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Ézéchias

Ézéchias (1)

Roi de Juda, fils d’Achaz et d’Abi, naquit l’an du monde 3251, Achaz, son Père, n’ayant encore qu’onze ans. Il y a sur cet âge quelque difficulté ; mais l’Écriture marquant qu’Achaz n’avait que vingt ans lorsqu’il commença à régner, et qu’il ne régna que seize ans, il s’ensuit qu’il n’a vécu que trente-six ans. Or, la même Écriture dit qu’Ézéchias avait vingt-cinq ans lorsqu’il commença à régner. Il faut donc conclure qu’Achaz, son père, l’avait eu à l’âge de onze ans ; ce qui est assez extraordinaire, mais qui n’est nullement impossible.

(d’après la chronologie de l’Art de vérifier les dates, Achaz monta sur le trône à l’âge de vingt-cinq ans, et non de vingt seulement, comme le portent l’Hébreu et la Vulgate, contredits sur cela par les Septante de l’édition de Londres et les versions arabe et syriaque… Il mourut à l’âge de quarante ans, vers la fin de la quinzième année de son règne… Ézéchias lui succéda à l’âge de vingt-cinq ans. J’omets les explications. Si Achaz avait quarante ans lorsqu’il mourut, et Ézéchias, vingt-cinq ans lorsqu’il lui succéda, il s’ensuit qu’Achaz avait quinze ans lorsque Ézéchias vint au monde).

Ézéchias succéda à son père Achaz l’an du monde 3277 ou 3278, avant Jésus-Christ 722, avant l’ère vulgaire 726. Il fit ce qui était bon et agréable au Seigneur. Il détruisit les hauts lieux, abattit les bois profanes et brisa les statues que le peuple avait adorées sous le règne d’Achaz. Il fit mettre en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait, parce que les enfants d’Israël lui brûlaient de l’encens. Dès le premier mois de la première année de son règne (2 Chroniques 29.3-4), il fit ouvrir les grandes portes de la maison du Seigneur, et les rétablit. Il convoqua les prêtres et les lévites, et les exhorta à purifier et à nettoyer le temple, et à le mettre en état d’y offrir les sacrifices, comme du passé. Les prêtres et les lévites ayant exécuté les ordres du roi, on commença à immoler sur l’autel du temple les victimes pour le péché, et les holocaustes que le roi fournit. Après cela, les princes du peuple offrirent encore une grande quantité de victimes ; et le culte du Seigneur fut parfaitement rétabli dans sa maison.

Comme jusqu’alors on avait négligé de faire la fête de Pâque, Ézéchias invita à cette fête non-seulement tout son peuple mais aussi ceux du royaume d’Israel (2 Chroniques 30). Quelques-uns s’en moquèrent ; mais plusieurs y vinrent, et on fit la pâque la plus solennelle que l’on eût vue depuis très-longtemps. Après cela, tout le peuple se mit à ruiner les restes d’idolâtrie, qui étaient non-seulement dans les terres de l’obéissance d’Ézéchias, mais aussi dans celles où régnait Osée, dernier roi d’Israel, qui voyait sans jalousie que son peuple retournât au culte du Seigneur. Ézéchias mit tous ses soins à entretenir le bien qu’il avait établi dans le temple (2 Chroniques 31), et à faire fournir aux prêtres et aux autres ministres du Seigneur les aliments et les choses nécessaires pour leur entretien. Tout le peuple apporta les dîmes et les prémices en si grande quantité, qu’il y en eut de reste.

Quelques années après, Ézéchias secoua le joug du roi des Assyriens (2 Chroniques 32.1-3), et refusa de leur payer le tribut accoutumé. Il battit les Philistins, et ruina tout leur pays, depuis la tour des gardes jusqu’aux villes fortes. Il se mit à fortifier Jérusalem, à en réparer les murs et à y bâtir des tours. Il y ramassa des armes et des provisions, établit de bons commandants sur ses troupes, boucha les sources qui étaient au dehors de la ville, et n’oublia rien pour se mettre en état de faire une vigoureuse résistance.

