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Gabaon

Ville capitale (Il semblerait, d’après ce mot, qu’il y avait un royaume de Gabaon. La Vulgate, en effet, dit que Gabaon était une des villes royales de Chanaan (Josué 10.2) ; mais on ne voit pas qu’elle ait eu un roi, et l’hébreu dit qu’elle était comme une des villes royales. Elle n’était donc pas capitale d’un État politique particulier) des Gabaonites, qui vinrent surprendre la religion de Josué et des anciens d’Israël, en leur faisant entendre qu’ils étaient d’un pays fort éloigné, et qu’ils souhaitaient faire alliance avec le peuple du Seigneur (Josué 9.3-4). Josué et les anciens n’eurent pas la précaution de consulter Dieu sur cette affaire ; ils s’engagèrent trop légèrement dans l’alliance de ces peuples (An du monde 2553, Avant Jésus-Christ 1447, Avant l’ère vulgaire 1451) mais bientôt ils reconnurent leur faute ; et ayant fait venir les Gabaonites, ils leur reprochèrent leur supercherie ; et sans révoquer la promesse qu’ils leur avaient faite de les conserver, ils les condamnèrent à porter l’eau et le bois au tabernacle du Seigneur, comme des esclaves, ou des captifs pris à la guerre ; servitude dans laquelle ils demeurèrent jusqu’à la ruine et l’entière dispersion de la nation juive.

Trois jours après, les rois chananéens, ayant appris que les Gabaonites s’étaient livrés aux Hébreux (Josué 10.3), vinrent assièger la ville de Gabaon. Les Gabaonites ne se sentant pas assez forts pour résister à cinq rois qui les venaient attaquer ; car Adonisédech, roi de Jérusalem ; Oham, roi d’Hébron ; Pharan, roi de Jérimoth ; Japhia, roi de Lachis ; et Dabir, roi d’Eglon, étaient devant leur ville avec leurs années ; ils vinrent trouver Josué et lui demandèrent un prompt secours contre ces cinq princes. Josué marcha toute la nuit avec l’élite des troupes d’Israël, attaqua les cinq rois dès le matin, les mit en fuite, et les poursuivit jusqu’à la descente de Béthoron. Alors Dieu fit tomber sur eux une grêle de pierres, qui en assomma un très-grand nombre ; et Josué, craignant que la nuit ne lui ravit une parie des avantages de cette victoire, pria Dieu de retarder le cours du soleil et de la lune, en disant : Soleil, qui êtes vis-à-vis Gabaon, ne vous remuez point ; et vous, lune, arrêtez-vous vis-à-vis Aïaon. Dieu écouta la voix de Josué : le soleil et la lune s’arrêtèrent, et on ne vit jamais un si long jour. Josué et le peuple d’Israël eurent donc tout le loisir de poursuivre et de tuer leurs ennemis. [Voyez Aïalon].

Les cinq rois furent pris et enfermés dans une caverne, en attendant que Josué et le peuple fussent de retour de la poursuite des ennemis : après quoi on les égorgea et on les pendit à des poteaux, où ils demeurèrent jusqu’au soir. Nous ne nous étendons point ici à satisfaire à toutes les questions que l’on peut former sur ce miracle de Josué. On peut consulter sur cela notre Dissertation qui est à la tête du Commentaire de Josué.

