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Le mot chair se prend dans l’Écriture sainte dans différentes acceptions. Il signifie : 1.l’homme, les hommes, l’humanité (Josué 23.14 ; Genèse 6.12) ; 2.les êtres vivants et les animaux (Genèse 7.15-16) ; 3.des relations de parenté (Genèse 29.14 ; 37.27 ; 2 Samuel 5.1 ; 1 Chroniques 11.1). La chair est souvent opposée à l’esprit (Galates 5.16-17, 19, 24). Dans ces passages elle est représentée comme ayant des appétits à elle, ses passions, ses voluptés ; ses œuvres, ses fruits sont les impuretés, l’orgueil et la haine. Ces questions de psychologie semblent résolues par la Bible dans un sens presque matérialiste. Sans entrer à cet égard dans un examen épineux, qui appartient d’ailleurs à la dogmatique plus qu’à notre travail, nous nous bornerons à faire remarquer le passage de Éphésiens 2.3, où Paul distingue entre les désirs de la chair et ceux de l’esprit. Il semble qu’il y ait (Job 19.22 ; 31.31 ; cf. Psaumes 27.2 ; Jérémie 19.9 ; Lamentations 2.20 ; 4.10 ; Ézéchiel 5.10), une allusion à l’ancien cannibalisme, coutume barbare dont le pieux affligé craint d’être la victime, et dont les prophètes annoncent que les habitants de Jérusalem assiégés par leurs ennemis y seront réduits, au point qu’ils dévoreront la chair de leurs propres enfants. La chair des impudiques est comparée à celle des ânes, elle est dure comme celle des chevaux (Ézéchiel 23.20). Dans Proverbes 5.11, ce mot a peut-être une signification plus particulière ; en parlant des hommes qui commettent le péché d’impureté, le Sage dit que leur chair est consumée par les maladies.
Quant à la chair des animaux, la loi de Moïse avait sans doute, sous le double point de vue hygiénique et moral, déclaré certaines viandes impures, et d’autres pures et propres à être mangées (Lévitique 11). Les Hébreux se nourrissaient volontiers de brebis (Ésaïe 53.7 ; Amos 6.4 ; de veaux, 1 Samuel 28.24 ; Genèse 18.7 ; Amos 6.4 ; Luc 15.23) ; de bœufs (Ésaïe 22.13 ; Proverbes 15.17 ; 1 Rois 4.23 ; Matthieu 22.4) ; de jeunes chèvres (1 Samuel 16.20) ; de gibier et de volaille (1 Rois 4.23 ; le mot hébreu barburim, employé dans ce dernier passage, signifie selon les uns des chapons, selon d’autres des oies). Cependant les riches seuls faisaient de la viande un usage habituel (1 Rois 4.23 ; Néhémie 5.18). Les pauvres n’en mangeaient que les jours de fête, ou dans des occasions solennelles (Luc 15.23), ainsi que font encore aujourd’hui les Arabes. L’épaule était la partie la plus recherchée. Les Hébreux n’avaient pas le droit de manger des viandes dans lesquelles se trouvait du sang, parce que, dit le législateur, l’âme de la bête est dans son sang (Genèse 9.4 ; Lévitique 3.17 ; 7.26 ; 17.10 ; Deutéronome 12.27) ; cette défense semble avoir été reproduite par les apôtres pour les membres de la nouvelle alliance (Actes 15.20-29). Ils ne pouvaient pas toucher non plus à des viandes qui avaient été d’abord sacrifiées à des idoles, et les judéo-chrétiens continuèrent d’observer cette règle, mais ils en furent dispensés pour les cas où ces viandes leur seraient présentées dans des repas ou à la boucherie, sans qu’ils en pussent connaître l’histoire et l’origine ; ils ne durent s’en abstenir que lorsque des frères faibles leur feraient observer qu’elles avaient servi à des sacrifices, et cela à cause de la conscience de leurs frères, qui pourrait en être blessée (1 Corinthiens 8 ; 10.25). Dom Calmet fait observer à ce sujet qu’en effet « le royaume de Dieu ne consiste pas dans la nourriture, ni dans le choix des viandes et des boissons » (Romains 14.17 ; 1 Corinthiens 8.8), et les chrétiens savent qu’à cet égard aucune règle ne leur est imposée de la part de Dieu, mais bien de la part de quelques hommes qui « se sont révoltés de la foi, s’adonnant aux esprits séducteurs et aux doctrines des démons, enseignant des mensonges par hypocrisie, et ayant une conscience cautérisée, défendant de se marier, commandant de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour les fidèles » (1 Timothée 4.1-3).
