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Marc Agrippa, favori de l’empereur Auguste. Son nom ne se trouve pas dans les livres canoniques du Vieux ni dans ceux du Nouveau Testament ; mais comme il en est parlé dans Josèphe et dans Philon, et qu’il entre dans l’histoire des Juifs, nous en dirons ici quelque chose. Auguste lui fit épouser sa fille Julie, et lui donna le gouvernement de toute l’Asie. Hérode le Grand, qui lui avait les dernières obligations, alla lui rendre ses respects à Mitylène. De là il l’amena à Jérusalem, où il fut reçu avec des honneurs extraordinaires. Agrippa n’en parlait jamais qu’avec complaisance. Il vit avec respect le bel ordre qui s’observait dans le Temple ; il y offrit une hécatombe, donna un festin à ceux de Jérusalem, et accorda à Hérode et au peuple tout ce qu’ils lui demandèrent. Dans ce voyage, il visita Sébaste et Césarée qu’Hérode avait bâties en l’honneur d’Auguste, et fut charmé de la magnificence du roi des Juifs et de la somptuosité de ces deux villes. Ce voyage d’Agrippa à Jérusalem arriva l’an du monde 3990, avant Jésus-Christ 10. On dit que le nom d’Agrippa vient du latin oeger partus, à cause que ceux qui naissent les pieds les premiers viennent plus difficilement, sont ordinairement plus malheureux, et sont sujets aux maux des pieds.
Surnommé Hérode, fils d’Aristobule et de Mariamne, et petit-fils d’Hérode le Grand, naquit l’an du monde 3997, trois ans avant Jésus-Christ, sept ans avant l’ère, vulgaire. Après la mort d’Aristobule, son père, Hérode le Grand, son aïeul, prit soin de son éducation, et l’envoya à Rome pour faire sa cour à Tibère. Cet empereur prit Agrippa en affection, et le mit auprès de son fils Drusus. Agrippa gagna bientôt les bonnes grâces de Drusus et de l’impératrice Antonia. Mais Drusus ayant été enlevé par une mort prématurée, et Tibère ayant ordonné à tous ceux qui avaient approché de son fils de se retirer de Rome, afin que leur vue et leur présence ne renouvelassent pas sa douleur ; Agrippa, qui avait suivi son penchant à la libéralité, fut obligé de se retirer en Judée, accablé de dettes et dans une fort grande pauvreté. Il n’osa aller à Jérusalem, parce qu’il n’était pas en état d’y faire la figure qui convenait à sa naissance ; il fut obligé de se retirer au château de Massada, où il vivait plutôt en particulier qu’en prince. Hérode le Tétrarque son oncle, qui avait épousé Hérodiade sa sœur, l’assista pendant quelque temps avec assez de générosité. Hérode lui donna la principale magistrature de Tibériade, avec une assez grande somme d’argent. Mais tout cela ne suffisait pas aux dépenses excessives et aux prodigalités d’Agrippa ; en sorte qu’Hérode se lassant de lui faire du bien, et lui ayant même fait un jour quelques reproches sur son peu d’économie, Agrippa en fut si touché qu’il prit la résolution de quitter la Judée et de s’en retourner à Rome.
Mais comme il manquait d’argent, Marsyas, son affranchi, s’adressa pour cela à un des affranchis de Bérénice, appelé Protus. Protus consentit de prêter la somme de vingt mille drachmes (8082 livres en milieu 19e siècle), sous le cautionnement de Marsyas, et à condition qu’Agrippa, qui lui devait déjà, lui ferait une obligation de vingt mille drachmes, quoiqu’il n’en reçût que dix-sept mille cinq cents. Il emprunta de plus deux cent mille drachmes auprès d’Alexandre, alabarque ou chef des Juifs d’Alexandrie, à condition que Cyprus, femme d’Agrippa, en répondrait ; et encore Alexandre ne voulut-il lui donner qu’une partie de cette somme à Alexandrie ; il lui fit remettre le surplus en Italie lorsqu’il y fut arrivé.
