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Columba, dénomination générique des pigeons, oiseaux de l’ordre des gallinacées.
Pigeon, oiseau domestique, déclaré pur par la loi de Moïse, qui ordonne (Lévitique 12.8 Nombres 6.10) que quand une femme allait au temple au temps marqué après ses couches, elle devait offrir au Seigneur un agneau et une colombe, ou une tourterelle, ou bien un jeune pigeon, ou un petit de tourterelle l’agneau était offert en holocauste, et le pigeon en hostie pour le péché. Que si la personne n’était pas aisée, au lieu d’un agneau elle offrait deux pigeons ou deux tourterelles. Il n’importait de quel sexe ils fussent, ni peut-être de quel âge ; car pullus columboe peut marquer ou un pigeon en général, ou un jeune pigeon. La sainte Vierge, pour satisfaire à cette loi, quoiqu’elle n’y fût pas obligée en rigueur, offrit deux pigeons (Luc 2.24), ou deux tourterelles, parce qu’elle était pauvre. Et comme il aurait été malaisé que toutes celles qui venaient de loin pussent apporter des colombes pour les offrir au temple, les prêtres avaient permis qu’on vendît de ces oiseaux dans les parvis du lieu saint. Ce que Jésus-Christ ne put souffrir. Étant un jour entré dans le temple, il fit un fouet avec des cordes et en chassa tous ceux qui y faisaient trafic de colombes (Matthieu 20.12 ; Marc 11.15 ; Jean 2.14).
Il y avait encore d’autres occasions, où l’on pouvait offrir au Seigneur des oiseaux en holocauste, même pour l’expiation de quelque péché. Ceux qui étaient riches offraient des animaux à quatre pieds ; les pauvres ne présentaient que des colombes. Voici les cérémonies avec lesquelles on les sacrifiait (Lévitique 1.14-17). Le prêtre prenait la colombe, lui tordait avec violence le cou et la tête. Quelques interprètes croient même qu’il lui arrachait entièrement la tête ; d’autres veulent qu’il lui tordit simplement le cou : et c’est ce qui paraît le plus certain. Voyez (Lévitique 5.8). Il lui faisait avec les ongles une ouverture, pour faire couler le sang sur le bord de l’autel. Il jetait les plumes et la petite vessie du gosier, c’est-à-dire, le jabot, à l’orient de l’autel, lieu où l’on mettait les cendres qu’on ôta de l’autel. Après cela, il rompait les ailes de l’oiseau ; et sans diviser l’hostie avec le fer, il la mettait sur le feu de l’autel, où elle était entièrement consumée. Si c’était un sacrifiée pour le péché (Lévitique 5.8), on y observait les mêmes cérémonies qu’on vient de marquer, à la réserve que le sang de l’hostie était répandu, non-seulement aux côtés, mais aussi aux pieds de l’autel.
Il est dit dans le quatrième livre des Rois (2 Rois 6.25) que pendant le siège de Samarie, sous le règne d’Achab, roi d’Israël, la famine fut si grande, que l’on vendit jusqu’à cinq sicles, ou environ huit livres de notre monnaie, le quart d’un cab de fiente de pigeons (2 Rois 6.23) ; c’est-à-dire, une mesure qui tenait un demi-setier, un poisson, un pouce cube et un peu plus. Mais nous croyons, avec Bochart, que cette fiente de pigeons n’était autre chose qu’une espèce de pois chiche, nommé par les Ara bes Usnen, ou Kali. Or, les Hébreux appellent Kali les pois chiches rôtis à la poète, dont on use beaucoup dans l’Orient, et dont il y a des boutiques au Caire et à Damas, où l’on ne fait autre chose que frire des pois chiches, pour la provision des voyageurs. Voyez ci-devant Cicer. Les autres endroits de l’Écriture où il est parlé de colombes, ne sont point fort difficiles. Par exemple, à est dit dans le Cantique des cantiques (Cantique 2.14) que l’Épouse est semblable à une colombe dans son trou de rocher ; parce que dans l’Orient il y a ainsi beaucoup de pigeons sauvages et même privés, qui se retirent dans des creux de rochers.
Jérémie (Jérémie 25.38), parlant des ravages que Nabuchodonosor devait faire dans la Judée dit : La terre a été désolée par la colère de la colombe. Et encore (Jérémie 46.16) : Fuyons dans notre pays, pour éviter le glaive de la colombe ; et ailleurs (Jérémie 50.16) : Chacun fuira devant l’épée de la colombe. Quelques-uns, sous le nom de colombe, entendent en cet endroit le Seigneur, qui de colombe était devenu un lion rugissant, armé de glaive et prêt à saccager tout le pays d’autres entendent Nabuchodonosor, roi des Chaldéens, lequel portait, dit-on, une colombe dans ses enseignes, en mémoire de Sémiramis, que l’on disait avoir été métamorphosée en colombe, ou qui est appelée colombe par antiphrase [Voyez Ascalon, à la fin de l’article et de l’addition]. Mais il est plus simple et plus naturel de traduire l’Hébreu jona, par un ennemi, un destructeur, un ravageur. C’est une épithète qui convient admirablement à Nabuchodonosor. La terre a été désolée par ce ravageur ; fuyez devant l’épée de ce prince, qui porte la terreur et le fend dans tous les lieux où il va. On ne nous prouve pas bien que les Chaldéens portassent la colombe dans leurs étendards. [Vid infra].
