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Exode

Ce terme vient du grec exodos, qui signifie sortie. Il se donne au second des livres sacrés de l’Ancien Testament, parce qu’il contient l’histoire de la sortie des Israélites de l’Égypte, sous la conduite de Moïse. On y voit la naissance de Moïse, son éducation, sa fuite, les persécutions que les rois d’Égypte firent souffrir aux Hébreux, le retour de Moïse du pays de Madian, les plaies dont il frappa l’Égypte, la sortie des Hébreux, le passage de la mer Rouge, la manière dont la loi fut donnée, l’érection du tabernacle, et la, célébration de la seconde Pà que. Il contient l’histoire de cent quarante-cinq ans, à la prendre depuis la mort de Joseph, arrivée l’an du monde 2369, avant Jésus Christ 1631, avant l’ère vulgaire 1635, jusqu’à l’an du monde 2514, qui est la fin de la première année après la sortie de l’Égypte. Les Hébreux donnent à ce livre le nom de Veelle schemoth, parce qu’il commence par ces mots, qui signifient : Et voici les noms, etc.

La chronologie que nous suivons ne fait demeurer les Hébreux en Égypte que pendant deux cent quinze alti, depuis l’entrée de Jacob dans ce pays, l’an 2298, jusqu’à la sortie des Israélites sous Moïse, l’an du monde 2513. Cependant on lit expressément dans l’Exode (Exode 22.40) qu’ils y demeurèrent quatre cent trente ans. [Voyez Accroissement de La population des Israélites en Égypte]. M. Boivin l’aîné, qui a travaillé très-longtemps sur la chronologie de Josephe et des Septante, prétend avoir rétabli par le moyen d’un passage de Manéthon le nombre de quatre cent trente ans dont parle Moïse. Voici le passage de Manéthon : Nous eûmes un roi, nommé Timaus, sous lequel, je ne sais pourquoi, Dieu nous fut contraire. Tout d’un coup, lorsqu’on s’y attendait le moins, des hommes d’une origine obscure vinrent du côté de l’Orient, et firent irruption dans notre pays : ils s’en rendirent aisément les maîtres, même sans livrer combat. S’étant saisis des princes qui gouvernaient l’Égypte, ils mirent le feu aux villes du pays, renversèrent les temples des dieux, et traitèrent selon toute la rigueur de la guerre ceux qui tombèrent entre leurs Mains : enfin ils choisirent pour roi l’un d’entre eux, nommé Salatis.

Ce prince établit le siège de son empire dans la ville de Memphis, et toute l’Égypte haute et basse lui devint assujettie. Il mit de grosses garnisons dans les lieux les plus forts du pays, et fortifia principalement, la frontière orientale, prévoyant bien que les Assyriens, quand une fois ils seraient devenus plus puissants, ne manqueraient pas de tenter la conquête de l’Égypte. Ayant remarqué dans le nome Saïtique une ville nommée Abaris d’une situation très-avantageuse, il la fortifia, et, l’enfermant d’une très-vaste enceinte de murailles, il y mit une garnison de deux cent quarante mille hommes…

Salatis mourut après dix-neuf ans de règne ; il eut pour successeur Boeon, qui en régna quarante-quatre. Apachnas succéda à Boeon, et régna trente-six ans, Apophis soixante et un, Janias cinquante ans et un mois ; enfin Assis, le dernier de tous, régna quarante-neuf ans deux mois. Ces six princes régnèrent de suite en Égypte, et traitèrent le pays en ennemis, s’efforçant d’en arracher, pour ainsi dire, jusqu’à la racine.

La race de ces princes s’appelait Hic-sos, c’est-à-dire rois pasteurs… Il y en a qui disent qu’ils étaient Arabes : dans d’autres livres je lis qu’ils étaient non rais, mais captifs ; car en égyptien, Hic, lorsqu’il se prononce comme Hac, signifie des captifs, et cela me paraît plus vraisemblable et plus conforme à l’ancienne histoire.

