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Fils de Nabat, qui fit pécher Israël, dont le nom est si célèbre et si souvent détesté dans l’Écriture comme étant l’auteur du schisme et de l’idolâtrie des dix tribus, il était fils de Nabat et d’une veuve nommée Sarva (1 Rois 11.26). Sa patrie était Sareda, dans la tribu d’Éphraïm. Jéroboam était hardi et entreprenant, Salomon lui avait donné la commission de lever les tributs sur toute la maison de Joseph c’est-à-dire sur les tribus d’Éphraïm et de Manassé. Un jour que Jéroboam était sorti de Jérusalem, et allait seul à la campagne (1 Rois 11.29), le prophète Ahias de Silo vint à sa rencontre, ayant sur ses épaules un manteau tout neuf ; ils n’étaient qu’eux deux dans le champ (L’année est incertaine). Alors Ahias prenant son manteau, le coupa en douze pièces, et dit à Jéroboam : Prenez-en dix parts pour vous ; car voici ce que dit le Seigneur : Je diviserai et j’arracherai le royaume de Salomon, et je vous en donnerai dix tribus. Il lui en demeurera une tribu, à cause de David, mon serviteur, et de la ville de Jérusalem, que j’ai choisie entre toutes villes d’Israël ; parce que Salomon a adoré Astarté, déesse des Sidoniens, Chamos, dieu des Moabites, et Moloch, dieu des Ammonites, parce qu’il m’a abandonné et s’est livré à l’iniquité. Je ne le priverai point toutefois du royaume ; il en jouira jusqu’à sa mort ; mais je l’ôterai d’entre les mains de son fils, et je vous en donnerai dix tribus. Si donc vous obéissez à mes ordres, et si vous marchez dans mes voies, comme a fait David, mon serviteur, je serai avec vous et j’établirai votre maison pour toujours, et je vous mettrai en possession du royaume d’Israël.
Jéroboam, déjà indisposé contre Salomon et animé par les promesses d’Ahias, commença à remuer et à solliciter les peuples à la révolte. Mais Salomon, en ayant eu vent, voulut faire arrêter Jéroboam, qui se sauva en Égypte et y demeura jusqu’à la mort de Salomon (An du monde 3029, Avant. Jésus-Christ 971, Avant l’ère vulgaire 975). Roboam, qui lui succéda, ayant suivi le conseil des jeunes conseillers (1 Rois 12), qui lui conseillèrent d’user de hauteur et de menaces envers le peuple assemblé pour le reconnaître roi, les irrita de telle sorte, qu’il y eut dix tribus qui se séparèrent de la maison de David, et qui abandonnèrent Roboam. Cependant Jéroboam était revenu d’Égypte ; et les dix tribus l’ayant appris, firent venir dans une assemblée générale, où ils l’établirent roi sur tout Israël. Jéroboam fixa sa demeure à Sichem, et s’y fortifia. Il rétablit aussi Phanuel au delà du Jourdain, et la mit en état de défense, pour contenir les tribus qui étaient de ce côté-là.
Jéroboam, oubliant la fidélité qu’il devait à Dieu, qui lui avait donné le royaume, songea qu’à s’y maintenir, aux dépens de la religion et du culte du Seigneur. Il dit en lui-même : Si mon peuple va à Jérusalem pour y offrir ses sacrifices et pour y rendre ses adorations à Dieu, il retournera bientôt à l’obéissance de la maison de David, et je serai la victime de l’inconstance du peuple, ou du ressentiment de Roboam. Il résolut donc de faire des veaux d’or, apparemment à l’imitation du dieu Apis, qu’il avait vu en Égypte de les mettre, l’un à Dan et l’autre à Bersabée, aux deux extrémités de ses États, et de faire publier par tout le pays défense d’aller désormais à Jérusalem, et ordre de rendre son culte à ces veaux d’or. N’allez plus ci-après, dit-il, à Jérusalem. Israël, voici vos dieux qui vous ont tiré de l’Égypte. Il fit aussi des temples dans les hauts lieux, et établit pour prêtres des gens du milieu du peuple, et qui n’étaient ni de la race d’Aaron, ni de la tribu de Lévi.
Pour faire la dédicace de son nouvel autel et la consécration de ses veaux d’or, il fit publier une fête solennelle dans tout son royaume, pour le quinzième jour du huitième mois (An du monde 3030, Avant. Jésus-Christ 970, Avant l’ère vulgaire 974) ; et tout le peuple étant assemblé, il monta lui-même sur l’autel pour y offrir l’encens et les sacrifices. Alors un homme de Dieu, que la plupart croient être le prophète Addo, vint de Juda (1 Rois 13) à Béthel, par l’ordre du Seigneur ; et, voyant Jéroboam qui était sur son autel, il s’écria : Autel, autel, voici ce que dit le Seigneur : Il naîtra un fils de la maison de David qui s’appellera Josias, et il immolera sur toi les prêtres des hauts lieux qui t’encensent maintenant. Il brûlera sur toi des os d’homme. Et, pour preuve que c’est le Seigneur qui a parlé, voilà que l’autel va tout présentement se rompre, et la cendre et ce qui est dessus se répandra par terre. En même temps le roi, qui était sur l’autel, étendit la main et commanda qu’on arrêtat le prophète ; mais la main qu’il avait étendue se sécha, et il ne put la retirer. L’autel aussitôt se rompit, et le feu, avec la cendre qui était dessus, se répandit par terre, suivant la prédiction de l’homme de Dieu. Alors le roi lui dit : Offrez vos prières à Dieu, afin qu’il me rende l’usage de ma main. L’homme de Dieu pria le Seigneur, et la main du roi fut remise en son premier état. Alors Jéroboam dit au prophète : Venez dîner avec moi dans ma maison, et je vous ferai des présents. Il répondit : Quand vous me donneriez la moitié de votre maison, je n’irais point avec vous, et ne goûterais rien en ce lieu car le Seigneur me l’a très-expressément défendu.