L’empereur Tibère tenait alors sa cour à Caprée et Agrippa, avant que d’aller plus avant, lui fit savoir son arrivée, et lui demanda s’il aurait pour agréable qu’il lui fit la révérence (An 36 de Jésus-Christ). Tibère, a qui le temps avait fait oublier la mort de Drusus, lui fit témoigner qu’il était bien aise de son retour, et qu’il le verrait volontiers à Caprée. Il y alla, et l’empereur, pour marque de distinction, lui donna un appartement dans son palais et le combla de caresses.
Dès le lendemain, l’empereur reçut des lettres d’Hérennius, intendant de ses affaires en Judée, par lesquelles il lui donnait avis qu’Agrippa ayant emprunté trois cent mille pièces d’argent du trésor de Sa Majesté, il s’était enfui de Judée sans les payer. Cette nouvelle fâcha Tibère, et l’aigrit de telle sorte contre Agrippa, qu’il lui commanda de sortir du palais et de payer ce qu’il devait. Agrippa ne se laissa point abattre par ce contre=temps ; il s’adressa à l’impératrice Antonia, et la pria de lui prêter cette somme. Antonia qui aimait Agrippa à cause de Bérénice sa mère, ne put lui refuser cette faveur, et, par ce moyen, Agrippa sortit de ce fâcheux embarras. Tibère lui rendit ses bonnes grâces, et lui commanda de suivre Tibère-Néron, fils de Drusus. Agrippa se sentant plus d’inclination pour Caïus Caligula, fils de Germanicus, et petit-fils d’Antonia, s’attacha à lui préférablement à Tibère-Néron, comme s’il eût eu un pressentiment de la future élévation de Caïus, qui était alors aimé de tout le monde. Les assiduités et les belles manières d’Agrippa gagnèrent tellement Caïus, qu’il ne pouvait vivre sans lui.
Un jour qu’ils étaient ensemble dans une litière, Agrippa dit à Caïus : Quand verrai-je le jour que ce vieillard (il parlait de l’empereur) ira en l’autre monde, et vous laissera maitre de celui-ci, sans que son petit-fils Tibère-Néron puisse vous y faire obstacle I Que la terre serait heureuse, et que je verrais volontiers ce moment ! Ce discours fut entendu par Eutyche, affranchi d’Agrippa, qui n’en dit rien sur l’heure ; mais quelque temps après, croyant avoir sujet d’être mécontent d’Agrippa, il demanda à parler à l’empereur, et dit qu’il avait des choses de la dernière conséquence à lui communiquer touchant Agrippa.
Tibère, qui était fort lent dans tout ce qu’il faisait, se contenta pour lors d’ordonner que l’on gardât Eutyche. Cependant Agrippa qui ne savait pas ce que cet affranchi pourrait dire, et se croyant entièrement innocent, pressait Tibère d’écouter Eutyche et de terminer cette affaire. L’empereur, qui aimait Agrippa, ne se hâtait pas d’approfondir cette accusation. Enfin Agrippa employa l’impératrice, et força, pour ainsi dire, l’empereur de faire venir Eutyche, et d’écouter ce qu’il avait à dire contre son maître.
Aussitôt Agrippa fut chargé de chaînes et mis sous la garde d’un officier, qui le garda assez étroitement, mais qui ne laissait pas d’avoir des égards pour lui, en considération d’Antonia qui le lui avait fait recommander. Tibère étant mort quelque temps après, et Caïus Caligula étant monté sur le trône, combla Agrippa de biens et de faveurs, changea sa chaîne de fer en une chaîne d’or, lui mit le diadème royal sur la tête, et lui donna la Tétrarchie que Philippe, fils du grand Hérode, avait possédée, c’est-à-dire la Batanée et la Trachonite ; il y ajouta celle de Lysanias, et bientôt Agrippa revint en Judée pour prendre possession de son nouveau royaume (An de Jésus-Christ, 39).
