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Chine

La Chine est un des plus beaux pays de l’Asie. Les Arabes l’écrivent Sin ; les Persans et les autres Orientaux Tchin. Ils disent que ce pays a tiré son nom d’un des fils de Japhet, nommé Sin. C’était, disent-ils, l’aîné et le plus habile des enfants de Japhet ; aussi eut-il le meilleur partage et le grand pays de la Chine ; ce fut lui qui enseigna à ses enfants la peinture, la sculpture, et l’art de préparer la sale pour en faire diverses sortes d’étoffes. En un mot, l’on prétend que la plus grande partie des ouvrages, qui sont aujourd’hui en vogue dans la Chine, et dont les étrangers font si grand cas, sont de son invention.

Il eut pour fils aîné Matchin, qui peupla la Chine méridionale, en y comprenant la Cochinchine, le Tunquin, le royaume d’Anan, avec ceux de Siam et de Pegu. Les anciennes histoires des Perses disent que Féridoun, roi de la première dynastie, nommée des Pischadiens, donna à Tour, son fils, la Chine et le Turkestan pour partage, et le titre de Fagfour, qui est demeuré héréditaire aux rois de ce pays-là, comme celui de Pharaon à ceux d’Égypte.

C’est une très-ancienne tradition chez les Orientaux, qu’il y a un très-grand nombre de Juifs dans la Chine, et qu’ils y sont passés du temps de Josué, Dieu leur ayant ouvert un chemin pour y arriver. Mais il y a bien plus d’apparence que ceux qui se trouvent en ce pays-là, y sont allés depuis les captivités d’Israël, sous Salmanasar et les autres rois d’Assyrie. En effet, le trajet n’en est pas fort difficile du pays des Perses et des Mèdes.

On ne peut nier qu’il n’y ait eu autrefois grand nombre de Juifs à la Chine ; les plus anciennes relations qu’on ait de ce pays-là témoignent que dans la désolation générale du pays, principalement à la prise de Cumdan, il y eut grand nombre de chrétiens et de Juifs massacrés. Mais on ignore quand et à quelle occasion les Juifs y étaient entrés. Les histoires des Chinois n’en apprennent rien, parce que les historiens chinois, qui ont pour maxime de ne pas parler des affaires étrangères, n’ont pas jugé à propos d’en faire mention.

Il y en a peu aujourd’hui dans la Chine, où ils sont dispersés dans diverses provinces, et surtout dans les villes de commerce. Le P. Ricci raconte qu’un Juif de la ville de Caifamfu étant venu à Pekin pour y prendre les degrés, eut la curiosité de le voir, ayant appris qu’il adorait un seul Dieu, et n’était pas engagé dans les superstitions des idolâtres du pays. Le P. Ricci le mena à la chapelle où il y avait un tableau de la sainte Vierge tenant l’enfant Jésus, et saint Jean-Baptiste auprès de lui. Le Juif s’imagina que c’était Rébecca, Jacob et Ésaü. Il fit un pareil jugement d’un tableau qui représentait les quatre évangélistes. Le Père lui fit ensuite diverses questions, et reconnut par ses réponses qu’il faisait profession de l’ancienne loi, et qu’il se reconnaissait pour Israélite, et non pas pour Juif, ce qui fit juger qu’il était des descendans des dix tribus menées en captivité ;

Le P. Ricci lui fit voir ensuite la Bible polyglotte d’Anvers ; le Juif y reconnut les caractères hébreux, mais il ne les put lire, parce que comme il l’avoua, il avait négligé l’étude de cette langue, pour s’adonner à l’étude des lettres chinoises, ce qui avait failli à le faire exclure de la synagogue. On apprit aussi de lui qu’il y avait dans la même ville dix ou douze familles de Juifs, avec une synagogue assez belle, et qu’on y conservait depuis cinq ou six cents ans le Pentateuque écrit sur des volumes ou rouleaux qu’il y avait aussi dans la province de Chequiang un plus grand nombre d’Israélites et une synagogue ; mais que dans les autres provinces, leur nombre y était fort diminué, n’y ayant point de synagogue.

Le père Adam Schaal, fameux missionnaire, écrivait de Pékin qu’il avait vu des Juifs, dans le royaume de Kaschemir, qui avaient conservé le judaïsme et l’Ancien Testament, et qui ne savaient rien de la mort de Jésus-Christ, qui avaient même voulu faire le jésuite leur Chakam, pourvu qu’il voulût s’abstenir de manger du porc.

Un autre jésuite, nommé Gozani, rapporte la découverte (l’une synagogue dans la province çd’Ilcoman, à la Chine. Il croit qu’il y avait des Juifs en ce pays-là avant Jésus-Christ : ils connaissent Esdras et Jésus fils de Sidrach (apparemment Jésus fils de Sirach auteur de l’Ecclésiastique, et ils suivent dans leurs explications la méthode des talmudistes. Mais tout cela est plus propre à persuader que ces Juifs sont modernes, qu’à faire croire qu’ils sont de l’ancienne dispersion des dix tribus ; car ni les talmudistes, ni l’Ecclésiastique, ni l’histoire de Judith, ne devaient pas leur être connus.

L’on a une assez longue lettre des Juifs de Cochin écrite à la synagogue d’Amsterdam, dans laquelle ils disent qu’ils se sont retirés aux Indes dans le temps de la conquête de la Terre-Sainte par les Romains ; qu’ils ont eu dans la Chine soixante-douze rois, qui se sont succédé les uns aux autres dans l’espace de mille ans ; que la division s’étant mise entre deux frères qui se disputaient le royaume, les princes voisins les subjuguèrent, et que depuis ce temps ils sont demeurés assujettis aux rois de la Chine ; que la constante fidélité qu’ils ont conservée envers ces princes leur a mérité de leur part plusieurs marques d’estime et de confiance, qu’en l’an 1640, Samuel, un de leurs frères, mourut gouverneur de Cochin, et laissa sa charge a un Juif de même nom que lui.

Manassé-Ben-Israël, qui était persuadé qu’il y avait grand nombre d’Israélites dans la Chine ; leur appliquait ce passage d’lsaïe : (Isaïe 49.12) : Ils retourneront de la terre des Sinéens ; c’est-à-dire, selon lui, de la terre des Chinois. Saint Jérôme traduit : De la terra du Midi ; les Septante, de la Perse ; mais l’hébreu Sin signifie de la boue, et la ville de Peluse ou Damiette. Ainsi il y a apparence que le prophète a voulu marquer Damiette et l’Égypte par ces mots : De la terre de Sinnim.

Quant à ce que disent les Orientaux de Schin, ou de Sin, fils de Japhet et père des Chinois, nous ne croyons pas y devoir taire grand fond, les livres saints ne nous en disant rien. Nous parlerons ci-après, sous le nom de saint Thomas, des chrétiens de la Chine, et de la fameuse inscription trouvée en ce pays-là [Il y aurait un beau et intéressant travail à faire sur les Chinois considérés par rapport à la Bible, aux traditions antiques, aux peuples chananéens, aux Syriens, aux Hébreux, ou Juifs ; on trouvera une foule de matériaux épars, mais précieux, dans les Annales de Philosophie chrét., qui, plus, mettront sur la voie pour en découvrir d’autres].

Chion  

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