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Manassé (1), ou Menassé fils aîné de Joseph (Genèse 41.51), et petit-fils du patriarche Jacob. Manassé vint au monde l’an du monde 2290, avant Jésus-Christ 1710, avant l’ère vulgaire 1714. Le nom de Manassé signifie l’oubli ; parce que Joseph dit : Dieu m’a fait oublier toutes mes peines et la maison de mon père. Lorsque Jacob fut près de mourir, Joseph-loi amena ses deux fils, afin que son père leur donnât sa dernière bénédiction (Genèse 48.1-3). Jacob, les ayant vus, dit à Joseph : Vos deux fils qui vous sont nés dans l’Égypte seront à moi. Je les adopte, et je veux qu’ils soient regardés comme Ruben et Siméon. Alors il les fit approcher de son lit, les baisa, et les tenant embrassés, il dit à son fils : Dieu m’a fait la grâce non-seulement de vous voir, mais aussi de voir vos enfants. En même temps Joseph, éloignant ses deux fils, se prosterna jusqu’en terre devant son père ; et ayant mis Éphraïm à la gauche de Jacob, et Manassé à sa droite, il le pria de les bénir. Alors Jacob mit sa-main droite sur Éphraïm, et sa gauche sur Manassé, et commença à les bénir.
Joseph, voyant que son père avait mis sa main droite sur Éphraïm et sa gauche sur Manassé, voulut lui faire changer cette disposition, et transporter sa main droite sur Manassé, et la gauche sur Éphraïm ; mais Jacob ne voulut point changer, et lui dit : Je sais ce que je fais, mon fils : l’aîné sera père de plusieurs peuples, mais son cadet sera plus grand que lui ; sa postérité se multipliera, et produira des nations. Il continua à les bénir, en disant : Israël sera béni en-vous, et-on dira : Que Dieu vous bénisse, comme il a béni Ephraim et Manassé.
La tribu de Manassé sortit de l’Égypte au nombre de trente-deux mille deux cents hommes propres à combattre, et au-dessus de vingt ans, sous la conduite de Gamaliel, fils de Phadassur (Nombres 2.20-21). Cette tribu fut partagée à l’entrée de la terre promise. La moitié eut son partage au delà du Jourdain ; et l’autre moitié en deçà du fleuve. La demi-tribu de Manassé, qui demeurait au delà du fleuve, possédait le pays de Basan, depuis le Jabok jusqu’au mont Liban (Nombres 32.33-34 Josué 13.7) ; et la demi-tribu de Manassé de deçà le Jourdain avait son partage entre la tribu d’Éphraïm au midi, et celle d’Issachar an nord, ayant le Jourdain à l’orient, et la Méditerranée au couchant (Josué 16 Josué 17).
Quinzième roi de Juda, fils et successeur d’Ézéchias. Il avait douze ans lorsqu’il commença à régner (2 Rois 20 2 Chroniques 33.1-4). Il régna cinquante-cinq ans. Par conséquent il vécut soixante-sept ans. Sa mère s’appelait Haphsiba. Il fit le mal devant le Seigneur, et adora les idoles des nations que le Seigneur avait exterminées à l’entrée des enfants d’Israël. Il rebâtit les hauts lieux que son père avait détruits. H dressa des autels à Baal, et fit planter des bois de futaie en l’honneur des faux dieux, comme avait fait Achab, roi d’Israël. Il adora toute l’armée du ciel, et lui sacrifia. Il bâtit même des autels profanes dans le temple du Seigneur. Il en érigea à toute l’armée du ciel dans les deux parvis de la maison de Dieu. Il fit passer son fils par le feu, en l’honneur de Moloch. Il aima les divinations, la magie, les augures et les autres sortes de superstitions et de curiosités magiques. Il mit dans la maison de Dieu l’idole d’Asera ou d’Astarté. Enfin il engagea son peuple dans toutes les abominations des peuples idolâtres et étrangers, et il le séduisit de telle sorte qu’Israël fit encore plus de mal que n’en avaient fait les chananéens, que le Seigneur avait exterminés à l’entrée des Israélites. Manassé ajouta à tous ces crimes celui de la cruauté. H répandit dans Jérusalem des ruisseaux de sang innocent, et mit ainsi le comble à ses autres iniquités.[Il brûla aussi des exemplaires des livres saints. Voyez Antiochus Épiphanes, addition].
