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Jean

Jean (1)

En hébreu Jochanan, signifie gracieux, agréable ; ou la grâce de Dieu, agréable à Dieu. L’Écriture nous parle de plusieurs hommes illustres du nom de Jean, Joanne ou Jochanan. Le premier est Jean (1 Machabées 2.1), père de Matathias, et célèbre Machabée, qui était de la race des sacrificateurs de la famille de Joïarib.

Jean (2)

Surnommé Gaddis, fils de Matathias, dont on vient de parler, et frère de Judas, de Jonathas et de Simon Machabées (1 Machabées 2.2). Jean Machabée fut tué en trahison par les enfants de Jambri, comme il conduisait le bagage des Machabées, ses frères, chez les Nabathéens, leurs alliés (1 Machabées 9.36-38). [Plusieurs croient que c’est lui qui est appelé Joseph (2 Machabées 8.22 ; 10.19)]

Jean Hircan (3)

Fils de Simon Machabée. Voyez l’article Hircan.

Jean-Baptiste (4)

Précurseur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et fils de Zacharie et d’Élisabeth, naquit l’an du monde 4000, environ six mois avant Jésus-Christ. Sa naissance, son emploi, son nom furent prédits à Zacharie, son père, lorsqu’il était dans le temple de Jérusalem, où il faisait ses fonctions de prêtre, suivant le rang de sa famille (Luc 1.10-11). L’ange Gabriel lui apparut comme il était dans le Saint, et lui annonça qu’il aurait un fils qui serait nommé Jean, dont la naissance causerait une joie universelle à tout le monde ; que ce fils serait grand devant le Seigneur, qu’il ne boirait, ni vin, ni autre liqueur propre à enivrer, et qu’il serait rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère ; qu’il convertirait plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur ; enfin qu’il viendrait dans l’esprit et dans la vertu d’Élie, pour ramener les enfants désobéissants dans la voie de leurs pères, et pour préparer au Seigneur un peuple parfait.

Zacharie, qui était vieux et dont la femme était aussi trop âgée pour avoir des enfants, témoigna sur cela de la défiance : mais l’ange l’assura de la vérité de sa promesse, et lui dit : Je suis Gabriel, qui ai été député pour vous annoncer cette nouvelle : et dans ce moment vous allez devenir muet jusqu’au jour que vous verrez l’accomplissement de ce que je vous dis. En effet, il devint muet à l’heure même : et étant de retour dans sa maison, Élisabeth conçut. Mais comme si elle eût eu honte de sa grossesse, elle se tint cachée pendant cinq mois. Au sixième mois, le même ange Gabriel fut envoyé à la Vierge Marie, pour lui annoncer qu’elle deviendrait mère du Messie ; et pour preuve de la vérité de sa promesse, il lui dit qu’Élisabeth était dans le sixième mois de sa grossesse. Alors Marie vint en diligence dans les montagnes de Judée, pour visiter Élisabeth. Dès qu’elle entra dans la maison de Zacharie, et qu’elle salua Élisabeth, l’enfant, que celle-ci portait encore dans son sein, tressaillit de joie ; et elle fut remplie du Saint-Esprit. Elle éleva sa voix, bénit Marie, sa cousine, et lui dit : d’où me vient ce bonheur, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ?

Le temps des couches d’Élisabeth étant arrivé, ses parents et ses voisins s’en réjouirent ; et étant venus le huitième jour pour circoncire l’enfant, ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère lui dit Non ; mais il sera nommé Jean. Ils lui répondirent : Il n’y a personne dans votre famille qui porte ce nom. Et ils demandaient par signes au père de l’enfant, comment il voulait qu’on le nommât ; et ayant demandé des tablettes, il écrivit dessus : Jean est son nom. En même temps sa langue se délia, et il commença à louer Dieu par un beau cantique où, après avoir loué le Seigneur, il dit en s’adressant au jeune Jean-Baptiste : Et vous, petit enfant, vous serez appelé Prophète du Très-Haut ; car vous marcherez devant le Seigneur pour lui préparer les voies ; pour donner à son peuple la connaissance du salut, afin qu’il obtienne la rémission de ses péchés. Or l’enfant croissait et se fortifiait en esprit, et il demeurait dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël.

Quelques anciens monuments apocryphes, portent qu’Hérode cherchant Jésus-Christ et saint Jean pour les faire mourir, Élisabeth se sauva avec son fils dans les montagnes, et qu’après avoir erré et monté longtemps, accablée de fatigue, elle dit : Ô montagne de Dieu, recevez la mère avec son fils ; et qu’aussitôt la montagne s’ouvrit, puis se referma et les déroba ainsi aux poursuites d’Hérode. Un ange leur tint compagnie, et les éclaira pendant qu’ils furent dans ce sombre réduit. On lit dans Jean Mosch que saint Jean demeurait dans une caverne, en un lieu nommé Sapsas, environ à un mille au delà du Jourdain. Saint Chrysostome et saint Jérôme croient qu’il fut élevé dans le désert dès l’enfance. Mais saint Pantin enseigne qu’il passa les premières années de sa vie dans sa maison paternelle, où il apprit la loi de Moïse ; et que dès que son corps fut fortifié par l’âge, il se retira dans le désert, où il demeura, ne mangeant et ne buvant point, comme dit Jésus-Christ (Matthieu 11.18) ; c’est-à-dire, mangeant et buvant si peu, et des choses si peu propres à contenter le goût et la sensualité, que l’on pouvait dire en quelque sorte qu’il ne mangeait point, n’usant que de miel sauvage, de sauterelles, et n’étant vêtu que de poil de chameaux et d’une ceinture de cuir qu’il portait sur ses reins (Matthieu 3.4) [Où était la demeure de Zacharie, et dans quel désert Jean se retira-t-il ? Quant à la première question, le sentiment commun est que Zacharie demeurait à Hébron : c’est une conjecture faite par les commentateurs sur un texte de saint Luc (Luc 1.39), racontant que Marie, voulant visiter sa cousine Élisabeth, partit de Nazareth et alla au pays des montagnes, dans une ville de Juda. Je ne vois rien dans ce texte qui puisse servir de fondement à la conjecture qui désigne Hébron. Zacharie était prêtre, et Hébron était une ville sacerdotale (Josué 21.11) ; cela est vrai : mais je n’y vois rien non plus qui puisse faire supposer avec probabilité que Zacharie demeurait à Hébron.

