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Pharisien et membre du sanhédrin à Jérusalem. Homme sincère et de bonne foi, il avait reconnu à ses miracles que Jésus était un prophète venu de Dieu ; mais timide, il n’osait avouer ouvertement ses doutes et peut-être même ses convictions ; il vint de nuit à Jésus, et apprit de lui la nécessité de la régénération ou nouvelle naissance pour obtenir l’entrée dans le royaume des cieux. Notre Sauveur suivit avec lui cette marche pleine d’autorité, dont il avait seul le secret ; à ses questions incertaines, il répondait par de nouvelles vérités incompréhensibles à l’homme charnel, laissant au Saint-Esprit le soin de les expliquer et de les développer (Jean 3). L’œuvre de l’Esprit se fit lentement en Nicodème ; il resta longtemps encore disciple secret ; ce ne fut que d’une manière détournée, en en appelant aux formes ordinaires de la justice, qu’il essaya de prendre la défense du Messie au milieu du sanhédrin, et il se laissa réduire au silence par une réponse aussi dure que mensongère (Jean 7.50 ; cf. Deutéronome 17.8 ; 19.16). Mais à la mort du maître il ne cacha plus qu’il était son disciple ; réveillé en quelque sorte par l’injuste condamnation qui avait frappé le Juste, il se sentit la force en même temps que le devoir de protester publiquement contre cette iniquité légale, et d’accord avec Joseph d’Arimathée, il vint en plein jour enlever en pleurant le corps du supplicié, apportant un mélange des plus riches parfums pour son embaumement (19.39ss).
Le nom de Nicodème réveille au premier abord la double idée d’une inintelligence des vérités divines, et d’une timidité contraire à l’esprit du christianisme dans la confession de la foi. Ses trop naïves questions sur la nouvelle naissance ne sont plus répétées, et peut-être vaudrait-il mieux qu’elles le fussent ; le mot de régénération a passé dans le langage chrétien, mais pour plusieurs ce n’est qu’un mot, et il ne réveille pas toutes les idées qu’il renferme, et dont la profondeur, nouvelle pour Nicodème, lui paraissait insondable. Heureux ceux qui savent ce que c’est ; heureux aussi, ceux qui, l’ignorant, ne craignent pas de le demander !
La timidité dans la profession a depuis longtemps été flétrie du nom de nicodémisme, et il ne se trouve que trop, à toutes les époques, de ces caractères faibles qui, sous une foule de prétextes, se contentent de croire dans le fond de leur cœur, et craignent de témoigner, retenus soit par de faux ménagements pour la religion d’autrui, soit par l’opprobre qu’ils redoutent, soit par simple paresse ou lâcheté d’esprit. En disant : j’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, l’Écriture nous fait apprécier à sa juste valeur une foi qui ne parle pas. Puissent tous les Nicodèmes en timidité devenir aussi dans les plus mauvais jours des Nicodèmes en fermeté !
Ajoutons encore que s’il est important de ne pas renier Jésus sur la croix, il est important aussi, et peut-être plus difficile, de le reconnaître et de le professer dans la vie de chaque jour, alors qu’aucune circonstance extraordinaire ne paraît provoquer une profession. La profession est un devoir de tous les instants ; nous nous la devons à nous-mêmes, à nos frères, et à Dieu. Savoir se joindre à tous les chrétiens en tout temps, montrer toujours et partout que l’on est membre du corps de Christ, marcher non seulement avec les chrétiens dans l’honneur, mais avec les chrétiens sous l’opprobre, c’est la science difficile, et c’est une épreuve à laquelle Dieu nous soumet tous les jours.
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