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Maladie beaucoup plus commune dans l’Orient que chez nous. Elle est produite soit par un sable très fin que l’ardente chaleur du soleil pulvérise d’une manière extraordinaire, et que le vent chasse dans les yeux, soit surtout par le contraste habituel et journalier de la température brûlante du jour, avec le froid glacé des nuits, de la forte évaporation de la journée, et de la rosée qui tombe au soir et vers le matin, sur ceux qui viennent imprudemment pour jouir d’un peu d’air, se reposer la nuit sur les toits de leurs habitations. Volney assure que l’on peut compter 20 aveugles sur 100 hommes ; un autre a calculé qu’il se trouve au Caire plus de 4000 aveugles. Ces cas sont plus rares en Syrie, à l’exception des côtes, et cependant l’Écriture nous parle fréquemment d’hommes affligés de cette infirmité, soit dans les Évangiles (Matthieu 9.27 ; 12.22 ; 20.30 ; 21.14 ; Jean 5.3), où nous les voyons presque toujours dans une position extérieure bien malheureuse, soit dans la loi mosaïque (Lévitique 19.14 ; Deutéronome 27.18), où Dieu, dans les préceptes qu’il donne à leur égard, se montre comme toujours, le Dieu de l’infortune, la providence du malheur.
La cécité se développe le plus souvent à la suite de maladies peu graves, mais qui ont été négligées dans le principe ; ce n’est d’abord qu’un mal, un picotement des yeux, que de simples applications d’eau fraîche, commencées à temps, pourraient le plus souvent faire disparaître ; mais grâce à l’idée mahométane d’un fatalisme auquel rien ne peut échapper, ces populations méprisent les précautions, et ne font rien pour détourner les fâcheuses conséquences dont est menacée leur incurie ; l’aveuglement de l’esprit produit celui du corps, et la folle erreur se punit elle-même.
Cette maladie est souvent aussi le simple effet de la vieillesse (1 Samuel 4.15 ; cf. 3.2 ; 1 Rois 14.4 ; Genèse 27.1).
L’aveuglement soudain dont furent frappés les Sodomites cherchant la porte de Lot pour en faire sortir les deux étrangers (Genèse 19.11), peut s’entendre d’un simple éblouissement, de cette confusion dans l’organe de la vue qui est bien souvent la suite et la peine du péché. Les Syriens qui assiégeaient Samarie, et qui étaient descendus auprès d’Élisée, furent également frappés d’éblouissement par le prophète, et conduits ainsi jusque dans le camp d’Israël (2 Rois 6.18-22) ; dans le même chapitre il est parlé de cet aveuglement naturel à l’homme pécheur, et qui l’empêche de voir autour de lui l’armée de l’Éternel (6.17). Le Nouveau Testament nous mentionne encore la cécité momentanée de Paul (Actes 9.9), et celle du mage Bar-Jésus (13.6). On ne peut dire avec certitude de quelle manière se manifesta cet aveuglement ; un miracle en fut certainement la cause, mais il est possible que l’effet ait été naturel, et que cette cécité ait eu du rapport avec des cas plus ordinaires, qui tiennent tantôt à l’obscurcissement de la cornée transparente, tantôt à la paralysie de la rétine, tantôt encore à I’épaississement du cristallin. On peut comparer aussi l’histoire de Tobie (11.40), qui ayant perdu la vue par un épaississement de la cornée transparente, fut guéri par une application de foie de poisson.
Les anciens attribuaient en effet au foie de poisson, et surtout au foie du callionymus et du silurus, la propriété de guérir les maladies des yeux, et même la cécité ; maintenant encore, en quelques pays on se sert du même remède comme d’une pommade excellente pour ce genre de maux. Notre Seigneur s’est toujours borné à toucher de ses mains les yeux des aveugles qu’on lui présentait ; une seule fois il les a mouillés de boue faite avec sa salive (Marc 8.25 ; Jean 9.1 ; Matthieu 9.29 ; 20.34, v. Salive.
Il est parlé dans l’Écriture d’une autre espèce d’aveuglement plus dangereux encore que celui du corps, celui du cœur. L’endurcissement des Juifs leur est plus d’une fois reproché sous cette figure, et le prophète Ésaïe avait même annoncé qu’en suite de son aveuglement volontaire et prolongé, ce peuple malheureux deviendrait tellement la victime de ses péchés, qu’alors même qu’il voudrait enfin ouvrir les yeux pour voir, il ne le pourrait plus (Ésaïe 6.10, et ailleurs). C’est dans le même sens que les prophètes prédisent aussi la guérison des aveugles, comme un des caractères principaux et bénis qui accompagneront la venue du Christ sur la terre (Ésaïe 29.18 ; 35.5 ; 42.16 ; cf. Matthieu 11.5). C’est qu’en effet la lumière de la nouvelle alliance, plus brillante que celle des prophètes, a pu ouvrir les yeux de ceux qui ne comprenaient pas encore la splendeur divine de l’ancienne économie ; les nations et les gentils ont cru à salut.
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