Les Gabaonites étaient de la race des Hévéens, anciens habitants du pays, et ils possédaient quatre villes, dont Gabaon était la capitale. Ces villes étaient Caphira, Béroth, Cariat-ïarim et Gabaon, qui furent depuis données à la tribu de Benjamin, à l’exception de Cariat-ïarim, qui tomba en partage à la tribu de Juda. Les Gabaonites demeurèrent toujours, dans la suite, soumis aux charges que Josué leur avait imposées, et fort fidèles aux Israélites. Toutefois Saül, on ne sait par quel mauvais zèle, en fit périr un très-grand nombre (2 Samuel 21.1-3), s’imaginant peut-être qu’il était de son devoir d’exterminer tous les restes des chananéens du pays ; mais le Seigneur, en punition de cette cruauté, envoya sous le règne de David une grande famine qui désola tout le pays et qui dura trois ans (An du monde 2983, Avant. Jésus-Christ 1017, Avant l’ère vulgaire 1021). David, touché des maux de son peuple, s’adressa au Seigneur ; et les prophètes lui dirent que ce mal continuerait toujours, jusqu’à ce qu’on eût vengé les Gabaonites de la cruauté que Saül avait exercée contre eux, au préjudice de l’alliance que Josué et les princes du peuple avaient faite au nom du Seigneur. Alors David demanda aux Gabaonites quelle satisfaction ils désiraient. Ils répondirent : qu’on nous donne sept fils de Saül, et nous les ferons mourir, pour venger le sang de nos frères. David leur livra donc deux fils que Saül avait eus de Respha, et cinq fils que Mérob, fille de Saül, avait eus d’Hadriel. Les Gabaonites les crucifièrent devant le Seigneur. Cela s’exécuta au commencement du printemps, lorsqu’on commence dans la Palestine à couper les orges. Respha, concubine de Saül, demeura près de ces corps et y coucha, les gardant contre les oiseaux du ciel et contre les animaux carnassiers, depuis le commencement de la moisson, jusqu’à ce que Dieu, fléchi par ce sacrifice, envoyât de l’eau sur la terre et lui rendit la fécondité.

Depuis ce temps il n’est plus fait mention, dans l’Écriture, des Gabaonites, comme composant une espèce de peuple à part ; mais nous croyons qu’on doit les entendre sous le nom de Nathinéens (1 Chroniques 9.2), ou « donnés », qui étaient des esclaves publics destinés au service du temple. Dans la suite on joignit aux Gabaonites ceux des chananéens que l’on assujettit, et à qui l’on voulut bien conserver la vie. On voit, par l’Écriture, que David (Esdras 8.20), Salomon (Esdras 2.58 ; 1 Rois 9.20-21) et les princes de Juda en donnèrent un bon nombre au Seigneur, et que ces Nathinéens ayant été menés en captivité avec la tribu de Juda et les lévites, il en revint un grand nombre avec Esdras, Zorobabel et Néhémie, et qu’ils continuèrent, après la captivité comme auparavant, à servir au temple, sous les ordres des prêtres et des lévites (Esdras 8.17 ; 2.70 ; Néhémie 3.26 ; 11.21).

Gabaon était assise sur une hauteur, comme son nom même le dénote. Elle était à quarante stades de Jérusalem, selon Josèphe ; c’est-à-dire environ à deux lieues de cette ville, vers le nord. Elle est nommée Gabaa (2 Samuel 5.25), comparé à (1 Chroniques 14.16). Gabaa et Gabaon ont la même signification littérale. Il est parlé, dans quelques endroits de l’Écriture (2 Samuel 2.16 ; Jérémie 4.12) de la fontaine et de la piscine de Gabaa, qui étaient apparemment au bas du coteau sur lequel était bâtie Gabaon.

On ne sait ni quand, ni par qui, ni à quelle occasion le tabernacle et l’autel des holocaustes, que Moïse avait faits dans le désert, furent transportés à Gabaon ; mais on sait certainement qu’ils y étaient sur la fin du règne de David (1 Chroniques 21.29-30) et au commencement de celui de Salomon.

David, ayant vu l’ange du Seigneur sur l’aire d’Ornan, en tut tellement effrayé, qu’il n’eut pas la force d’aller jusqu’à Gabaon, pour y offrir le sacrifice. Mais Salomon, étant monté sur le trône de David, alla à Gabaon pour y sacrifier (1 Rois 3.4), parce que c’était là le plus considérable de tous les hauts lieux du pays où les sacrifices étaient alors tolérés, parce que le temple n’était pas encore bâti.

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