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Peuplade des bords de la Méditerranée (Sophonie 2.5 ; mer qui est aussi appelée à cause de cela la mer des Philistins, Exode 23.31). Ils habitaient au sud-ouest de la Judée (Ésaïe 11.14), le ruban compris entre Hékron et le torrent d’Égypte, le penchant occidental des montagnes de Juda, touchant aux tribus de Dan, de Siméon et de Juda (Josué 13.3). Le nom hébreu de ce pays était Pelèsheth, que nos versions ont malheureusement rendu par Palestine (Exode 15.14 ; Psaumes 60.8 ; Joël 3.4) ; en l’absence d’un autre nom, nous le rendrions plutôt par Philistie ; on l’appelait aussi tout simplement le pays des Philistins (1 Samuel 27.1 ; 29.11 ; etc.). Les Septante traduisent souvent le nom hébreu par étrangers, non seulement à cause des données historiques (Genèse 10.14 ; Amos 9.7), mais encore et surtout à cause de sa signification étymologique, palash signifiant émigrer, comme en éthiopien falasa. D’après Genèse 10.14, les Philistins seraient les descendants des Caslukhim, tandis que d’après Jérémie 47.4 et Amos 9.7, ils descendraient des Caphtorim ; on suppose que dans le premier de ces passages il y a eu transposition d’un mot, ce qui serait rendu assez probable par le fait que Moïse lui-même les fait ailleurs aussi descendre de Caphthor (Deutéronome 2.23) ; mais s’il y a eu transposition, l’erreur est fort ancienne, puisqu’elle se trouve, non seulement dans la version samaritaine, mais encore dans 1Chronoques 1.12, où le passage de la Genèse est répété. Une faute de copiste ancienne se comprend, du reste, aussi bien qu’une faute plus moderne ; si l’on veut maintenir la double descendance, on peut voir, à l’article Caphtor, la solution la plus probable de cette difficulté. Quoi qu’il en soit, on ne met pas en doute que les Philistins ne soient aussi descendants de Caphtor, et toute la question est de savoir quel est le pays ou le peuple ainsi désigné ; nous l’avons examinée à l’article Caphtor.
Les Philistins, qu’Abraham trouva déjà dans ces contrées, constitués en royaume à Guérar (Genèse 21.34 ; 26.1 ; etc.), sont célèbres dans l’histoire des Israélites comme leurs ennemis implacables. Affranchi de la captivité d’Égypte et marchant vers Canaan, le peuple de Dieu n’osa point aborder le territoire des Philistins, quoique ce fût le chemin le plus court, celui que suivent encore de nos jours les caravanes qui se rendent d’Égypte en Judée, et Dieu les conduisit par une route plus longue, afin que leurs troupes nombreuses, mais embarrassées, ne fussent pas exposées aux attaques de cette peuplade forte et courageuse (Exode 13.17). Sous Josué, les Philistins apparaissent comme une espèce de confédération d’États réunis sous cinq chefs dont les résidences sont Gaza, Asdod, Askélon, Gath et Hékron (Josué 13.3 ; cf. Juges 3.3) ; leur territoire comprend d’ailleurs d’autres villes non murées (1 Samuel 6.18). On ne voit pas que Josué ait eu des conflits avec eux, et la division du pays telle que ce général l’ordonna, n’était sans doute qu’un projet dont la réalisation devait s’effectuer à la longue, au fur et à mesure que quelques tribus seraient solidement établies (Josué 15.45 ; 19.43). La lutte commença presque avec le gouvernement des juges, et parcourut bien des phases diverses ; les tribus méridionales eurent surtout à souffrir de leur belliqueux voisinage (Juges 3.31) ; les Philistins s’avancèrent assez avant dans le pays (voir Thimna), et asservirent parfois, pour longtemps les tribus devenues infidèles au vrai Dieu (Juges 10.7-11 ; 13.1 ; 14.1 ; 15.11).
