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Paradis

Nom grec du jardin placé en Eden, et dont Dieu avait fait l’habitation bénie du premier homme (Genèse 2.8 ; 3.8-23 ; 4.16). L’Écriture nous dit qu’un fleuve sortait d’Eden, pour arroser le jardin, et que de là il se divisait en quatre rivières, le Pishon, le Guihon, le Hiddékel et l’Euphrate ; quelques détails généraux sur chacun de ces fleuves, et la circonstance qu’Eden était en Orient, sont tout ce que nous savons sur ce jardin, tout ce qui peut diriger les recherches des commentateurs, des théologiens, et des historiens. Malgré ce peu de données, malgré leur peu de précision, des travaux immenses et presque inutiles ou sans résultat, ont été entrepris pour essayer de déterminer avec autant de certitude que possible quel était le pays d’Eden, ou quel était l’emplacement du paradis, car ces deux questions se confondent, et la première est presque toujours absorbée par la seconde, qui seule a de l’intérêt. Calvin, Huet, Bochart, Morin, Grotius, Hottinger, Rosenmuller et Gesenius, doivent être comptés au nombre de ceux qui ont fait sur ce sujet les travaux les plus consciencieux ; mais la fréquente divergence de leurs vues de détail, et les résultats différents auxquels ils sont arrivés, disent suffisamment qu’une base sûre nous manque, et si l’on continue de s’occuper de cette recherche, c’est à cause de l’intérêt qui se rattache à l’examen même de la question, plutôt que dans l’espérance de la résoudre ; le déluge qui nous sépare de l’ancien monde, et qui a doublement bouleversé la face du globe, est la plus sûre garantie de la complète inutilité de toutes les recherches.

Plusieurs systèmes ont été examinés à l’art. Création, et l’auteur a développé le sien de manière à ne laisser aucun doute dans l’esprit de ceux qui dans cette question consentiront à se décider, et à le faire en rompant avec les traditions scientifiques du passé.

Dans le présent article, nous nous bornerons à exposer brièvement l’opinion généralement admise. Ce qui a été dit aux articles spéciaux sur les quatre fleuves et sur les pays qu’ils parcourent, a déterminé en quelque sorte la position du paradis. On ajoute :

que Moïse ne nous présente pas une géographie mythique ; il ne parle pas non plus, comme le voudrait Leclere, d’une contrée qu’il regarde comme perdue, ou qui ne puisse être retrouvée ; il parle à ses contemporains, et il veut leur faire connaître la contrée où a été le premier séjour des hommes nouvellement créés ; ainsi que le dit Calvin ; non seulement il indique des pays et des fleuves connus, l’Euphrate, l’Assyrie, mais à mesure qu’il parle d’objets plus éloignés, il y ajoute plus d’attributs pour mieux caractériser la contrée.

En suivant les indications que donne Moïse, l’Euphrate et le Tigre nous renvoient au plateau de l’Arménie ; c’est dans le voisinage du mont Ararat qu’ils prennent leur source, et c’est dans la même contrée aussi que naît l’Araxe que l’on prend pour le Guihon, de même que le Phasis ou Pishon. Ce pays est très fertile, et riche sous tous les rapports ; il y a plusieurs lacs entre les montagnes, des cimes couvertes de neiges éternelles, des traces d’éruptions volcaniques. Cette manière de voir est entièrement celle de Reland et de Calmet, en grande partie celle de Jahn, Winer, etc.

Si l’on demande maintenant où est ce pays d’Eden, où ce fleuve qui arrosait le jardin, où ce jardin lui-même, où la source commune de ces quatre fleuves qui aujourd’hui sortent bien d’un même plateau, mais non du même bassin, il faut répondre que ce sont précisément ces choses qui ont été détruites. Moïse lui-même parle du chérubin qui défend l’entrée du paradis, il nous raconte le déluge qui a passé par-dessus toutes les hauteurs de la terre ; il n’a donc pas voulu nous dire que le pays puisse encore être trouvé. Le paradis n’existe plus, les fleuves coulent encore. L’aveu que nous faisons pour l’ensemble de la question, l’on est obligé de le faire au moins pour les détails, et l’on compromet ainsi ce qu’on avait cru prouver d’abord.

Parmi un grand nombre d’opinions sur la situation du paradis, dont la plupart ne méritent pas d’être réfutées, nous mentionnerons cependant encore celle de Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le placent dans la Babylonie ; les quatre fleuves sont alors le Tigre, l’Euphrate, et deux sources du Shat-al-Arab.

Les auteurs arabes ont conservé en la modifiant la tradition biblique ; leurs quatre fleuves sont le Tigre, l’Euphrate, le Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Sinon (laxartes) ; ce sont les quatre plus grands de l’Asie, l’Indus et le Gange exceptés. D’après le Zend Avesta le paradis, la pure Ivan, serait situé dans ce que nous appelons aujourd’hui Erivan, où coulent encore les fleuves Khur et Arass : une partie de ce paradis, dans laquelle est né Zoroastre, s’appelle Eden, qui signifie dans la langue pehlvi lieu de repos. Les Arméniens sont persuadés que le paradis était situé près de l’Ararat, sinon même sur son penchant méridional, et le couvent d’Etschmiatsim aurait été, selon quelques-uns, construit sur le lieu même de son emplacement.

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