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Léopard

(Cantique 4.8 ; Ésaïe 11.6 ; Jérémie 5.6 ; 13.23 ; Osée 13.7 ; habakuk 1.8 ; Daniel 7.6 ; Apocalypse 13.2)

C’est par ce mot que nos versions traduisent partout l’hébreu namer ; d’autres, comme Luther, Winer, etc., le traduisent par panthère. Il n’est pas facile de décider laquelle de ces deux traductions doit être préférée, vu que tous les détails que l’Écriture sainte donne de cet animal conviennent aussi bien à l’un qu’à l’autre ; la seule chose qui prouverait en faveur de la panthère, c’est qu’elle paraît avoir été connue en Palestine (v. Seetzen et Burckhardt), tandis que le léopard y aurait été rare et peut-être même inconnu. D’un autre côté, l’analogie du chaldéen, du syriaque, de l’arabe et de l’éthiopien (Boehart), de même que l’uniformité de traduction des Septante, de Jérôme et des anciens, sembleraient militer fortement en faveur de nos versions. Mais à la base de tout cela règne une confusion d’histoire naturelle, la confusion de trois espèces voisines et différentes, la panthère, l’once, et le léopard. La pardalis des Grecs a eu successivement en latin les noms de panthère, de pard, et de léopard ; c’est la panthère proprement dite, que les Arabes nomment encore aujourd’hui alnemr ou nemer, et que Boehart a nommé léopard tout en voulant désigner la panthère. La petite panthère d’Oppien est sans doute l’animal que les voyageurs modernes ont appelé once, plus petit que la panthère et que le léopard. Enfin le léopard est un animal de la Guinée, du Sénégal, et d’autres pays méridionaux, que les anciens paraissent n’avoir pas connu du tout ; son nom, qui faisait alors double emploi avec celui de panthère, a été depuis déterminé d’une façon plus spéciale, et appliqué au léopard proprement dit. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les anciennes traductions, qui étaient exactes vu le sens que l’on donnait à ce mot, ne le soient plus maintenant, et leur accord prouve d’autant mieux que ce que les Hébreux nommaient namer est la panthère de nos jours. Le corps de cet animal (felis pardus, L.), lorsqu’il a pris son entier accroissement, a environ deux mètres de longueur, outre la queue, qui est longue de plus de 70 centimètres ; la peau est d’un fauve plus ou moins foncé sur le dos et sur les côtés, blanchâtre sous le ventre ; elle est marquée de taches noires en grands anneaux ou en forme de roses, vides au milieu, parfois avec une tache au centre ; il n’y a que des taches pleines sur la tête, la poitrine, le ventre et les jambes (cf. Jérémie 13.23). La panthère vit en Afrique et en Arabie, sur le Liban et aux Indes. Elle est ordinairement nommée à côté du lion dans l’Écriture. Fière, sauvage, indomptable, elle ne redoute aucun animal, et ne craint pas d’attaquer l’homme lui-même, ce que le tigre et le lion n’osent faire que lorsqu’ils sont pressés par la faim ou provoqués au combat. Sa course est rapide, ses yeux sont vifs et continuellement en mouvement, son expression est cruelle et méfiante ; elle a les oreilles courtes et le cou épais ; ses pieds de devant ont cinq doigts, ceux de derrière n’en ont que quatre, mais tous armés de griffes fortes et aiguës, qui lui servent à retenir sa proie aussi solidement que les dents. Carnivore, et dévorant énormément de nourriture, elle est néanmoins toujours maigre. Cet animal est d’une remarquable fécondité, mais il a pour ennemis le tigre et le lion, et ces races terribles se font la guerre les unes aux autres ; c’est ainsi que Dieu a pourvu à ce que, pour un temps du moins, leur multiplication ne fût ni trop rapide, ni trop grande.

Plusieurs passages prouvent que les panthères étaient très nombreuses en Palestine, et nous trouvons des lieux dont le nom indique qu’ils étaient primitivement fréquentés par ces féroces animaux ; ainsi Nimra (de nemer) au-delà du Jourdain (Nombres 32.3), Beth-Nimra (v. 36 ; Josué 13.27), les eaux de Nimrim (Ésaïe 15.6 ; Jérémie 48.34). (Il serait possible cependant que ces noms, voir Nimrah, eussent une autre étymologie) ; enfin la montagne des panthères (Cantique 4.8).

Ésaïe, faisant la description du règne glorieux du Messie sur la terre (11.6) dit qu’alors la panthère gîtera avec le chevreau, bel emblème, si ce n’est qu’un emblème, de la paix qui animera le monde, et du changement qui se sera opéré dans les cœurs violents, haineux, durs et passionnés, à l’égard des faibles et des débonnaires.

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