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(Actes 6.5 ; 7.1-60)
Premier martyr de l’Église chrétienne, probablement grec d’origine, si l’on en juge par son nom, et le premier des sept diacres nommés pour aider les apôtres dans le service des tables et des pauvres. Plein de foi et de puissance, il faisait des miracles et des prodiges parmi le peuple, ayant reçu l’imposition des mains. Son activité allait plus loin que sa charge, telle du moins qu’on l’entend à présent, et son amour pour son maître lui mérita l’inimitié du monde ; quelques habitués de la synagogue, irrités de voir leurs lieux de culte toujours moins fréquentés et même abandonnés par un grand nombre de sacrificateurs, irrités surtout de ne pouvoir résister à la sagesse et à l’esprit par lequel il parlait, soulevèrent contre le disciple, comme on avait fait contre le maître, de faux témoins, subornés à prix d’argent, pour l’accuser de blasphème. Le peuple fut soulevé, une instruction judiciaire commença, le saint dut comparaître, et le chapitre 7 des Actes nous donne la première partie du discours qu’il prononça pour sa défense. Dans ce discours l’homme de Dieu, plus jaloux des intérêts de son maître qu’attentif à la conservation de sa vie, au risque de déplaire aux émeutiers qui l’entourent, cherche à montrer à ses juges et à ses auditeurs que la religion chrétienne n’est que le développement du mosaïsme qu’ils aiment, et l’accomplissement des prophéties contenues dans les saints écrits qu’ils vénèrent ; mais en même temps il leur montre que, dans tous les temps, sous les patriarches, aux jours de Moïse, dans le désert, et toujours, les Juifs se sont montrés incrédules aux manifestations divines, rebelles au salut, durs de cœur à croire, et charnels, cédant alors à l’émotion comme à l’indignation qui le remplit, craignant de ne pouvoir achever de développer sa pensée, voyant peut-être l’agitation du peuple et l’irritation de ceux qui l’écoutent, il éclate et s’écrie : « Gens de col roide, et incirconcis de cœur et d’oreille, vous vous obstinez toujours contre le Saint-Esprit, vous faites comme vos pères ont fait. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui ont prédit l’avènement du Juste, duquel maintenant vous avez été les traîtres et les meurtriers, vous qui avez reçu la loi par la disposition des anges, et qui ne l’avez pas gardée ». Conclusion foudroyante qui achève d’irriter la populace et cause la mort du prophète ; on se met à crier, on se bouche les oreilles, on fond sur le prophète qui voit avec ravissement les cieux ouverts pour le recevoir, et qui se livre à eux sans résistance ; il s’endort au milieu des pierres qui l’accablent, et sa dernière pensée est une intercession pour ses assassins.
Le sang des martyrs est la semence de l’Église, a dit un père (Tertullien) ; celui qui jaillit des membres meurtris du diacre vint tomber sur un jeune homme qui gardait les habits de ses meurtriers ; cette plante amère devint plus tard un arbre de vie, et Saul fut le grand apôtre des Gentils.
Le discours d’Étienne ne nous est évidemment rapporté qu’en partie, et cette partie même est abrégée ; le fil n’est pas toujours facile à suivre, comme aussi personne ne pouvait rapporter d’une manière exacte les paroles mêmes qui avaient été prononcées ; d’ailleurs, interrompu brusquement, il ne laisse que pressentir la marche de son discours ; plusieurs auteurs ont essayé de diverses manières de suppléer ce qui manque ; il nous semble que ce que nous avons dit est ce qui cadre le mieux soit avec la position du diacre accusé, soit avec la partie connue de son discours. Il faut y voir une prédication plutôt qu’une défense, une accusation plus qu’une justification ; et le visage du martyr resplendit d’une joie sainte, comme le visage d’un ange, quand il se vit appelé à rendre publiquement témoignage de son amour et de sa foi.
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