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Perse

Cette contrée, si voisine du berceau du genre humain, et par conséquent bien connue dès la plus haute antiquité, n’apparaît dans les premiers écrits de l’Ancien Testament que sous le nom de Élam. Plus tard seulement, et depuis l’exil, elle reçoit le nom de Perse qui désigne alors (outre la Perse proprement dite, le Persis ou Farsistan) tout l’immense royaume fondé par Cyrus, qui comprenait la plus grande partie de l’Asie connue, depuis le voisinage de l’Indus jusqu’à la mer Egée ; à la Perse qu’il avait héritée de ses ancêtres, le conquérant avait joint ce que la domination des Mèdes avait embrassé jusqu’au fleuve Halys, le royaume de Lydie au-delà de ce fleuve, et celui de Babylone. Son successeur, Cambyse, y ajouta l’Égypte. Cet empire ne subsista que deux siècles, et fut conquis par Alexandre. Après la mort du roi de Macédoine, les provinces de l’Orient tombèrent au pouvoir de Séleucus Nicator, mais ses successeurs en Syrie perdirent une partie de ces provinces, qui leur furent enlevées par les Parthes. Sous la domination de ces derniers, la Perse eut des rois particuliers ; on a l’énumération des provinces qui composaient l’empire des Parthes ; la Perse et même la Susiane et la Carmanie n’y sont pas comprises, et sont ainsi considérées comme indépendantes. Leurs princes furent néanmoins dans un état de dépendance jusqu’au troisième siècle. Un Persan, qui prit le nom d’Artaxercès, secoua le joug des Parthes, en anéantissant leur puissance, la rendit aux Perses qui en jouirent environ quatre cents ans, jusqu’à l’invasion des Arabes sous les premiers califes successeurs de Mahomet ; dès lors le nom de Perse s’est conservé pour désigner tout le pays compris depuis les limites de la domination turque jusqu’à l’Indostan.

La grande Perse était divisée en cinq provinces ou satrapies, la Susiane, voir Suse ; la Perse proprement dite, la Carmanie et la Gédrosie (Kerman et Mékran), l’Arie ou Khorasan, et l’Hyrcanie ; on peut y joindre encore la Margiane, qui a fait partie de l’empire des Parthes. Chacune d’elles avait une administration complète et la direction de ses colonies ; mais elles relevaient toutes aussi du roi, qui était le centre et le chef du gouvernement.

La Perse proprement dite s’étendait du nord au sud jusqu’au golfe Persique, entre les 27° et 33° de latitude ; elle était séparée de la Médie au nord par les monts Parachoatras, maintenant Aprassia, touchant la Susiane à l’ouest par les monts Baktiori pleins de passages et de défilés étroits et dangereux ; à l’est était la Carmanie. Le pays, qui est montueux déjà dans la partie septentrionale de la Susiane, continue de l’être dans la Perse et jusqu’au centre de cette province. La contrée maritime a des plaines marécageuses et stériles où il règne des vents impétueux, une chaleur excessive et des exhalaisons malsaines. Entre le nord et le milieu du pays, de hautes et rocheuses montagnes portent des neiges éternelles ; le climat est dur, la terre stérile ; on n’y trouve que des bergers, des nomades, des voyageurs, et des brigands. Des lacs et des rivières arrosent et fertilisent les plaines et les vallées de la Perse centrale, qui nourrissent beaucoup de bétail, principalement des chameaux.

C’étaient les habitants de cette province qui portaient plus spécialement le nom de Perses ; ils étaient parents des Mèdes et se divisaient en plusieurs hordes ou tribus dont trois passaient pour nobles, les Pasargades, les Maraphiens et les Maspiens ; seules elles recevaient une certaine culture, les autres labouraient les terres, gardaient les troupeaux, ou étaient confinées dans les montagnes, sauvages et sans instruction. La famille royale, et Cyrus en particulier, appartenait aux Achéménides, la famille la plus noble des Pasargades.

