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Japhet

Japhet (1)

Fils de Noé. Il est ordinairement nommé le troisième dans l’ordre des enfants de Noé. Toutefois nous croyons qu’il était l’aîné de ses trois fils. Japhet naquit l’an 500 de Noé (Genèse 5.31). Moïse dit expressément qu’il était le plus ancien des fils de Noé (Genèse 10.21), suivant la traduction des Septante et de Symmaque. Le même Moïse dit que Cham était le plus jeune des trois (Genèse 9.24). Enfin Moïse (Genèse 11.10) dit que Sem, deux ans après le déluge, n’avait que cent ans. Il n’était donc né que l’an 502 de Noé. Ainsi Japhet était le plus ancien des trois.

Japhet eut pour partage l’Europe et une partie de l’Asie. Ses descendants possédèrent toute l’Europe et les îles de la Méditerranée, tant celles qui appartiennent à l’Europe que celles qui dépendent de l’Asie. Ils eurent toute l’Asie Mineure et les parties septentrionales de l’Asie au-dessus des sources du Tigre et de l’Euphrate. Noé, en bénissant Japhet, lui dit (Genèse 9.27) : Que le Seigneur dilate Japhet ; que Japhet demeure dans les tentes de Sem, et que Chanaan soit son esclave. Cette bénédiction de Noé s’accomplit lorsque les Grecs et après eux les Romains portèrent leurs conquêtes dans l’Asie et dans l’Afrique où Sem et Chanaan avaient leur demeure et leur domination.

Les enfants de Japhet furent Gomer, Magog, Madaï, Javan, Tubal, Mosoc et Thiras. L’Écriture dit (Genèse 10.5) qu’ils peuplèrent les îles des nations et s’établirent en divers pays, chacun suivant sa langue, sa famille et son peuple. Nous croyons que Gomer fut père des Cimbres ou Cimmériens ; Magog, des Scythes ; Madaï, des Macédoniens ou des Mèdes ; Javan, des Ioniens et des Grecs ; Thubal, des Tibaréniens ; Mosoc, des Mosques ou Russiens ; et Thiras, des Thraces. Mais nous parlerons de chacun de ces descendants de Japhet, sous leurs titres en particulier. Sous le nom d’îles des nations, les Hébreux entendent les îles de la Méditerranée et tous les pays séparés par la mer du continent de la Palestine, et où les Hébreux ne pouvaient aller que par mer ; comme les Espagnes, les Gaules, l’Italie, la Grèce, l’Asie Mineure.

Japhet a été connu des profanes sous le nom de Japetus. Les poètes le font père du Ciel et de la Terre, ou de Titan et de la Terre. Sa demeure fut en Thessalie, où il se rendit célèbre par sa puissance et sa violence. Il épousa une nymphe nommée Asie, dont il eut quatre fils : Hesperus, Atlas, Epiméthée et Prométhée, qui sont tous très-célèbres dans la Fable ou l’histoire ancienne. Les Grecs croient que Japhet a été le père de leur race, et ils ne reconnaissent rien de plus ancien que lui ; d’où vient le proverbe : Vieux comme Japhet, ou simplement Japhet, pour un homme extrêmement âgé. Il y a beaucoup d’apparence aussi que l’on a confondu Neptune avec Japhet. Leur nom a assez de ressemblance. Neptune est le Dieu de la mer, comme Japhet est le maître des îles des nations. Saturne partage tout le monde à ses trois fils, Jupiter, Pluton et Neptune ; ainsi Noé distribue toute la terre à Sem, Cham et Japhet. Jupiter est le même que Cham ou Ammon ; Pluton est caché sous le nom de Sem ; et Japhet, sous celui de Neptune. Voyez Bochart, M.Huet, le Père Morin, etc [Nous allons citer Delort de Lavaur, Conférence de la Fable avec l’Histoire sainte, seconde édition, in-8°, Avignon, 1835.

« De Japhet, fils de Noé, dit-il, la fable fit Neptune dieu des mers, parce qu’une grande partie du partage de Japhet furent les îles, les péninsules, les côtes des mers et les lieux maritimes sur les côtes de l’Asie, la Grèce, l’Archipel et l’Europe. Aussi les enfants de Japhet, partageant entre eux les pays échus à leur père, sont dits dans l’Écriture avoir partagé les îles de sa domination (Genèse 11) ; et Evhemère, qui avait composé en grec une histoire des dieux, prise des inscriptions des anciens temples, traduite en latin par Annius, et rapportée par Lactance, enseigne que les îles et tous les lieux voisins des mers furent le partage de Neptune comme de Japhet.

On a aussi formé le nom de Neptune du même sens de celui de Japhea ; qui en hébreu veut dire étendu, dilaté, suivant la bénédiction que Noé lui donna (Genèse 9), ou du terme hébraïque Phata, qui signifie la même chose ; ou plutôt du terme égyptien Nephthyn, c’est-à-dire des promontoires et des côtes des mers. Le nom grec de Neptune (Poséidon), Possidonius, veut aussi dire, répandu et étendu, en langage syriaque et phénicien, d’où les Grecs l’ont transporté dans le leur.

On l’a appelé un second Jupiter, comme ayant dans son partage le même pouvoir que Jupiter dans le sien ; mais Jupiter avait beaucoup usurpé, comme Cham, du partage de ses frères.

On l’appelait Taureau, du mugissement des flots de la mer ; Dompteur des chevaux, par la comparaison de la course des navires avec celle des chevaux. On célébrait sous les mêmes noms ceux qui avaient enseigné à dompter les flots de la mer, dont le premier fut Noé, père de Japhet ; et après lui Japhet qui avait les îles et les côtes des mers en partage. On peint Neptune porté sur les flots dans un char traîné par des chevaux.

