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Ce terme se trouve souvent dans les paraphrases chaldaïques des livres de Moïse ; il signifie le Verbe ; et on prétend que les auteurs de ces paraphrases ont voulu sous ce terme désigner le Fils de Dieu, la seconde personne de la Trinité. Or leur témoignage est d’autant plus considérable, qu’ayant vécu avant Jésus-Christ, ou du temps de Jésus-Christ, ils sont des témoins irréprochables du sentiment de leur nation sur cet article, puisque leur Targum ou explication, a toujours été, et est encore aujourd’hui dans une estime universelle parmi les Juifs. Dans la plupart des passages où se trouve le nom sacré de Jéhovah ; les Paraphrastes y ont substitué le nom de Memra, qui signifie le Verbe, et qui diffère de Pitgama, qui en chaldéen signifie le discours ; et comme ils attribuent au Memra tous les attributs de la divinité, on en infère qu’ils ont cru la divinité du Verbe.
En effet, c’est le Memra qui a créé le monde. C’est lui-même qui apparut à Abraham dans la plaine de Mambré, et à Jacob au sommet de Béthel. C’est lui que le même Jacob prit pour témoin de l’alliance qu’il fit avec Laban : Que le Verbe voie entre vous et moi. C’était ce même Verbe qui apparut à Moïse sur le mont Sinaï, et qui donna la loi aux Israélites, qui parlait tête à tête avec ce législateur ; qui marchait à la tête du peuple, qui le rendait vainqueur des nations ; et qui était un feu vengeur et dévorant pour ceux qui violaient les lois du Seigneur. Tous ces caractères où le paraphraste emploie le nom (le Memra, désignent clairement le Dieu tout-puissant : ce Verbe était donc Dieu, et les Hébreux le croyaient ainsi du temps que le Targum a été composé.
Ce Memra répond au Cachema ou à la Sagesse dont parle Salomon dans le livre des Proverbes (Proverbes 3.19-20 ; 8.11-12), et Jésus fils de Sirach, dans son ouvrage intitulé l’Ecclésiastique, et au Verbe tout-puissant, Omnipotens sermotuus, du livre de la Sagesse (Sagesse 18.15) ; et encore (Sagesse 16.26) : Afin que vos enfants connussent que ce ne sont pas les fruits de la terre qui repaissent les hommes, mais que c’est votre parole qui conserve ceux qui croient en vous ; et le Logos, le Verbe, dont Philon parle en tant d’endroits, et le même Logos dont saint Jean l’évangéliste nous a si divinement découvert le mystère à la tête de son Évangile. [Voyez Verbe].
Tout cela embarrasse ceux qui nient la divinité du Verbe. Grotius, pour éluder l’autorité du Targum, a prétendu que Dieu avait produit, selon les Juifs, un être subalterne, dont il se servait pour la création de l’univers. Mais cet être qui crée, quel qu’il soit, est nécessairement Dieu, puisqu’il n’y a que Dieu, qui ait ce pouvoir, et le Targum l’attribue à Memra.
M. le Clerc, écrivant sur le premier chapitre de saint Jean, dit à-peu-près la même chose ; il soutient que Philon dans tout ce qu’il dit du Logos ne regarde pas le Verbe comme une personne distincte, mais qu’il en fait un ange et un principe inférieur à la Divinité. Mais quand Philon aurait manqué d’exactitude en quelque endroit en parlant du Verbe, et en traitant une matière si sublime et si cachée, on ne devrait pas s’en étonner, ni en faire retomber la faute sur le Verbe même ; mais qu’on voie si saint Jean, mieux instruit que Philon de la nature du Verbe, ne l’a pas bien développée dans son Évangile, et qu’on s’en tienne à ce que dit ce divin écrivain, instruit de la bouche même de Jésus-Christ, et par l’inspiration de sou Esprit. Voyez ci-après l’article Parole.
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