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On ne sait pour ainsi dire rien de tout ce qui concerne les connaissances arithmétiques des Hébreux, mais il ressort des chiffres et des sommes considérables mentionnées en plusieurs endroits, et pour lesquels l’addition et la soustraction n’eussent pas suffi, qu’ils devaient connaître au moins les quatre règles principales et les fractions. Ils se servaient, comme on le voit entre autres par les médailles samaritaines, de lettres au lieu de chiffres, de même que presque tous les anciens peuples jusqu’aux Grecs et aux Romains.
Quelques auteurs ont cru cependant que les Hébreux avaient aussi des chiffres particuliers, mais dans tous les cas ces chiffres ne remonteraient pas au-delà de l’exil. La numération en lettres, et en lettres dont plusieurs ne différaient que par des caractères presque insensibles, pouvait amener dans la transcription beaucoup d’erreurs. On s’est attaché à ce point de vue pour faire ressortir l’apparente exagération qui se trouve dans plusieurs des chiffres cités dans l’Ancien Testament.
Ainsi les chiffres de 600000 hommes de pied, sans compter les petits enfants, de 603530 hommes au-dessus de vingt ans (Exode 12.37 ; 38.26), qui porteraient à 2 ou 3 millions la population totale des Israélites au sortir d’Égypte, issue de 70 personnes après un laps de 430 années au plus, ont paru exagérés, soit quant au fait même de la reproduction, soit quant au terrain qu’ils occupaient en Égypte, soit quant à la difficulté que ce peuple aurait eue à se procurer des vivres dans le désert. Mais qu’on se rappelle l’étonnante fécondité du peuple juif, l’incertitude qui règne sur la plus ou moins grande durée du séjour d’Égypte, la longévité des patriarches, et l’absence de guerres ou d’autres sources de destruction extraordinaires, et l’on arrivera facilement par des calculs très simples à un chiffre de population plus élevé qu’on ne s’y attendait d’abord ; ces impossibilités matérielles se résoudront comme se sont résolues celles qu’on avait essayé de faire sur la petitesse de l’arche de Noé, desquelles on ne parle plus maintenant.
Plus tard, aux jours de David, nous voyons (2 Samuel 24.9), qu’on pouvait trouver dans toute l’étendue du royaume 1300000 combattants ; Abija en oppose 400000 aux 800000 de Jéroboam (2 Chroniques 13.3) ; et l’armée du seul Josaphat, roi de Juda, se compose de 1160000 hommes (2 Chroniques 17.14-18) ; chiffres énormes si l’on pense à la conscription française, ou aux services à court temps des États de l’Allemagne, mais qui ne sont plus aussi étonnants quand on se rappelle les milices des pays libres, tels que la Suisse et les États-Unis, et les levées en masse de l’antiquité et du Moyen-Âge, voir Armées.
Ces chiffres ne sont pas pour nous des articles de foi ; nous admettons volontiers que, d’après la notation hébraïque, des erreurs de chiffres fussent assez faciles, et que les livres des Chroniques spécialement puissent en renfermer quelques-unes, mais il faut remarquer que tous les manuscrits sont d’accord sur les mêmes chiffres, et que la traduction des Septante les maintient également. D’ailleurs ces 1, 2 ou 1, 3 millions hommes supposent une population de 4, 8 millions âmes, en admettant quatre personnes par famille, ou de 6 millions en calculant sur cinq personnes par familles, et ces nombres ne sont pas exagérés quand on les compare à la densité de population si prodigieuse qu’on rencontre dans les pays de l’Orient, et notamment dans quelques provinces de la Chine, il paraît même que plus tard, sous Titus, la Palestine était beaucoup plus peuplée encore que sous David, et l’historien Josèphe assure que la Galilée seule comptait deux cent quatre villes et bourgs, dont le moins considérable avait 15000 habitants ; ce serait donc plus de 3 millions d’âmes pour une seule des quatre provinces de la Palestine. On ne risque donc point de se tromper en admettant les données bibliques, et l’examen de la science vient encore une fois appuyer et non contredire le récit biblique sur des points en apparence bien secondaires.
On a remarqué dans l’Écriture la reproduction fréquente de certains nombres, destinés, soit à exprimer des sommes rondes, soit à rappeler certaines idées sacramentelles ; ainsi les chiffres sept, soixante-dix, deux, quatre, dix, quarante, trois, douze, etc. Disons un mot de chacun.
• Le chiffre sept, et son multiple soixante-dix, sont ceux qui se retrouvent le plus souvent ; les nations païennes les regardaient comme des nombres sacrés, et si l’Écriture ne sanctionne pas ce qu’il y a de superstitieux dans le culte des chiffres, elle en a cependant consacré quelques-uns en leur rattachant des doctrines ou des lois. Le septième jour de la semaine, l’année sabbatique, la septième nouvelle lune, les sept semaines de moissons qui séparaient Pâques de Pentecôte, les sept jours de la Pâque, les sept agneaux qu’on sacrifiait à chaque jour de cette sainte semaine, en sont quelques exemples ; on peut citer aussi la fête des tabernacles, qui durait sept jours et tombait sur le septième mois, de même que celle des expiations.
