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(Luc 2.1)
D’abord appelé Caïus Octavius, était petit-fils de Julia, la sœur de Jules-César. Son grand-oncle l’avait adopté pour son fils, et le déclarait par son testament, son principal héritier. Le jeune Octave, poussé par une ambition excessive qui le faisait aspirer à la domination de sa patrie, prit une part active aux guerres qui déchiraient la république romaine, et déploya tout ensemble beaucoup de hardiesse, de ruse et de cruauté. Il sut se défaire de ses ennemis en les détruisant les uns par les autres jusqu’à ce qu’il ne lui resta plus qu’un seul adversaire, le consul Marc Antoine. Il le vainquit à la bataille d’Actium, et se fit dès lors adjuger par le sénat de Rome, le pouvoir suprême avec le titre d’Imperator (général victorieux), ceux de roi et de dictateur étant odieux au peuple romain, et celui de consul ne suffisant pas à l’ambition d’Octave, parce qu’il ne conférait cette dignité que pour un an, et qu’Octave entendait bien ne pas se dessaisir du pouvoir. Il fut aussi nommé Auguste, et même Père de la patrie ; il prit en outre le nom de César qu’il légua à ses successeurs. Dans la suite il fit sans doute semblant d’abdiquer, il offrit même sa démission au sénat ; mais il choisissait bien son temps, ce n’était qu’une comédie : il avait gagné le sénat par des flatteries et des largesses, le peuple par sa modération et sa douceur, l’armée par les succès de ses généraux. Son pouvoir fut ainsi trempé à neuf et consolidé pour la vie ; le sénat et le peuple ne furent plus qu’une machine dont il tenait tous les fils, et qu’il conduisait comme il voulait. Il conserva au gouvernement les anciens noms et les anciennes formes, sachant bien que ces hochets (puisque hochets il y a), ont plus d’empire sur l’esprit des peuples, que les constitutions elles-mêmes ; il laissa au peuple le droit d’élire les principaux magistrats, et au sénat la nomination des gouverneurs des provinces, à l’exception de celles qui étaient exposées aux attaques de l’ennemi, et dans lesquelles par conséquent les légions se trouvaient réunies : c’était se faire la part du lion. Son plus grand soin était de rendre sa domination insensible, afin de ne pas irriter un peuple qui avait répandu son sang pour la république ; il séduisit les Romains par ses manières et par sa politique, et les laissa croire à la liberté lorsque déjà son gouvernement n’était plus qu’une complète tyrannie.
Son siècle fut l’époque des plus beaux génies, soit dans le domaine des lettres, soit dans l’art de l’administration et de la guerre : les noms des Tite-Live, des Virgile, des Horace et des Mécènes dans la littérature, des Agrippa, des Drusus, des Tibère dans la science des batailles, répandent un éclat immortel sur ce règne despotique.
Auguste eut encore l’honneur et le bonheur de faire, pour la troisième fois depuis la fondation de Rome, fermer le temple de Janus, qui restait ouvert en temps de guerre ; mais cette paix ne fut pas obtenue sans de violents combats : il fallut en livrer en Afrique, en Asie, dans les Gaules et en Espagne, où les légions eurent bien de la peine à soumettre les Cantabres. Ses armes soumirent encore l’Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie, l’Illyrie, et continrent les Daces, les Numides, les Éthiopiens. Il fit une alliance avec les Parthes, qui cédèrent l’Arménie, et rendirent les drapeaux enlevés à Crassus et à Antoine dont les armées avaient été taillées en pièces. Cet hommage rendu à Auguste par les barbares, fut imputé à celui-ci par les Romains comme un véritable triomphe. Il eut à combattre aussi les Germains sur lesquels il remporta divers avantages, mais qui lui firent éprouver un échec terrible par le massacre de l’armée commandée par Varus. Ce revers causa la plus vive douleur à l’empereur, qui s’écria plus d’une fois : « Varus, Varus, rends-moi mes légions ! » Tibère effaça par ses triomphes la défaite de ce général qu’il vengea cruellement.
Les jours de l’empereur furent deux fois menacés par le fer des conspirateurs : la première fois, au commencement de son règne, la deuxième vers la fin. Cinna, qu’Auguste avait comblé de ses bienfaits, était à la tête de cette dernière conjuration. Auguste informé de la chose, fit venir auprès de lui le coupable, lui pardonna généreusement en lui témoignant beaucoup d’affection, et le fit même consul pour l’année suivante. Ce noble procédé désarma tous les complices, et porta au plus haut degré l’amour et l’admiration du peuple romain pour son chef. Dès lors il n’eut plus d’ennemis, ni au dedans ni au dehors ; sa douceur, sa clémence, son amour pour la justice lui avaient gagné tous les cœurs. Nous avons vu sa conduite à l’égard d’Archelaüs (v. cet article) ; ce fut encore lui qui fit donner à Hérode, par le sénat romain, la couronne de la Judée, et il y ajouta plus tard la tétrarchie de Zènodonus : il voulut faire lui-même l’éducation d’Alexandre et d’Aristobule, fils d’Hérode, et leur donna des appartements dans son propre palais. On comprend, d’après cela, combien Auguste dut être affligé lorsque, dans la suite, Hérode versa le sang de ces deux jeunes princes. « Il vaut mieux être le porc d’Hérode que son fils ! » s’écria-t-il dans son indignation.
Quand la paix fut rétablie dans son empire, il fit faire un recensement général de tous ses sujets ; il en ordonna même trois presque consécutivement, et c’est pendant le second qui commença sept ans environ avant Christ, et qui durait encore à cette époque, que Joseph et Marie vinrent se faire enregistrer dans le lieu de leur bourgeoisie, Bethléhem (Luc 2.1-6). Il faut ajouter cependant, que l’impôt qui fut établi par l’empereur en suite de ce recensement, ne fut prélevé que quelques années plus tard. Ce fut dans la vingt-sixième année d’Auguste que naquit le Sauveur du monde ; et le même règne qui vit fermer les portes du temple de Janus, vit naître aussi le prince de la paix, mais d’une paix meilleure et plus durable, de celle dont l’Éternel a dit : « C’est moi qui la donne ». À côté du fondateur de la monarchie impériale de Rome, s’élevait celui qui venait fonder le nouveau royaume d’Israël, un empire universel, éternel, qui devait, quelque chétifs que fussent ses commencements, envahir le monde entier, et dominer les ruines de l’empire romain.
Auguste mourut à Noie en Campanie, l’an 44 ap. J.C., au retour d’un voyage qu’il avait entrepris pour sa santé. Il avait atteint sa soixante-treizième année, (selon d’autres sa soixante-dix-septième), et avait régné quarante ans. Après sa mort, comme pendant sa vie, il fut regardé comme un Dieu par le peuple romain qui lui éleva des temples, et lui rendit un culte particulier. Son nom devint un titre pour les empereurs suivants, et nous voyons (Actes 25.21), Néron désigné sous le nom d’Auguste.
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