Il y avait d’autres villes sacerdotales dans la tribu de Juda. Esan ou Aschan était originairement de cette tribu (Josué 15.42), et sacerdotale (1 Chroniques 6.59), elle était la même que Aen ou Aïn, pareillement comptée parmi les sacerdotales de Juda (Josué 15.32 ; 21.16). Cette ville, nommée soit Esan, soit Aïn, fut donnée, il est vrai, à la tribu de Siméon (Josué 19.7) ; mais peu importe ; où était la circonscription des tribus depuis le schisme d’Israël, depuis le retour de la captivité ? Il n’y avait plus que Juda ou la Judée, et Juda ou la Judée, au temps de l’Évangéliste avait plus d’étendue que l’ancienne tribu de ce nom. Or, il existe une tradition d’après laquelle Zacharie avait sa résidence à Aïn. « La sainte Vierge, dit l’auteur des Voyages de Jésus-Christ, parvint sans accident à la demeure du prêtre Zacharie, que l’on croit avoir été dans la ville d’Aïn ou Aen. Sainte Hélène, qui a recueilli, peu de siècles après ce voyage, toutes les traditions à ce sujet, a fait bâtir dans cette ville une église, et dans le lieu qu’avait occupé la maison de Zacharie et d’Élisabeth… On indiquait même l’endroit où était né le fils de ces saints personnages, qui descendaient l’un et l’autre du grand prêtre Aaron ; Zacharie par la famille d’Abia, la huitième entre les vingt-quatre que David avait choisies par le sort pour desservir le temple du Seigneur (1 Chroniques 24.10).

Aïn, ville sacerdotale, à environ deux lieues au sud de Jérusalem, dans les montagnes de Judée, n’est plus aujourd’hui qu’un village appelé Saint-Jean-Baptiste. Il est bâti dans une campagne remplie d’oliviers, au pied d’une montagne, d’où la vue s’étend sur une vallée charmante. On voit encore, parmi les masures de l’ancienne ville, une église de médiocre grandeur, en forme de croix, avec un dôme. Les cordeliers ont auprès un fort joli couvent.

À peu de distance, environ deux cents pas, était la maison des champs que Zacharie habitait pendant la belle saison, et où sainte Élisabeth s’était retirée lors de sa grossesse, qu’elle cacha pendant cinq mois, se dérobant en quelque façon à la faveur qu’elle avait reçue d’être tirée de l’opprobre qu’elle souffrait parmi les hommes (Luc 1.24, 25). C’est cette maison que l’on croit être celle de la Visitation de la sainte Vierge ; elle est située dans une vallée agréable et fertile, qui sert maintenant de jardin au village de Saint-Jean ; mais il ne reste plus que des ruines de l’église qui la remplaçait, et où eut lieu cette précieuse entrevue, cette première manifestation du Verbe incarné… »

Hébron n’a pas, sur ce sujet, de pareilles traditions.

Quant au désert où se retira le fils de Zacharie, « il est situé, dit le même auteur, à environ une lieue de la ville, dans une vallée très-agréable, environnée de montagnes tout entre-coupées de petits vallons ; c’est dans une des montagnes escarpées de ce désert que le saint précurseur de Jésus-Christ se retira depuis son enfance jusqu’à l’âge de trente ans…

La grotte que saint Jean s’était choisie dans le cœur du rocher est en forme de cellule naturelle, et l’on ne parvient à y monter qu’avec beaucoup de peine. L’endroit qui lui servait de lit a été transformé en autel où l’on dit la messe. Au pied de la sainte grotte, on aperçoit une source d’eau vive qui s’échappe à travers les fentes du rocher, et se précipite dans la vallée. On remarque çà et là plusieurs endroits où les abeilles font leur miel ; il y a aussi un beau caroubier et une espèce de manne qui tombe pendant la nuit, et s’attache aux feuilles des arbres. En certains temps il y vient de grosses sauterelles, que les bergers les plus pauvres font rôtir sur la braise pour les manger. Saint Jean ne vécut pas toujours si reclus en cet endroit qu’il n’allât par les déserts, et surtout, au moins trois fois par an, à Jérusalem, s’acquittant dans le temple des obligations de la loi ; mais il ne s’y faisait pas remarquer, et n’y paraissait que comme un pauvre Nazaréen.