Sept jours étaient la durée légale des purifications cérémonielles ; la consécration des prêtres durait sept jours ; dans les sacrifices pour de graves péchés, l’aspersion du sang se faisait par sept fois, etc. La doctrine postérieure des anges comptait sept archanges ou anges principaux. On peut voir ces différents articles. Rappelons encore parmi les exemples de l’Ancien Testament les sept nations cananéennes, les soixante-dix semaines de Daniel, les soixante-dix années de la captivité, les soixante-dix anciens d’Israël (les soixante-dix disciples de Jésus, la lettre aux sept Églises), etc. (cf. Genèse 2.2 ; 7.2 ; 8.10-12 ; 29.27-30 ; 41.2-7 ; 46.27 ; Nombres 23.1 ; Josué 6.4-6, 8, 13, 15 ; Juges 16.8-13, 19 ; 1 Samuel 10.8 ; 11.3 ; 13.8 ; 1 Rois 8.65 ; 2 Rois 5.10-14 ; Ecclésiaste 11.2) ; puis dans le langage des prophètes (Ésaïe 4.1 ; Ézéchiel 39.12-14 ; 40.22-26 ; 43.25 ; 44.26 ; 45.21-23, 25 ; Zacharie 3.9 ; 4.2-10 ; Daniel 4.16-23 ; 9.24 ; Michée 5.5), et dans le Nouveau Testament (Matthieu 15.34-36 ; Actes 6.3 ; 21.8 ; Apocalypse 1.4-12 ; 8.2-6 ; 10.3 ; 11.13 ; 12.3 ; 13.1 ; 15.1-6 ; 16.1 ; 17.1 ; 21.9).
Les écrits de Philon montrent combien les Juifs philosophes de son temps attachaient une importance mystérieuse à ces chiffres ; les pythagoriciens grecs y voyaient de même bien des choses, et rappelaient les sept couleurs, les sept notes principales en musique, et les sept planètes. On sait enfin le rôle que ce chiffre sept joue dans la nature et dans le développement de l’homme. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans des détails ; avec l’observation et un peu de bonne volonté, on pourrait multiplier à l’infini des faits et des exemples analogues.
On a abusé du droit d’imagination, mais à l’origine de toutes les recherches discrètes ou indiscrètes qu’on a faites sur ce nombre, se trouve évidemment l’œuvre de Dieu aux jours de la création ; le septième jour a été un point d’arrêt, un nœud ; il était impossible qu’un début pareil n’exerçât pas sur l’esprit de tous les hommes une grande influence. Sept a été considéré comme le chiffre de l’alliance, Dieu s’unissant avec l’homme ; les Hébreux l’ont si bien compris que chez eux le même mot shéba (sieben), signifie également sept et alliance {v. Béersébah, puits du serment), et l’on sait que les peuples de l’Orient ont l’habitude de faire intervenir le nombre de sept dans leurs contrats, et de jurer sur sept pierres. S’il y a là quelque chose de plus nous le saurons un jour, mais on aurait tort de ne répondre à la superstition que par l’incrédulité ou la raideur de l’esprit fort. Le livre de la nature ne nous est pas encore tout ouvert, et s’il renferme des mystères que nous reconnaissons sans les comprendre, il en renferme d’autres peut-être que nous pressentons sans les reconnaître.
• Le chiffre deux, la dualité, marque habituellement l’opposition, et par conséquent une imperfection, un état anormal, Dieu et le diable, le jour et la nuit, une famille sans enfants ; c’est aussi l’amitié, l’association, mais limitée, incapable de se reproduire ou de se continuer. Il est aussi synonyme de témoignage.
• Trois exprime la plus simple des pluralités complètes ; le plus petit groupe possédant son milieu et ses extrémités ; c’est la forme fondamentale du développement ; il est en quelque sorte naturel et se manifeste en psychologie dans les triples facultés physiques, morales et intellectuelles de l’homme ; il se retrouve dans la notion du passé, du présent et de l’avenir ; le chrétien le voit dans l’unité mystérieuse du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et dans les trois jours de la sépulture. On le retrouve dans la constante et significative reproduction de certaines formules : la foi, l’espérance et l’amour ; Abraham, Isaac et Jacob ; Pierre, Jacques et Jean (aujourd’hui on dit Liberté, Égalité, Fraternité). Pour les Juifs, il se trouvait dans l’obligation de célébrer trois fois l’an une fête solennelle, et de se rendre trois fois à Jérusalem (Exode 23.14 ; Deutéronome 16.16) ; dans la triple bénédiction de l’Éternel qui rappelle l’invocation prononcée sur le baptême d’eau (Nombres 6.24 ; cf. Matthieu 28.19) ; dans la triple sainteté rappelée par les Chérubins (Ésaïe 6.3), et expliquée en Jean 12.41.On peut voir encore Jérémie 7.4 ; 22.29 ; Jonas 2.1 ; Jean 2.19 ; 2 Corinthiens 12.8, et un grand nombre d’autres passages, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament. Les trois fois le jour de prière de Daniel et des Juifs postérieurs (Daniel 6.10), se rattachent à la division du jour en trois parties plus qu’à la signification du chiffre trois lui-même.
