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Babel

(confusion ; Genèse 11)

Un siècle environ après le déluge, au temps de Péleg, les hommes qui composaient la famille humaine s’étant insensiblement éloignés du mont Ararat, arrivèrent dans les plaines de Sinhar. Plusieurs des descendants de Cam voulant, à ce qu’il paraît, échapper aux menaces divines dirigées surtout contre Canaan, cherchèrent à se procurer un ascendant sur les autres membres de la famille. Abandonnant, en conséquence, la droite voie, et refusant de se conformer aux pieux conseils de leur aïeul, qui leur avait recommandé un attachement sincère au vrai Dieu, ils se mirent à construire une ville avec une tour énorme. Leur vrai motif était l’orgueil, l’ambition, le désir de régner ; le moyen par lequel ils espéraient parvenir à ce résultat était la concentration de l’humanité dans un même système politique et hiérarchique, moyen infaillible pour éteindre à jamais la lumière divine, et pour étouffer tout développement des conseils du Seigneur. En général on peut dire que c’est dans la famille de Cam que le gouvernement patriarcal a le premier et le plus anciennement était remplacé par une organisation politique sociale et monarchique ; voyez les Égyptiens, les Indous, les Chinois.

On suppose que c’est Nimrod qui conçut le premier l’idée de cette entreprise. Comme ils ne connaissaient pas de carrières dans le sol fertile où ils s’étaient établis, ils cuisirent des briques, et se servirent de bitume en guise de mortier. La tradition porte que, pendant trois ans, ils ne firent autre chose que de préparer leurs matériaux ; et déjà, depuis vingt-deux ans, ils s’occupaient de l’œuvre de leur construction, lorsque l’Éternel, qui ne voulait pas cette agglomération du genre humain sur un seul point de la terre, et qui voyait les sentiments d’orgueil, d’impiété, de stupidité qui présidaient à l’érection de cette tour gigantesque, interrompit les travaux brusquement, et, par sa toute-puissance, fit échouer le premier essai d’une monarchie universelle, qui ne réussira jamais que sous l’économie spirituelle du Sauveur du monde. La dispersion des peuples et la confusion des langues furent le moyen dont Dieu se servit pour dissiper le conseil des méchants ; mais l’on se demande si cette confusion des langues fut elle-même la conséquence naturelle de la dispersion des chefs, ou si, miraculeuse et subite, ce fut elle qui obligea les travailleurs à se séparer. Les rationalistes et quelques docteurs, même orthodoxes, ont admis la première hypothèse ; mais il faut avouer que le texte biblique favorise davantage la seconde. Quoi qu’il en soit, il paraît que ceux dont l’esprit et la langue étaient le plus troublés s’éloignèrent davantage de la Mésopotamie, et l’on peut croire que ceux qui demeurèrent sur l’emplacement après la confusion sont aussi ceux dont la langue a conservé le plus de rapports avec la langue primitive. La famille de Sem n’ayant pas pris part au péché des Camites, n’aura pas non plus partagé leur châtiment ; et c’est chez eux, dans les langues sémitiques, et surtout dans celle du pieux Héber (l’hébreu), que nous trouverons la langue dont doivent s’être servis les hommes depuis la création jusqu’à Babel.

Le même Dieu qui, dans cette occasion, multiplia les langues pour séparer les pécheurs et les empêcher de s’entendre, est venu plus tard, aux jours de la Pentecôte, rendre toutes les langues communes à ceux qui avaient reçu le Saint-Esprit, afin de recueillir le peuple de ses fidèles.

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