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Mercure

Fils de Jupiter et de Maia, dieux fabuleux et messager des dieux. On l’adorait comme la divinité qui présidait à léloquence, au commerce, à la doctrine. Les Grecs lui donnent le nom d’Hermès, qui signifie interprète, parce qu’ils le regardaient comme l’interprète des volontés des dieux [Voyez Bel, paragraphe 9]. C’est apparemment pour cela que ceux de Lystres (Actes 14.11) ayant ouï prêcher saint Paul, et lui ayant vu guérir un malade, voulurent lui offrir des sacrifices, comme s’il eût été Mercure ; et à saint Barnabé, comme à Jupiter, apparemment à cause de sa bonne mine.

Les profanes semblent avoir confondu quelques caractères de la vie de Mercure avec celle du grand prêtre Aaron, frère de Moïse : Mercure était le messager et l’interprète des dieux, comme Aaron était le prophète et l’interprète du Seigneur, et la langue de Moïse ; on dépeint Mercure avec une verge miraculeuse : on sait le miracle de la verge d’Aaron, qui fleurit et qui fut mise à côté de l’arche ; Mercure est le dieu voleur : Aaron et les autres Juifs prirent les richesses des Égyptiens ; Mercure fut l’inventeur de la lyre : les enfants d’Aaron et les lévites étaient occupés à jouer des instruments dans le temple du Seigneur ; Mercure est le dieu des voyageurs : Aaron, avec Moïse, conduisit le peuple dans le voyage du désert, etc. [Voyez Aaron].

Le Sage, dans les Proverbes (Proverbes 26.8), dit que celui qui élève en honneur un insensé est comme celui qui jette une pierre dans le monceau de Mercure. Il est aussi peu convenable d’élever en dignité un insensé, que de jeter une pierre au pied d’une statue de Mercure placée sur un chemin fourchu : c’est, pour ainsi dire, ajouter l’inutile à l’inutile. Cette superstition de jeter des pierres au pied d’un terme ou d’une statue de Mercure à demi-corps, placée sur un grand chemin, est connue dans les anciens (Nicander)

Mais on doute que Salomon, en cet endroit, ait voulu parler de Mercure, ni des amas de pierres que l’on faisait au pied de sa statue. Le texte hébreu (Proverbes 26.8) ne parle pas de Mercure. Les uns le traduisent ainsi : Donner des honneurs à un insensé, c’est lier une pierre dans une fronde. Cette pierre ainsi liée demeurera immobile. Ainsi l’insensé ne pourra faire aucun usage de l’honneur qu’on lui aura donné. Autrement : De même qu’une pierre jetée sur un tas d’autres pierres communes est inutile, ainsi est l’honneur que l’on fait à un insensé. C’est jeter une pierre sur un tas de pierres. Ragam, qui est la racine de margemah, signifie accabler de pierres, lapider (Lévitique 20.2-27 Deutéronome 21.21). Les Rabbins l’entendent communément d’un tas de pierres amassées en l’honneur de Mercure, ainsi que l’auteur de la Vulgate l’a exprimé dans sa traduction. Mais les Septante le traduisent par une fronde (Proverbes 26.8). Je suivrais volontiers l’explication du Chaldéen : De même qu’une lame, ou un lingot d’or ou d’argent, mis dans une fronde est une chose fort mal placée, ainsi est l’honneur donné à un insensé. L’Hébreu zeror-eben un faisceau de pierres, peut marquer un faisceau de barres d’or ou d’argent éprouvé par la pierre de touche, ou pesé avec une pierre de poids : les Juifs se servaient de pierres au lieu de poids (Proverbes 20.10-23), selon l’Hébreu. Lapis et lapis, au lieu de pondus et pondus. Voyez aussi (Deutéronome 25.13).