Le Seigneur, irrité de tant de crimes, fit parler à Manassé par ses prophètes, qui lui dénoncèrent : « Je vais faire fondre sur Jérusalem et sur Juda de tels maux, que les oreilles en seront étourdies à ceux qui en entendront seulement faire le récit. J’étendrai sur Jérusalem le cordeau de Samarie et de la maison d’Achab ; je la traiterai comme j’ai traité Samarie, et je rejetterai Manassé comme j’ai rejeté Achab et sa maison. J’effacerai Jérusalem, comme on efface ce qui est écrit sur des tablettes ; je passerai et repasserai souvent le stylet par-dessus, afin qu’il n’en demeure rien. J’abandonnerai les restes de mon héritage ; je livrerai mon peuple entre les mains de ses ennemis, et tous ceux qui les haïssent les ravageront et les pilleront.
On croit que le prophète Isaïe fut un de ceux qui éleva le plus fortement sa voix contre tant de désordres. Ce prophète avait l’honneur d’être beau-père du roi ; il avait eu un très-grand crédit à la cour, sous le règne d’Ézéchias, père de Manassé ; il était d’une naissance illustre, et du sang royal ; il se crut plus obligé qu’un autre de retirer Manassé de ses désordres, et de le menacer de la colère de Dieu ; mais le roi, au lieu d’écouter ses avis et ses remontrances, Je fit arrêter et le fit mourir, en le sciant en deux avec une scie de bois. Les maux dont Dieu avait menacé ce prince impie, éclatèrent enfin vers la vingt-deuxième année de son règne. Le roi d’Assyrie envoya contre lui les princes de son armée (2 Chroniques 33.11-12), qui l’arrêtèrent comme il était couché dans des épines et des halliers ; et après l’avoir pris, lui mirent les fers aux pieds et aux mains, et l’emmenèrent à Babylone. Nous croyons que ce fut Sargon, ou Assaradon, roi d’Assyrie, qui envoya Thartan en Palestine, et qui, après avoir pris Azoth, attaqua Manassé, et l’ayant mis dans les fers, le conduisit non à Ninive, mais à Babylone, dont Assaradon s’était rendu maître, et avait ainsi réuni les deux empires des Assyriens et des Chaldéens.
Manassé, étant dans les liens à Babylone, reconnut son péché, et pria le Seigneur ; et le Seigneur exauça ses larmes et ses gémissements ; il le ramena à Jérusalem, et Manassé reconnut la main puissante du Seigneur. Il répara, autant qu’il put, le mal qu’il avait fait à Jérusalem et dans Juda (Isaïe 20.1). Nous avons une prière que l’on prétend qu’il fit dans sa prison. L’Église ne la reçoit pas pour canonique ; elle la met au rang des pièces apocryphes. Toutefois elle se lit dans l’Eucologe ou livre de prières des Grecs. Les rabbins racontent que Manassé fut jeté dans un vase d’airain percé, et exposé à un très-grand feu ; que dans cette extrémité il eut recours à toutes les fausses divinités auxquelles il avait autrefois donné de l’encens ; mais n’en ayant reçu aucun secours, il reconnut bientôt l’inutilité de ses espérances. Alors il se souvint de ce qu’il avait ouï dire au roi son père (Deutéronome 4.29-30) : Lorsque vous m’invoquerez dans vos maux, et que vous vous convertirez, le vous exaucerai ; il se convertit donc au Seigneur, et fut aussitôt délivré ; et rapporté en un moment dans son royaume, ainsi qu’Habacuc fut dans la suite transporté, de Judée en Babylone, et rapporté de Babylone en Judée. L’auteur de l’ouvrage imparfait sur saint Matthieu raconte sa délivrance d’une autre manière. Il dit que Manassé,étant dans les liens, ne recevait par jour qu’un peu de pain d’orge et de l’eau mêlée avec du vinaigre, et cela par mesure, et autant qu’il en fallait pour ne pas mourir de faim. Au milieu de son affliction, il eut recours au Seigneur ; et une flamme miraculeuse l’ayant soudainement enveloppé, fondit ses chalnes, et le remit en liberté. Fables.