La vue de sa bonne fortune ayant excité la jalousie d’Hérodias, sa sœur, femme d’Hérode le Tétrarque, elle engagea le roi son mari à aller à Rome, dans l’espérance d’obtenir aussi de Caïus le titre de roi. Mais à peine était-il arrivé en Italie, que Fortunat, affranchi d’Agrippa, y arriva aussi avec des lettres de son maître, par lesquelles il accusait Hérode son oncle d’avoir eu des intelligences avec Séjan, et d’en avoir encore avec Artabane, roi des Parthes ; et pour preuve de cela, il assurait qu’on trouverait dans ses arsenaux de quoi armer soixante et dix mille hommes. Comme Hérode parlait encore à Caïus, Fortunat arriva et présenta les lettres d’Agrippa à l’empereur. Il les ouvrit aussitôt, et les ayant lues, il demanda à Hérode s’il était vrai qu’il eût une si grande quantité d’armes. Hérode ne l’ayant pu nier, fut aussitôt relégué dans les Gaules, et sa Tétrarchie fut donnée à Agrippa, l’an de Jésus-Christ 40.
L’empereur Caïus ayant entrepris de se faire adorer, et voulant passer pour un dieu, voulut faire mettre sa statue dans le temple de Jérusalem (An de Jésus-Christ 40). Mais les Juifs s’y opposèrent avec tant de constance, que Pétrone n’osa passer outre ; il prit même la liberté d’écrire à l’empereur la résistance qu’il y trouvait de la part des Juifs. Agrippa, qui était alors à Rome, étant entré chez l’empereur dans le temps qu’il venait de lire la lettre de Pétrone, Caïus lui dit que les Juifs étaient les seuls d’entre tous les hommes qui ne voulaient pas le reconnaître pour un dieu ; qu’ils s’étaient soulevés contre lui, pour s’opposer à sa résolution. À ces mots, Agrippa tomba comme évanoui ; on l’emporta chez lui et il demeura sans sentiment et sans connaissance jusqu’au soir du lendemain. Dès qu’il fut un peu, revenu à lui, il écrivit à Caïus une longue lettre pour essayer de le fléchir. Ses raisons firent impression sur l’esprit de l’empereur, et il quitta, au moins pour un temps et en apparence, la résolution de placer sa statue dans le temple de Jérusalem.
Caïus ayant été mis à mort au commencement de l’année suivante (24 janvier de l’an 41 après Jésus-Christ), Agrippa, qui se trouvait à Rome, contribua beaucoup par ses conseils à maintenir Claude dans l’empire qui lui avait été déféré par les soldats. Mais Agrippa, dans cette affaire, joua un rôle où il fit paraître plus d’habileté et d’adresse que de sincérité et de bonne foi. Pendant qu’il faisait semblant d’être dans les intérêts du sénat, il disait secrètement à Claude de tenir ferme et de ne pas abandonner sa bonne fortune. L’empereur, en reconnaissance de ses bons offices, lui donna toute la Judée et le royaume de Calcide, qui avait été possédé par Hérode, son frère. De sorte qu’Agrippa se vit tout d’un coup un des plus puissants princes d’Orient, et possédant autant ou plus que n’avait possédé le grand Hérode, son aïeul. Il revint en Judée, et la gouverna au grand contentementdes Juifs. Mais l’envie de leur plaire et le faux zèle qu’il eut pour leur religion, le portèrent à une action d’injustice (An de Jésus-Christ 41) dont l’Écriture nous a conservé la mémoire (Actes 12.1-3).
Vers la fête de Pâques de l’an 44 de Jésus-Christ, il fit arrêter saint Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de saint Jean l’Évangéliste, et l’ayant fait mourir par l’épée, il arrêta aussi saint Pierre et le fit mettre en prison, attendant que la fête de Pâques fût passée pour le faire mourir. Mais Dieu ayant tiré saint Pierre de sa prison par un miracle la mauvaise volonté d’Agrippa n’eut point d’effet à cet égard. Après la fête, Agrippa alla de Jérusalem à Césarée, et y fit représenter des jeux en l’honneur de Claude. Ceux de Tyr et de Sidon y vinrent pour lui demander la paix. Ce prince s’étant rendu au théâtre de grand matin pour leur parler, il s’assit sur son trône, vêtu d’une robe toute tissue d’argent et d’un travail admirable. Le soleil à son lever la frappa de ses rayons et lui donna un éclat que les yeux pouvaient à peine supporter. Lors donc qua le roi parlait aux Tyriens et aux Sidoniens, le peuple et les flatteurs commencèrent à crier que c’était la voix d’un dieu et non d’un homme.