La colombe est le symbole de la simplicité et de l’innocence. Le Saint-Esprit paraît dans le baptême du Sauveur sous la forme d’une colombe (Matthieu 3.16). Jésus-Christ recommande à ses disciples la prudence du serpent et la simplicité de la colombe (Matthieu 10.16). Le prophète Osée compare les Israélites à une colombe séduite (Osée 7.4-11), qui n’a point de cœur ou d’intelligence. La colombe est un animal sans défense, sans ruse, sans fiel, exposé à la poursuite des hommes et des animaux, qui ne sait ni se défendre, ni défendre ses petits, ni se précautionner contre ceux qui en veulent à sa liberté et à sa vie. Ainsi les Israélites, malgré les châtiments dont Dieu les avait frappés, et les captivités où il les avait réduits, ne laissaient pas de retomber toujours dans leurs dérèglements et de s’exposer de nouveau aux mêmes disgrâces.
L’Écriture, en quelques endroits, semble attribuer à la colombe de la réflexion et de la méditation (Isaïe 38.14 ; 59.11) : Meditabor in columba (Nahum 2.7) ; et : Et quasi columboe meditantes, etc. Mais on l’entend ordinairement de ses gémissements (Cantique 1.15 ; 2.10-14) : Gementes ut columboe. La colombe et la tourterelle gémissent et roucoulent l’Épouse du Cantique est souvent comparée à la colombe, à cause de son innocence, de sa douceur, de sa candeur et de sa fidélité. Noé fit sortir la colombe de l’arche, pour savoir si les eaux du déluge s’étaient retirées (Genèse 8.8-10). Il choisit la colombe comme un oiseau domestique, ennemi du carnage et de l’ordure ; elle revint à lui d’abord, n’ayant pu trouver où asseoir son pied, parce que les eaux du déluge ne s’étaient pas encore retirées. Il la renvoya une seconde fois, et elle revint, portant en son bec un jeune rejeton d’olivier vert, qui avait déjà poussé depuis le déluge ; enfin, il l’envoya une troisième fois, et elle ne revint plus, parce que le déluge était entièrement cessé.
La troisième Personne divine s’exprima, dès l’origine de l’Église, par une colombe de feu, planant sur le monde. Déjà pris pour emblème de l’amour divin chez les Indiens, comme le prouvent les sculptures de leurs pagodes, cet oiseau était principalement vénéré des Assyriens qui le portaient sur leurs étendards, depuis que leur reine Sémiramis nourrie, suivant eux, dans son berceau par des colombes, avait fini par être métamorphosée en l’une d’elles.
Chez les Juifs, la colombe était de même honorée, mais comme emblème du saint amour :
Alba Palestiuo sancta columba Syro
Dit Tibulle. Puis les Grecs vinrent consacrer aux voluptés ce symbole que les chrétiens élevèrent enfin comme tout le reste au-dessus des sens.
Dans toutes les cryptes, la colombe suspendue couvait, comme l’Esprit-Saint, la cendre des morts purs. On en mettait dans les tombeaux, au-dessus des sarcophages des martyrs. Grégoire de Tours parle d’une tentative faite pour enlever la colombe d’or appendue dans la tombe de saint Denis, évêque de Paris. À partir du quatrième siècle, on commença à renfermer les hosties consacrées dans des colombes de métal enrichies de diamans ; on en plaçait d’autres au-dessus des fonts baptismaux. Le pape Innocent à l’entrée du cinquième siècle, fit présent à l’Église des saints Gervais et Protais d’une colombe en métal doré, pesant trente livres. Enfin, on en surmonta les chaires des évêques. Celle en marbre qu’on a trouvée dans la catacombe des saints Marcel et Pierre avait à son sommet cet oiseau ceint du diadème. Byzance faisait de même dans ses églises.
Plusieurs anciennes peintures montrent l’oiseau sacré sur la tête ou l’épaule droite de saint Grégoire le Grand, pour signifier l’inspiration du Saint-Esprit.
Il écrivait lui-même que les prédicateurs du Verbe sont comme la colombe qui plane au-dessus de la terre, lui annonçant la paix, mais sans la toucher, sans lui demander de nourriture.
Ce docteur est représenté écoutant la colombe qui lui parle à l’oreille sur un bas-relief des cryptes vaticanes, bien postérieur, il est vrai, a saint Grégoire ; mais cette légende ne s’applique pas qu’à lui seul. Saint Ephrem de Syrie prétendait avoir vu aussi une colombe lumineuse sur l’épaule de saint Basile le Grand, et qui lui dictait ses écrits. C’est de là sans doute que le plagiaire Mahomet aura emprunté sa science.
