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Récab

1°. Voir Bahana.

2°. Récab, ou Réchab ; Récabites. Cette grande famille dont il est parlé (Jérémie 35), descendait de Jonadab. Elle avait pris le nom du père de son fondateur, Récab, qui ne nous est connu que comme fils de Hamath, Kénien, et descendant de Hobab beau-frère de Moïse (1 Chroniques 2.55 ; 2 Rois 10.15), qui avait suivi les Israélites dans leur voyage par le désert de l’Arabie, et s’était établi ensuite dans la tribu de Juda, apparemment dans le désert, puisqu’il était nomade. Les préceptes que Jonadab donna à sa famille furent observés avec plus de piété que la loi de Dieu ne le fut par les Juifs (Jérémie 35.14), et les Récabites en furent bénis (35.18-19). La promesse que Dieu leur fit alors : « Il n’arrivera jamais qu’il n’y ait quelqu’un de cette famille qui assiste devant moi tous les jours », phrase qui se prend soit pour marquer le service du roi, soit pour indiquer le service du temple, semblerait confirmer l’explication que les interprètes hébreux donnent de ce passage, savoir que les Récabites étaient admis aux fonctions de lévites dans le temple.

Mais d’un autre côté la loi est trop positive, qui fait de ces fonctions le partage exclusif des enfants de Lévi, pour que l’on puisse admettre cette explication. Celle de Vatable, adoptée par Dahler, qui compare le Psaume 102.28.nous paraît donc devoir être préférée. « Ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Parce que vous avez écouté le commandement de Jonadab, votre père, et que vous avez observé tous ses commandements et avez fait selon tout ce qu’il vous a commandé ; à cause de cela, ainsi dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Jonadab, fils de Récab, ne manquera jamais d’un homme qui se tienne devant moi ». Jérémie, du reste, ne dit pas comment cette promesse fut accomplie.

On cite l’inscription qui est en tête du Psaume 71.dans la version d’Alexandrie : « Des fils de Jonadab et des premiers qui ont été emmenés en captivité » ; mais outre que ces additions étrangères n’ont aucune autorité, cette inscription ne prouverait pas qu’il s’agit ici des Récabites. Grotius et d’autres supposent (d’après 1 Chroniques 2.35), que les Récabites sont revenus de l’exil de Babylone avec ceux de Juda ; mais le texte ne l’indique pas, et l’auteur se borne à recueillir les restes des généalogies de la tribu de Juda avant l’exil sans jamais descendre au-delà.

Une tradition rapportée par Hégésippe, relativement à un prêtre de la race des Récabites qui aurait assisté au supplice de Jacques, paraît ne reposer que sur un malentendu qu’Epiphane relève et corrige. Le témoignage de Benjamin de Tudéla (douzième siècle), qui prétend avoir trouvé des Juifs qui se disaient fils de Réchab, dans le pays de Théima, n’a pas convaincu D. Calmet, parce que Tudéla n’est pas toujours exact, et que le pays qu’il décrit est inconnu à tous les géographes postérieurs. Les découvertes du missionnaire Wolff, les informations qu’il a prises à Jérusalem sur les René Kaibr, fils de Héber, dont parle Niebuhr, la rencontre qu’il a faite de quelques individus qui se réclament du nom de Récab, et qui vivent de la vie des Récabites, permettent de croire que cette famille existe encore ; cela n’aurait rien d’improbable, mais il faut attendre de posséder des documents plus précis et plus détaillés.

Diodore de Sicile raconte des Nabathéens, peuplade de l’Arabie, des faits semblables à ceux qui concernent la constitution des Récabites. Afin de maintenir leur liberté ils se sont imposé la loi de ne pas semer de blé, de ne planter aucune espèce d’arbres à fruit, de ne point boire de vin, de ne point bâtir de maison, et de punir de mort celui d’entre eux qui ferait l’une ou l’autre de ces choses.

On pourrait terminer cet article sans parler de l’opinion du père Boulduc ; cependant elle se recommande par un côté si extraordinaire, si original, qu’on ne regrettera pas d’en avoir pris connaissance. C’est, selon lui, une espèce de secte, ou d’ordre religieux, qui date d’Enos avant le déluge ; depuis cette époque, ils ont été connus successivement sous les noms de Kéniens, Kéniziens, nazariens, enfants des prophètes, Récabites, et pharisiens. Jusque-là c’est un système comme un autre, faux et sans preuve. Mais ce qui en fait un système hors ligne, c’est l’étymologie qu’il donne à ces deux derniers mots ; il la découvre (2 Rois 2.12 ; cf. 13.14) : « Mon père, mon père, chariot d’Israël et sa cavalerie ! » s’écriait Élisée en voyant Élie monter au ciel dans un char de feu ; et c’est dans ce chariot (rekeb) qu’il voit l’institution des Récabites, dans cette cavalerie (phara-shim) celle des pharisiens.

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