La langue perse était proche parente de la langue zend parlée dans la Médie supérieure, laquelle, à son tour, tirait ses racines du sanscrit ; elle différait complètement des langues sémitiques. Nous ne pouvons entrer ici dans l’examen des rapports qui ont été remarqués entre le persan, le sanscrit et l’allemand, soit quant aux mots, soit quant aux constructions et à la syntaxe ; on trouvera sur ce sujet les indications qu’on pourra désirer, dans l’ouvrage allemand de Wahl, Histoire des langues et de la littérature orientale, p. 129, et suiv.

La constitution politique de la monarchie perse, comme état indépendant, ressemblait à celle de la Médie, et en général de tous les anciens royaumes de l’Asie. La Perse a eu des rois dès les anciens temps ; ils s’intitulaient eux-mêmes rois des rois, et vivaient inabordables pour leurs sujets dans des palais magnifiques et solidement construits, le printemps à Ecbatane, l’été à Susan (Néhémie 1.1 ; Daniel 8.2 ; Esther 1.2-5 ; etc.), l’hiver à Babylone. Ils avaient un harem nombreux et bien choisi, placé sous la surveillance d’eunuques (Esther 2.11), une femme principale ou sultane, qui pouvait quelquefois exercer une certaine influence sur les affaires publiques (Esther 7 ; Néhémie 2.6), une riche et brillante collection de courtisans, et un échanson (Néhémie 2.1). Leur table était naturellement abondante et recherchée (Esther 1.5), et les provinces du royaume, devaient tour à tour pourvoir à son entretien (1 Rois 4.27). Le mode de gouvernement était éminemment despotique ; la volonté du monarque était la loi suprême, sa parole était un jugement en dernière instance. S’il y avait quelquefois conseil tenu entre le roi et ses ministres ou ses courtisans, ce n’était que dans des circonstances extrêmement graves, et pendant ou après un repas (Esther 1.10-19 ; 5.5 ; 7.2). Une mesure qui avait été érigée en édit avec le sceau du roi, sa signature et son nom, était réputée irrévocable (Esther 1.19 ; Daniel 6.8-15). Les provinces, qui sous Darius Hystaspe s’élevèrent au nombre de vingt (120 sous Darius le Mède, Daniel 6.1), étaient gouvernées par des satrapes, qui souvent appartenaient à la famille royale ; ils tenaient une cour de princes, avaient sous leurs ordres, pour les districts de leurs provinces, des employés spéciaux et s’occupaient du gouvernement général et de la perception des impôts en argent et en nature (Esther 3.12-13 ; 8.9 ; Néhémie 2.8-16). Ils n’avaient qu’un pouvoir administratif et civil, mais des commandants de troupes étaient mis à leur disposition et répartis entre leurs divers districts. Des courriers faisaient le service de poste entre le roi et les satrapes. Autour du trône royal se tenait un conseil de sept princes ou ministres (Esther 1.14 ; Esdras 7.14), qui étaient probablement les sept juges inamovibles dont parle Hérodote (3.31), mais qu’il ne faut pas confondre avec les sept eunuques de Esther 1.10-12 ; 6.14.L’armée perse, non compris les garnisons, consistait en infanterie (notamment en archers), et surtout en cavalerie ; elle était équipée avec ce luxe qui, principalement depuis la conquête des Lydiens, était un des caractères saillants des mœurs du pays.

On n’a pas beaucoup de détails sur la religion des Perses ; on sait seulement d’une manière générale qu’ils adoraient le soleil, qu’ils ne lui dressaient ni statues, ni autels, et qu’ils lui offraient sur des lieux élevés, des sacrifices, ainsi qu’à la lune, au feu, etc. Le mage (importation mède) qui présidait au sacrifice, divisait l’holocauste en cinq parties ; les dieux n’entraient point dans ce partage, parce que, disaient les Perses, la divinité ne veut que l’âme de la victime. On ne peut déterminer jusqu’à quel point cette adoration de la lumière et du feu se combinait avec les doctrines dualistes de Zoroastre, mais il paraît que ces dernières n’ont point été étrangères aux Perses.

