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1°. Hérode dit le Grand (Luc 1.5 ; Matthieu 2.1 ; Actes 23.35). Ce roi des Juifs était Iduméen de naissance, et fils d’Antipater ; il reçut sa royauté des mains de Marc Antoine et du sénat de Rome ; elle lui fut de nouveau confirmée par Auguste, et il exerça son cruel pouvoir l’espace de trente-trois ans, depuis l’an 37 jusqu’à l’an 4 av. J.-C., env. 750 de Rome, c’est-à-dire jusqu’en l’année de la naissance du Sauveur. Il épousa plus de huit femmes les unes après les autres. Outre Pallas, Phèdre et Elpide, qui ne laissèrent qu’une postérité insignifiante, il faut nommer :
a) Doris, dont il eut Antipater.
b) Mariamne I, dernier rejeton de la famille des Maccabées par Jean Hyrcan ; elle lui donna Aristobule et Alexandre ; Aristobule fut le père d’Hérode l’époux de Bérénice, d’Hérode Agrippa I, et d’Hérodias.
c) Mariamne II, fille d’un prêtre, Simon ; elle lui donna Hérode-Philippe, premier époux de sa nièce Hérodias.
d) Malthace, Samaritaine, mère d’Archélaus, et d’Hérode Antipas le second époux d’Hérodias.
e) Cléopâtre, dont il eut Philippe, époux de Salomé fille d’Hérodias.
Ce roi barbare n’a été grand que par ses cruautés dénaturées ; il fut le bourreau de sa famille et de son peuple ; après avoir fait massacrer presque toute la famille de sa seconde femme, Hyrcan son grand-père, Alexandre son père, Antigone son oncle, Aristobule son frère, Alexandra sa mère, il finit par la faire assassiner elle-même après deux tentatives manquées (29 av. J.-C.). Les remords les plus terribles l’assaillirent, il tomba malade. Il se trouvait à la fois au comble du bonheur matériel et du malheur moral ; pour se distraire et pour donner le change aux Juifs alarmés, il fit construire de superbes édifices, des bains, des théâtres, des gymnases ; un château magnifique s’éleva sur le mont de Sion ; Samarie, dévastée par Jean Hyrcan, fut rétablie et reçut le nom de Sébaste. Il bâtit Césarée au sud du mont Carmel, et au temple en l’honneur d’Auguste près des sources du Jourdain. Voyant le peuple et les pharisiens inquiets au sujet des mœurs étrangères et païennes dont il favorisait l’introduction, il entreprit, en 17, la réparation du temple, et avec tant de luxe, que ce fut plutôt un temple nouveau qu’il fit construire. On y travaillait depuis quarante-six ans lorsque notre Sauveur prononça les paroles de Jean 2.19. Enfin, Jésus naquit, et la seule part que prit Hérode à cet événement fut le massacre des enfants de Bethléhem, massacre d’une douzaine d’enfants peut-être, qui ne valut pas la peine d’être relevé au milieu des autres crimes de ce féroce Iduméen. Peu de temps après, malade comme Antiochus Epiphanes, Hérode alla chercher du soulagement aux thermes de Callirhoé sur les bords orientaux de la mer Morte, au pied des anciennes montagnes de Moab, mais ce fut en vain ; il se retira à Jéricho, sans espérance et découragé ; et prévoyant les événements qui auraient lieu après sa mort, il essaya, mais inutilement, de se percer de son glaive. Cependant la maladie faisant des progrès, Hérode fit encore exécuter son fils Antipater avant de mourir ; ce fut le dernier acte de sa vie. Cinq jours après il expirait âgé de soixante-dix ans, ayant donné l’ordre à sa sœur Salomé de faire massacrer immédiatement après sa mort tous les notables des Juifs qui se trouvaient alors assemblés à Jéricho ; car, dit-il, les Juifs se réjouiraient de ma mort, et je veux les forcer à mener deuil ; mais cet ordre ne fut pas exécuté. Il partageait le royaume par son testament entre ses trois fils Archélaùs, Antipas et Philippe ; l’empereur Auguste confirma cette disposition.