On a pris de la famille de Japhet la fable de Prométhée, qu’on fait fils de Japet, sous le nom duquel on a toujours reconnu Japhet, fort peu déguisé, quoiqu’on l’ait dit frère de Saturne, par la facilité de confondre quelques degrés dans des généalogies aussi anciennes et prises sur des traditions altérées. On lui a donné pour femme une fille de l’Océan, comme des îles avaient été données en partage à Japhet.

Diodore de Sicile conte que, du temps de Prométhée, il arriva un grand déluge en Égypte, où presque tous les hommes de ce pays périrent. Le nom de Prométhée signifie Prévoyance, qui fut le caractère éclatant de Noé, et par laquelle il sauva dans sa seule famille tout le genre humain. On dit que Prométhée le forma, comme Noé le rétablit ; qu’il fit descendre le feu du ciel, comme Noé le fit descendre sur le sacrifice qu’il offrit à Dieu après le déluge, Dieu voulant lui témoigner qu’il l’agréait. Les poètes ont attaché Prométhée au mont Caucase, qui fait partie des montagnes d’Arménie, où Noé s’arrêta ; et la particularité d’un oiseau qui déchire continuellement les entrailles de Prométhée n’est que l’explication du nom de Magog, fils de Japhet, qui signifie en hébreu un cœur qui se dessèche ou qui se fond, une date déchirée.

De Japhet, la Fable, a aussi formé Japet, ce qui n’est qu’un même nom, la lettre Pi des Grecs répondant au Phe des Hébreux, et le Pi et le Philippiens étant aisément confondus dans le grec. Elle l’a fait fils du Ciel et de la Terre, et puissant dans la Thessalie, comme fut Japhet sorti de l’arche. On ne voyait rien au delà de ce temps ainsi les Grecs ont reconnu Japet, ou Japhet, pour leur premier père. Ses descendants occupèrent l’Europe, la Grèce et une partie de l’Asie. La Fable s’accorde en ce point avec l’histoire (4). »]

Outre les sept fils de Japhet, dont on a parlé ci-devant, les Septante, Eusèbe, la Chronique d’Alexandrie et saint Augustin lui en donnent un huitième, nommé Eliza, qui n’est ni dans l’hébreu ni dans le chaldéen. Les Arabes donnent aussi à Japhet un fils, dont il n’est point parlé en cet endroit ; savoir Cozar, qui se retira, dit-on, sur les bords du Volga, où il bâtit une ville à qui il donna son nom. Il y a des auteurs qui soutiennent que les Israélites des dix tribus emmenés captifs par les rois d’Assyrie passèrent dans le pays de Cozar, et s’avancèrent jusque dans la Tartarie et dans la Chine. Mais les Hébreux soutiennent que Cozar était seulement petit-fils de Japhet par Togarma. Il se trouve ainsi dans Josèphe fils de Gorion ; mais on ne le voit nulle part dans le texte hébreu.

Arnobe le jeune, sur le psaume cent quatrième, dit que Japhet posséda le fleuve du Tigre et de deux cents pays ou provinces qui parlaient vingt-trois langues : en sorte que ces vingt-trois langues, jointes aux autres langues des fils de Cham et de Sem, font en tout soixante-douze langues, et que tous les pays peuplés par les trois fils de Noé sont au nombre de mille.

Les musulmans mettent Japhet an nombre des prophètes envoyés de Dieu ; ils croient qu’il est l’aîné des fils de Noé, et que son père, après le déluge, lui donna en partage les provinces qui sont à l’orient et au septentrion des montagnes d’Arménie, sur lesquelles l’arche s’arrêta.

Avant que Japhet partit pour se rendre dans ce pays qui lui était donné en partage, Noé lui fit présent d’une pierre que les Turcs orientaux appellent Giudé-Tasch et Senk-Jede, sur laquelle il avait écrit le grand nom de Dieu, par la vertu duquel celui qui la possédait pouvait faire descendre la pluie du ciel à discrétion. Cette pierre prétendue s’est conservée assez longtemps parmi les Mogols.

Les Orientaux donnent à Japhet onze enfants mâles, savoir :

1° Gin ou Sin, ou Tchin, père des Chinois ;

2° Seklab, père des Esclavons ou anciens Chalybes ;

3° Manschuge, d’où viennent les Goths ou Scythes, appelés autrement Gog et Magog, ou Jagiouge et Magiouge ;

4° Gomari ou Gomer, connu dans Moïse, que nous croyons être le père des Cimbres et des Germains ;

5° Turk, père des peuples connus sous le nom général de Turcs ;

6° Khalage, qui est une race de ces peuples nommés Turcs ;

7° Khosar, d’où sont descendus les Kozariens. Voyez ci-devant Chozar ou Cozar ;

8° Ros ou Rous, père des Russiens ou Moscovites ;

9° Soussan ;

10° Gaz ;

11° Tarage, d’où sont venus les Turcomans.

Japhet maria ses onze fils à leurs propres sœurs, afin que le pays qu’ils devaient posséder fût plus tôt peuplé. En effet, les provinces septentrionales passent pour avoir été peuplées toutes des premières.

Japhet (2)

Judith parle d’une province nommée Japhet : (Judith 2.15). On ne connaît point de province au midi de la Cilicie qui ait été peuplée par Japhet. Aussi quelques-uns voudraient lire Jephleth ou Jephleti, au lieu de Japhet d’autres lisent Japha ou Jaffa, qui est la même que Joppé. Mais il faut avouer que l’on ne sait ce que c’est que Japhet au midi de la Cilicie.

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