On avait bâti sur la grotte de saint Jean un monastère qui lui était dédié, mais qui a été abandonné. Le commun sentiment est que sainte Élisabeth vint cacher son fils dans cette grotte pour le dérober à la fureur d’Hérode, lors du massacre des innocents… »

Ces traditions du désert et de la ville d’Aïn nous persuadent qu’il ne faut pas attribuer à d’autres lieux l’honneur d’avoir vu naître et grandir le précurseur de Jésus-Christ.

Après que saint Jean eut passé trente ans et plus dans le désert, Dieu le manifesta au monde, la quinzième année de Tibère (Luc 1.30 ; 3.1-2), qui revient à la vingt-huitième année de l’ère commune ; et le saint précurseur commença à exercer son ministère en annonçant la venue du Messie. Il vint donc sur le Jourdain, et au delà de ce fleuve, prêchant la pénitence, disant que le royaume de Dieu était proche, que la cognée était déjà à la racine de l’arbre, et donnant à tous ceux qui le venaient voir les instructions nécessaires, suivant leur état. Il leur faisait confesser leurs péchés, et les plongeait en même temps dans le Jourdain, disant qu’ils devaient croire en Celui qui venait après lui, qui les baptiserait dans l’Esprit et dans le feu, et qui leur accorderait le pardon de leurs péchés. C’est de ce baptême que vint à saint Jean le surnom de Baptiste, ou Baptiseur. Il y eut quelques personnes qui s’attachèrent à lui (Jean 1.37-40 ; Luc 11.1-33), et qui devinrent ses disciples, s’exerçant comme lui dans les exercices de la pénitence, et la prêchant aux autres ; et quelques-uns de ses disciples dans la suite suivirent le Sauveur.

La vertu de Jean-Baptiste jetait un si grand éclat dans tous le pays, que plusieurs Juifs le prenaient pour le Messie ; mais il déclara nettement qu’il ne l’était pas (Luc 3.15). Toutefois il ne connaissait pas encore Jésus-Christ de visage. Seulement le Saint-Esprit lui avait dit que c’était celui sur qui il verrait descendre et demeurer le Saint-Esprit (Jean 1.31-34). Et lorsque Jésus-Christ vint se présenter pour recevoir son baptême, comme les autres Juifs, Jean, qui le reconnut par une lumière surnaturelle, s’excusait, en disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé et purifié par vous (Matthieu 3.13-15). Mais Jésus l’obligea de lui donner le baptême, disant qu’il voulait accomplir toute justice. Cela arriva l’an 30 de l’ère commune. Jean-Baptiste avait alors environ trente-quatre ans, et Jésus-Christ trente-trois. Quelque temps après, les Juifs envoyèrent une députation à Jean, pour lui demander s’il n’était pas le Messie (Jean 1.19-24). Mais il répondit qu’il n’était ni le Christ, ni Élie, ni prophète, et qu’il n’était que la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez la voie du Seigneur ; qu’au reste, celui qu’ils cherchaient était au milieu d’eux, et qu’ils ne le connaissaient point. Le lendemain, Jésus étant venu vers lui, Jean dit devant tout le monde : Voilà l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde.

Hérode-Antipas, ayant épousé la femme de son frère encore vivant, avait causé un grand scandale dans tout le pays. Jean-Baptiste en parla avec sa force et sa liberté ordinaires ; il en reprit Hérode lui-même en face, et lui dit qu’il ne lui était pas permis d’avoir la femme de son frère, à qui il l’avait enlevée de son vivant (Marc 6.17-18). Hérode, irrité de sa liberté, le fit arrêter et le fit mettre en prison dans le château de Maqueronte (Josèphe). Ceci arriva apparemment sur la fin de la trentième année de l’ère vulgaire ; et voici comme Josèphe raconte les motifs de cet emprisonnement : « Jean, surnommé Baptiste, était, dit-il, un homme de piété, qui exhortait fortement les Juifs à embrasser la vertu et à s’acquitter les uns envers les autres des devoirs de la justice… Une grande multitude de peuple le suivait étant ravi d’entendre ses discours ; et les Juifs paraissaient disposés à tout entreprendre, s’il le leur eût commandé. Hérode en conçut de l’inquiétude ; et craignant qu’il n’excitât quelque sédition, il crut devoir prévenir ce mal, de peur qu’attendant trop tard à y remédier, il n’eût un jour sujet de s’en repentir. » [Voyez Josèphe].

Il demeura assez longtemps en prison ; et ses disciples ne l’abandonnèrent pas dans cet état. Hérode même le respectait et le craignait, sachant qu’il était très-aimé du peuple ; il l’écoutait en beaucoup de choses, et suivait quelquefois ses avis (Marc 6.19-20 ; 14.5). Mais Hérodiade, qui craignait toujours qu’Hérode ne le remît en liberté, cherchait une occasion favorable pour le faire mourir. Elle la trouva enfin un jour qu’Hérode faisait un grand festin à ses amis, le jour de sa naissance. Elle envoya Salomé, sa fille, qu’elle avait eue de Philippe, son mari légitime, dans la salle du festin, pour y danser devant le roi et les conviés (Marc 6.20-21). Elle dansa si bien au gré de ce prince, qu’il lui promit de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Aussitôt elle sortit, et alla dire à sa mère : Que demanderai-je ? Hérodiade lui dit : Ne demandez rien autre chose que la tête de Jean-Baptiste. Elle rentra donc dans la salle, et dit au roi : Donnez-moi maintenant dans ce plat la tête de Jean-Baptiste. Hérode fut fâché de cette demande ; mais n’osant manquer de parole devant cette compagnie, il ordonna qu’on allât couper la tête à Jean-Baptiste. Cet ordre fut exécuté sur-le-champ ; on donna la tête à Salomé, et Salomé la porta à sa mère, qui lui perça, dit-on, la langue avec son aiguille de tête. Cette mort arriva, à ce que l’on croit, sur la fin de la trente-unième année de l’ère vulgaire, ou au commencement de l’an 32. Le festin dont parle l’Évangile se fit apparemment à Maqueronte, où saint Jean était en prison, et ou il fut décapité. Voyez