Cependant Sennachérib, roi d’Assyrie, marcha contre lui, entra dans les terres de Juda, et se rendit maître de la plupart drs villes du pays. Ézéchias, voyant que les rois d’Égypte et de Chus, avec qui il avait fait alliance, ne venaient point à son secours, et ne se sentant pas assez fort pour résister à un si puissant ennemi, lui envoya des ambassadeurs pour le prier de se retirer de dessus ses terres, lui promettant de se soumettre à tout ce qu’il voudrait.

Sennachérib lui demanda trois cents talents d’argent et trente talents d’or ; et pour lui faire cette somme, Ézéchias fut obligé d’épuiser tous ses trésors, et d’arracher même les lames d’or qu’il avait autrefois mises aux portes du temple. Mais Sennachérib, ayant reçu cet argent, au lieu de s’en retourner et de laisser Ézéchias en paix, lui envoya de Lachis, dont il faisait le siège, à Jérusalem, trois des premiers officiers de sa cour, pour le sommer de se rendre. Ces officiers demandèrent à parler à Ézéchias ; mais ce prince ne jugea pas à propos de sortir de la ville ; il leur envoya Eliacim, Sobna et Joahé, à qui Rabsacès parla d’une manière insolente, exagérant le pouvoir de son maître, et disant qu’Ézéchias ne pourrait pas même lui fournir mille hommes, pour monter mille chevaux que Sennachérib lui fournirait. Il ajouta que c’était en vain que les Juifs mettaient leur confiance dans le roi d’Égypte : que Pharaon serait à leur égard comme un roseau cassé, qui se brise sous celui qui veut s’appuyer dessus, et qui lui perce la main ; que Sennachérib n’était venu dans la Judée que pour obéir à l’ordre du Seigneur, qui lui avait dit : Entrez dans cette terre, et la ravagez.

Et comme Rabsacès parlait hébreu, et que le peuple de Jérusalem était sur les murs qui l’écoutait, les députés d’Ézéchias le prièrent de parler syriaque, parce qu’ils entendaient cette langue, et de ne pas parler hébreu devant tout le peuple qui écoutait de dessus les murailles. Rabsacès répondit : Est-ce pour parler à votre maître et à vous, que mon seigneur m’a envoyé ici ? et n’est-ce pas plutôt pour parler à ces hommes qui m’écoutent du haut des murs, et que vous voulez réduire à boire avec vous leur urine, et à manger leurs excréments ? En même temps il éleva sa voix et exhorta le peuple à venir se rendre à son maître, ajoutant que comme il n’y avait point eu de dieux qui eussent pu garantir de ses mains les nations qu’il avait subjuguées, aussi le Seigneur ne pourrait les sauver des armes du roi d’Assyrie.

Ézéchias, ayant entendu ces blasphèmes, déchira ses habits, se couvrit d’un sac, alla à la maison du Seigneur, et envoya rendre compte au prophète Isaïe de ce que Rabsacès avait dit ; mais Isaïe dit : Voici ce que dit le Seigneur : Ne craignez point ces discours menaçants et pleins de blasphèmes que vous avez entendus. Je vais envoyer contre Sennachérib un esprit de frayeur, qui l’obligera à s’en retourner à son pays ; et il y périra par l’épée. En effet, ce roi, ayant quitté le siège de Lachis, et étant allé faire celui de Lebna, apprit que Tharaca, roi de Chus, marchait contre lui pour le combattre. Il quitta le siège de cette place pour aller à la rencontre de Tharaca ; et en même temps il envoya des lettres à Ézéchias, par lesquelles il lui disait qu’il ne devait pas mettre sa confiance en son Dieu ; que cela ne le garantirait pas de ses mains, non plus que les dieux des autres nations ne leur avaient de rien servi contre l’effort de ses armes.