Manéthon ajoute que ces rois pasteurs et leurs descendants possédèrent l’Égypte pendant cinq cent onze ans, après quoi les rois de la Thébaïde et du reste de l’Égypte leur firent une longue et sanglante guerre.

Sous le roi Alis-Fragmuthosis, les pasteurs furent vaincus et chassés de l’Égypte, et réduits dans la ville d’Avarie ou Abaris, qu’ils avaient fermée de murailles dans l’étendue de dix mille arpents de terre. Thémosis, fils d’Alis-Fragmuthosis, les y assiègea avec une armée de quatre cent quatre-vingt Mille hommes ; et, voyant qu’il ne pouvait les riduire où lalorce, il leur permit de se retirer ou ils voudraient. Ils sortirent d’Égypte, et se retirèrent en Judée, où ils bâtirent Jérusalem, d’une grandeur capable de contenir toute leur multitude. Ils passèrent par les déserts de Syrie, craignant la puissance des Assyriens, qui étaient alors les maîtres de l’Asie.

Voilà sur quoi l’on fonde la restitution chronologique pour la demeure des enfants d’Israël dans l’Égypte, dont nous avons parlé.

M. Boivin arrange son système de cette sorte : Les Hébreux passèrent paisiblement soixante-onze ans dans l’Égypte, sous Jacob et Joseph, du temps des Pharaons, protecteurs des Israélites. Ils y régnèrent ensuite deux cent cinquante-neufans et dix mois, sous Éphraïm, fils et successeur de Joseph, et sous Beria, Rapha, Reseph, Thalé et Thaan, ses fils, dénommés dans les Paralipomènes (1 Chroniques 7.23-27). Le même Éphraïm et ses fils sont nommés dans l’histoire sacrée des Égyptiens, citée par Manéthon, Salathis, Boeon, Aphachnas, Apophis, Janias, Assis.

Enfin ils y passèrent quatre-vingt-dix-neuf ans deux mois en servitude, sous les Pharaons, leurs ennemis, sous les Éphraïmites Laudan, Ammiud et Elizama, aussi dénommés dans les Paralipomènes (1 Chroniques 7.26). Les Israélites ont donc changé trois fois d’état en Égypte : ils y ont été successivement pasteurs, rois et captifs. Leur vie pastorale et leur servitude ne sont point contestées ; il ne reste qu’à montrer qu’ils y ont régné. L’Écriture ne le dit pas ; mais elle rapporte des actions de royauté et d’autorité absolue qu’ils y ont faites, selon M. Boivin.

Il suppose qu’à la mort de Joseph, ou à la mort de Pharaon, son protecteur, il y eut changement de dynastie en Égypte, et que les héritiers de Pharaon qui avait élevé Joseph furent supplantés par Vaheb, dont le nom se trouve dans le livre des Guerres du Seigneur, cité dans les Nombres (Nombres 21.14), et qui est nommé Timaüs dans Manéthon. Ce nouveau Pharaon, qui ne connaissait point Joseph, ni les services qu’il avait rendus aux Égyptiens ; Vaheb, dis-je, jaloux de la puissance des Israélites, entreprit de rétablir l’idolâtrie dans la terre de Gessen, occupée par les Hébreux. Éphraïm, fils et successeur de Joseph, s’y opposa, et voulut venger la mort des anciens Pharaons, protecteurs de sa famille ; mais cette guerre ne lui fut point heureuse : dès sa première expédition, qui fut contre la ville de Geth, il perdit neuf de ses fils, qui sont : Suthala 1.Bared, Thalath 1.Elada, Thalath 2.Sabud, Suthala 2.Ezer et Elad.

L’Écriture parle de cette expédition (1 Chroniques 7.20-21), mais elle dit simplement qu’ils furent mis à mort par ceux de Geth, dont ils voulaient envahir les biens, et d’ailleurs Gall n’était pas dans l’Égypte.

