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Mesure de mille pas ; Milliaire. Les trois milles font la lieue. La lieue de France est de deux mille cinq cents pas géométriques. Les huit stades font le mille. Notre Sauveur veut que, si l’on nous oblige à faire mille pas, nous en fassions deux mille (Matthieu 5.41). Les Romains mesuraient ordinairement par milles et les Grecs par stades. La stade était était de cent vingt-cinq pas, et le pas de cinq pieds. Les anciens Hébreux n’avaient ni stades, ni milles, ni pieds, mais seulement la coudée, la toise et la corde. Les rabbins se servent de milles ; ils donnent au mille deux mille coudées, et les quatre milles font le parasa. Voyez M. Reland, Palœst., 1. Il, chapitre t, page 396, 397. Voyez la table des mesures des Hébreux.
En hébreu, éleph, en grec, chilion, en latin, mille, nombre de dix centaines ; mais il se prend souvent pour un grand nombre indéfini. Pax exemple : Le Seigneur fait miséricorde en mille générations (Deutéronome 5.10 ; 7.9) ; et : J’aime mieux passer un jour dans les parvis de mon Seigneur que mille jours ailleurs (Psaumes 83.11). Et encore (Psaumes 104.8) : Il s’est souvenu de la parole qu’il a donnée pour mille générations, c’est-à-dire pour toujours. Saint Jean, dans l’Apocalypse (Apocalypse 20.2-5), dit qu’il vit descendre du ciel un ange qui avait la clef de l’abîme, qui enchaîna le dragon ou le diable pour mille ans ; et, l’ayant jeté dans l’abîme, il le ferma sur lui et le scella jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis ; après quoi le dragon doit être délié pour un peu de temps. Saint Jean vit ensuite les saints martyrs qui ont vécu et régné avec Jésus-Christ pendant mille ans. Mais les autres justes qui ne sont point martyrs ne sont point rentrés dans la vie jusqu’à ce que mille ans soient accomplis. C’est là la vremière résurrection. Heureux et saints sont ceux qui auront part à la première résurrection ! La seconde mort n’aura point de pouvoir sur eux ; mais ils seront prêtres de Dieu et de Jésus-Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans ; et après que mille ans seront accomplis, Satan sera délié, et il sortira de sa prison.
C’est de ces passages mal entendus qu’est venue l’opinion des Millénaires, qui ont cru que Jésus-Christ régnerait sur la terre avec ses saints pendant mille ans avant le jour du jugement. Ceux qui ont défendu ce sentiment n’étaient point une secte d’hérétiques ou de schismatiques séparés de l’Église : c’étaient des anciens Pères de l’Église, célèbres par leur doctrine et par leur sainteté, qui ont de bonne foi et sans opiniâtreté soutenu une opinion qu’ils croyaient voir clairement établie dans l’Écriture. Ce sentiment venait des Juifs, qui attendaient sous le Messie un règne de mille ans sur la terre, comme on le voit dans le quatrième livre d’Esdras, chapitre 4 v. 35 et suivants, et chapitre 6.18. Mais celui qui donna le plus de cours à ce système fut Papias, disciple de saint Jean l’évangéliste, qui prétendait avoir reçu des apôtres et de leurs disciples l’opinion du règne de Jésus-Christ pendant mille ans sur la terre. Caïus, prêtre de l’Église romaine, qui vivait au second siècle de l’Église, traite le sentiment des Millénaires de fable inventée par Cérinthe.
Comme le nom de Millénaires ne se trouve point dans les livres saints, nous ne nous croyons pas obligés d’en parler ici avec étendue. On peut consulter la Dissertation que M. Du Pin a composée sur ce sujet, à la tête de son ouvrage sur l’Apocalypse ; et notre commentaire sur le chapitre 20.2, du même livre. Saint Augustin, saint Grégoire le Grand, André de Crète, Bérengaudus, Ribéra et plusieurs savants interprètes de l’Apocalypse entendent sous le nom de mille ans, non un nombre d’années fixe et déterminé, mais tout le temps qui s’écoulera jusqu’à la fin des siècles, à commencer à la résurrection du Sauveur, qui est le commencement de son règne sur son Église.
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