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Dieux

Faux Dieux. Le nom de Dieu, en hébreu Elohim, dans l’Écriture, est fort équivoque : on le donne souvent au vrai Dieu, quelquefois aux anges, quelquefois aux juges et aux princes, et quelquefois aux faux dieux et aux idoles : par exemple (Genèse 1.1) : Dieu créa le ciel et la terre ; l’hébreu Elohim marque en cet endroit le vrai Dieu (Exode 22.20) : celui qui sacrifie aux faux dieux (elohim) sera mis à mort. Et encore (Psaumes 85.8) : il n’y a point de dieu qui vous ressemble, ni qui égale vos œuvres. Il parle des faux dieux. Dans les livres de Moïse on donne très-souvent aux anges le nom de dieu : par exemple, on appelle ainsi les trois anges qui apparurent à Abraham, et qui sauvèrent Loth ; à celui qui apparut à Moïse dans le buisson ardent ; à celui qui conduisit les Israélites dans le désert.

Enfin on donne le nom de dieux aux princes, aux magistrats, aux grands hommes, dans ces passages (Exode 21.6) : Si l’esclave veut demeurer avec son maître, on l’amènera aux dieux : aux magistrats, aux juges, qui lui perceront l’oreille avec une alêne. Et encore (Exode 22.8) : Si le voleur est inconnu, on fera paraître le maître de la maison devant les dieux, les juges, les magistrats. Et ailleurs (1 Samuel 2.23) : Si un homme pèche contre un autre homme, les dieux les jugeront, ou les accorderont ils plaideront leur cause devant les juges, etc. Vous ne direz point de mal des dieux (Exode 22.28) : vous ne parlerez point contre la réputation des juges, des grands. Josèphe et Philon croient que Moïse a voulu par là défendre de parler mal des dieux étrangers. Le Psalmiste dit que le Seigneur est assis au milieu des dieux et qu’il juge avec eux (Psaumes 81.1). Et ailleurs (Psaumes 46.10) : Les dieux de la terre se sont fort élevés. Et encore (Exode 7.1) : Dieu dit à Moïse : Je vous ai établi le Dieu de Pharaon.

Les bons Israélites avaient une si grande aversion et un si extrême mépris des dieux étrangers, qu’ils ne daignaient pas même les nommer (Psaumes 14.4 Exode 23.13) ils déguisaient, ils défiguraient, leurs poins, en y substituant quelque terme de mépris : par exemple, au lieu d’Elohim, ils les nomment Elilim des riens, des dieux de néant : au lieu de Miphiboal, et de Méribaat, et de Jérubaal, ils disaient Miphiboseth, et Mériboseth, et Jériboseth : Baal signifie un maître, un mari, et Boseth signifie une chose honteuse, une chose digne de confusion. Quelquefois aussi ils nommaient les idoles des ordures, en hébreu Gélulim, stercora, ou dii stercorei. Dieu défend aux Israélites de jurer par les dieux étrangers et de prononcer leurs noms dans leurs serments (Exode 23.13).

Moïse dit que les Israélites ont adoré les dieux étrangers, qu’ils ne connaissaient point et à qui ils n’avaient pas été donnés (Deutéronome 19.26), c’est-à-dire, des dieux qui n’étaient point leurs dieux, à qui ils n’appartenaient pas ; ce qui augmente leur ingratitude et le crime de leur rébellion. On peut traduire l’hébreu : Des dieux étrangers, et qui ne leur avaient rien donné. En comparant ce passage avec d’autres de l’Écriture, il semble que Dieu ait abandonné les autres nations aux dieux étrangers, aux astres, aux idoles, et qu’il se soit réservé son peuple comme son propre héritage ; non qu’il excuse ou qu’il pardonne l’idolâtrie des autres peuples ; mais elle est sans comparaison moins criminelle que celle des Hébreux. Comparez (Deutéronome 29.26 Deutéronome 4.19; 17.3; Actes 7.42; Jérémie 19.13; 2 Rois 17.16; 21.3-5, 2; 2 Chroniques 33.3-5; Amos 5.25-26, 27) et voyez saint Clément d’Alexandrie, Stramat livre 6,p. 669, et saint Justin, Dialog cum Tryphone, page 274. B.

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