Au lieu de rejeter ces flatteries impies, Agrippa les reçut avec complaisance ; en même temps il vit au-dessus de lui un hibou sur une corde. Il avait déjà vu autrefois le même oiseau, lorsqu’il était dans les liens, sous Tibère, et il lui fut dit alors que bientôt il serait mis en liberté ; mais que lorsqu’il verrait la même chose une seconde fois, il n’aurait plus que cinq jours à vivre. Il fut donc saisi d’une extrême frayeur, et en même temps l’Ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas rendu gloire à Dieu. Il fallut le reporter dans son palais, où il mourut au bout de cinq jours, consumé par les cruelles douleurs qu’il sentait dans le ventre, et rongé de vers. Telle fut la mort d’Hérode Agrippa, après sept ans de règne, l’an 44 de Jésus-Christ. Il laissa un fils âgé de dix-sept ans, nommé Agrippa comme lui, et trois filles ; savoir : Bérénice, mariée à Hérode, son oncle, frère de son père ; Mariamne, fiancée à Jules Archélaüs, fils de Chelcias ; et Drusille, promise à Épiphane, fils d’Archélaüs, roi de Comagène.
Le jeune, fils de celui dont nous venons de parler, était à Rome auprès de l’empereur Claude, lorsqu’Agrippa, son père, mourut. L’empereur voulait lui donner tous les États de son père, mais ceux qui étaient auprès de l’empereur l’en dissuadèrent. Il retint Agrippa encore quatre ans auprès de lui, et envoya en Judée Cuspius Fadus pour la gouverner, en attendant que ce jeune prince, qui n’avait alors que dix-sept ans, fût en état de régner. L’année suivante, 45 de Jésus-Christ, le gouverneur de Syrie étant venu à Jérusalem, voulut obliger les Juifs à remettre entre les mains de Fadus les ornements du grand-prêtre, pourêtre gardés dans la tour Antonia, ainsi qu’ils l’étaient avant que Vitellius en eût remis la garde aux Juifs. Mais ceux-ci, en donnant des otages, obtinrent permission d’envoyer à Rome des députés, qui, par le crédit et les bons services du jeune Agrippa, furent maintenus dans la possession où ils étaient de conserver les ornements pontificaux.
L’an 48 de Jésus-Christ, Hérode, roi de Calcide, oncle du jeune Agrippa, étant mort, l’empereur donna ses États à ce jeune prince. Cependant Agrippa n’alla en Judée que quatre ans après, c’est-à-dire en l’an de Jésus-Christ 53, lorsque Claude, lui ayant ôté le royaume de Calcide, lui donna la Gaulanite, la Trachonite, la Batanée, Panéade et l’Abylène, laquelle avait été possédée autrefois par Lysanias.
Après la mort de Claude, son successeur Néron, qui affectionnait Agrippa, lui donna encore Juliade dans la Pérée, et cette partie de la Galilée où étaient Tarichée et Tibériade. Festus, gouverneur de Judée, étant arrivé dans son gouvernement, l’an 60 de Jésus-Christ, le roi Agrippa et Bérénice, sa sœur, vinrent à Césarée pour le saluer ; et comme ils y demeurèrent assez longtemps, Festus parla au roi de l’affaire de saint Paul qui avait été arrêté dans le temple environ deux ans auparavant, et qui, depuis peu de jours, avait appelé à l’empereur.
Agrippa dit à Festus (Actes 25.13-17) : Il y a bien du temps que j’ai envie d’entendre parler cet homme. Vous l’entendrez demain, répondit Festus. Le lendemain donc Agrippa et Bérénice vinrent avec grande pompe, et étant entrés dans la salle des audiences, Paul y fut amené, et Festus dit à Agrippa : 0 roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici présents avec nous, vous voyez cet homme contre lequel tout le peuple Juif m’est venu trouver dans Jérusalem, me représentant avec de grandes instances et de grands cris qu’il n’était pas juste de le laisser vivre plus longtemps. Cependant j’ai trouvé en l’examinant qu’il n’avait rien fait qui fût digne de mort ; et comme lui-même a appelé à l’empereur, je suis résolu de le lui envoyer ; mais comme je n’ai rien de certain à lui en écrire, je l’ai fait venir devant cette assemblée, et principalement devant vous, o roi Agrippa, afin qu’après avoir examiné son affaire, je sache ce que j’en dois écrire ; car il me semble qu’il n’y a point d’apparence d’envoyer un prisonnier sans marquer en même temps quels sont les crimes dont on l’accuse.
