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Medes

Mèdes, peuples de Médie. On croit communément que la Médie fut peuplée par les descendants de Madaï, fils de Japhet (Genèse 10.2). Esther (Esther 1.3-14,18,19 ; 10.2) et Daniel (Daniel 5.28 ; 6.9-13,16 ; 8.20) mettent ordinairement Madaï pour les Mèdes ; et c’est ainsi que le commun des interprètes l’entend. Les Grecs soutiennent que ce pays tire son nom de Medus, fils de Médée ; et certes si ce que nous avons dit ci-devant sous l’article de Madaï, est certain, savoir, que ce fils de Japhet a peuplé la Macédoine, il faut chercher une autre origine aux peuples de Médie. En effet il est assez malaisé de comprendre que Japhet, qui, comme dit l’Écriture (Genèse 10.5), est père des peuples qui ont peuplé les fils des nations, ait envoyé Madaï bien avant dans l’Asie, au delà de l’Euphrate, dans un pays si éloigné de ceux qui ont été peuplés par ses autres fils. Mais si Madaï et ses fils immédiats n’ont pas peuplé la Médie, on ne peut, au moins disconvenir que quelques-uns de leurs descendants n’y aient porté son nom, puisqu’on le trouve si souvent donné à la Médie, depuis les prophètes Isaïe et Jérémie, et depuis le transport des dix tribus, et la ruine de Samarie, arrivée sous Salmanasar l’an du monde 3283, avant Jésus-Christ 717, avant l’ère vulgaire 721. On place le voyage de la toison d’or, dans lequel Médée fut ravie, en 2760, environ quarante ans avant la prise de Troie ; de sorte qu’il n’y a rien d’impossible dans la supposition des Grecs, qui veulent que la Médie ait tiré son nom de Médus, fils de Jason et de Médée ; ni rien de contraire à l’Écriture, qui parle des Mèdes du temps de Salmanasar, en 3283, et souvent depuis ce temps, sous Isaïe, Jérémie, Daniel, Judith, Esther et Tobie. Depuis le voyage des Argonautes, jusqu’à la prise de Samarie, il y a cinq cent vingt-trois ans.

Les bornes de la Médie n’ont pas toujours. été les mêmes. On l’a prise tantôt dans une plus grande, et tantôt dans une moindre étendue. Ptolémée lui donne pour bornes au septentrion, une partie de la mer Caspienne, et les montagnes de même nom, et les Caduses ; à l’occident, la grande Arménie ; à l’orient, le pays des Parthes et l’Hyrcanie ; et au midi, la Perse, la Susiane, et une partie de l’Assyrie.

La capitale de la Médie était Ecbatane, dont il est parlé dans le livre de Judith (Judith 1.1). L’auteur de ce livre attribue la fondation, ou du moins l’agrandissement et l’embellissement de cette ville au roi Arphaxad, que nous croyons être le même que Pbraortes. Toutefois Hérodote dit expressément que ce fut Déjocès qui entreprit les ouvrages de cette ville. Mais comme l’entreprise était grande, il est très-croyable qu’il en laissa assez à faire à Phraortes son successeur, pour vérifier ce que dit l’Écriture, que ce fut lui qui

La bâtit. Voyez ci-devant Ecbatane. Ragés était aussi dans la Médie (Tobie 1.16) ; et Salmanasar fit passer dans les villes des Mèdes les Israélites des dix tribus qu’il transporta au delà de l’Euphrate (2 Rois 17.6 ; 18.11).

Isaïe (Isaïe 13.17-18) nous décrit les Mèdes comme exécuteurs des décrets de Dieu contre Babylone :

Je susciterai contre elle les Mèdes, qui ne cherchent point l’argent, et qui ne désirent point l’or ; mais ils perceront de leurs flèches les enfants à la mamelle, et n’auront aucune compassion des petits enfants, etc. Voyez aussi (Isaïe 21.2-3).

Jérémie parle des malheurs qui devaient arriver aux Mèdes (Jérémie 25.27). Il leur prédit qu’a leur tour ils seront enivrés du calice de la colère de Dieu ; et il y a apparence que ce fut Cyrus qui leur fit souffrir les maux dont ils étaient menacés. Or Darius le Mède succéda au royaume de Balthasar, roi de Chaldée (Daniel 5.31), et Cyrus succéda artarius (Daniel 13.65). Mais Daniel, qui marque clairement cette succession, ne nous en apprend aucunes particularités ; quoique les autres prophètes qui parlent des Mèdes et de Babylone, fassent assez entendre que cela ne se passa pas sans guerre. Quoi qu’il en soit, depuis Darius successeur de Balthasar, les rois de Babylone se qualifient toujours rois des Perses et des Mèdes, ou rois des Mèdes et des Perses.

Liste chronologique des rois des Mèdes.

Dejoces est choisi roi des Mèdes, l’an du monde 3294, avant Jésus-Christ 706, avant l’ère vulgaire 710, avant le commencement de Cyrus 150, selon Hérodote, trente-sept ans après qu’Arbaces eut mis les Mèdes en liberté, l’an du monde 3257, avant Jésus-Christ 743, avant l’ère vulgaire 747. Déjocès régna cinquante-trois ans, et eut pour successeur

Phraortes, son fils, l’an du monde 3347, avant Jésus-Christ 653, avant l’ère vulgaire 657. Il régna vingt-deux ans, et mourut au siège de Ninive.

