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Chair

Se prend en différentes manières ; par exemple, pour la chair, qui est la matière du corps des hommes et des animaux. Les Hébreux n’usaient pas de la chair de certains animaux, parce qu’ils la croyaient impure. Saint Paul nous apprend que plusieurs fidèles faisaient scrupule de manger de la chair des animaux consacrés aux idoles ; mais il nous apprend aussi que tout est pur à ceux qui sont purs (Tite 1.15), et que le royaume de Dieu ne consiste pas dans la nourriture ni dans le choix des viandes et des boissons (Romains 14.17 ; 1 Corinthiens 8.8).

La chair se met aussi pour l’homme vivant, et même pour tous les animaux en général. La fin de toute chair est arrivée en ma présence (Genèse 6.13), je suis résolu de faire périr tout ce qui a vie. Et (Genèse 7.15-16) : Faites entrer dans l’arche de toute chair, des animaux de toutes les espèces. Et encore (Genèse 6.12) : Toute chair avait corrompu sa voie, etc. Et encore : Mon esprit ne demeurera plus dans l’homme, parce qu’il est chair.

La chair se prend comme opposée à l’esprit (Galates 5.16-17) : La chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit en a de contraires a ceux de la chair… Conduisez-vous selon l’esprit, vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Et ailleurs (Galates 5.19-20) : Les œuvres de la chair sont la fornication, l’impureté, la dissolution, l'idolâtrie, les empoisonnements, les inimitiés, les jalousies, les hérésies… Les fruits de l’esprit, au contraire, sont la charité, la joie, la paix, la patience, l’humanité, la bonté, la douceur, etc. Crucifier sa chair avec sa concupiscence ; ne point accomplir les désirs de la chair ; les Juifs selon la chair, et les Juifs selon l’esprit ; la sagesse de la chair, la prudence de la chair, etc., sont des expressions connues dans l’Écriture, et qui ne demandent point d’explications particulières.

Qui nous donnera de sa chair, afin que nous le dévorions (Job 31.31 ; 29.22) ? C’est le discours des ennemis ou même des domestiques de Job dans sa disgrâce. Ils voudraient le manger tout vif, tant ils sont animés contre lui : c’est ainsi qu’ils paient d’ingratitude les services-qu’il leur a rendus. Le Psalmiste dit à-peu-près de même (Psaumes 26.2) : ceux qui me veulent perdre sont prêts de fondre sur moi, comme pour me manger tout vivant. Cette expression marque la haine la plus outrée, la plus excessive cruauté. Elle insinue que la coutume de manger de la chair des hommes vivants, ou du moins de se repaître de chair humaine, n’était pas inconnue dans ces pays-là l’auteur du livre de la Sagesse reproche aux Citananéens d’avoir mangé des entrailles d’hommes : Comestores viscerum hominum (Sagesse 12.5). On a dans l’histoire sainte et dans celle de Josèphe, quelques exemples de cette barbarie. Jérémie (Jérémie 19.9) menace ceux de Jérusalem de les réduire à une telle extrémité, qu’ils seront contraints de manger la chair de leurs enfants et la chair de leurs amis. Et dans ses Lamentations (Lamentations 2.20 ; 4.10), nous apprenons que la chose arriva en effet. On voit la même chose dans Ézéchiel (Ézéchiel 5.10). Josèphe raconte un exemple fameux d’une pareille inhumanité, exercée par une mère contre son fils, pendant le dernier siège de Jérusalem par les Romains (Joseph de Bello, 1.6 c. 21). [Voyez Anthropophagie].

La coutume de manger de la chair humaine est encore commune dans plusieurs endroits. Les Chinois mangent tous ceux qui sont tués, jusque-là même qu’ils vendent de la chair humaine dans leurs places publiques. Ils mangent leurs ennemis tués à la guerre et les criminels condamnés à la mort. On voit la même barbarie dans plusieurs îles des mers d’Orient : il y en a même qui mangent leurs pères quand ils sont vieux : d’autres n’épargnent aucun des européens qu’ils peuvent attraper : les Pegnants avaient la même coutume, et vendaient la chair humaine publiquement. Les Cafres de la côte de Barbarie firent, en 1589, une course dans l’intérieur de l’Afrique, au nombre de quatre-vingt mille hommes, mangeant tous ceux qu’ils trouvaient ; et ils ruinèrent ainsi plus de trois cents lieues de pays. On dit la même chose de ceux de Siam et des Célèbes.

Nous sommes votre chair et vos os (Genèse 29.14 ; 37.27 ; 2 Samuel 5.1 ; 1 Chroniques 11.1), expressions familières dans l’Écriture, pour marquer la parenté, la liaison du sang et de la chair.

La voie de toute chair (Josué 23.14) : Je vais entrer dans la voie de toute chair ; je vais subir la loi de la mort, à laquelle tous les hommes sont condamnés.

Les chairs des impudiques sont comparées aux chairs des chevaux et des ânes (Ézéchiel 16.26 ; 23.20). Le Sage dit que les chairs des intempérants sont consumées par des maladies honteuses (Proverbes 5.11) l’auteur de l’Ecclésiastique (Ecclésiaste 25.36) veut que l’homme sage sépare de ses chairs une femme coureuse et libertine. Ces expressions marquent d’une manière honnête et cachée ce que la pudeur ne permet pas de nommer dans l’homme. Saint Jude (Jude 1.7), parlant des dérèglements de Sodome et de Gomorrhe ou de ceux des mauvais anges qui, selon l’idée des anciens, s’étaient corrompus avec les filles des hommes, dit qu’ils ont suivi une chair étrangère parce qu’ils ont déshonoré la nature par leur impudicité abominable.

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