Ézéchias, ayant reçu ces lettres, monta au temple, les étendit devant le Seigneur, fit sa prière, et pria Dieu de le délivrer des mains de ce fier et insolent ennemi. Le Seigneur exauça sa prière, et lui envoya dire par le prophète Isaïe, qu’il ne craignît point les menaces de Sennachérib ; que ce prince serait bientôt obligé de s’en retourner dans son pays ; qu’il ne ferait point le siège de Jérusalem, et ne l’attaquerait point ; et que le Seigneur protégerait et défendrait la ville et son peuple. En effet, la même nuit qui suivit cette prédiction, l’ange du Seigneur descendit dans le camp des Assyriens, et y tua cent quatre-vingt-cinq mille-hommes de l’armée de Sennachérib ; de sorte que ce prince fut obligé de se retirer promptement à Ninive, où deux de ses fils le tuèrent à coups d’épée, comme il adorait son dieu Nesroch dans son temple. Il eut pour successeur Assaradon.

Peu de temps après cette guerre, et la même année que Sennachérib était venu sur les terres de Juda, qui était la quatorzième année d’Ézéchias, ce prince tomba très-dangereusement malade (Isaïe 38 2 Chroniques 32.29-30). C’était apparemment un abcès ou un ulcère. Les rabbins croient que Dieu le frappa de cette maladie, en punition de sa négligence, parce qu’il n’avait pas composé un cantique d’actions de grâces, pour sa délivrance de la guerre de Sennachérib. Mais le second livre des Paralipomènes (2 Chroniques 32.24) semble attribuer cette maladie à l’élévation du cœur d’Ézéchias, qui n’avait pas assez reconnu qu’il ne devait sa délivrance qu’à la pure faveur de Dieu. Quoi qu’il en soit, le prophète Isaïe le vint trouver, et lui dit : Mettez ordre aux affaires de votre maison ; car vous ne vivrez pas davantage, et vous mourrez. Ézéchias, se tournant le visage contre la muraille, adressa sa prière à Dieu avec une abondance de larmes. Isaïe n’était pas encore passé la moitié du vestibule, que le Seigneur lui dit de retourner vers Ézéchias. Il y vint, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur J’ai entendu votre prière, et j’ai vu vos larmes. Je vous ai guéri, et dans trois jours vous irez au temple ; et j’ajouterai encore quinze ans à votre vie. De plus, je vous protégerai contre le roi des Assyriens, et je garantirai Jérusalem de ses insultes. En même temps Isaïe se fit apporter une masse de figues, qu’il mit sur l’ulcère du roi ; et il fut guéri.

Mais auparavant Ézéchias lui avait dit : Quel signe aurai-je que le Seigneur me guérira ? Isaïe lui répondit : Voulez-vous que l’ombre du soleil avance de dix lignes, ou qu’elle retourne en arrière de dix lignes dans l’horloge d’Achaz ? Ézéchias demanda que l’ombre retournât de dix lignes en arrière, comme chose qui lui paraissait plus difficile ; et le prophète ayant invoqué le Seigneur, l’ombre retourna comme il l’avait promis. Il y a assez d’apparence que cette rétrogradation, qui fut très-sensible et très-réelle dans la montre d’Achaz, fut causée par quelque réflexion des rayons du soleil, sans qu’il fût nécessaire que cet astre rétrogradât réellement. Ézéchias, après sa guérison, composa un cantique d’actions de grâces au Seigneur, que le prophète Isaïe nous a conservé (Isaïe 38.9-11) [Voyez Ninive].

« Ce prodige a pu être remarqué partout, dit Delort de Lavaur ; on aperçut le soleil revenir et prendre son cours du couchant, comme s’il s’y était levé, et rebrousser vers le levant, comme s’il devait s’y coucher (Isaïe 38.8). Le soleil remonta de dix degrés, par lesquels il était déj à descendu. Le roi de Babylone envoya des ambassadeurs (2 Rois 20.12) à Ézéchias, pour s’instruire particulièrement avec lui du prodigieux changement qu’on avait vu dans le ciel, et qui avait surpris toute la terre.