Manassé fut apparemment délivré de prison par Saosduchin, successeur d’Assaradan Étant de retour à Jérusalem (2 Chroniques 33.13-14), il rétablit le culte du Seigneur dans son temple, abattit les autels des faux dieux, abolit toutes les traces du culte idolâtre qu’il avait rendu aux divinités païennes et étrangères ; mais il ne détruisit pas les hauts lieux, où le peuple allait adorer le Seigneur ; soit qu’il n’eût pas le pouvoir d’abolir une coutume si ancienne et si invétérée, soit qu’il eût la faiblesse de condescendre en cela au désir du peuple. C’est la seule chose que l’Écriture lui reproche depuis son retour de Babylone. Il fit fortifier Jérusalem et rétablit ses murailles. Il fit même fermer de murs une seconde ville qui se forma de son temps à l’occident de Jérusalem, et qui se trouve appelée la seconde ville depuis son règne. Voyez (2 Rois 22.24 2 Chroniques 24.22 Sophonie 1.10 2 Chroniques 33.14). Il établit des officiers d’armée dans toutes les places fortes de Juda, et commanda à tout son peuple de chercher et d’adorer le Seigneur.
Le reste des actions de Manassé, la prière qu’il fit à Dieu, et les remontrances qui lui furent faites de la part du Seigneur par les prophètes, étaient racontées plus au long dans les journaux des rois de Juda ; et la prière qu’il fit à Dieu dans sa prison, la manière dont Dieu l’exauça, les crimes qu’il commit, les statues qu’il érigea, et les bois profanes qu’il planta ; en un mot, son péché et sa prévarication, étaient rapportés plus au long dans le livre du prophète Hozaï, qui est le même qu’Isaïe, selon quelques-uns. Les Septante le prennent dans un sens général, dans les écrits des Voyants. Le Syriaque appelle Hozaï, Hanau, et l’Arabe Saphan. [Voyez Hoze]. Manassé mourut à Jérusalem, et fut enterré dans le jardin de sa maison (2 Samuel 21.18 2 Chroniques 23.20), dans le jardin d’Oza Son fils Amon régna en sa place, l’an du monde 3361, avant Jésus-Christ 639, avant l’ère vulgaire 643.
Plusieurs croient que l’histoire de Judith et d’Holopherne arriva sous le règne de Manassé, et après son retour de Babylone. Ce prince ne paraît point du tout dans cette histoire ; soit que, par politique, il ne voulût pas se déclarer dans cette occasion ; ou que, par un principe de pénitence, il ne se mêlât que peu, ou point du tout, du gouvernement. Voyez la préface sur Judith.
Manassé, époux de Judith, ne vécut que peu de temps avec elle. Il y avait déjà trois ans qu’il était mort lorsque la guerre d’Holopherne commença. Manassé était de la tribu de Siméon, et il mourut pendant la moisson des orges, d’une maladie causée par l’extrême ardeur du soleil, qui lui donna sur la tête (Judit 8.2-3). Il laissa tous ses biens à Judith, son épouse, et fut enterré à Béthulie, sa patrie.
Grand prêtre des Juifs, fils de Jean, et frère de Jaddus. Il succéda à Eléazar, son grand-oncle, et eut pour successeur Onias II son neveu. Voici comme Manassé parvint au souverain pontificat : il avaitépousé Nicaso, fille de Sanaballat, satrape de Samarie. Les Juifs et les prêtres trouvèrent fort mauvais ce mariage de Manassé avec une femme d’une religion étrangère. Ils lui dénoncèrent qu’il eût à quitter cette femme, ou à s’absenter du sacré ministère. Le grand prêtre, son frère, se joignit à eux, et Manassé, se voyant ainsi odieux dans sa patrie, se retira chez son beau-père, et lui dit qu’à la vérité il était fort attaché à Nicaso, son épouse, mais qu’il lui était fort douloureux de.se voir exclu des prérogatives du sacerdoce, auxquelles sa naissance l’appelait. Sanaballat lui promit que non-seulement il lui conserverait le sacerdoce, mais aussi qu’il lui procurerait la grande sacrificature et la, première place de toute sa province, qu’il ferait bâtir sur le mont Garizim un temple pareil à celui de Jérusalem, et qu’il en serait le premier grand prêtre.