2°. Hérode Antipas (Luc 3.1 ; 8.3 ; Actes 13.1), fils du précédent par Malthace. Il succéda à son père l’an 1 du Christ, et partageant la Palestine avec ses deux frères, il reçut la Galilée et la Pérée avec le titre de tétrarque et 200 talents par année. Jésus de Nazareth ressortissait ainsi à sa juridiction (Luc 23.7). Hérode résidait à Séphoris non loin du mont Thabor ; il agrandit beaucoup cette ville et l’appela Dio-Casarea (elle n’est pas mentionnée dans la Bible) ; il bâtit aussi Tibériade, qui a donné son nom au lac de Génésareth. Après avoir épousé en premières noces la fille du roi arabe Arétas, il épousa sa nièce et belle-sœur Hérodias, la fille d’Aristobule, fils de Mariamne I, première épouse de son frère Philippe encore vivant. Ce crime en amena un plus grand encore, l’adultère appela le meurtre, et Jean-Baptiste fut mis à mort sur la demande d’Hérodias (Luc 3.19 ; Matthieu 14.1). La répudiation, l’inceste et le meurtre furent punis par le roi d’Arabie, qui, brûlant de venger sa fille déshonorée, déclara la guerre à Hérode et le battit. Le peuple y vit le juste châtiment des crimes de son maître. Hérode Agrippa, frère d’Hérodias et neveu en même temps que beau-frère d’Hérode Antipas, ayant obtenu le titre de roi, Hérodias, jalouse, poussa son mari à faire des démarches auprès de Caligula pour obtenir la même dignité. Ils se rendirent à Rome (an 39), quoique Antipas fit les choses malgré lui, aimant mieux le repos que l’honneur ; mais là, sur les plaintes du peuple, jointes à celles d’Agrippa, son beau-frère, Antipas fut déclaré déchu de tous ses droits en Palestine : Caligula l’exila, d’abord à Lyon dans les Gaules où Hérodias le suivit, puis en Espagne où il mourut.
C’est ce Hérode que nous voyons dans l’Évangile pendant toute la vie de notre Sauveur. Josèphe ne le traite pas d’une manière très défavorable et ne raconte pas de lui ces innombrables iniquités qu’il reproche au grand Hérode ; mais au fond le fils ne valait pas mieux que le père. Luc 3.19, parle de tous les maux, ou plutôt de toutes les méchancetés qu’il a faites ; on le voit d’ailleurs adonné à toutes les passions de la chair (Matthieu 14 ; Josèphe Antiquités judaïques 18.4.5) ; curieux et frivole dans son impiété lorsqu’il désire de voir Jésus (Marc 6.14) ; sadducéen de croyance et n’ayant pas même foi dans son incrédulité, puisqu’il penche à admettre la résurrection de Jean-Baptiste (Luc 9.7) ; lâche dans ses craintes lorsqu’il fait donner à Jésus le conseil de s’enfuir ; il redoute son voisinage et n’ose pas s’en défaire à cause du peuple (Luc 13.31) ; lâche encore dans ses serments de débauche, lorsqu’une femme l’oblige à tenir une promesse de meurtre contre un homme qu’il respectait malgré lui-même et dont il recherchait les pieux conseils (Matthieu 14.1) ; lâche dans le procès de Jésus, puisqu’il ne prolonge l’interrogatoire que pour entendre cet homme dont il était si curieux, et puisque le reconnaissant innocent (Luc 23.11-15), il consent à sa mort et trouve dans cette ignominieuse condescendance le moyen de se réconcilier avec Pilate dont un abus de pouvoir l’avait éloigné (Luc 23.7 ; Actes 4.27). Dans cette entrevue depuis si longtemps désirée et qui n’a lieu qu’au dernier jour du Sauveur, Hérode, voyant une figure qui n’est pas celle de Jean-Baptiste, renaît à la confiance ; il ne craint plus qu’un revenant lui reproche sa lâcheté, et se livrant sans réserve à sa curiosité, il interroge à son aise le prisonnier et se flatte de lui voir faire un miracle, mais il n’en reçoit pas de réponse ; Hérode se venge du mépris du Saint par le mépris de cour, se moque de Jésus, le déguise en roi terrestre et le renvoie à Pilate. C’est ce même Hérode que Jésus appelle un renard (Luc 13.32) ; c’est de lui qu’il s’agit encore lorsque Jésus recommande à ses disciples de se garder du levain d’Hérode (Marc 8.15), c’est-à-dire, des fâcheux exemples de ce prince Édomite et des doctrines sadducéennes qu’il avait embrassées (Matthieu 16.6-12).
