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Histoire

Outre les traditions de famille, qui étaient pour les Hébreux la principale source de leur histoire, ils avaient des monuments qui étaient contemporains d’âges antérieurs, auxquels certains souvenirs avaient été plus particulièrement rattachés ; quelquefois c’étaient des pierres brutes, qu’un homme dressait en mémoire d’un fait remarquable dont il avait été le témoin (Genèse 28.18 ; 31.45 ; Josué 4.9 ; 1 Samuel 7.12), comme, de nos jours encore, les intrépides voyageurs qui réussissent pour la première fois à atteindre le sommet de montagnes encore vierges, l’Ararat, la Jung-frau, etc., y plantent une croix ou tel autre signe de prise de possession ; d’autres fois c’étaient des arbres qui, par leur force de vie, promettaient d’occuper longtemps la place, des chênes ou des térébinthes (les Suisses avaient leur tilleul d’Altorf, et chaque nation compte quelques mémorials de cette espèce). Quelquefois encore les Hébreux avaient leurs chants historiques (Exode 15 ; Nombres 21.14 ; Juges 5 ; cf. Josué 10.13 ; 2 Samuel 1.18), ou bien des sentences proverbiales (1 Samuel 10.12 ; 19.24 ; 2 Samuel 5.8), des noms significatifs, des fêtes solennelles (Exode 12.23 ; Juges 11.40 ; etc.).

On ne peut préciser comment, ni à quelle époque, ils commencèrent à écrire l’histoire ; peut-être débutèrent-ils par des chants historiques, peut-être même par les généalogies, qui étaient en quelque sorte le fond, le cadre de leur histoire, et que les Orientaux de nos jours estiment encore à une si grande valeur (Genèse 5 ; 10 ; 23 ; etc.). Sous les successeurs de David, on voit déjà quelques annalistes ; ils appartiennent pour la plupart soit aux officiers de la cour, soit surtout à l’école des prophètes (1 Rois 4.3 ; 2 Rois 18.18-37 ; 2 Chroniques 34.8 ; Ésaïe 36.3-22). Les cours orientales avaient également leurs historiographes (cf. Esther 10.2 ; Esdras 4.15 ; 6.2). C’est par des prophètes qu’ont été écrits les livres historiques de l’Ancien Testament ; ils citent eux-mêmes les biographies dont ils se sont servis, et qu’ils se sont parfois borné à extraire.

On peut remarquer, pour l’ensemble des ouvrages historiques de l’Ancien Testament, qu’il s’y trouve une complète absence de préoccupation chronologique ; comparés les uns avec les autres, ils présentent des contradictions inconciliables, dont on peut mettre les unes sur le compte des copistes, les autres sur ce que, peu soucieux de la chronologie, un historien comptait à double certaines années, celles, par exemple, pendant lesquelles un fils avait été associé à son père sur le trône ; compte exact aussi longtemps peut-être qu’il ne s’agit que de la vie d’un seul homme, mais inexact lorsqu’on résume l’histoire de la nation par celle de ses rois. On trouvera dans des considérations de ce genre la clef de presque toutes ces inexactitudes dont on a tant parlé ; un mot répond à tant d’attaques, c’est que le but de l’historien sacré n’était pas de fournir aux chronologistes modernes des dates et des jalons pour leurs époques, mais de donner aux enfants de Dieu la nourriture dont ils avaient besoin, les leçons d’un peuple riche en expériences de tous genres. Il est remarquable de voir aussi la manière dont l’histoire est racontée dans ces livres de Dieu ; ce ne sont pas les rois qui gagnent les batailles, ni les peuples qui se délivrent à main-forte et à bras étendu, ni les conseils qui délibèrent, mais partout intervient l’action providentielle, la main suprême, le conseil de Dieu. Si l’histoire des autres peuples et des autres temps avait été écrite par le même Esprit, combien elle ressemblerait peut-être à celle des Juifs, combien d’instructions on y trouverait encore ! Qu’on se représente l’histoire de France, les croisades, la réformation, les guerres de la ligue, les massacres des protestants, écrits comme les livres de Samuel ou des Rois !

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