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1°. Le nom hébreu par lequel l’Éternel est si souvent désigné dans l’Ancien Testament, est Jéhovah, Yehovah, celui qui est ; une fois Eheyèh, celui qui suis (Exode 3.12-14 ; cf. Jean 8.38). Mais ce nom de Jéhovah n’est en quelque sorte qu’un nom de convention, les véritables voyelles qui doivent en accompagner les consonnes ayant été perdues de bonne heure, à ce que disent les Juifs, et les prêtres les ayant remplacées par les voyelles du nom de Adonaï, Seigneur. Les quatre lettres subsistent seules incontestées, IHVH, et encore la première et la troisième sont-elles, en hébreu, beaucoup plus vagues que chez nous, le I ni le V ne pouvant être prononcés sans une voyelle. Ce sont les saintes quatre lettres du nom essentiel et incommunicable de Dieu. Les Juifs disent, que comme il est impossible de « voir Dieu et vivre », celui qui réussirait à prononcer le vrai nom de l’Éternel, mourrait sur le champ, et que ce nom ne sera révélé que lorsque l’Éternel lui-même se manifestera au monde, à la dernière crise. Quant à la signification de ce nom et à ses rapports avec le nom plus personnel d’Elohim, voir ce qui a été dit à l’article Genèse.
2°. Le mot éternité, et l’adjectif éternel (en hébreu holam, en grec αἰώνιος, ία, ιον ou ἡμέρα, ας, ἡ), représentent une idée absolue dans le passé comme dans l’avenir (œternitas a parte ante, et seternitas a parte post). Les termes grecs et hébreux ne sont cependant pas toujours pris dans un sens aussi absolu qu’ils le sont dans notre langue ; ils peuvent signifier, et dans certains passages ils signifient positivement un espace de temps considérable, mais limité. La Bible ne connaît pas les termes abstraits, métaphysiques ; il en est une foule que la théologie a pu, peut-être dû inventer ou accepter. Il est nécessaire de se le rappeler pour ne pas abuser du mot éternel dans tous les passages où il est employé, mais on se tromperait si l’on croyait pouvoir tirer de cette réserve des inductions relatives à la non-éternité des peines ; les passages sur lesquels se fonde cette doctrine (voir Hadès) ne renferment pas tous ce mot, et il ne constitue pas la force de ceux dans lesquels on le trouve. D’un autre côté, tout ce qui touche à l’infini échappe à notre conception s’il n’échappe pas à nos définitions, et c’est là peut-être que nous devons prendre la plus grande leçon de prudence. On pourra définir l’éternité, c’est même très facile, mais on ne pourra la concevoir ; l’imagination peut accumuler les années, entasser les siècles, mettre à la suite les uns des autres autant de chiffres qu’elle voudra, elle n’atteindra que le fini, le temps, une portion infiniment petite de cette éternité que trop souvent elle aspire à comprendre, et dont elle croit disposer.
La meilleure preuve de l’impossibilité où l’on est de se rendre compte de l’idée d’éternité, et de la facilité avec laquelle le relatif peut à cet égard remplacer l’absolu, c’est l’usage qu’on fait tous les jours dans la conversation ordinaire, des mots éternels, éternité ; il y a une éternité qu’on ne vous a vu ; c’est un éternel causeur. Si donc on a pu traduire αἰών, ῶνος, ὁ par siècle (Matthieu 12.32), et ailleurs, on peut traduire le mot par séculaire, aussi bien que par éternel (Matthieu 25.46, et ailleurs). L’expression même « à la fin des siècles », qui paraîtrait avoir une portée plus grande que le seul mot « les siècles », est employée (1 Corinthiens 10.11), en parlant de l’époque apostolique, ou, dans un sens plus général, de l’économie évangélique.
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