Alors Agrippa dit à Paul (Actes 26.1-5) : On vous permet de parler pour votre défense. Paul aussitôt ayant étendu la main, commença à dire : Je m’estime heureux, o roi Agrippa, de pouvoir aujourd’hui me justifier devant vous de toutes les choses dont les Juifs m’accusent, parce que vous êtes pleinement informé de toutes les coutumes des Juifs et de toutes les questions qui sont entre eux. C’est pourquoi je vous prie de m’écouter avec patience. Après cela il déclara qu’il n’était dans les chaînes que pour avoir soutenu l’espérance d’Israël, c’est-à-dire la résurrection des morts. Puis, s’adressant à Agrippa, il lui dit : Vous semble-t-il donc incroyable que Dieu ressuscite les morts ?
Il raconta après cela les persécutions qu’il avait fait souffrir aux chrétiens, et la manière miraculeuse dont Dieu l’avait converti en allant à Damas pour les rechercher et les mettre en prison. Comme il parlait de la résurrection de Jésus-Christ et de l’apparition qu’il avait eue en allant à Damas, Festus s’écria : Vous êtes insensé, Paul, votre grand savoir vous met hors de sens. Paul lui répondit : Je ne suis point insensé, très-excellent Festus ; mais les paroles que je viens de dire sont des paroles de vérité et de bon sens ; car le roi Agrippa est bien informé de tout ceci, parce que ce ne sont pas des choses qui se soient passées en secret. 0 roi Agrippa, ne croyez-vous pas aux prophètes ? Je sais que vous y croyez. Et Agrippa dit à Paul : Il ne s’en faut guère que vous ne me persuadiez d’être chrétien. Paul lui répondit : Plût à Dieu que non-seulement il ne s’en fallût guère, mais qu’il ne s’en fallût rien du tout que vous et tous ceux qui m’écoutent présentement ne devinssent tels que je suis, à la réserve de ces liens ! Alors le roi et tous les assistants s’étant levés, Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être renvoyé absous, s’il n’eût point appelé à César.
Agrippa ôta le pontificat à Joseph Cahéi pour le donner à Ananus l’an 62 de Jésus-Christ Ce fut cet Ananus qui fit mourir saint Jacques le Mineur à Jérusalem, vers la fête de Pà ques (An 62 de Jésus-Christ). Mais cette action déplut tellement à tout le monde, qu’Agrippa lui ôta le pontificat, qu’il n’avait tenu que trois mois, et le donna à Jésus, fils de Damnée. Quelque temps après, il accorda aux Lévites destinés à chanter dans le temple, l’usage de la robe de lin, qui jusqu’alors avait été réservée aux seuls prêtres. Et comme il n’y avait qu’une partie des Lévites employés à chanter, et que les autres étaient occupés à d’autres fonctions dans le temple, il permit à ceux-ci d’apprendre aussi à chanter, pour pouvoir avoir part au privilége qu’il venait d’accorder aux autres.
Pendant que tout se disposait à la révolte dans la Judée, Agrippa fit tout ce qu’il put pour calmer les esprits, et pour les porter à la paix. Mais ses efforts n’eurent que très-peu de succès. Il suspendit pendant quelque temps, mais il n’arrêta pas entièrement l’émotion des Juifs aigris et poussés à bout par l’insolence et la cruauté de leurs gouverneurs. Ils se déclarèrent hautement contre les Romains en l’an de Jésus-Christ 66, et Agrippa se vit forcé de joindre ses forces à celles des Romains, pour réduire ses compatriotes et pour aider à prendre Jérusalem. Après la ruine de cette ville, il se retira à Rome avec sa sœur Bérénice, avec qui il avait toujours vécu d’une manière peu circonspecte ; ce qui avait donné occasion à beaucoup de discours peu avantageux à l’un et à l’autre. Il y mourut âgé d’environ soixante et dix ans, vers l’an 90 de Jésus-Christ
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