Hérode-Antipas

L’Église grecque et la latine célèbrent la fête de la Décollation de saint Jean le 29 d’août. Les disciples de Jean, ayant appris sa mort, en donnèrent avis à Jésus-Christ (Matthieu 14.12) et vinrent enlever son corps. L’Évangile ne marque pas où ils l’enterrèrent ; mais du temps de Julien l’Apostat, on montrait son tombeau à Samarie, où les habitants du pays l’ouvrirent et brûlèrent une partie des os du divin précurseur. Les autres furent sauvés par quelques chrétiens, qui les apportèrent à un abbé de Jérusalem, nommé Philippe. Cet abbé en fit présent à saint Athanase et saint Athanase les mit dans une muraille, en attendant qu’on les plaçât dans un lieu plus honorable. Enfin, quelque temps après, Théodose ayant abattu le temple de Sérapis, on bâtit en la place une église en l’honneur de saint Jean-Baptiste, et on y mit ces saintes reliques en 393 ou 396. Le tombeau de saint Jean, qui était à Samarie, continua à être fréquenté, et Dieu y fit quantité de miracles. Sainte Paule étant en cette ville fut témoin des merveilles que Dieu y opérait par les mérites de saint Jean. Nous ne nous étendrons point ici sur les diverses translations de ses reliques, et surtout de son chef ; cela n’appartient pas proprement au Dictionnaire de la Bible, puisqu’il regarde des temps beaucoup postérieurs à tous nos livres saints. [Voyez un peu plus loin].

Les Orientaux ont conservé beaucoup de circonstances de la vie de saint Jean-Baptiste qui ne sont pas d’une grande autorité parmi Ceux qui n’admettent, en fait d’histoire, que ce qui vient de bon lieu et de sources certaines. On lit par exemple dans l’Alcoran, au chapitre intitulé de la famille d’Amram, que Zacharie priant dans l’oratoire de Marie, dont il avait pour lors la garde, les anges lui promirent de la part de Dieu un fils, qui serait nommé Jahla, parce qu’il vérifierait et confirmerait la parole ou le Verbe, et qu’il deviendrait chef et pontife de la religion du Messie ; qu’il se conserverait pur et saint, et serait enfin un des plus grands prophètes sortis de la lignée des gens de bien.

Ils croient de plus que saint Jean ayant eu la tête tranchée par le commandement du roi des Juifs, le sang qui sortit de son corps ne put s’étancher, jusqu’à ce que Dieu en eut tiré vengeance, par une grande désolation qu’il envoya au peuple juif. Cette expression, du sang qui ne s’étanchait point, est apparemment figurée, pour dire que ce sang cria, qu’il demanda vengeance, jusqu’au temps de la désolation de Jérusalem par les Romains.

L’Église de Saint-Jean-Baptiste, à Damas, est célèbre non-seulement parmi les chrétiens, mais aussi parmi les musulmans et parmi les Sabiens ou Mendai-Jahia, que l’on appelle communément chrétiens de Saint-Jean. Ce temple fut d’abord dédié en l’honneur de Zacharie, père de saint Jean : mais on lui donna le nom de Saint-Jean-Baptiste, depuis que le chef du précurseur fut trouvé à Emèse, du temps de l’empereur Théodose le Jeune. On veut que les Sabiens l’aient bâti et y aient conservé le chef de saint Jean-Baptiste suspendu à la voûte, et on raconte que le calife Abdalmalech voulut acheter cette église de la main des chrétiens, et qu’il ne s’en empara par force qu’après le refus qu’ils firent de quarante mille dinars ou pistoles d’or qu’il leur avait offertes. Cette église est présentement une mosquée. Le calife qui s’en empara dépensa pendant plusieurs années le revenu qu’il tirait de la Syrie, à l’embellir [Voyez Damas, mon addition].

Les Mahométans citent plusieurs paroles de l’Évangile comme ayant été dites par saint Jean, quoiqu’elles soient véritablement de Jésus-Christ. Ils ont aussi composé des dialogues entre Jésus-Christ et saint Jean-Baptiste. Tout cela prouve la vénération où ce saint est parmi ces peuples.

Baptême de Saint Jean-Baptiste

Nous en avons déjà touché quelque chose dans l’article de baptême. On forme sur le baptême de saint Jean-Baptiste trois questions.

1° S’il avait la vertu de remettre les péchés.

2° Si la pénitence que saint Jean prêchait comme une disposition à son baptême, était une simple douleur des péchés, sans qu’il fût nécessaire de l’accompagner d’œuvres satisfactoires.

3° Si la confession des péchés que pratiquaient ceux qui s’approchaient de son baptême, était un simple aveu de ses fautes, sans entrer dans le détail des péchés particuliers qu’ils avaient commis.