• Quatre est le chiffre du monde ; il se trouve dans les quatre points cardinaux et dans les quatre bras du fleuve d’Eden, de même que dans le tétragramme, les quatre lettres hébraïques du nom de Jéhovah le Créateur.
• Dix est l’addition des chiffres sacramentels trois et sept ; il représente la perfection.
• Douze, trois par quatre, c’est le développement du monde, le monde travaillant à revenir à son état naturel de paix et d’ordre, Dieu travaillant dans le monde déchu pour le relever en le régénérant ; les douze fils de Jacob, les douze tribus, les douze apôtres, les douze portes et les douze fondements de la nouvelle Jérusalem. Pressentiment ou science positive, l’année a toujours été divisée en quatre saisons de trois mois chacune, ou douze mois, après lesquels la nature se retrouve dans le même état qu’à son point de départ ; ce sont les douze signes du zodiaque qui partagent le ciel.
• Le chiffre quarante, qui se reproduit assez souvent dans l’Ancien Testament, ne se rattache à aucune loi ni institution ; il est en quelque sorte accidentel, et sert peut-être quelquefois à désigner un nombre rond. Cependant, comme multiple de quatre (le monde) et de dix (la perfection, le tout parfait), on a cru qu’il était d’une manière spéciale l’emblème des actes ou choses qui travaillent à perfectionner le monde, qui servent à le parachever, bien ou mal, presque toujours l’épreuve dans son sens le plus large. Aux jours du déluge il plut pendant quarante jours et autant de nuits ; Isaac était âgé de quarante ans quand il se maria ; Ésaü de même ; la vie de Moïse est partagée en trois époques de quarante années chacune ; Moïse resta quarante jours sur le Sinaï, l’exploration de Canaan dura quarante jours, le voyage du désert quarante ans ; Othniel procura aux Israélites un repos de quarante ans, Debora de même ; c’est d’un servage de quarante ans que Gédéon délivra son peuple ; Élie marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’en Horeb ; notre Sauveur passa quarante jours au désert de la tentation, il monta au ciel quarante jours après sa résurrection ; voir encore Genèse 8.6 ; 32.15 ; Josué 14.7 ; Ézéchiel 29.11 ; Jonas 3.4 ; etc.
D’autres nombres reparaissent encore ci et là dans l’Ancien Testament avec une certaine régularité qui, toutefois, n’était absolument qu’une affaire d’habitude ; ainsi huit précédé de sept désigne une quantité indéterminée (Michée 5.5 ; Ecclésiaste 11.2).
Le nombre de la bête, ou de son nom (Apocalypse 13.17-18), désigne le chiffre qui s’obtient en calculant la valeur des lettres qui composent ce nom ; ici est la sagesse, dit l’apôtre, et malgré tous les essais faits jusqu’à ce jour, on n’a pas encore trouvé ce nom mystérieux ; on y a vu tour à tour Néron, César, Mahomet, plusieurs papes, quelques rois de France, et même Luther, mais pour trouver ce dernier chiffre il faut écrire Loulther, ce qui change un peu. Nous n’insistons pas sur ce chiffre dont la recherche appartient à l’étude de la prophétie, et nous ne proposons, ni n’adoptons aucun nom ; la bête ne s’est pas encore pleinement manifestée, et ses efforts pour abrutir l’humanité et lui ôter sa foi ne sont pas encore arrivés au point extrême où elle méritera de toute manière le nom que l’Écriture lui donne.
Second Livre des Nombres, ainsi nommé parce que ses trois premiers chapitres contiennent les dénombrements des Hébreux, qui se firent après la consécration du tabernacle. Les Hébreux l’appellent Vayedabber (et il parla), d’après les mots par lesquels il commence, ou Bammid-bar (dans le désert), parce qu’il renferme l’histoire des trente-neuf années que les Hébreux passèrent au désert après la promulgation de la loi, entre le désert de Sinaï et les plaines de Moab. Il y a peu de chose à dire sur sa composition ; les incrédules ont naturellement cherché à le morceler, ils y ont vu tout ce qu’ils ont voulu, des intercalations, des mythes, des fables, des exagérations ; le chrétien y voit l’ouvrage de Moïse et la vérité divine. Nous ne réfuterons pas des erreurs qui n’ont pas de champions chez nous, et pour ceux qui désireraient connaître ce qu’on a mis en avant et ce qu’on a répondu. On divise ce livre en trois parties principales :
1°. Chapitres 1-11, préparatifs pour le départ, dénombrement, diverses lois et prescriptions.
2°. Chapitres 12-21, voyage dans le désert, murmures et incrédulité du peuple, châtiments, exploration du pays, rébellion de Coré, mort de Marie, serpents brûlants, Og et Sihon, arrivée dans les plaines de Moab sur les confins de Canaan.
3°. Chapitres 22-36, dispositions du peuple, histoire de Balaam, recensement, récapitulation, ordonnances, guerre avec les Madianites, lois sur les héritages.
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