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Chanaan

[ou, plus conformément à l’Hébreu, Canaan, ou mieux encore Kenaan], fils de Chain. Les Hébreux croient que Chanaan, ayant le premier découvert la nudité de Noé, en donna avis à son père Cham ; que celui-ci s’en divertit, et en avertit ses frères Sem et Japhet, lesquels, par un sentiment de respect, couvrirent leur père ainsi que nous l’avons dit sous l’article de Cham ; que Noé, à son réveil, ayant appris ce qui s’était passé, donna sa malédiction à Chanaan, qui était le premier auteur du mal d’autres croient que Noé, ne pouvant causer un plus sensible déplaisir à Cham que de maudire son fils Chanaan, voulut le punir en la personne de ce fils. Quelques-uns, au lieu de : Maudit soit Chanaan ; qu’il soit l’esclave des esclaves à l’égard de ses frères, lisent : Maudit soit Cham, etc., ou suppléent : Maudit soit le père de Chanaan l’effet de cette malédiction de Noé parut dans l’anathème prononcé par le Seigneur contre les chananéens (Deutéronome 7.2-26 ; 12.15 ; 20.17), et par la sévérité dont il ordonne à son peuple d’user envers eux, lorsqu’il aura fait la conquête de son pays (Lévitique 17.25 ; Deutéronome 18.9 ; 20.16-17). Les chananéens furent non-seulement réduits au plus dur esclavage, mais entièrement exterminés, mis à mort ou chassés de leur propre pays.

Que le Seigneur, le Dieu de Sem soit béni, s’écria Noé ; que Chanaan soit son esclave !

Que Dieu multiplie la postérité de Japhet ! qu’il habite dans les terres de Sem, et que Chanaan soit son esclave ! Dès ce muaient semblent naître la servitude et l’esclavage, dit M. le vicomte Alban de Villeneuve-Barjemont. On est douloureusement saisi à ces paroles terribles et prophétiques du vieux patriarche, continue-t-il. Elles semblent expliquer l’organisation future des divers États de l’antiquité, jusqu’à l’époque du christianisme ; et des écrivains modernes ont cru même y apercevoir la cause de la supériorité de certaines races primitives sur d’autres races qui leur sont entièrement soumises et subordonnées. On observe encore, en effet cette inégalité bien distinctement tracée chez les peuples dont les diverses castes ne se sont pas mélangées ; tandis que, dans les nations où toutes les classes sociales tendent à se confondre, les caractères primitifs des races disparaissent successivement. Toutefois, l’établissement de l’esclavage ne fut point immédiat, et encore moins commandé par Dieu même, comme on pourrait l’induire des paroles de Noé. Mais l’inégalité des conditions humaines (Conséquence nécessaire de l’état de société et de l’inégalité physique et morale des hommes) devait y conduire inévitablement, dès que les notions de justice et d’humanité se trouveraient altérées ou méconnues. Dans la famille même, il dut exister, dès le principe, sinon la servitude, du moins une sorte de domesticité. Les femmes et les enfants en remplirent d’abord les devoirs envers les vieillards et les chefs de famille ; ensuite, les familles multipliées étant devenues peu à peu étrangères les unes aux autres, et l’inégalité des forces et de l’intelligence ayant attribué aux unes le pouvoir, les lumières et les richesses, et aux autres l’indigence et l’infériorité morale et physique, les premières engagèrent les pauvres à travailler pour elles moyennant un salaire ou des conditions réciproquement convenus. C’est, en effet, le propre de la richesse de porter au repos ; à l’oisiveté, au luxe et au commandement… Toutefois, cette domesticité conditionnelle et volontaire, qui ne blessait point l’équité naturelle, n’était pas l’esclavage. Mais lorsque les tribus et les nations voulurent s’agrandir les armes à la main, lorsque l’ambition, la soif des richesses et des conquêtes, consacrèrent le droit da la guerre, c’est-à-dire la loi du plus fort, on établit la coutume d’accorder aux vaincus la vie et la liberté corporelle, à condition qu’ils serviraient toujours en qualité d’esclaves ceux entre les mains desquels ils étaient tombés. Cette condition s’étendit aux enfants des vaincus, et perpétua des races soumises à l’esclavage, sur lesquelles, eu souvenir de leur origine, les maîtres conservaient le droit de vie, de mort et de châtiment. Cette législation barbare s’appliquant ensuite à tous les esclaves, sans distinciiou d’origine, le maître eut les mêmes droits sur les infortunés qu’il achetait, et qui se trouvaient, comme les animaux et les autres propriétés, objets d’échange, de spéculation et de commerce. Telle fut la marche progressive de cet ordre social, qui devint la base de l’économie politique de presque tous les peuples de l’univers, jusqu’à l’avénement du christianisme. Dieu le-permit sans doute pour manifester hautement la punition d’une race maudite, et pour marquer du sceau divin la mission du Christ et le passage de la loi ancienne à la loi nouvelle. »

Chanaan eut une grande postérité (Genèse 10.15-17). Son fils aîné fut Sidon : du moins il fonda et peupla Sidon, et fut père des Sidoniens et des Phéniciens. Chanaan eut outre cela dix fils, qui furent pères d’autant de peuples habitants de la Palestine et d’une partie de la Syrie, savoir : les Héthéens, les Jébuséens, les Amorrhéens, les Gergéséens, les Hévéens, les Aracéens, les Sinéens, les Aradiens, les Samaréens et les Amathéens. Nous parlerons de chacun de ces peuples sous leurs articles particuliers. [Voyez aussi Chananéens]. On croit que Chanaan vécut et mourut dans la Palestine, qui, de son nom, est ordinairement appelée terre de Chanaan ; et on montrait autrefois son tombeau, long de vingt-cinq pieds, dans une caverne de la montagne dite des Léopards, qui n’était pas loin de Jérusalem.

Les mahométans croient que Chanaan périt par les eaux du déluge, n’ayant pas voulu entrer dans l’arche. Mahomet fait ainsi parler Dieu à Noé : Prenez et transportez avec vous dans l’arche deux couples de tous les animaux, mille et femelle, et avec toute votre famille, à la réserve de celui qui a déj àété condamné par votre bouche (c’est-à-dire Chanaan). Recevez aussi avec vous les fidèles, et même les infidèles ; mais il y en entrera, fort peu. En suite de ce commandement, Noé introduisit dans l’arche jusqu’à quatre-vingts personnes ; et voyant que Chanaan, son petittils, ne s’embarquait pas, et ne sachant pas encore qu’il fût du nombre des infidèles, il lui cria : Embarquez-vous, mon fils, avec nous, et ne soyez pas du nombre des infidèles. Chanaan répondit : Je me sauverai sur la montagne, et elle me garantira de l’eau. Mais. Noé répliqua : Il n’y a que la seule miséricorde de Dieu qui puisse vous sauver. Pendant cet entretien, un flot les sépara l’un de l’autre et enveloppa Chanaan, qui fut submergé. C’est ainsi que Mahomet corrompt les saintes Écritures, en mêlant ses imaginations.

Chanaan (terre De). Ses propriétés, sa fertilité, etc. Voyez Palestine.

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