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Lin

Lin (1)

Nommé en hébreu bad, plante assez connue, dont l’écorce, étant préparée, sert à faire des toiles très-fines et très-estimées.

Il y a une autre sorte de lin, que l’Écriture appelle schesch, et que nous croyons être le coton. Voyez ci-devant l’article coton.

Le byssus est aussi compris sous le nom de lin, mais c’était une matière assez différente et du lin et du coton ; c’était une espèce de soie attachée au poisson enfermé dans la nacre rouge, que Rondelet a Apocalypse pelé Pinna manga. Voyez ci-devant Byssus.

Enfin la plante du lin est nommée en hébreu (Exode 9.31) pista, aussi bien que le lin dont on faisait les habits.

« On a cru jusqu’à ce jour que les toiles qui enveloppent les momies d’Égypte étaient fabriquées avec du coton : cette opinion a été soutenue par Rouelle, dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie des Sciences, en 1750, et par Larcher, dans les notes qu’il a ajoutées à la traduction d’Hérodote ; elle a été appuyée par Forster, dans sa dissertation de Hysso antiquorum ; enfin elle a été adoptée par M. Jomard (Description de l’Égypte chapitre 9. sect. 1°). Il semblait donc qu’il n’était plus possible d’avoir des doutes à cet égard. Cependant M. James Thompson vient de faire paraître, en Angleterre, des recherches sur les toiles des momies d’Égypte, recherches dont on trouve un extrait dans la Revue britannique (mars. 1837, page 169), et desquelles il résulte que les toiles des momies d’Égypte ne sont point fabriquées avec du coton, mais bien avec du lin. M. Thompson a eu l’heureuse idée de recourir à l’emploi du microscope pour connaître et comparer la forme et les filaments du coton et des filaments du lin. M. Bauer, bien connu du monde savant par ses recherches microscopiques, s’est chargé de cet examen comparatif ; il a reconnu que les filaments du coton diffèrent essentiellement des filaments du lin : les premiers sont aplatis et tordus sur eux-mêmes,… les filaments du lin sont généralement cylindriques. La forme des filaments du coton se retrouve dans les fils des toiles, et même dans les papiers qui ont été faits avec des toiles de coton. Or, rien de pareil à cette forme n’a été observé par M. Bauer dans les filaments des fils dont sont composées les toiles des momies d’Égypte. Il a reconnu, au contraire, dans ces filaments, la forme cylindrique des filaments du lin. M. Thompson a conclu de là, contre l’opinion générale, que les toiles des momies sont fabriquées avec du lin et non avec du coton.

… J’aurais pu résoudre avant M. Thompson le problème qu’il vient d’éclaircir, si j’avais cru qu’il pût y avoir le moindre doute sur la nature de la subetance qui avait servi à la fabrication des toiles des momies d’Égypte, tant les affirmations des savants étaient positives à cet égard. Je me suis empressé d’examiner au microscope les filaments dont sont composés les fils des toiles qui enveloppent les momies j’ai reconnu avec M. Bauer que ces filaments ne ressemblent en rien à ceux du coton, et qu’ils ressemblent parfaitement à ceux du lin…

M. Jomard a eu la complaisance de me donner des échantillons de tissus très-variés, trouvés dans les tombeaux de Thèbes, et qui n’avaient point servi à envelopper les momies ; parmi ces tissus, je citerai une tunique presque entière, des toiles garnies de franges, une sorte de peluche, etc. Tous ces tissus, excepté un seul qui est de matière animale, se sont trouvés être faits avec le lin. Un petit paquet de fil à coudre… trouvé de même dans les tombeaux de Thèbes, est également du fil de lin. Parmi les échantiillons assez nombreux qui m’ont été communiqués par M. Dubois, conservateur du Musée égyptien, se trouvent cinq morceaux de tissus, qui ne le cèdent en rien pour la finesse à nos belles mousselines : ces tissus sont tous fabriqués avec du lin…