1° Quant à la première difficulté, il est indubitable que le baptême de saint Jean ne remettait pas les péchés par une vertu qui lui fût propre. Il ne faisait que disposer à recevoir le pardon dans le baptême de Jésus-Christ : il promettait le pardon, mais il ne l’accordait pas.

Après le baptême de Jean, celui de Jésus-Christ était encore nécessaire, dit saint Augustin, si l’on voulait obtenir la rémission des péchés. Ceux qui recevaient le baptême de Jean ne renaissaient pas spirituellement et n’obtenaient pas la rémission des péchés : cette grâce ne s’accordait que par la vertu du baptême de Jésus-Christ. Ce n’est pas chez saint Jean, mais chez Jésus-Christ que se faisait la régénération, dit Origène. Si quelqu’un recevait la rémission de ses péchés dans le baptême de Jean, c’était en vertu de sa foi au Messie, c’était par le mérite de sa contrition et de sa charité. Le baptême de saint Jean n’avait pas plus de vertu à cet égard que les sacrifices et les ablutions de l’ancienne loi. Ce qui le distinguait, c’est qu’il montrait, pour ainsi dire, de la main, le Messie présent et arrivé, au lieu que les sacrements de la loi de Moïse l’annonçaient de loin et promettaient seulement sa venue.

2° La pénitence que Jean prêchait aux Juifs demandait un sincère retour à Dieu, un Changement de cœur, un renouvellement de vie : « Faites de dignes fruits de pénitence, disait-il aux Pharisiens (Matthieu 3.8), et ne pensez point dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham… La cognée est déjà à la racine de l’arbre. Tout arbre qui ne produit point de bon fruit, sera coupé et jeté au feu. Je vous baptise dans l’eau ; mais celui qui vient après moi est plus fort que moi… Il tient son van en main, et il va nettoyer son aire : il ramassera le bon grain dans son grenier, et jettera les pailles au feu éternel. » Il ne se contente pas de belles apparences ; il veut de bons fruits, il veut de bons grains et de bonnes œuvres. Il leur en montrait l’exemple par toute la conduite de sa vie, par la rigueur qu’il exerçait contre lui-même, par son extérieur, par sa retraite, par l’austérité de sa nourriture, par la dureté de ses habits. Et comme les peuples lui demandaient ce qu’ils devaient faire (Luc 3.10-13), il leur disait : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui en manque. Il disait aux publicains : N’exercez ni exactions injustes, ni concussions. Il disait aux soldats de se contenter de leur paye, et de ne faire tort à personne. Voilà ce qu’il appelle les dignes fruits de pénitence, une sincère conversion de ses mœurs.

3° La confession qui précédait le baptême de saint Jean était sans doute de même nature que les confessions ordinaires usitées dans sa nation, tout ainsi que son baptême était une imitation des purifications et des baptêmes usités dans la loi. Or les confessions qui se faisaient par les Israélites dans le temple, en mettant la main sur la tête de leurs victimes, celle que faisait le grand prêtre au jour de l’expiation solennelle, et celles que les Israélites faisaient ce même jour, étaient toutes détaillées. Ils ne se contentaient pas de se déclarer en général coupables et pécheurs, ils confessaient les fautes particulières qu’ils avaient commises, à l’exception de celles qui pouvaient emporter peine de mort contre eux-mêmes. C’est le sentiment de Maldonat, de Jansénius, d’Estius et en particulier de Grotius, sur le chapitre 3 de saint Matthieu.

Les Juifs encore aujourd’hui sont dans l’usage de se confesser, à-peu-près comme les catholiques romains.

Chrétiens de Saint-Jean.

Nous en avons parlé sous ce même titre. [Voyez aussi Gnostiques].

Jean l’évangéliste (5)

Natif de Bethzaïde en Galilée, il était fils de Zébédée et de Salomé. Sa profession était la pêche. Quelques-uns ont cru qu’il avait été disciple de saint Jean-Baptiste, avant qu’il le fût de Jésus-Christ ; mais on n’a aucune bonne preuve de cette opinion. Il était frère de saint Jacques le Majeur ; et le Sauveur donna à ces deux frères le nom de Boanergès, ou fils du tonnerre, apparemment à cause de leur vivacité et de la grandeur de leur foi. On croit que saint Jean était le plus jeune des apôtres. Il pouvait être âgé de vingt-cinq ou vingt-six ans, lorsqu’il se mit à suivre Jésus-Christ, l’an 30 de Jésus-Christ. Il y en a qui croient qu’il était l’époux des noces de Cana, et qu’il conserva toujours une parfaite virginité ; mais ce dernier sentiment est beaucoup mieux fondé dans l’antiquité que celui qui veut qu’il ait été l’époux des noces de Cana.

Le Sauveur eut toujours pour lui une tendresse et une amitié particulières ; et saint Jean lui-même se désigne ordinairement sous le nom du Disciple que Jésus aimait. Jésus-Christ lui donna des marques particulières de son amour, lorsqu’il le prit pour assister à sa transfiguration, et que dans la dernière cène il lui permit de se reposer dans son sein, et lui découvrit qui était celui qui le devait trahir (Jean 21.20 ; 13.25). La mère de saint Jean l’Évangéliste, fondée apparemment sur l’amitié que Jésus témoignait à ses deux fils Jacques et Jean, prit la liberté de lui demander qu’il les fît asseoir dans son royaume, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche (Matthieu 20.22 ; Marc 10.38-39) : mais le Sauveur, s’adressant aux deux frères, leur dit : Pouvez-vous boire le calice que je boirai ? Ils répondirent : Nous le pouvons. Jésus leur dit : Vous boirez à la vérité mon calice ; mais c’est à mon Père, et non à moi, de vous donner les places que vous demandez dans mon royaume.