Le nom de Mercure ou Hermès Trismégiste, c’est-à-dire Mercure trois fois très-grand, ne se trouve ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament. Nous n’en parlons ici que parce qu’on a confondu ce Mercure, et d’autres encore connus sous le même nom, avec des patriarches dont nous parle l’Écriture. Cicéron et Lactance ont reconnu jusqu’à cinq Mercures ; ils croient que celui qui est surnommé Trismégiste, c’est-à-dire trois fois très-grand, est le dernier de tous. Les anciens parlent souvent de ses ouvrages qui sont perdus. Les deux dialogues qui nous restent sous le nom de Pimander et d’Ascleprier, et qu’on attribue à ce philosophe, ne sont pas de lui. Clément d’Alexandrie parla de ses ouvrages, qu’il réduit à quarante-deux volumes, et il en rapporte l’argument et la matière. Jamblique dit qu’il en compta trente-six mille, Julius Firmien ne lui en donne que vingt mille ; encore ce nombre est-il excessif, à moins qu’on ne prenne un livre pour un verset, comme quelques-uns l’ont cru, ou plutôt que les Égyptiens lui ont attribué tout ce qu’ils avaient d’ouvrages de théologie et d’astrologie, pour leur concilier plus d’autorité.

On ne convient pas du temps auquel vivait Mercure Trismégiste. Les Orientaux croient que le premier Hermès ou Mercure vivait environ mille ans après Adam, et qu’il n’est autre qu’Edris, ou Énoch, surnommé par les Chaldéens Ouriaï ou d’Ouvanaï, c’est-à-dire le grand maître, titre qu’ils donnent aux plus grands philosophes ou sages qui aient vécu.

Le second Mercure a paru au commencement du second millenaire solaire ; il est appelé Hermès Thani, le second Mercure, ou le second Ouriai, ou d’Ouvanai, c’est-à-dire directeur du monde ; c’est le même qui est appelé par les Grecs Trismégiste, trois fois très-grand, et par les Arabes trois fois grand en science. C’est l’Orus des Égyptiens, soit que ce nom vienne d’Ouriaï des Chaldéens, ou que les Chaldéens aient pris leur Ouriaï d’Orus ; car la chose est tres-incertaine. Les Chaldéens ont un livre intitulé Asrar Hermès, c’est-à-dire secrets d’Hermès, qu’on lui attribue ; on y lit qu’il naquit dans la grande conjonction du soleil avec Mercure ; mais il y a grande apparence que ce livre, aussi bien que les autres, a été supposé par les Arabes, de même que tous ceux que nous avons sous le nom d’Hermès Trismégiste l’ont été par les Grecs.

Abulfarage, dans son traité des Dynasties, dit qu’il y a eu trois Hermès, dont le premier est Edris ou Énoch ; le second est un Hermès chaldéen ou babylonien, qui vivait quelques siècles après le déluge et qui demeurait à Calovaz, ville de Chaldée : c’est à celui-ci que les Chaldéens rapportaient les principales connaissances qu’ils avaient des astres, et ils ne faisaient point difficulté de lui attribuer le rétablissement de Babel, que Nemrod avait fondée et qui avait été minée de son temps. Le troisième Hermès est celui qui fut surnommé Trismégiste, et dont nous parlons ici

Le premier Hermès a eu trois noms, savoir : Henoch, Edris, et Hermès, à raison de ses trois qualités de roi, de philosophe et de prophète. Les Arabes le nomment l’Hermès des Hermès, ou le grand Hermès ; et les Orientaux croient qu’il a été la cause innocente de : Asclépiades, son disciple, lui ayant dressé une statue après sa mort, et demeurant assidûment auprès d’elle, semblait l’adorer ; ce qui fut imité superstitieusement par les autres.

Le livre arabe intitulé Asrar Kelam Hermès, les paroles secrètes d’Hermès, attribué à Mercure Trismégiste, traite des grandes conjonctions des planètes et de leurs effets ; son litre porte qu’il a été composé par Hermés second du nom, surnommé par les Grecs Trismégiste, et par les Chaldéens d’Ouvanai.

Le traducteur arabe dit que le nom d’Ouvaraï, en chaldéen Mokhallès Albaschar, veut dire sauveur du monde, nom qui lui fut donné à cause que Mercure préserva les hommes de plusieurs calamités, soit en les avertissant avant qu’elles arrivassent, soit en leur procurant les moyens de s’en garantir. Ce surnom de Sauveur du monde, donné aussi au patriarche Joseph, pourrait faire juger que l’on aurait confondu Mercure Trismégiste avec lui. On attribue au premier Hermès, ou Hénoch, un livre arabe intitulé : Traité du lever de l’étoile nommée Syrius, qui est le Canis Major. Mais il faut avouer que tout ce qu’on dit de ces trois Mercures est très-peu certain, et qu’il est malaisé de débrouiller des choses enveloppées dans l’obscurité d’une telle antiquité.

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