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De même que la nation d’Israël toute entière offrait une gerbe et des gâteaux de fine farine en prémices à l’Éternel, comme symbole de la reconnaissance nationale (Lévitique 23.10), la gerbe à Pâque et les pains à la Pentecôte, chaque Israélite individuellement était tenu d’offrir à l’Éternel pour sa part des prémices de tous les produits de la terre, soit bruts, comme du blé, des fruits, des raisins, soit travaillés, comme du moût, de l’huile, de la farine, même du levain, avant de pouvoir user du reste de la récolte (Exode 23.19 ; Nombres 15.20 ; 18.12 ; Deutéronome 26.2 ; Néhémie 10.38 ; cf. Proverbes 3.9). Ces prémices n’étaient cependant pas déposées sur l’autel, mais remises aux prêtres pour leur usage (Nombres 18.12 ; Deutéronome 18.4 ; cf. Ézéchiel 44.30). La quantité de l’offrande n’est déterminée nulle part, elle était abandonnée à la bonne volonté de chacun ; le Talmud fixe pour les prémices des produits déjà travaillés, la 60e partie comme minimum ; donner le 30e était se montrer libéral.
On distinguait deux espèces de prémices, les biccourim, et les therouphoth, qui étaient comprises l’une et l’autre sous le nom général de réshith (commencement). Les biccourim ne se prélevaient que sur les produits entièrement naturels nommés (Deutéronome 8.8), savoir le blé, l’orge, les raisins, les figues, les grenades, et les olives, et seulement sur ceux qui avaient crû dans la Terre Sainte ; les Israélites qui habitaient fort loin de Jérusalem pouvaient envoyer ces prémices sèches, mais elles devaient toujours être choisies parmi ce qu’il y avait de meilleur (Mishna). On ne les offrait jamais avant Pentecôte, ni après la fête de la dédicace. Le cérémoniel qui accompagnait leur perception et leur translation, est décrit (voir Deutéronome 26.2) ; les Juifs postérieurs y Rajoutèrent quelques formalités, quelques détails qu’on peut lire, si l’on veut, dans la Mishna Biccour (3.2).
Les therouphoth étaient les prémices des produits travaillés ; destinés aux prêtres, ils n’étaient pas portés au temple, mais remis aux prêtres eux-mêmes, peut-être dans les villes qui leur étaient assignées pour demeures ; ils se prélevaient sur les produits de toutes les propriétés juives, qu’elles fussent situées en Égypte, en Syrie, en Moab, Ammon, ou en Babylonie. Les biccourim qui rappelaient les droits de Dieu sur la terre, ne pouvaient être perçus que sur cette terre elle-même ; les autres qui étaient destinées à l’entretien des ministres du culte, devaient se payer partout où il y avait un culte. Les laïques qui mangeaient les prémices avec intention ou même par inadvertance, étaient soumis à des peines plus ou moins sévères. On donnait aussi les prémices du miel, et de la laine des moutons (2 Chroniques 31.5 ; Deutéronome 18.4), chacun selon ses facultés et sa bonne volonté. La fête de Pentecôte était appelée fête des prémices (Nombres 28.26), comme celle des tabernacles fête de la récolte (Exode 23.16).
Le but politique de cette institution était l’entretien des sacrificateurs ; son but moral était de rappeler aux Israélites que tous les biens viennent de Dieu seul ; son but typique ou mystique, de tourner les regards des fidèles vers Jésus, les prémices de l’Église, celui en qui seul nous pouvons être agréables à Dieu, les prémices de ceux qui dorment (1 Corinthiens 15.20), celui qui nous demande aussi nos premières années, et les premiers moments de chacune de nos journées (Psaumes 119.147 ; 57.8 ; Ecclésiaste 12.3).
L’usage de ces prémices explique des façons de parler assez communes dans l’Écriture, et qui marquent comme les premiers fruits et les premières productions d’une chose (G. des Bergeries). Ainsi Paul appelle prémices de l’Esprit (Romains 8.23), le commencement de joie et de paix qui donne aux fidèles l’assurance que Dieu achèvera en eux la bonne œuvre qu’il a commencée ; ainsi encore il appelle Epaïnète et Stéphanas les prémices de l’Achaïe, parce qu’ils avaient été les premiers qui s’y étaient donnés à Dieu (1 Corinthiens 16.15 ; Romains 16.5) ; ainsi encore Jean qualifie du titre de prémices à Dieu et à l’Agneau ceux qui sont déjà glorifiés dans le ciel (Apocalypse 14.4).
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