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Les faunes sont des animaux sauvages de la nature des singes, ayant quatre pattes, mais ne se servant communément que de celles de derrière : ils ont le visage à-peu-près comme l’homme, le devant sans poil, et le derrière tout velu. On en trouve dans les Indes, dans la province d’Angola. On dit qu’on en apporta un, il y a quelques années, en Hollande, où il vécut quelque temps. Saint Jérôme dit que du temps de l’empereur Constantin on en porta un à Alexandrie qui y mourut bientôt d’ennui et de tristesse ; on l’embauma, et on le porta à l’empereur, qui était alors à Antioche. Le même saint dit que saint Antoine en rencontra dans son chemin, en allant chercher saint Paul l’Ermite. Plutarque raconte qu’après la défaite de Mithridate on en amena un à Sylla. On connaît aussi d’autres faunes, qui sont des divinités champêtres des païens, ayant des cornes sur la tête et des pieds de bouc.
Les faunes, ou divinités bocagères et champêtres, ne sont point connus des Grecs, mais seulement des Latins, qui taisaient leur fête le cinquième de décembre, et qui leur sacrifiaient un chevreuil dans les prés, parmi les réjouissances de tous les villages voisins. Faune chez les Romains était la même chose que Pan chez les Grecs ; du moins les Faunes étaient compagnons de Pan. Quoiqu’on les honorât comme des demi-dieux, on croyait pourtant qu’ils mouraient après un certain temps.
Le prophète Jérémie (Jérémie 50.39) et quelques autres leur donnent l’épithète de Ficarii, que quelques-uns traduisent par mangeurs de figues. Plusieurs exemplaires lisent sicariis au lieu de ficariis, et l’expliquent de faunes cruels et assassins ; mais la leçon ficariis est plus communément reçue d’autres dérivent ficarii, non des figues, ficus, ficûs, mais du mot ficus, fici, qui signifie le fic, une excroissance de chair spongieuse et fibreuse, qui vient en différents endroits du corps, et principalement autour du fondement et des parties honteuses, et à laquelle on croyait que les faunes étaient sujets. On les représente de même que les satyres, tantôt avec la forme humaine, ayant seulement une queue comme de cheval ou de bouc, et tantôt avec des oreilles de bouc et des cornes : enfin on les confond presque toujours avec les satyres ; d’où vient que, quand on en parle, on dit Faunus an satgrus, parce qu’on ignore si c’est l’un ou l’autre, à cause qu’on les dépeint de même.
Quant à l’existence des faunes, on sait que saint Jérôme a fait ce qu’il a pu pour la prouver dans sa Vie de saint Paul l’Ermite ; mais il n’a pas réussi à la persuader à bien du monde. Il y a encore une infinité d’incrédules sur l’article, quoique les relations qui nous parlent des hommes marins et des sauvages pourraient rendre la chose moins incroyable. On voit dans certains endroits des singes qui ont assez de ressemblance aux faunes et aux satyres, et qui sont assez adroits et assez divertissants pour faire croire qu’ils ont de l’intelligence. Il y a beaucoup d’apparence que les anciens, qui ont honoré les faunes, les sylvains, les pans et les satyres, en ont parlé et pensé comme ils ont fait des tritons, des nymphes et des néréïdes ; ils ont imaginé des génies qui dominaient dans les bois, dans les champs et dans les déserts, dans la mer et dans les eaux ; et la superstition leur a donné ensuite des corps feints à plaisir, à-peu-près comme nos peintres en donnent aux anges et aux démons, aux vertus, aux vices, aux villes, aux provinces, aux dieux des fleuves, et aux déesses des fontaines, etc.
L’hébreu porte dans l’endroit cité de Jérémie : (Jérémie 1.39) : Les ziims y demeureront avec les iims ; et on trouve les mêmes termes dans Isaïe (Isaïe 34.14), où nous lisons, suivant la Vulgate : Les démons et les onocentaures s’y rencontreront ; l’hébreu : Les ziims rencontreront des iims. En comparant tous les passages où se trouvent ces termes, il nous paraît que ziim signifie des pécheurs, des matelots, des gens de mer, et iim des îles ; et qu’on peut traduire l’endroit de Jérémie par : Les pêcheurs habiteront les îles ; et celui d’Isaïe : Les pécheurs, ou ceux qui navigueront dans ce pays-là, y rencontreront des îles ; c’est-à-dire, Babylone sera tellement ruinée, que les eaux couvriront même ses ruines, et que les pécheurs et les nautoniers qui passeront par là n’y verront que quelques îles formées de l’amas de ses ruines.
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