Dans le jardin des Oliviers, Jésus-Christ ne voulut avoir pour témoins de son agonie et de sa tristesse volontaire que saint Pierre, saint Jacques et saint Jean (Matthieu 26.37). Ce dernier ne s’enfuit point lorsque les soldats vinrent prendre Jésus-Christ, et on croit que c’est lui qui le suivit jusque chez Caïphe, où il entra, et où quelque temps après il fit entrer saint Pierre (Jean 18.15-16). Il accompagna le Sauveur jusqu’à la croix ; et Jésus-Christ, le voyant au pied de la croix, dit à Marie, sa mère : Femme, voilà votre fils ; et ensuite il dit à son disciple : Voilà votre mère (Jean 19.26). Et depuis ce temps, saint Jean regarda la sainte Vierge comme sa mère, et en eut soin jusqu’à sa mort.

Après la résurrection du Sauveur, saint Jean étant occupé à la pêche sur la mer de Tibériade avec d’autres disciples, Jésus parut sur le rivage, et saint Jean le reconnut le premier (Jean 21.1-7), et le dit à Pierre. Étant arrivés à bord, ils dînèrent avec Jésus-Christ ; et après le repas, comme saint Jean le suivait, Pierre demanda à Jésus : Que deviendra celui-ci ? en parlant de saint Jean. Jésus lui répondit : Si je veux qu’il demeure ainsi, que vous importe ? Suivez-moi. Alors les disciples crurent que Jésus lui avait dit qu’il ne mourrait point ; et le bruit s’en répandit parmi les fidèles ; et plusieurs le croyaient encore, lorsque saint Jean écrivit son Évangile. On l’a cru encore longtemps depuis ; et plusieurs ont avancé qu’il n’était pas mort. Mais saint Jean ruine lui-même ce sentiment, et il est contraire aux plus authentiques monuments de l’Église. On peut consulter notre dissertation sur la mort de saint Jean l’Évangéliste, le Martyrologe de Florentinius, et la note 17 de M. de Tillemont sur saint Jean l’Évangéliste, t.1 page 640.

On sait assez peu de choses sur la vie de saint Jean, jusqu’à la persécution de Domitien. Peu de jours après que les apôtres eurent reçu le Saint-Esprit, saint Pierre et saint Jean, allant au temple, y guérirent un homme qui avait été perclus de ses jambes dès le ventre de sa mère (Actes 3.1-10). Ce miracle fut cause qu’on les mit en prison. On les en tira le lendemain, en leur défendant de parler de Jésus-Christ (Actes 5.18-21), mais ils continuèrent à précher comme auparavant ; ce qui fit qu’on les mit de nouveau en prison avec les autres apôtres. Mais Dieu les en tira miraculeusement. Et comme ils ne cessaient d’annoncer Jésus-Christ au peuple, les magistrats les arrêtèrent, les firent comparaître devant eux, et les reprirent de ce que, nonobstant les défenses qu’ils leur avaient faites, ils continuaient de parler de Jésus-Christ. Les apôtres, sans s’étonner, leur répondirent qu’il fallait plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes. On voulait les faire mourir ; mais un sénateur, nommé Gamaliel, ayant demandé que l’on fît sortir les apôtres, parla avec tant de sagesse aux autres membres du Sanhédrin, qu’on se contenta de faire fouetter les apôtres, et on les laissa aller.

Saint Pierre et saint Jean furent ensuite envoyés à Samarie (Actes 8.5-12), pour donner le Saint-Esprit à ceux que le diacre Philippe y avait convertis et baptisés. Saint Jean se trouva aussi au concile de Jérusalem (Galates 2.9 ; Actes 15.7), où il parut comme une des colonnes de l’Église. On croit qu’il alla prêcher aux Parthes ; et sa première Épître a été quelquefois citée sous le nom d’épître aux Parthes.

Les Indiens tiennent qu’il a annoncé l’Évangile dans leur pays. Mais on ne doute pas qu’il n’ait prêché en Asie, et qu’il n’ait demeuré assez longtemps à Éphèse et aux environs. Il y amena la sainte Vierge, qui y mourut. Sainte Madeleine y vint aussi avec lui, et il mourut. On ignore l’année précise de son arrivée dans ce pays : mais il ne peut guère y être venu, pour y fixer sa résidence, avant l’an 66 de Jésus-Christ. Saint Jérôme dit qu’il fonda et gouverna, toutes les églises d’Asie ; et Tertullien écrit que l’ordre épiscopal l’a eu pour auteur en ce pays-là. Ce qui ne doit pas s’entendre d’une manière si rigoureuse que l’on n’avoue que saint Pierre et saint Paul y ont fondé plusieurs églises, et que saint Timothée a gouverné l’église d’Éphèse pendant même que saint Jean était dans cette province.