Cet oiseau est l’emblème qui se retrouve le plus souvent sur les sarcophages primitifs. Là, on le voit emporter dans son bec une palme, une branche d’olivier ; ou percer des raisins, figure de l’âme des confesseurs qui s’envole innocente, versant comme un vin précieux son sang sur la terre. C’est ainsi qu’on voit monter en colombe au-dessus de son corps décapité, l’âme de sainte Reparata, vierge et martyre, qui avait refusé de sacrifier aux idoles. La même chose se répète pour saint Potitus et l’évêque saint Polycarpe décolés, du sang desquels l’oiseau blanc comme la neige s’élance, et vole à tire d’ailes vers les cieux. Les actes du martyre de saint Quentin disent avec une suavité de paroles et un élan de foi remplis de charme : Visa est felix anima velut columba, candida sicut nix, de collo ejus exire et liberrimo volatu cœlum penetrare.
Pour les esprits grossiers, encore offusqués par les ténèbres de l’idolâtrie, on exprimait ainsi la survivance et l’immortalité de l’âme ; comme plus tard, lorsque parut dans l’art l’anthropomorphisme, on l’exprima par un petit enfant, sortant quelquefois de la bouche même du décédé.
À San-Clemente, l’abside offre une mosaïque, mais déjà barbare, où les douze apôtres en colombes environnent Jésus crucifié. Souvent, au nombre de deux sur les sarcophages, ces oiseaux signifient la fidélité et l’indissolubilité du lien des époux ; mais seuls, c’est toujours l’âme qui s’envole.
Ainsi, prêtant son Image hiératique aux âmes qu’il échauffait de son amour, le Saint-Esprit était censé habiter dans chaque créature fidèle. Ce ne fut que bien tard, à Byzance, quand l’expreâsion morale brisa impatiente les bandelettes de l’hiéroglyphe, qu’on cessa de figurer ainsi les âmes bienheureuses ; mais cette image continua de rester consacrée à l’Esprit-Saint. Les deux ailes étendues et pleurant, la tête penchée sur le monde, il dessine au sommet des ogives mauresques d’Orient, en Grèce et en Russie, aussi bien que dans nos tableaux gothiques, un trèfle mystérieux, qu’on trouve parfois enveloppé de neuf chœurs d’anges, disposés à l’entour en trois grands cercles. Car sans cesse revient la triade.
Quand on approche des temps modernes, le génie de l’innovation cherche à représenter l’Esprit-Saint comme un beau jeune homme, comme l’Éternel adolescent, dont est éprise la nature. Mais le pape, dans un bref qu’on verra cité ailleurs, prohiba cette icone comme contraire aux traditions. À la rigueur, il n’y a que le Verbe qui devrait revêtir la forme humaine ; car toute révélation extérieure de la divinité se fait par lui ; le Créateur dans le paradis terrestre, et le Jéhovah du Sinaï, ne sont que lui-même. Pourtant, on comprend’qu’alors il apparaisse sous la figure d’un vieillard, et soit ainsi confondu avec le Père éternel. Mais pour le Saint-Esprit, il n’est aucun moyen de lui donner forme humaine sans tomber à l’instant dans les méprises les plus graves. Ainsi la papauté eut raison de tenir ferme et de maintenir l’antique colombe.
Dans l’Orient, surtout dans la Syrie, dans l’Arabie et dans l’Égypte, on dresse des pigeons à porter des billets sous leurs ailes, et à rapporter la réponse à ceux qui les ont envoyés. Le Mogol fait nourrir en beaucoup d’endroits des pigeons qui servent à porter les lettres dans les occasions où l’on a besoin d’une extrême diligence ; ils les portent d’un bout de ses États à l’autre. Tous les jours le consul d’Alexandrette envoie des nouvelles à Alep en cinq heures, quoique ces villes soient éloignées de trois journées de cheval. En Hollande on s’est quelquefois servi de cette invention dans les occasions de siège. Les caravanes qui voyagent en Arabie font savoir leur marche aux souverains arabes avec qui elles sont entrées en alliance, par des pigeons à qui on met un billet sous l’aile. Ces oiseaux vont avec une rapidité et une promptitude extraordinaire, et reviennent encore avec plus de diligence, pour se rendre au lieu où ils ont été nourris, et où ils ont leurs nids. On a souvent vu de ces pigeons couchés sur le sable, le ventre en l’air et le bec ouvert, attendant la rosée pour se rafraîchir et reprendre haleine.
Il y a dans les villes d’Égypte certaines gens qui font métier de dresser les pigeons à ce métier ; et d’autres dont le principal exercice est de voler des pigeons et de les attirer des colombiers des autres dans les leurs. Les Hébreux excluent de l’entrée du Sanhedrin ceux qui s’exercent à de pareilles choses.
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