Les autres fils d’Éphraïm vinrent pour consoler leur père (1 Chroniques 7.22), et prirent la résolution de venger la mort de leurs frères. Éphraïm donc, à la tête des pasteurs, c’est-à-dire de tous ceux qui adoraient le vrai Dieu, attaqua les Égyptiens. C’est dans cette guerre, dit notre auteur, qu’arrivèrent les miracles dans la plaine de Thanis, dont il est parlé dans les psaumes (Psaumes 77.12-43). Vaheb fut dévoré par un tourbillon de feu, comme dit le livre des Guerres du Seigneur, et le soleil et la lune s’arrétèrent, pendant que la nation des justes se vengeait de ses ennemis, comme dit le livre des Justes cité dans Josué (Josué 10.13). Alors Ephraim, nommé autrement Salathis, prit le titre de roi d’Égypte, et il eut pour successeurs ses fils dénommés ci-devant.

Après deux cent cinquante-neuf ans et dix mois de règne, les Éphraïmites dégénérèrent, oublièrent le Seigneur, et tombèrent dans l’idolâtrie, comme on le voit dans Josué (Josué 24.14). Dieu les livra à leurs ennemis, qui les battirent dans un grand combat, marqué au psaume (Psaumes 77.9, 10, 11, 12, 42, 43). Ils demeurèrent assujettis aux Égyptiens pendant quatre-vingt dis-neufans et deux mois, jusqu’à leur sortie de l’Égypte sous Moïse.

M. Boivin croit qu’il y a une interruption d’histoire dans l’Écriture, depuis la mort de Joseph, par où finit la Genèse, jusqu’à la naissance de Moïse, par où commence l’Exode. Il prétend que l’histoire de ce temps-là était contenue dans d’anciens livres qui sont perdus, et dont il ne reste que les titres et quelques fragments dans les auteurs sacrés comme Le livre des Guerres du Seigneur (Nombres 30.14), le Livre des Justes (Josué 10.13 ; 1 Samuel 1.18), et celui des Cantiques Proverbiaux (Nombres 30.27).

Ce système serait beaucoup plus plausible, si le nombre des années marqué dans l’lanéthon revenait exactement à celui de Moïse ; mais au lieu que Moïse ne marque que 430 ans depuis l’entrée des Hébreux dans l’Égypte sous Jacob, jusqu’à leur sortie sous Moïse ; Manéthon dit que les rois pasteurs et leurs descendants régnèrent en Égypte pendant cinq cent onze ans, après quoi les rois de la Thébaïde leur firent la guerre pendant longtemps, et enfin les obligèrent de se retirer en Judée. La différence des années est grande, et je ne vois guère de moyen de la concilier ; d’ailleurs le règne d’Éphraïm et de ses cinq fils successivement sans interruption et sans qu’aucun de ceux-ci ait laissé le royaume à son fils, parait peu croyable : il est même assez malaisé de prouver que le dernier de ces cinq fils ait vécu 250ans, comme il le faut supposer dans le système de M. Boivin : quoi qu’il en soit, voici comme il dispose cette succession des rois pasteurs.

Rois de Gessen.

Jacob, 17 ans ;

Joseph, 54 ans ;

Hicsos, ou rois pasteurs, selon Manéthon.

Éphraïm sous le nom de Salathis, 19 ans ;

Béria, autrement Béon, 44 ans ;

Rapha, autrement Aphachnas, 36 ans 7 mois.

Reseph, autrement Apophis, 61 ans ;

Thalé, ou Janias, 50 ans 1 mois ;

Thaan, ou Assis, 49 ans 2 mois.

Hacsos, ou captifs pasteurs. Servitude en Égypte.

Laadan,40 ans ;

Ammiud, 40 ans ;

Elizama, 19 ans 2 mois ;

Depuis l’entrée de Jacob en Égypte, jusqu’à la sortie de Moïse, il y a 430 ans (Exode 12.40).

Nun, fils d’Elizama, contemporain de Moïse, qui a régné 40 ans ;

Josué, fils de Nun, a jugé 27 ans

Tous ceux-ci sont descendus de Joseph par Éphraïm.

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