L’empereur Domitien ayant déclaré la guerre à l’Église la quinzième année de son empire, 95 de Jésus-Christ, saint Jean l’Évangéliste fut banni d’Éphèse et mené à Rome, où il fut plongé dans l’huile bouillante, sans en recevoir aucune incommodité. Il en sortit même plus net et plus vigoureux qu’il n’y était entré. De là il fut relégué dans l’île de Patmos, dans la mer Egée. Il y écrivit son Apocalypse ou Révélation, dont nous avons parlé sous un titre particulier. Il ne demeura pas deux ans dans cet exil. Domitien ayant été tué l’an 96, au mois de septembre, Nerva, son successeur, rappela tous les exilés qui avaient été bannis par Domitien, et saint Jean revint à Éphèse l’an 97 de Jésus-Christ. Il était alors âgé d’environ quatre-vingt-dix ans. Les évêques et les fidèles d’Asie lui ayant demandé avec empressement qu’il leur écrivit l’Évangile de ce qu’il avait vu et ouï de notre Sauveur, il se rendit à leurs désirs, mais il ne commença qu’après un jeûne et des prières publiques. Il s’appliqua principalement à y rapporter ce qui sert à établir la divinité du Fils, contre certains hérétiques d’alors qui la niaient. [Voyez Gnostiques, se nommant disciples de saint Jean-Baptiste. 5. aussi Chrétiens de Saint-Jean].

Nous avons aussi trois Épîtres du même saint apôtre. La première, comme nous l’avons déjà marqué, est quelquefois citée sous le nom d’Épître aux Parthes, et elle n’a jamais été contestée dans l’Église. Le style et les principes de saint Jean s’y font sentir à chaque période. Les deux autres lui ont été contestées. La première de ces dernières est adressée à une dame de qualité nommée Electe, ou bien ce nom Electe est un nom symbolique, pour marquer une église chrétienne à qui une autre église écrivait. Car je soupçonne que cette épître n’est qu’une lettre de recommandation que l’on donnait aux fidèles qui allaient d’une église à une autre, et que l’on était obligé d’écrire quelquefois d’une manière énigmatique, de peur qu’elles ne tombassent entre les mains des infidèles. [Voyez Electe]. La troisième lettre est adressée à Caïus, que saint Jean loue d’exercer l’hospitalité envers les fidèles, et il l’exhorte de continuer ce saint exercice envers des personnes employées au service de l’Église et qui ne voulaient rien recevoir des Gentils.

Saint Jean vécut jusqu’à une extrême vieillesse, en sorte qu’à peine pouvait-il aller à l’assemblée des fidèles, sinon prié par ses disciples ; et, ne pouvant plus faire de longs discours, il disait au peuple dans toutes les assemblées : Mes chers enfants, aimez-vous les uns les autres. On s’en ennuya enfin, et lorsqu’on lui parla, il répondit : C’est là ce que le Seigneur vous commande ; et pourvu que vous le fassiez, cela suffit. Il mourut à Éphèse d’une mort paisible, la troisième année de Trajan, centième de Jésus-Christ. Il pouvait avoir alors quatre-vingt quatorze ans, selon saint Épiphane d’autres le font mourir beaucoup plus vieux et lui donnent jusqu’à quatre-vingt-dix-huit ou quatre-vingt-dix-neuf ans, ou même jusqu’à cent quatre, ou cent six, ou cent vingt ans. Il fut enterré près de la ville, et plusieurs Pères ont remarqué que son sépulcre y était. Le concile d’Éphèse tire un motif d’éloge de cette ville, parce qu’elle possédait le corps de ce divin théologien, et le pape Célestin exhorta les Pères qui y étaient assemblés, à suivre les instructions de saint Jean, dont ils avaient le bonheur de posséder les reliques auprès d’eux.

Saint Augustin, et après lui Grégoire de Tours et saint Villebaud, parlent d’une certaine poudre que l’on voyait sur le tombeau de saint Jean, et qui semblait s’y reproduire tous les jours, à mesure qu’on en ôtait. Nous ne répétons pas ici ce que nous avons déjà remarqué sur le sentiment qui tient que saint Jean n’est point mort.

Outre l’Évangile, l’Apocalypse et les trois Épîtres de saint Jean que l’Église reçoit, on lui a supposé quelques autres écrits apocryphes : par exemple, un livre de ses prétendus voyages ; des Actes dont se servaient les Encratites, les Manichéens et les Priscillianistes ; un livre de la Mort et de l’Assomption de la Vierge, un Symbole que l’on prétendait avoir été donné à saint Grégoire de Néocésarée par la sainte Vierge et saint Jean. Ce Symbole fut cité dans le cinquième concile œcuménique ; mais les Actes et l’Histoire dont nous venons de parler sont reconnus pour apocryphes et indignes de toute créance. Saint Jean est ordinairement surnommé le Théologien, à cause de la sublimité de ses connaissances et de ses révélations, et surtout à cause du commencement de son Évangile. Polycrate, évêque d’Éphèse, assure qu’il portait une lame d’or sur le front, comme prêtre et apôtre de Jésus-Christ. On le dépeint avec un calice d’où sort un serpent, parce que quelques hérétiques lui ayant présenté du poison dans un verre, il fit le signe de la croix sur ce vase, et tout le venin se dissipa sous la forme d’un serpent. Ce miracle est rapporté dans le faux Procore, qui se dit disciple de saint Jean.