Pour savoir si quelques-unes des toiles de l’ancienne Égypte n’étaient point faites avec du chanvre, j’ai examiné au microscope les filaments textiles de ce dernier végétal… Je puis décider qu’aucun des tissus provenant de l’ancienne Égypte, et que j’ai examinés, n’est fait avec du chanvre. C’est donc le lin seul qui a servi aux anciens Égyptiens pour la fabrication de leurs tissus faits de matière végétale, et l’on peut conclure de là que, contre l’opinion générale, ils ne connaissaient point le coton. Quelle est donc cette substance nommée byssus par Hérodote, et avec laquelle étaient faites, selon lui, les toiles qui servaient à envelopper les momies ? On ne peut évidemment admettre avec Forster, que le byssus soit le coton, puisqu’il est prouvé par les observations de MM. Thompson et Bauer, et par les miennes, que les toiles qui enveloppent les momies sont faites avec le lin. Ne pourrait-on pas penser que le mot byssus aurait exprimé la matière filamenteuse textile que fournit le lin, comme les mots de filasse et d’étoupe expriment chez nous cette même matière filamenteuse textile, fournie par le lin ou par le chanvre ? On verrait de cette manière d’où provient l’erreur des savants qui, apprenant par Hérodote que les toiles des anciens Égyptiens étaient fabriquées avec du lin et avec du byssus, en ont conclu que le lin était différent du byssus. Partant de là, ils ont admis que le byssus ne pouvait être que le coton.

L’opinion que j’émets ici touchant la véritable signification du mot byssus me semble être appuyée par la considération suivante : AÉlien donne le nom de byssus aux paquets de filaments soyeux avec lesquels certains mollusques marins fixent leurs coquilles aux rochers. On sait que ces filaments soyeux sont quelquefois employés pour fabriquer des étoffes. Le mot byssus serait donc un substantif destiné à désigner toute espèce de matière composée de filaments très-fins, et susceptible d’être convertie en fils propres et la fabrication des tissus. » M. Dutrochet, Note sur la substance végétale qui a servi à la fabrication des toiles qui enveloppent les momies d’Égypte, insérée dans le recueil des Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, tome 4 page 7397742, in-4e, premier semestre de 1837.

À l’occasion de cette note, le même recueil (même volume, page 743) rapporte une observation présentée par M. Costaz, qui constate la culture du liftdans l’ancienne Égypte, et que voici :

« Parmi les peintures des grottes d’Eléthyie, dont la description, par M. Costaz, fait partie du grand ouvrage sur l’Égypte, se trouve un champ planté en lin parvenu à maturité : des ouvriers sont occupés à arracher le lin ; auprès d’eux se voit un atelier où d’autres ouvriers travaillent à séparer la graine de la tige. Pour y parvenir, ils emploient un appareil encore usité parmi nous pour le même effet. Ils tiennent à la main une poignée de tiges, le sommet tourné en bas ; ils passent ces tiges entre les dents d’un peigne placé à terre dans une position inclinée, relevée du côté des dents ; ce peigne est maintenu en place par le pied de l’ouvrier, qui retire le lin à lui. Les dents étant espacées d’une quantité moindre que le diamètre de la graine, celle-ci est arrachée et retombe en tas au dessous du peigne. On fait mention de la graine, parce qu’elle caractérise la plante. Cette observation constatant la culture du lin en grand dans l’ancienne Égypte, suggéra dès lors à M. Costaz, sur la toile qui enveloppe les momies, des réflexions analogues à celles que M. Dutrochet a présentées. »

Lin (2)

(saint Lin), dont parle saint Paul dans sa seconde Épître à Timothée (2 Timothée 4.21) : Salutant te Linus, et Claudia, et fratres omnes, était, selon quelques-uns, fils de Claudia, dont il est parlé dans le même verset, Saint Irénée, Eusèbe, Optat, saint Épiphane, saint Augustin, saint Jérôme et Théodoret, assurent que saint Lin succéda immédiatement à saint Pierre dans le siège de Rome. Il gouverna douze ans et quelques mois. Le livre des Constitutions apostoliques dit qu’assez longtemps avant la mort de saint Pierre, saint Lin avait été ordonné évêque de Rome par saint Paul. Rufin avance que saint Lin et saint Anaclet ayant administré. l’Église de Rome du vivant des apôtres saint Pierre et saint Paul, mais en leur absence, saint Pierre, un peu avant sa mort, choisit enfin saint Clément pour lui succéder dans la chaire de Rome ; et saint Épiphane veut que saint Clément ait par modestie refusé. d’exercer cette charge, jusqu’après la mort de saint Lin et de saint Clet. De tout cela il est aisé de conclure que l’on ne sait que très-imparfaitement l’histoire de saint Lin. Ce fut durant son pontificat qu’arriva la ruine de Jérusalem, l’an 70 de Jésus-Christ

Les Grecs en font la fête le 5 de novembre, et les Latins le 23 de septembre. Voyez M. de Tillemont.

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