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Ce terme se trouve souvent dans l’Écriture ; il répond d’ordinaire à l’hébreu thannim, ou thunnin, qui signifie un grand poisson, un dragon marin. Les Septante le traduisent communément par dracones, rarement par de grands poissons (Genèse 1.21), quelquefois par des sirènes (Job 30.39 Isaïe 34.13 ; 43.20), ou des autruches (Jérémie 49.32). Saint Jérôme le rend plus souvent par dracones, mais il le prend quelquefois pour des sirènes, ou des lamies. On voit à -peu-près les mêmes variétés dans Aquila, Symmaque et Théodotion. Sous le nom de sirènes, ils entendent apparemment des monstres marins ; car on ne peut pas l’expliquer des animaux fabuleux de ce nom, dont parlent les poètes. Il est certain, en comparant les divers endroits où se rencontre le terme tannin, ou tanninim, qu’il signifie quelquefois de grands poissons, soit des fleuves, ou de la mer (Genèse 1.21 ; Job 7.12 Psaumes 73.13 Isaïe 27.1 Ézéchiel 32.2) et d’autres fois des serpents de terre, et venimeux (Exode 7.9-12 Deutéronome 32.33 Psaumes 90.13 Isaïe 35.7 Jérémie 14.6) et comme je crois, plus particulièrement le crocodile, et la baleine (Psaumes 73.13, Isaïe 51.9, Ézéchiel 29.3).
Quant aux dragons dont on parle, et dont les livres sont pleins, la plupart ne sont autres que de vieux serpents arrivés avec l’âge à une prodigieuse grandeur. Il y en a à qui l’on donne des ailes, des pieds, des griffes, des crêtes et des têtes de différentes figures. On ne doute point qu’il n’y ait des serpents ailés ; il en est fait mention dans Moïse (Nombres 1.6), sous le nom de zaraph. Les Babyloniens adoraient un dragon, que Daniel fit mourir (Daniel 14.22). Rien n’est plus ordinaire, dans la religion païenne, que le culte des serpents et des dragons.
Ce terme se prend quelquefois pour le démon. Saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 12.3-4,7), nous dépeint « un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sept diadémes sur ses têtes : sa queue tirait en terre la troisième partie des étoiles du ciel. Le dragon se mit devant la femme qui était sur le point d’enfanter, afin qu’aussitôt qu’elle aurait enfanté, il dévorât son fruit. Elle enfanta un fils qui devait gouverner toutes les nations avec la verge de fer. Et il se fit un grand combat sdans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le dragon et contre ses anges ; et le dragon fut vaincu, et depuis ils ne parurent plus dans le ciel. Et le grand dragon fut jeté en terre, ce serpent ancien, qui est nommé le diable et Satan, qui séduit tout le monde : il fut jeté en terre, et tous ses anges avec lui. » Tout cela nous marque le combat du démon contre l’Église de Jésus-Christ, et sa défaite par saint Michel, chef de l’Église militante. Voyez aussi (Apocalypse 13.2-4 ; 16.13; 20.2).
Il y a plusieurs endroits dans les prophètes où le nom de Draco ne peut marquer un animal aquatique, puisqu’il est parlé de leurs cris ; par exemple (Esther 11.6-7) : Voilà deux grands dragons qui s’élèvent l’un contre l’autre, prêts à combattre. À leurs cris toutes les nations se sont émues pour attaquer la nation des justes. Et Jérémie (Jérémie 14.6) ; Les ânes sauvages se sont mis sur les rochers, attirant le vent comme des dragons. Leurs yeux sont tombés en défailliance, faute de nourriture. Et Michée (Michée 10.18) : Je ferai le deuil comme un dragon, et je me plaindrai comme une autruche.
Dans d’autres passages où l’on parle de la ruine d’une ville, des ravages d’une province, d’une terre réduite en solitude, on dit (Isaïe 13.21 ; 39.13 Jérémie 9.11 ; 10.22 ; 14.6 ; 49.33 ; 51.34-39) qu’elle devient la demeure des dragons ; comme en effet les serpents, les dragons, les bêtes venimeuses, ont leur retraite dans les lieux inhabités, dans les ruines des villes, dans les masures : d’où vient que les anciens leur ont attribué la garde des trésors. Mais il faut avouer que souvent ce nom se prend pour un grand poisson, un animal aquatique. Les Hébreux mettaient à -peu-près dans la même classe les poissons et les serpents : ils les comprenaient également sous le nom de reptiles et de serpents.
Chez les profanes le dragon était le symbole de la santé : ils ne dépeignaient pas Esculape, ni la déesse Hygicia, la Santé, sans un serpent auprès d’eux, ou autour de leur bâton, ou dans leur main. Les vrais dragons, au rapport de Solin, ont la gueule petite, et ne peuvent mordre ; ou s’ils mordent, leur morsure n’est pas venimeuse. Les Égyptiens les appelaient de bons génies, et les tenaient apprivoisés dans leurs maisons. Il ne faut pas croire que ce soit de ces dragons dont nous parlent les prophètes ; ceux-ci étaient des animaux dangereux, mauvais, funestes, sauvages, etc.
Fontaine du Dragon, dont il est parlé dans le second livre d’Esdras, était à l’orient de Jérusalem. Néhémie, étant sorti la nuit par la porte de la vallée, passa devant la fontaine du Dragon et devant la porte du Fumier (Néhémie 2.13-14 ; 3.15). On montre encore cette fontaine dans une espèce de cave souterraine, où l’on descend par vingt degrés. Les Turcs l’appellent la fontaine de Marie, et croient que la sainte Vierge s’en est servie pour les usages de sa maison.
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