Jean appelé Jean-Marc (6)

Disciple et cousin de saint Barnabé, et fils d’une femme chrétienne nommée Marie, laquelle avait une maison dans Jérusalem, où les fidèles et les apôtres s’assemblaient ordinairement. Ils y étaient durant la nuit en prières, lorsque saint Pierre, délivré de prison par un ange, vint frapper à la porte (Actes 12.12). On dit que dans cette maison on établit dans la suite la célèbre église de Sion. Jean-Marc, que quelques-uns confondent très-malà propos avec saint Marc l’évangéliste, s’attacha à saint Paul et à saint Barnabé, et les suivit lorsqu’ils s’en retournèrent à Antioche (Actes 12.15 ; 13.13) ; il les accompagna même et les servit jusqu’à la ville de Perge dans la Pamphylie. Mais alors, voyant qu’ils entreprenaient un plus long voyage, il les quitta et s’en retourna à Jérusalem. Cela arriva l’an 45 de l’ère commune.

Quelques années après, c’est-à-dire l’an 51, Paul et Barnabé se disposant à retourner eu Asie (Actes 15.36-37) pour visiter les églises qu’ils y avaient fondées, Barnabé était d’avis que Jean-Marc les accompagnât dans ce voyage ; mais saint Paul n’y voulut pas consentir, ce qui fut cause que ces deux apôtres se séparèrent. Paul alla en Asie, et Barnabé avec Jean-Marc allèrent dans l’île de Chypre. On ignore ce que fit Jean-Marc depuis ce voyage jusqu’au temps qu’il se trouva à Rome, en l’an 63, et qu’il rendit de grands services à saint Paul dans sa prison. L’Apôtre parle de lui avantageusement dans l’Épître aux Colossiens (Colossiens 4.10) : Marc, cousin de Barnabé, vous salue ; s’il va vers vous, ayez soin qu’il soit bien reçu. Il en parle encore dans l’Épître à Philémon (Phm 24), écrite l’an 62, et alors il était à Rome avec saint Paul. Mais en l’an 65, il était en Asie avec Timothée ; et saint Paul, écrivant à Timothée, le prie de le lui amener à Rome (2 Timothée 4.11), ajoutant qu’il lui était utile pour le ministère de l’Évangile.

On fait la fête de saint Jean-Marc le 27 de septembre, dans l’Église grecque et dans la latine. On dit qu’il a été évêque de Biblis en Phénicie. Les Grecs lui donnent le titre d’apôtre, et disent que son ombre seule guérissait les malades. Il y a assez d’apparence qu’il mourut à Éphèse, où son tombeau était fort célèbre. On ignore le genre et l’année de sa mort. On le nomme quelquefois simplement Jean, ou simplement Marc. Nous ne ramassons point tout ce qu’on dit de lui dans des auteurs apocryphes et incertains.

Jean de Giscala (7)

Fils d’un nommé Lévi et natif de Giscala en Galilée. Il défendit d’abord la ville de Giscala contre les Romains, durant la dernière guerre que Vespasien leur fit. Après la prise de cette ville, il vint à Jérusalem, où il commit une infinité de maux et de violences dans le temple et dans la ville. Il feignit d’abord de tenir le parti d’Ananus et du peuple contre les Zélateurs ou les séditieux qui voulaient soutenir la guerre contre les Romains ; mais il allait secrètement découvrir aux Zélateurs les résolutions qu’Ananus et les gens de bien prenaient pour la conservation de la république. Il sut même si bien gagner leur confiance, qu’ils le députèrent vers les Zélés, qui étaient maîtres du temple, pour moyenner un accommodement entre eux. Mais au lieu de leur inspirer des sentiments de paix, il leur conseilla de faire venir les Iduméens à leur secours, contre Ananus et ceux de son parti. Les Iduméens entrèrent dans la ville et dans le temple, et après avoir fait mourir Ananus et quelques autres des principaux de la ville, ils s’en retournèrent chez eux, chargés du butin qu’ils avaient fait à Jérusalem.

Cependant les Zélés se partagèrent. Jean de Giscala avait parmi eux un puissant parti ; Eléazar, fils de Simon, en avait un autre. Celui-ci, voyant qu’il n’était pas le plus fort, fit venir Simon, fils de Gioras, qui était à la tête d’une troupe de brigands qui tenaient la campagne. Tel était l’état de Jérusalem lorsque Tite la vint assièger, l’an de Jésus-Christ 70. Eléazar était maître de l’intérieur du temple ; Jean de Giscala en occupait la partie extérieure et les portiques, et Simon, fils de Gioras, était maître de la haute ville de Jérusalem et d’une partie de la basse. De cette sorte, Jean était comme entre deux feux, ayant à résister à Eléazar d’un côté, et à Simon de l’autre. Ces trois partis, quelque ennemis qu’ils fussent entre eux, se réunissaient dès qu’il s’agissait de combattre les Romains, et après cela ils recommençaient à se détruire l’un l’autre. À la fin du siège, lorsque la ville fut prise, Jean de Giscala se sauva dans un égout, où il demeura quelques jours ; mais ayant été découvert et amené à Tite, il fut condamné à une prison perpétuelle. C’était une peine trop légère pour un homme qui s’était souillé par une infinité de crimes, et qui était la principale cause de la ruine de sa patrie, comme le remarque Josèphe.

Jean (8)

Père de saint Pierre (Matthieu 16.7 ; Jean 21.15).

Jean (9)

Fils du grand prêtre Anne (Actes 4.6).

Jean (10)

Père d’Eupolème (1 Machabées 8.17 ; 2 Machabées 4.11).

Jean (11)

Chargé, avec Abésalom, d’une mission auprès de Lysias (2 Machabées 11.17). Quelques-uns supposent qu’il est le même que Jean Gaddis.

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