Le passage de Jean 1, 13, où il est dit de ceux qui croient, « qu’ils ne sont point nés de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme (âvôps ;), mais ils sont nés de Dieu », a beaucoup embarrassé les interprètes. Les difficultés sont dans les détails. Ce passage est composé de trois propositions qu’il est difficile d’accorder entre elles et de coordonner. Si l’un des membres de cette trilogie manquait (la chair, comme dans le manuscrit _ et dans trois autres, ou la volonté de l’homme, comme dans B), la difficulté disparaîtrait, mais la critique les maintient tous les trois, et l’on doit se demander quels sont les rapports de ces trois termes :
Le sang,
La volonté de la chair,
Et la volonté de l’homme.
Quelques-uns, comme Bleek, et même Tholuck, y voient les trois phases de la génération naturelle : la concupiscence sans conscience d’elle-même, la chair avec la conscience d’elle-même, et la volonté.
Augustin : la semence, la femme (la chair, cf. Matthieu 19.5 ; Éphésiens 5.29), et l’homme.
Tholuck : la semence, l’appétit sensuel en général (Éphésiens 2.3), et la passion de l’homme ; il s’appuie sur d’autres passages qui opposent également la chair à l’esprit (Jean 3.6), ou la semence de Dieu à la vie du péché (1 Jean 3.9).
D’autres introduisent dans leur explication des allusions ou un sens figuré, qui s’écartent des idées relatives à la naissance naturelle de l’homme. Origène : les sacrifices (le sang), la circoncision (la chair), et le zèle pour la loi (la volonté de l’homme).
Leclerc : ils ne sont point nés d’Abraham, ni d’esclaves étrangères alliées au peuple de Dieu (Deutéronome 21.11), ni même de prosélytes.
Benzel : les ancêtres, les parents, le père. C’est trop recherché.
D’autres enfin voient, dans les deux premiers termes, deux périphrases de la génération humaine, et, dans le troisième, la volonté de l’homme en général. Lampe : generatio secundum ordinem naturie, libido lasciva (1 Jean 2.16 ; 2 Corinthiens 7.1 ; Éphésiens 2.3), adoptio (Genèse 17.12-13).
Henry : une famille spéciale (opposée à 1 Pierre 1.23), la naissance naturelle, indiquant la filiation (Genèse 6.3), la volonté humaine (Romains 9.16). Il est prouvé par Jacques 1.20, que le mot ànt peut se prendre, même au singulier, dans le sens de homme, sans l’idée du sexe. Et c’est à ce sens qu’il nous parait le plus simple de s’attacher ; il est indiqué dans la traduction paraphrastique de Beausobre : « Ils ne tirent leur naissance ni du sang, ni du désir de la chair, ni de la volonté humaine ». Ce passage est ainsi parallèle de 1 Pierre 1.23 : « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible ». Ils sont nés, non de l’amour humain, mais de l’amour de Dieu (cf. Éphésiens 2.3 ; 5.25ss ; 1 Jean 3.1 ; Jacques 1.18).
Gerlach l’entend à peu près de la même manière. L’apôtre, dit-il, veut, par toutes ces expressions accumulées, exprimer vivement et fortement cette pensée, qu’aucune origine charnelle, aucun effort de la nature corrompue de l’homme, livrée à elle-même, ne peut engendrer des enfants de Dieu. Il y a même une progression dans les termes : d’abord, en général, ils ne sont pas nés du sang (grec : des sangs), c’est-à-dire des familles, quelles qu’elles soient, contrairement à la fausse sécurité que les Juifs fondaient sur leur origine (Jean 8.33) ; ils ne sont pas nés non plus « de la volonté de la chair », c’est-à-dire de la nature humaine corrompue, infirme, mortelle, portant en elle toutes les suites du péché ; enfin, d’une manière plus précise encore, ils ne sont pas nés de la volonté de l’homme (littéral, du mari), mots qui marquent l’impossibilité absolue où est tout homme de produire des êtres qui, par naissance, méritent le titre d’enfants de Dieu. Les deux dernières expressions feraient peut-être aussi penser à un sens spirituel, et indiqueraient que la volonté de la nature humaine, ni celle d’aucun homme, ni l’emploi de toutes ses facultés, ne suffira jamais pour régénérer l’homme et le rendre enfant de Dieu. Dans ce sens aussi ce qui est né de la chair est (et reste) chair (3.6) (Bonnet et Baup).
Galates 5.17. Quand Paul dit que l’esprit convoite contre la chair, il n’entend pas que l’âme bataille contre la chair, ou la raison contre la sensualité ; mais l’âme même, en tant qu’elle est gouvernée par l’esprit de Dieu, combat contre soi, en tant qu’elle est encore vide de l’esprit de Dieu, et adonnée à ses cupidités. (Calvin).
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