La Perse, après n’avoir été qu’une satrapie sous Phraortes, roi de Médie, qui vivait quatre-vingt-quatorze ou quatre-vingt-dix-sept ans avant Cyrus, ne commence à compter comme royaume indépendant, ayant son histoire, propre, que sous Cyrus, qui fut son premier roi, au dire de tous les chroniqueurs historiens, qui, au milieu de leurs divergences, s’accordent cependant sur ce point, Hérodote, Ctésias, Xénophon. Mais Cyrus a-t-il vaincu le dernier roi des Mèdes, Astyage ; ou bien, gendre de Cambyse II, a-t-il hérité d’une partie de ses États ? C’est ce qui ne peut être décidé. Quoi qu’il en soit, Cyrus ne tarda pas à joindre la Babylonie à sa couronne (539 av. J.-C.). Il mourut en 529.Après lui vinrent Cambyse, 529 ; Smerdis, ou plutôt le faux Smerdis, prétendu frère de Cambyse, 522 ; Darius Hystaspe, 521 ; Xercès, 485, qui fut égorgé la vingtième année de son règne par Artaban, qui lui succéda et ne régna que sept mois ; Artaxerxès Longuemain, 465 ou 464 ; Xercès II, son fils, 424, ne régna que deux mois ; Sogdiane, 424, sept mois ; Darius Nothus (Ochus), 424 ; Artaxerxès II, 404 ; Artaxerxès Ochus, 364 ; Arsès, 338 ; Darius Godoman, 335.Ce fut lui qui, après un règne d’environ six ans, fut vaincu à Arbèles par Alexandre de Macédoine (330 av. J.-C.). Il vit tomber ainsi la monarchie perse après une existence de deux cent dix-neuf années.

Ceux des rois perses dont il est parlé dans l’Écriture sainte, les seuls dont nous ayons à nous occuper, portent quelquefois chez les auteurs sacrés des noms différents de ceux que leur donnent les historiens profanes, des noms hébraïsés ; d’autres fois leur nom étant donné sans leur surnom caractéristique, il est difficile de reconnaître toujours avec certitude duquel des successeurs de Cyrus il est question. Nous avons examiné aux articles Cyrus, Darius, Artaxerxès, etc., ces questions de détail ; rappelons encore ici d’une manière sommaire les rapports de l’histoire des Juifs avec celle de leurs conquérants.

Cyrus, après la conquête de Babylone, permet aux Juifs exilés de retourner dans leur patrie, et contribue à la reconstruction du temple (Esdras 1.2). Sous Cambyse, après le succès de son expédition d’Égypte, on cherche à noircir les Juifs dans l’esprit du roi pour les perdre (Esdras 4.6), mais ce n’est que sous son successeur, le faux Smerdis, qu’on obtient qu’il fasse cesser les travaux commencés à Jérusalem (Esdras 4.7). Darius Hystaspe, mieux disposé en faveur des Juifs, révoque cet interdit la deuxième année de son règne (Esdras 5.6) ; il commence avec gloire la série des guerres gréco-perses et continue de témoigner de la bienveillance à ses sujets hébreux. Les folles entreprises de Xercès, accompagnées parfois de sentiments généreux, sont connues ; il ordonne et rétracte aussitôt les cruelles mesures proposées par Haman et combattues par Esther. Artaxerxès Longuemain marche contre l’Égypte révoltée, et se voit contraint de faire la paix avec les Grecs. La Palestine se ressent d’une manière fâcheuse des expéditions tentées contre l’Égypte ; la nouvelle colonie juive menace de tomber en ruine ; Néhémie obtient de son maître la permission de rejoindre ses frères pour essayer de relever leur courage et leur foi, et de réorganiser plus fortement l’ensemble de leur administration gouvernementale. Sous Darius Nothus, qui a des ennemis à combattre de tous côtés, la Phénicie, voisine de la terre sainte, devient un champ de bataille entre les armes perses et celles des Arabes et des Égyptiens réunis. Artaxerxès Mnémon, bien que fort occupé ailleurs, ne perd cependant pas non plus l’Égypte de vue, et rencontre ses armées dans des plaines également voisines des frontières des Juifs, qui ont beaucoup à se plaindre de la conduite du général perse Bagoas. Ochus poursuit les entreprises de son père, humilie les Phéniciens et se soumet de nouveau l’Égypte. Depuis lors, et jusqu’à la fin de la monarchie perse, les Juifs restèrent tranquilles de ce côté. Ce fut pendant la durée de cette monarchie que les Samaritains élevèrent leur temple sur le mont Guérizim.

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