Manassé, flatté de ces espérances, fixa sa demeure chez Sanaballat, son beau-père ; et comme il y avait plusieurs Israélites qui étaient engagés dans de pareils mariages, ils se retirèrent auprès de lui ; et Sanaballat leur donna des champs et des maisons pour se les attacher. Aussitôt qu’Alexandre le Grand fut venu en Syrie, et qu’il eut formé le siège de Tyr, Sanaballat l’alla trouver avec huit mille hommes de bonnes troupes, et se rangea à son obéissance avec toute la province de Samarie, dont il était le gouverneur. Il obtint de ce prince la permission de bâtir un temple sur la montagne de Garizim, et en donna la souveraine sacrificature à Manassé. L’on adorait dans ce temple le même Dieu qu’à Jérusalem, et un grand nombre de ceux qui s’y trouvaient étaient Juifs, aussi bien que Manassé. Mais ce temple était odieux aux prêtres et aux Juifs de Jérusalem, qui regardaient comme des schismatiques ceux qui y adoraient. Il fallut donc que Manassé renonçât au schisme, lorsque-après la mort d’Eléazar, son grand-oncle, il lui succéda dans la grande sacrificature (d). Josèphe ne nous apprend pas de quelle manière se fit ce changement et cette succession ; mais ce que Josèphe raconte ici parait très-difficile à croire, et il y a une contrariété qui n’est pas facile à concilier.
Le de Nehémie qui parle de Sanaballat Oronite (Néhémie 13.28), qui avait donné sa fille en mariage à un fils du grand prêtre Joïada, fils d’Éliasib, dit que Néhémie fut obligé de chasser de Jérusalem ce gendre de Sanaballat, parce qu’il avait épousé une femme étrangère. [Voyez Eliasib]. Il ne dit pas quel nom il avait ni ce qu’il devint. Mais Josèphe le nomme Manassé, et assure qu’il se retira à Samarie, auprès de son beau-père, sous le règne de Darius Condomane, le dernier roi de, Perse. L’anachronisme est manifeste. Néhémie n’a pu vivre sous Darius Condomane : il vint en Judée pour la seconde fois, l’an du monde 3555, sous Artaxerxès Longue-Main, et mourut en 358), et Darius Condomane ne monta sur le trône que vers l’an 3670.
Quelques savants ont cru devoir admettre deux Sanaballat et deux Manassé, les premiers vivant sous Néhémie, et les autres sous Darius Condomane. D’autres ont cru que Josèphe avait brouillé cette histoire, et confondu les ans, en rapportant au temps d’Alexandre le Grand et du dernier roi Darius ce qui était arrivé longtemps auparavant sous Néhémie. M. Prideau est de ce dernier sentiment. Il soutient que Josèphe a confondu le grand prêtre Joiada avec son petit-fils Jaddus, et qu’on doit rectifier ce que dit cet auteur, sur ce qu’on lit dans Néhémie. Sur ce pied-là il faudra dire aussi que Manassé, grand prêtre, qui succède à Eléazar, est fort différent du gendre de Sanaballat, dont Néhémie ne nous apprend pas le nom.
On donne à Manassé vingt-six ans de pontificat, depuis l’an du monde 3745 jusqu’en 3771, avant Jésus-Christ 229, avant l’ère vulgaire 233.
[descendant de Phahath-Moab, et Manassé] fils [descendant] d’Hasm, furent de ceux qui, après le retour de Babylone, se séparèrent de leurs femmes, qu’ils avaient prises contre la loi (Néhémie 10.30-33).
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