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Proverbes

Le livre de l’Ancien Testament qui porte ce nom, ne renferme pas des proverbes proprement dits, mais plutôt, comme l’indique son nom hébreu Mischlé, des sentences plus ou moins longues sur la vertu et le vice, sur le péché en général, des règles et des préceptes divers, applicables aux différentes circonstances de la vie humaine, des conseils détaillés sur la conduite et la manière de vivre. C’est un genre d’écrits ou de parler que Cicéron attribue aux Asiatiques, et qu’il appelle : « Genus dicendi sententiosum et argutum, sententiis non tam gravibus et severis, quam concinnis et venustis » (De Clar. Orat. 9). D’autres littératures ont été également riches en productions du même genre, celle des Arabes, par exemple, et celle des Perses, dont le Pend-Nameh, ou Livre du Conseil, attribué à Fèrideddin-Attar, a été publié en français par Sylv. de Sacy ; mais les proverbes hébreux qui, pour la richesse de la pensée et la finesse de l’expression, ne le cèdent à aucun, se distinguent en outre par une psychologie profonde, et par un caractère universel et populaire qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Les sentences arabes sont ordinairement locales, et ne peuvent être comprises qu’à l’aide de très bons scholiastes. La vie, telle qu’elle est dépeinte par Salomon, apparaît comme pénétrée de la religion et des effets de la loi divine.

Les Proverbes se divisent en cinq parties, par les inscriptions qui indiquent les différents morceaux :

1°. Chapitres 1-9 ; le titre attribue ces neuf chapitres à Salomon, fils de David, roi d’Israël ; ils contiennent une exhortation à la sagesse.

2°. Chapitres 10 à 24.22, également attribués à Salomon ; ils renferment des morceaux assez longs, bien liés, et très beaux, surtout celui qui traite de la sagesse divine, depuis 22.17.

3°. Un fragment de douze versets (24.23-34), recueillis par des sages (et non pour les sages, comme le traduisent nos versions) ; la tradition avait probablement conservé les noms de ces hommes, de sorte qu’ils étaient connus des Hébreux, mais ils sont perdus pour nous.

4°. Chapitres 25 à 29.Proverbes de Salomon, recueillis par les hommes d’Ézéchias, c’est-à-dire par une commission qu’Ézéchias avait chargé de ce travail, peut-être par Éliakim, Sebna et Joach (2 Rois 18.26).

5°. Les deux derniers chapitres ont été composés par des auteurs inconnus. Le chapitre 30 est attribué à un certain Agur, et forme une espèce d’entretien, de discussion, ou de dialogue religieux entre Agur et deux amis, ou disciples, Ithiel et Ucal ; ces personnes étaient peut-être du nombre des sages dont il est parlé (en 24.23). Quant au dialogue lui-même, il doit être regardé naturellement comme une fiction, une invention poétique. Le chapitre 31 renferme des préceptes qui furent communiqués au roi Lémuel, par sa mère ; dans les neuf premiers versets, le sage dessine l’idéal d’un roi ; dans les derniers, celui d’une femme vertueuse. Quoi qu’il en soit de la personne de Lémuel, la forme de ce chapitre paraît être, comme le précédent, une fiction poétique.

L’antiquité tout entière a regardé Salomon comme l’auteur de la plus grande partie de ce recueil, de toute celle au moins qui porte son nom, et rien ne contredit cette opinion. Quelques différences de style et de méthode, quelques répétitions assez nombreuses (voir p.Exode 17.1 ; 19.13 ; 21.9-19 ; 25.24), prouveraient tout au plus que Salomon n’a pas publié lui-même ses maximes dans l’ordre dans lequel elles nous sont parvenues, et rien n’oblige à le croire. On voit (par 23.1) qu’une partie de ces sentences ont été recueillies au temps d’Ézéchias, et il est probable aussi que le livre entier a reçu sa forme actuelle à la même époque. Les inscriptions sont trop précises pour laisser subsister des doutes sur la connaissance exacte que les auteurs du recueil doivent avoir eue de l’auteur et des auteurs des Proverbes. L’opinion de Grotius, qui pensait que Salomon, comme plus tard plusieurs empereurs byzantins, avait fait faire pour son usage une collection ou compilation des meilleures maximes des auteurs contemporains ou antérieurs, est abandonnée. Celle de De Wette, qui s’appuie sur Théod. de Mopsueste seul, et sur le scepticisme le plus radical, n’a guère de partisans ; le principal argument qu’il oppose à l’unanimité de la tradition, se rapporte à la description de la vie privée et de la vie champêtre que l’on trouve dans plusieurs morceaux de ce livre, vie que Salomon, dit-il, ne pouvait pas connaître. Mais, outre que les sujets de ses trois mille paraboles et de ses cinq mille cantiques durent être extrêmement variés, outre que le cœur plein de sagesse et de génie dont Dieu l’avait doué, devait faire de lui un des hommes les plus versés dans toutes les connaissances humaines qui furent jamais, il est fait une mention spéciale de ses études en histoire naturelle, et, dans la pratique, l’histoire naturelle n’est pas loin de la vie champêtre. Le Cantique des Cantiques, que nous avons reconnu être de Salomon, est une nouvelle preuve de la facilité avec laquelle le puissant monarque de Juda savait descendre aux détails de la vie des champs.

On ne saurait déterminer avec certitude à quelle époque de sa vie Salomon a prononcé ces sentences. Les Hébreux disent que le Cantique est l’ouvrage du jeune homme, les Proverbes celui de l’homme fait, l’Ecclésiaste celui du vieillard. Jérôme et Cyrille veulent que ces deux derniers ouvrages aient été composés après sa chute et son relèvement. Ce qui est probable, comme le dit Heidegger, c’est que les Proverbes ne furent l’ouvrage ni d’un mois, ni d’une année ; et peut-être vers la fin de sa vie mit-il lui-même en ordre de sa propre main les 24 premiers chapitres, comprenant des maximes qu’il avait énoncées et peut-être écrites en divers temps.

Luther fait remarquer combien c’était un homme « excellent, sage et fin », que ce roi Salomon, qui, au milieu de toutes les occupations que lui imposaient les affaires de son royaume, ne dédaignait pas d’entreprendre l’œuvre d’un instituteur de la jeunesse, et de donner à celle-ci des directions dans l’étude de la plus nécessaire de toutes les sciences. Un autre homme pieux disait que chaque fois qu’il se trouvait dans quelque circonstance difficile où son devoir ne lui paraissait pas clairement tracé, il se mettait à lire les Proverbes d’un bout à l’autre, bien sûr d’y trouver le conseil dont il avait besoin.

Le livre des Proverbes est fréquemment cité dans le Nouveau Testament ; plusieurs passages lui sont empruntés (Luc 4.8-10 ; Romains 12.20 ; Jean 1.1 ; Jacques 1.19 ; 2.1 ; 4.6-13 ; 5.1-20 ; Hébreux 12.5-6 ; 1 Pierre 4.8-18 ; 5.5).

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