Cyaxares, fils de Phraortes, régna depuis l’an du monde 3369 jusqu’en 3409, pendant quarante ans. Les Scythes firent irruption dans son royaume, pendant qu’il assiègeait Ninive, l’an du monde 3370, avant Jésus-Christ 630, avant l’ère vulgaire 634, et ils en demeurèrent les maîtres pendant vingt-huit ans, jusqu’en l’an du monde 3393, avant Jésus-Christ 602, avant l’ère vulgaire 605. Alors Cyaxares les chassa de la Médie. Il mourut l’an du monde 3409, avant Jésus-Christ 591, avant l’ère vulgaire 595.

Astyages son fils, nommé Assuérus (Daniel 9.1), lui sucréda en l’an du monde 3409, et régna trente-cinq ans. Mort l’an du monde

3444, avant Jésus-Christ 556, avant l’ère vulgaire 560.

Darius le Mède lui succéda au royaume des Mèdes en 3444. Il est nommé Cyaxares dans Xénophon, et Astyages dans le texte grec de Daniel, 13.65. Il succéda à Balthasar, son neveu, dans le royaume de Babylone ou de Chaldée, en 3448, et mourut en 3466, avant Jésus-Christ 556, avant l’ère vulgaire 560. ll laissa le royaume à Cyrus, son neveu, qui réunit les deux monarchies des Perses et des Mèdes, en l’an du monde 3466, avant Jésus-Christ 534, avant l’ère vulgaire 538 [Voici la chronologie des rois mèdes, d’après l’Art de vérifier les dates, tome pages 364 et suivants, édition in-8° :

L’an du monde 4205 avant l’ère vufg. 759, les Mèdes ayant secoué le joug des rois d’Assyrie, préférèrent le gouvernement républicain à l’état monuchique. Mais d’autres peuples, qui avaient pris part à la révolte sous leurs enseignes, et qui sont appelés Mèdes, improprement par Ctésias, reconnurent Arbace pour leur roi… Quant aux Mèdes proprement dits, ils étaient divisés par tribus indépendantes les unes des autres, et dont chacune avait son juge ; ils demeurèrent sans roi l’espace d’environ vingt-neuf ans. La liberté, dans cet intervalle, ayant dégénéré en, licence, les Mèdes sentirent la nécessité de se donner promptement un législateur commun et souverain, pour ne pas retomber sous la domination des Assyriens.

Dejoces, juge de l’une des tribus, fut alors choisi pour roi des Mèdes, l’an du monde 4231, avant l’ère vulgaire 733. Son règne fut de quarante-trois ans, et il emporta dans le tombeau, sinon les regrets, du moins l’estime de ses sujets.

Phraortes ou Aphraarte, nommé dans l’Écriture Arohaxad, fils de Déjocès, lui succéda dans l’empire des Mèdes, l’an du monde 4274, avant l’ère vulgaire 699, non par élection, mais par le droit de sa naissance, suivant la constitution de l’État, qui rendait le trône héréditaire. Il voulut faire des conquêtes, et il en fit ; mais il osa porter la guerre contre les Assyriens, qui le repoussèrent et devinrent agresseurs à leur tour. Saosduchin, roi d’Assyrie, qui est le Nabuchodonosor du livre de Judith, lui livra bataille dans la plaine de Ragau, qu’on croit être la ville de Ragés dont il est parlé dans Tobie, le vainquit et le mit en fuite. Phraortes poursuivi fut pris et amené au monarque assyrien, qui le fit mourir à coups de javelots, dans la vingt-deuxième, année de son règne, la 655e avant l’ère vulgaire. C’est de l’année que Phraortes monta sur le trône qu’il faut compter les cent dix-huit ans que dura la domination des Mèdes dans la Haute Asie, jusqu’au commencement de Cyrus.

Cyaxare, fils de Phraortes, mon ta sur le trône après lui, l’an du monde 4309, avant l’ère vulgaire 655. C’est par un massacre général des Scythes, que les Mèdes se délivrèrent, l’an du monde 4344, avant l’ère vulgaire 620, du joug de ces étrangers, après l’avoir supporté pendant vingt-huit ans. Quand Cyaxare eut réparéles maux qu’ils avaient faits, il repritson entreprise contre Ninive. Nabopolassar, roi des Babyloniens depuis dix ans, se joignit à lui, ou plutôt à son fils Astyage, nommé Assuérus dans le prophète Daniel, pour recommencer le siège de cette ville (615 avant notre ère). Ils la prirent, la renversèrent, et par cette conquête, le royaume d’Assyrie tomba sous la puissance des Babyloniens et des Mèdes, qui le partagèrent entre eux. Cyaxare mourut dans la soixante-unième année de son règne, la 4369° de monde, après avoir fait beaucoup de conquêtes, notamment celle de la Perse.

Astyage, son fils, lui succéda au trône de Médie l’an 595 avant l’ère vulgaire. Il mourut après un règne de trente-cinq ans, laissant l’empire des Mèdes dans un état florissant.

Cyaxare II nommé Darius le Mède par le prophète Daniel, et Assuérus dans le livre d’Esther, et Artaxerxès (ibid.), succéda à Astyage son père, l’an du monde 4404 avant l’ère vulgaire 560 (Voyez Darius le Mède). Cyrus, son neveu, par ses conquêtes, le rendit maître du plus grand empire qui eût existé jusqu’alors. Aussi le laissa-t-il, par sa mort, arrivée l’an du monde 4428, avant l’ère vulgaire 536, à Cyrus, qu’il avait déclaré son héritier en lui faisant épouser sa fille. Le règne de Cyaxare fut de vingt-quatre ans. Il en vécut soixante-quatre, et la monarchie des Mèdes, qui finit avec lui, en avait duré près de deux cents, depuis que Déjocès était monté sur le trône].

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