3°. Hérode Philippe, voir Philippe 2°.
4°. Hérode Agrippa I petit-fils d’Hérode le Grand par Mariamne, et fils d’Aristobule par une Bérénice fille de Salomé ; il n’apparaît dans l’histoire sainte qu’en Actes 12. Après la mort de Tibère (37), il reçut en 38 la tétrarchie de Philippe son oncle, qui était mort en 35 et dont la province avait été jointe à la Syrie. Frère d’Hérodias et beau-frère d’Hérode Antipas, il avait dissipé tous ses biens et ne devait son avènement au trône (car le titre de roi lui fut donné) qu’à la manière insinuante avec laquelle il sut se glisser dans la faveur de Caïus Caligula. Son caractère n’était pas précisément méchant, il avait de la bonhomie et plus de respect pour la religion que les autres princes de la maison d’Hérode ; mais ce même respect qu’il professait pour le judaïsme le porta à faire périr Jacques, frère de Jean, et à comploter la même chose contre l’apôtre Pierre. Sa tentative ayant échoué, il s’en dédommagea en envoyant au supplice les soldats auxquels avait été confiée la garde de l’apôtre. Après ces exécutions qui accompagnèrent pour lui la célébration de la Pâque, il se rendit à Césarée, où il séjourna. Cette ville, bâtie par son grand-père, souffrait dans ses intérêts commerciaux du voisinage de Tyr et de Sidon ; une rivalité existait entre ces villes, et Hérode en était irrité sans qu’il fût cependant en son pouvoir de déclarer la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens, alliés de Rome. Tyr et Sidon d’ailleurs, souffrant également de cette concurrence, et ne voulant pas se fermer le territoire de la Judée qui leur était un utile et important débouché, envoyèrent des ambassadeurs auprès d’Hérode pour prendre des arrangements amiables qui fissent cesser l’aigreur réciproque des habitants des deux États ; la paix fut conclue. Mais Dieu n’oubliait pas la mort de ses serviteurs, et la même année encore (44) Hérode fut frappé de mort. Comme il était à Césarée et qu’il assistait à des jeux en l’honneur de Claude, il voulut haranguer le peuple et s’assit sur le trône ; mais à peine eut-il commencé à parler que le peuple s’écria : Voix d’un Dieu et non pas d’un homme ! Ce furent sans doute les païens qui poussèrent ce cri ; les Juifs ne l’auraient osé faire. Hérode, sans doute, prit plaisir à cette apothéose, au lieu de la repousser ; mais dans le même moment un ange du ciel le frappa, et il mourut rongé par les vers, à l’âge de cinquante-quatre ans. Josèphe parle d’un hibou qui, pendant le discours d’Hérode, se posa sur une corde au-dessus du théâtre, et dont la présence effraya singulièrement l’orgueilleux orateur. La maladie qui l’emporta, peut-être la même que celle dont avait été frappé Antiochus le persécuteur des Maccabées, est à la fois naturelle en ce que les médecins ont vu quelques cas analogues, et surnaturelle en ce qu’on n’en connaît pas la cause et qu’elle frappe d’une manière inattendue ceux qu’elle atteint, voir Ver.
5°. Hérode Agrippa II, fils du précédent (Actes 25 et 26). Le Nouveau Testament ne lui donne que le nom d’Agrippa. Il y a eu beaucoup d’autres Hérodes, mais ils n’appartiennent pas à l’histoire biblique, et nous n’avons pas à nous en occuper.
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