Sous Éli ils s’emparèrent même de l’arche sainte, mais une défaite sanglante qu’ils éprouvèrent à Mitspa mit fin à leur domination de quarante ans, que les travaux de Samson n’avaient pu suffire à repousser complètement (1 Samuel 4 et 7). Le règne de Saül n’en eut pas moins à compter avec eux, et il les vit aussi souvent vainqueurs que vaincus (1 Samuel 13.17 ; 23.28 ; 24.2) ; le courage intelligent de Jonathan son fils, et la vaillance de David portèrent de rudes coups aux agresseurs (14.1 ; etc. 17.1 ; 18.27 ; 19.8). Ce dernier, même après s’être séparé de Saül, continua de tenir les Philistins en échec (23.1), jusqu’au moment où, contraint de chercher à Gath un refuge, il fut presque amené à faire cause commune avec les Philistins contre son roi légitime, mais abandonné de Dieu (27.1).
Vainqueurs dans un dernier combat, les Philistins mirent à mort les fils du roi vaincu, qui lui-même se tua pour ne point survivre à son honneur et à sa famille (31.1). Leurs attaques ne se ralentirent point sous le règne de David, mais elles furent infructueuses ; ils furent battus à plusieurs reprises et perdirent même leur ville de Gath (2 Samuel 5.18-21 ; cf. 1 Chroniques 18.1 ; et 2 Samuel 15.18) ; des guerriers Israélites se signalèrent dans ces luttes par des faits d’armes isolés (2 Samuel 23.11). Ils furent tranquilles sous Salomon et sous le règne des premiers rois d’Éphraïm, quoique nous les voyions pendant cette époque résider assez avant sur le territoire d’Israël (1 Rois 15.27 ; 16.15). Tributaires du vaillant Josaphat (2 Chroniques 17.11), ils se relèvent sous Joram, se joignent aux Arabes, marchent contre Jérusalem, pillent les trésors royaux et enlèvent le sérail et les enfants de la famille royale (2 Chroniques 21.16 ; cf. Joël 3.4-6), mais Gath est menacée sous Joas par la Syrie, qui menace aussi Jérusalem (2 Rois 12.17) ; les Philistins sont de nouveau vaincus sous Ozias (2 Chroniques 26.6), puis vainqueurs sous Achab, à qui ils enlèvent quelques villes de la Judée occidentale (2 Chroniques 28.18 ; cf. peut-être Ésaïe 14.29). Ézéchias, dans les premières années de son règne, regagne le terrain perdu, et reprend ses avantages (2 Rois 18.8). Asdod tombe entre les mains de l’Assyrie qui, préparant une expédition contre l’Égypte, s’empare de cette place forte (Ésaïe 20.1), et Psamméticus, roi d’Égypte, l’arrache à ses nouveaux possesseurs après un siège de vingt-neuf ans. La Philistée est en souffrance pendant tout le temps que durèrent les luttes de l’Égypte avec les conquérants asiatiques, qui trouvent sur son territoire un chemin commode et sûr ; Pharaon Neco, d’abord, puis Alexandre le Grand s’emparent successivement de Gaza (Jérémie 47.1). Au retour de l’exil enfin, les haines s’étant apaisées chez les uns, les autres ayant oublié les défenses de leur Dieu, les Philistins et les Juifs contractèrent des alliances qui sont vivement reprochées à ces derniers (Néhémie 13.23).
Les livres des Macchabées nous montrent encore les Philistins comme sujets de la Syrie ; quelques-unes de leurs villes sont conquises par des rois juifs, Pompée les incorpore à la province romaine de la Syrie, Auguste les donne à Hérode, et le nom du pays lui-même se perd, ou plutôt il change de forme et de signification ; la Palestine désigne dès lors toute la contrée située entre le Liban et l’Égypte, la mer et le Jourdain. Ainsi s’éteignit ce petit peuple de guerriers qui, tantôt vainqueurs orgueilleux, tantôt vaincus et soumis, mais jamais domptés et abattus, s’occupèrent toujours de réparer leurs pertes ou d’agrandir leurs conquêtes, et revinrent à la charge contre Israël aussi longtemps qu’ils existèrent l’un et l’autre comme nation, et qu’une occasion favorable leur parut offrir une chance de succès.