Dieu avait fait un prodige de même espèce en faveur et sur l’ordre de Josué (Josué 10.12), qui par sa seule parole arrêta le soleil et la lune pour avoir le temps d’achever la défaite des Amorrhéens, contre lesquels il combattait à la tête du peuple de Dieu ; ces astres, alors immobiles durant douze heures, firent durer ce jour autant que deux jours ordinaires ; si bien qu’il semblait que le soleil, comme il fit depuis pour Ézéchias, eût de même reculé durant six heures, et fût revenu dans autant de temps au même point où il s’était arrêté ; sans que cela apportât dans ces deux occasions aucun changement aux choses de la terre, qui semblent cependant dépendre si fort du cours des astres.

La mémoire en est gravée dans les traditions anciennes des Égyptiens, qui confirment la foi de ces prodiges par l’attestation de témoins qu’on ne peut soupçonner de vouloir favoriser les Juifs et relever leur gloire.

Hérodote (livre 2) rapporte que ces traditions des temps reculés, que les Égyptiens donnaient à leur nation, portaient qu’on y avait vu le soleil changer quatre fois son cours : c’est-à-dire, aller deux fois se coucher vers l’endroit où il se lève ordinairement, et se lever autant de fois du côté où il a accoutumé de se coucher, sans que ce renversement eût produit aucun changement sur la terre ni sur les eaux, sans qu’il eût causé des morts ni des maladies ; et il joint ce récit immédiatement à celui du monument de Sennachérib, comme ils se suivent dans l’histoire sainte.

Solin Polyhistor dit de même que les Égyptiens tiennent des anciennes traditions de leurs ancêtres, qu’ils ont vu autrefois coucher le soleil où il se lève, et se lever où il se couche. On ne peut souhaiter des témoignages plus authentiques, pour confirmer la vérité de ces prodiges et la foi de nos saintes Écritures.

En ce temps-là (an du monde 3291, avant Jésus-Christ 709, avant l’ère vulgaire 713), Mérodach, ou Bérodach-Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres et des présents à Ézéchias parce qu’il avait su qu’il avait été malade, et qu’il savait qu’au temps de sa guérison, il était arrivé un grand prodige à Jérusalem (2 Chroniques 21.31). Ézéchias se trouva fort flatté de cette ambassade. Il fit voir aux envoyés du roi de Babylone tous ses trésors, ses aromates, ses vases précieux ; en un mot, il ne leur cacha rien de tout ce qui était dans son palais. Le prophète Isaïe vint ensuite trouver le roi ; et ayant appris ce qui s’était passé, il lui dit de la part du Seigneur : Il viendra un temps que tout ce qui est dans votre maison, et tout ce que vos pères y ont amassé jusqu’à ce jour, sera transporté à Babylone. Vos enfants mêmes seront pris pour être eunuques dans le palais des rois de Babylone. Ézéchias répondit : La volonté de Dieu soit faite ; tout ce qu’il a ordonné est plein de justice : que la paix et la vérité règnent dans les jours de ma vie. Ce prince passa tranquillement les dernières années de sa vie, amassa de grandes richesses, fit conduire des eaux dans la ville, et mourut l’an du monde 3306, avant Jésus-Christ 694., avant l’ère vulgaire 698. Il eut pour successeur Manassé qui n’hérita ni de sa sagesse ni de sa piété. Les livres saints rendent témoignage au mérite et à la piété d’Ézéchias en plusieurs occasions ; et Jésus, fils de Sirach, auteur de l’Ecclésiastique, lui a consacré un éloge dans le chapitre 48 de son livre. [Voyez mon Histoire de l’Ancien Testament].

Ézéchias (2)

Second fils de Naaria, descendant de Zorobabel (1 Chroniques 3.23).

Ézéchias (3)

Fils de Sellum, fut un de ceux qui s’opposèrent aux Israélites qui avaient emmené captifs un grand nombre de leurs frères de la tribu de Juda, et qui les obligèrent à les remettre en liberté (2 Chroniques 28.13) [Voyez Azarias, fils de Johanan].

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