouveau Testament. Or, nous ne craignons pas de le dire : à ce point de vue la solution existe, la preuve historique est faite, aux yeux de tout homme impartial. La crédibilité des faits de l’époque apostolique est mieux établie que celle d’aucune autre époque de l’histoire, et l’on peut affirmer que jamais cette crédibilité n’eût été révoquée en doute sans une autre cause qui a provoqué des procédés de critique d’un ordre tout différent de ceux qu’admet la science de l’histoire.

Cette cause, la voici : le Nouveau Testament raconte des miracles. Que dis-je ? Il est, d’un bout à l’autre, l’histoire d’un long miracle, qui commence avec la naissance de Jésus-Christ, se poursuit durant sa vie entière, éclate dans sa résurrection et va se consommer par son Esprit dans la création de son Église et dans la régénération de chaque âme qui en fait partie : Ici donc l’histoire devient l’action de Dieu, et, nous en convenons, nous le proclamons hautement, la crédibilité historique devient une question de foi. Nul ne le sait mieux que les adversaires de l’Évangile. Ils disent, par la bouche d’un de leurs chefs, plus sincère que beaucoup d’autres : Le Nouveau Testament se meut tout entier dans la sphère du surnaturel; le surnaturel, selon notre philosophie, est impossible, donc le Nouveau Testament n’est pas historique. Et, pour le démontrer, la critique de cette école s’est efforcée, d’abord, de naturaliser les faits, puis de les nier, puis de détruire la valeur historique des livres qui les renferment. Cela est dans l’ordre. Point de crédibilité dans des faits d’un ordre surnaturel, sans la foi au Dieu vivant et vrai, « qui fait ce qui lui plaît aux cieux et sur la terre ». Rien que d’impossible dans la vie de Jésus, sans la foi en lui comme Fils du Dieu vivant et Sauveur du monde. Rien que d’absurde dans la vie de l’Église apostolique, sans la foi à l’Esprit de Dieu, source de la lumière et de la sainteté. Le Nouveau Testament n’est pas le livre des rationalistes, ni des panthéistes, ni des athées ; il est le livre des chrétiens.

VII

À ce point de vue, le seul qui soit en harmonie avec le contenu du Nouveau Testament lui-même, on conçoit dans quel esprit ce livre doit être étudié et médité. Il est, dans son ensemble, la révélation de Dieu en Jésus-Christ, la manifestation de sa sainteté et de sa miséricorde, qui éclatent d’une égale splendeur dans la rédemption de l’homme pécheur. Qui en pénétrera son âme, sinon l’homme dont la conscience, froissée et souffrante, viendra y chercher avec angoisse des paroles divines de pardon et de réconciliation ? - Le Nouveau Testament est la manifestation de la vie divine au sein de notre humanité. Quel homme en recevra les impérissables bienfaits, sinon celui qui viendra plonger et replonger dans ces eaux vives son être moral tout entier, jusqu’à ce que, par une communion intime et vivante avec Jésus, il ait l’ineffable bonheur de pouvoir redire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ».

Le Nouveau Testament est pour nous le témoignage de l’éternel amour de Dieu, qui nous est apparu en Jésus-Christ; la charité de Christ y respire à chaque page. Quel autre moyen pour nous de relire ces pages avec fruit, sinon d’ouvrir notre cœur entier à ce foyer de chaleur et de lumière, jusqu’à ce que, réchauffé et vivifié dans ses affections les plus intimes, il sente régner en lui, sur les ruines de son égoïsme, l’amour, l’amour de Dieu, l’amour de Jésus ? - Alors le Nouveau Testament sera compris, compris même par l’intelligence, qui aura trouvé, dans la conscience et dans le cœur, la clef du livre jusque-là scellé de sept sceaux. Que de choses jusque là obscures, inadmissibles, lui deviendront lumineuses par leur harmonie avec une expérience personnelle ! Encore des obscurités, des difficultés, des questions dont celle-ci n’aura pas trouvé la solution ? Oui, sans doute; mais ce sera pour elle l’occasion d’un travail incessant et fructueux. Et si, déprise des illusions de l’orgueil, elle se rend compte de ce qu’elle est elle-même, de ce qu’est la situation de l’homme ici-bas, et de la grandeur infinie des objets offerts à ses méditations, il lui suffira, en attendant la pleine lumière, d’avoir trouvé la vie. Refusons-nous de vivre, parce que des mystères planent encore sur notre existence ? Ne jouissons-nous pas de la lumière et de la chaleur du soleil, bien que souvent il nous soit voilé par des nuages ? Serait-ce pour nous un effort impossible de résignation et d’humilité, que de dire avec le plus grand des apôtres : « Nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie ? » Non, pourvu que notre espérance soit assez ferme pour pouvoir ajouter avec lui :

« Alors je connaîtrai comme j’ai été connu ».