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Fidèle de Colosses en Phrygie, converti peut-être à la foi chrétienne par un des disciples de Paul ou par Paul lui-même dans un de ses voyages, mais non à Colosses. Sa femme était chrétienne comme lui, et c’est dans leur maison que les frères se réunissaient pour rendre leur culte au Seigneur (v. 2). On a voulu conclure de ce que Paul l’appelle son compagnon d’œuvre, qu’il était ancien ou diacre dans l’Église de Colosses ; la tradition le fait même évêque de cette ville, et rapporte qu’il a souffert le martyre sous le règne de Néron. D’après le faux Dorothée il aurait été évêque de Gaza. On montrait encore sa maison à Colosses au cinquième siècle. Philémon serait probablement tout à fait inconnu sans la lettre que lui écrivit l’apôtre au sujet d’Onésime son esclave. Cette épître dont l’authenticité n’est pas contestée, modèle d’onction et d’éloquence persuasive, fut écrite de Rome pendant la première captivité de l’apôtre (v. 23), et portée par l’esclave repentant qui, sans cette recommandation, eût pu craindre les transports phrygiens d’un maître justement irrité, soit que le christianisme n’eût pas encore entièrement adouci le caractère de Philémon, soit qu’Onésime ne fût pas lui-même assez avancé pour comprendre les effets de la grâce sur le cœur.
Cette épître qui semble maintenir les droits d’un maître sur son esclave, est cependant, à la bien considérer, le premier pas fait vers l’abolition de l’esclavage. Onésime avait eu tort de s’enfuir, et il en est blâmé ; Philémon avait acquis des droits matériels sur cet esclave, et il ne pouvait en être dépouillé sans être en même temps indemnisé ; c’est ce que l’apôtre paraît indiquer aussi ; mais en réalité quels droits un homme peut-il avoir sur un autre homme ? Onésime devenu chrétien n’est plus un esclave, il est au-dessus d’un esclave, c’est un frère, un frère bien-aimé ; l’apôtre le recommande comme ses entrailles, il demande qu’il soit reçu comme il le serait lui-même. C’est le langage d’un abolitionniste, et il ne saurait en être autrement ; le christianisme émancipe ; aussi partout où la religion chrétienne a été reçue et comprise, l’esclavage a été flétri comme il devait l’être ; c’est une des gloires du protestantisme d’avoir le premier levé le drapeau de l’affranchissement, les frères Moraves aux Antilles, le quaker Bénézel (de Saint-Quentin) en Amérique, Wilberforce, Buxton, Clarkson, partout le catholicisme s’est fait traîner à la remorque, et il ne s’est décidé qu’il y a peu d’années, lorsqu’il a vu que les gouvernements marchaient sans lui vers l’exécution de cette idée chrétienne ; et si quelques missionnaires romains ont individuellement parlé d’affranchissement au Paraguay ou dans les Indes, ils l’ont fait parce que leurs liens avec Rome s’étaient desserrés ; ils ont été seuls, leur Église n’a rien fait ; on connaît la conduite aux Antilles, de ces prêtres qui n’étaient pas eux-mêmes affranchis par l’Évangile.
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