Nous ne savons que peu de chose de leur vie intérieure et nationale ; ils paraissent avoir été un peuple cultivé et industrieux, surtout pour ce qui tient à la guerre ; une tradition leur attribue l’invention de l’arc et des flèches ; ils s’occupaient d’agriculture et notamment des vignobles (Juges 15.5 ; cf. Genèse 26.4) ; peut-être aussi faisaient-ils un commerce de transit avec l’Égypte. Aux jours de Saül leurs fabriques fournirent aux Israélites des armes et des instruments d’agriculture (1 Samuel 13.20), par où l’on voit qu’ils connaissaient l’art de travailler le fer. Quant à leur culte, il ne devait pas être très différent de celui des Phéniciens ; Astarté, et les dieux-poissons de Dagon et d’Atergatis (Derceto) paraissent avoir reçu leurs hommages. Baal-Zébub résidait à Hékron. Ils possédaient en assez grand nombre des prêtres et des devins (1 Samuel 6.2) ; leurs enchanteurs étaient célèbres (Ésaïe 2.6), et quelques-uns de leurs oracles étaient visités par des gens du dehors (2 Rois 1.2). On voit par 2 Samueluel 5.21, qu’ils avaient l’habitude de porter à la guerre les images de leurs dieux. La circoncision leur était étrangère (1 Samuel 18.25 ; 2 Samuel 1.20). Leur langue appartenait à la même famille que le phénicien et l’hébreu, car tous leurs noms propres s’expliquent par la connaissance de cette dernière langue, mais elle constituait, ou elle constitua peut-être avec le temps, un dialecte qui en différait d’une manière assez notable (Néhémie 13.24).
Les prophètes ont dû s’occuper des Philistins dans leurs oracles ; outre les passages déjà cités, nous voyons qu’ils leur reprochent leur haine, leur cruauté, et leurs superstitions (Ésaïe 2.6 ; Amos 1.8 ; Ézéchiel 25.15 ; Michée 1.10-14), qui nomme pour la dernière fois Gath démolie par Ozias. Dans un chant guerrier, Jérémie (47.1) menace les Philistins de la désolation de leur pays (cf. Sophonie 2.4-7). Ézéchiel annonce que ces maux leur arriveront à cause des dispositions hostiles qu’ils ont manifestées lors de la calamité qui renversa Juda, et Sophonie promet à sa nation la possession du pays des Philistins après leur retour de l’exil (cf. Abdias 9). Mais Zacharie 5.6 et Psaume 87.4, donnent l’espérance que les Philistins se convertiront au vrai Dieu ; l’accomplissement de cette prophétie appartient aux derniers temps.
La maladie qui affligea les Philistins pendant que l’arche séjournait au milieu d’eux (1 Samuel 5.6), est difficile à déterminer ; nos versions traduisent l’hébreu par hémorroïdes, ulcères à l’anus, et il est assez probable en effet que c’est de cette affreuse maladie qu’il est question ; la plupart des anciens auteurs l’entendent ainsi. D’autres cependant traduisent dysenterie, ténesme, varices, fistules, etc. On a voulu expliquer d’une manière naturelle comment cette maladie, quelle qu’elle soit, a pu atteindre à la fois toute une population, ou du moins une fort grande partie d’entre elle. Lichtenstein y voit une espèce de plaie d’Égypte, la multiplication prodigieuse d’une sorte d’araignée, la solpuga fatalis, de la grandeur d’une musaraigne, dont la morsure est extrêmement douloureuse ; il regarde en même temps cette plaie comme identique avec celle des souris qui ravageaient le pays (6.4) ; mais outre que dans ce dernier passage il ne peut être question que de souris proprement dites, la solpuge fatale n’a été observée qu’au Bengale ; l’espèce perse et asiatique n’est point aussi dangereuse que la première, qui s’en prend surtout aux parties secrètes, et cause des blessures enflammées, qui occasionnent souvent la mort. Cette opinion est donc abandonnée, et l’on ne saurait trouver aucune autre explication naturelle du châtiment divin. Que les Philistins aient fait et suspendu dans leur temple des représentations des souris et de leurs hideux ulcères, il n’y a rien là d’étrange ; les païens n’en font pas d’autres, et Diodore de Sicile, nous dit que toutes les nations de l’antiquité offraient dans leurs temples, en ex-voto, des images des parties de leur corps qui avaient été guéries de maladies.
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