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Fils de Jaïr, de la race de Saül, et des premiers de la tribu de Benjamin. Il fut mené captif à Babylone par Nabuchodonosor, avec Jéchonias, roi de Juda (Esther 2.5-6), l’an du monde 3405, avant Jésus-Christ 595, avant l’ère vulgaire 599. Il s’établit à Suse et y demeura jusqu’à la première année de Cyrus, qu’il s’en retourna, à ce qu’on croit, à Jérusalem, avec plusieurs autres captifs. Mais ensuite il revint à Suse, voyant que le temple demeurait imparfait, et que sa nation était sans appui dans la Judée. Il y a beaucoup d’apparence que Mardochée était fort jeune lorsqu’il fut mené eu captivité ; car depuis le transport de Jéchonias par Nabuchodonosor jusqu’à la troisième année de Darius, fils d’Hystaspe, ou Assuérus, qui épousa Esther cette année-là, il y a quatre-vingts ans.
Quelques-uns croient que Mardochée vint à Babylone ou à Suse dans la personne de son père, et que pour lui il naquit dans ce pays-là : mais il est inutile de recourir à cette solution. Mardochée, ayant eu douze ans, par exemple, au temps du transport de Jéchonias, en eut quatre-vingt-douze au temps du mariage d’Esther avec Assuérus. À cet âge, il put fort bien s’acquitter des emplois que le roi lui donna, et vivre encore longtemps, supposé, comme le veulent les Juifs, qu’il ait vécu en tout cent quatre-vingt-dix-huit ans, et quand même il n’en aurait vécu que cent dix ou cent vingt.
Quoi qu’il en soit, Mardochée avait auprès de lui sa nièce, fille de son frère, nommée Edesse ou Esther, qu’il avait adoptée et élevée comme sa fille, après la mort de son frère.
Esther étant devenue l’épouse d’Assuérus, de la manière que nous avons dit sur l’article d’Esther, Mardochée, sans vouloir déclarer qui il était, se contenta de demeurer plus assidu à la porte du palais, afin de savoir des nouvelles d’Esther. Un jour des eunuques du roi, ayant conçu quelque mécontentement contre leur maître (Esther 2.21), entreprirent d’attenter contre sa personne et de le tuer.
Mardochée, ayant découvert leur dessein, en donna avis à la reine Esther, laquelle en avertit le roi au nom de Mardochée. On en fit aussitôt la recherche ; l’avis fut trouvé véritable, les deux eunuques furent pendus, et la chose fut écrite dans les annales par l’ordre du roi. Après cela Assuérus éleva Aman à la plus hante fortune où un favori puisse prétendre : il lui donna place au-dessus de tous les princes qui étaient auprès de sa personne (Esther 3.1-2) ; et tous les serviteurs du roi fléchissaient les genoux devant ce courtisan.
Mardochée ne put jamais se résoudre à lui rendre cet honneur, parce qu’Aman prétendait aux mêmes honneurs à proportion que les sujets rendent aux rois de l’erse, c’est-à-dire, aux honneurs divins (Esther 13.12-14).
Aman fut si irrité de ce refus qu’il jura la perte des Juifs. Il obtint du roi un édit qui les condamnait tous à périr, et qui confisquait leurs biens au profit du roi. Dès que cet édit fut publié, Mardochée en donna avis à Esther, et la sollicita d’en demander la révocation au roi. Mais pendant cet intervalle, il arriva une chose qui pensa désespérer Aman. Le roi, ne pouvant s’endormir pendant la nuit (1), se fit lire les annales des années précédentes. On y lut la conspiration des deux eunuques découverte par Mardochée. Le roi demanda si cet homme avait été récompensé de son avis, et ayant appris qu’il ne l’avait pas été, il demanda : Qui est là dans l’antichambre ? On lui répondit que c’était Aman. Celui-ci y était venu pour demander que Mardochée fût attaché à la potence. Assuérus le fit entrer et lui dit : Que doit-on faire pour honorer un homme, que le roi veut combler d’honneurs ? Aman, croyant que c’était lui-même que le roi voulait honorer, lui dit : Il faut que cet homme soit revêtu des habits royaux, qu’il monte le cheval du roi, et qu’il ait en tête le diadème royal ; que le premier des grands de la cour tienne son cheval par les rênes, et que, marchant devant lui par les places de la ville, il crie : C’est ainsi que sera honoré celui que le roi voudra honorer. Le roi lui répondit : Hatez-vous donc, prenez une robe et un cheval, et faites à Mardochée tout ce que vous avez dit.
Aman alla donc trouver Mardochée, et l’ayant revêtu des habits royaux, le fit monter sur le cheval du roi, et le conduisit par la ville, ainsi qu’il l’avait lui-même inspiré à Assuérus. Après cela Aman s’en retourna dans sa maison, accablé de douleur et de dépit ; et Mardochée revint à la porte du palais. Cependant Esther, après s’être préparée par le jeûné et par la prière, alla se présenter au roi, dans la vue de tirer son peuple du danger auquel Aman l’avait exposé. Elle se contenta d’abord de demander à Assuérus qu’il eût pour agréable de venir avec Aman manger dans son appartement. Au premier repas, elle ne découvrit pas encore au roi ce qu’elle désirait ; elle le pria seulement de lui faire le même honneur encore une seconde fois. Alors elle lui découvrit la conspiration d’Aman, que Mardochée était son oncle, qu’elle était juive de naissance, et que tout son peuple était condamné à la boucherie (Esther 7.1-3 ; 8.1-3).
Alors Assuérus révoqua l’édit qu’il avait donné contre les Juifs, condamna Aman à être pendu à la potence qu’il avait fait dresser pour Mardochée, donna à la reine la confiscation des biens de ce favori, et éleva Mardochée aux mêmes honneurs qu’avait possédés Aman. Il permit aux Juifs de se venger de leurs ennemis dans toute l’étendue de ses États, et d’exercer cette vengeance le jour même qui était destiné à leur perte, c’est-à-dire le 14 de nisan [Voyez le Calendrier, au 14 d’adar, mais il y a sans doute une erreur] ; et ce jour fut, dans la suite des siècles un jour de fête solennelle pour leur nation. On peut voir Esther et Purim.
La plupart des critiques et des commentateurs croient que Mardochée est auteur du livre d’Esther. Il est certain que c’est lui qui écrivit, conjointement avec Esther, la lettre qui ordonnait la célébration de la fête des Sorts ou de Purim. Or cette lettre n’est autre que le livre même d’Esther, auquel on a fait quelques légers changements, pour lui donner la forme d’un livre plutôt que d’une lettre. On peut voir le chapitre 9 de ce livre, et notre préface sur cet ouvrage, page 504, et l’article Esther. [Voyez Asimah].
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