Un événement si extraordinaire ne fit point revenir Jéroboam de son impiété ; il continua à entretenir le peuple dans l’erreur et dans la superstition, en établissant des prêtres des hauts lieux, et en les engageant dans un culte contraire à la loi du Seigneur. C’est là le crime de la maison de Jéroboam, et ce qui fut cause qu’elle fut exterminée de dessus la terre. Quelque temps après, Abia, son fils, étant tombé malade (1 Rois 14), Jéroboam envoya sa femme vers le prophète Ahias, pour le consulter sur la santé de son fils. Et afin que l’homme de Dieu ne reconnût point la reine, elle se déguisa et prit des habits comme une femme du commun. À peine était-elle sur le seuil de la porte du prophète, qu’Ahias, qui ne pouvait plus voir, à cause de sa vieillesse, lui cria : Entrez, femme de Jéroboam ; pourquoi vous déguisez-vous ? Allez ; dites à Jéroboam : Voici ce que dit le Seigneur : Je vous ai établi chef de mon peuple ; et vous, au lieu de me demeurer fidèle, vous m’avez tourné le dos, et vous avez donné vos adorations à des dieux étrangers. C’est pourquoi j’exterminerai la maison de Jéroboam. Ceux de sa maison qui mourront dans la ville seront mangés par les chiens, et ceux qui mourront à la campagne seront dévorés par les oiseaux du ciel. À l’égard de l’enfant, pour lequel vous me venez consulter, il mourra de sa maladie, et tout Israël le pleurera. La chose arriva comme le prophète l’avait prédit ; mais Jéroboam n’en devint pas meilleur. Il mourut après vingt-deux ans de règne (An du monde 3050, Avant. Jésus-Christ 950, Avant l’ère vulgaire 954), et Nadab, son fils, régna en sa place. [Voyez l’histoire de Jéroboam dans mon Histoire de l’Ancien Testament].
2e du nom, roi d’Israël, il était fils de Joas. Il commença à régner après son père, l’an du monde 3179, avant Jésus-Christ 821, avant l’ère vulgaire 825. Il régna quarante et un ans (2 Rois 14.23-24), et mourut l’an du monde 3220, avant Jésus-Christ 780, avant l’ère vulgaire 784. Il fit le mal devant le Seigneur, et marcha dans les voies de Jéroboam, fils de Nabat, qui avait fait pécher Israël. Son règne fut long et heureux. Il rétablit le royaume d’Israël dans son ancienne splendeur, dont il était fort déchu sous ses prédécesseurs, et reconquit les pays et les villes que les rois de Syrie avaient usurpés et démembrés de ses États. Il réduisit sous son obéissance toutes les terres de delà le Jourdain jusqu’à la mer Morte. Tout cela en exécution des promesses que le Seigneur lui en avait faites par le prophète Jonas, fils d’Amathi, dont nous avons encore les autres prophéties ; mais nous n’avons pas celles qu’il avait faites en faveur de Jéroboam II ni le détail des conquêtes que ce prince avait faites, et qui étaient écrites dans les annales des Rois d’Israël.
Les prophètes Osée, Amos et Jonas prophétisèrent sous Jéroboam II. On voit par leurs écrits que sous son règne l’oisiveté, la mollesse, la somptuosité, l’injustice, régnaient dans Israël (Amos 2.6-7 ; 3.9-10, 14 ; 6.4-6 ; 8.4-5) ; que la licence en fait de religion, était extrême ; que l’on fréquentait non-seulement Dan et Béthel, où l’on avait placé les veaux d’or, mais aussi Maspha de Galaad, Béersabée, le Thabor, le Carmel et Galgal, et en général les lieux où le Seigneur avait apparu aux patriarches (Osée 4.15 ; 5.1 ; 6.8 ; 9.15 ; 12.11 ; Amos 5.5 ; 7.13 ; 8.14), et presque toutes les hauteurs d’Israël. Ce n’était pas toujours pour y adorer les idoles ; mais c’était toujours désobéir au Seigneur et s’exposer à l’occasion de tomber dans des désordres honteux, en se trouvant dans des assemblées de réjouissances et dans des lieux écartés. On remarque aussi que sous son règne on observait dans Israël plusieurs articles de la loi cérémonielle. On payait les prémices et les décimes ; on observait les fêtes et le sabbat ; on consacrait des Nazaréens (Amos 2.11-12 ; 4.4-5 ; 5.22-23 ; 8.3, 5, 10).
Le prophète Amos (Amos 7.7-9) fut suscité de Dieu pour menacer la maison de Jéroboam des derniers malheurs. Il dit que les hauts lieux consacrés aux idoles seront détruits, et que la famille de Jéroboam sera exterminée par l’épée. Amasias, prêtre de Béthel (Amos 7.10-12), donna avis au roi qu’Amos était un sujet rebelle, qui inspirait au peuple l’esprit de révolte, et qui disait publiquement : Jéroboam mourra par l’épée, et Israël sera emmené captif hors de son pays. C’était une calomnie de la part de ce faux prêtre ; et l’Écriture ne dit pas que le roi y ait ajouté foi. Toutefois Amasias fit sortir Amos des terres d’Israël ; et il y a toute l’apparence que ce ne fut que par l’autorité du prince. Nous ne savons pas davantage de particularités de la vie de Jéroboam II.
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