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Musique

Les anciens Hébreux avaient beaucoup de goût et d’inclination pour la musique et pour les instruments. Ils l’employaient dans leurs cérémonies de religion, dans leurs réjouissances publiques et particulières, dans leurs festins et même dans leurs deuils. Nous avons dans l’Écriture des cantiques de joie, d’actions de grâces, de louanges, de deuil ; des épithalames ou des cantiques composés à l’occasion de quelque mariage fameux, comme le Cantique des Cantiques, et le psaume 44, que l’on croit avoir été composés à l’occasion du mariage de Salomon ; des cantiques lugubres, comme ceux que David composa à la mort de Saül et d’Abner, et les Lamentations que Jérémie fit à la mort de Josias ; des cantiques pour célébrer l’avènement d’un prince à la couronne, comme le psaume 61, des cantiques de victoire et d’actions de grâces, comme celui que Moïse chanta après le passage de la mer Rouge, celui de Débora et de Barac, et quelques autres. Enfin le livre des Psaumes est un vaste recueil de différentes pièces de musique composées sur toutes sortes de sujets par divers auteurs inspirés. Nous ne parlerons point ici de la poésie des Hébreux, ni de la nature des vers de ces divins cantiques ; nous en dirons quelque chose ailleurs. Voyez poésie.

La musique est très-ancienne dans le monde. Moïse (Genèse 4.21) nous parle de Jubal, qui vivait dès avant le déluge, et qui fut père ou maître de ceux qui jouaient du kinnor et du hugab. Le premier signifie apparemment la lyre, et le second l’orgue ancien, c’est-à-dire, une espèce de flûte composée de plusieurs tuyaux de différentes grandeurs, attachés l’un auprès de l’autre. Laban se plaint que Jacob, son gendre, l’ait quitté sans lui dire adieu et sans lui donner le loisir de le conduire au citant des cantiques (Genèse 31.27) et au son des tambours et des cythares. Moïse, après le passage de la mer Rouge, compose un cantique, le chante avec les hommes, pendant que Marie, sa sœur, le chante en dansant et en jouant des instruments, à la tête des femmes israélites (Exode 15.1-20). Ce législateur fit faire des trompettes d’argent (Nombres 10.2), pour en sonner dans les sacrifices solennels et dans les festins de religion. David, qui avait beaucoup de goût pour la musique, voyant que les lévites étaient fort nombreux et n’étaient plus occupés comme autrefois à porter les ais, les voiles et les vases du tabernacle, depuis que sa demeure était fixée à Jérusalem, en destina une grande partie à chanter et à jouer des instruments dans le temple.

Asaph, Héman et Idithun étaient les princes de la musique du tabernacle sous David, et du temple sous Salomon. Asaph avait quatre fils, Idithun six, et Héman quatorze. Ces vingt-quatre lévites, fils des trois grands maîtres de la musique du temple, étaient à la tête de vingt-quatre bandes de musiciens, qui étaient fort nombreuses et qui servaient au temple tour à tour. Leur nombre y était toujours grand, surtout dans les grandes solennités. Ils étaient rangés autour de l’autel des holocaustes. Ceux de la famille de Caath occupaient le milieu, ceux de Mérari la gauche, et ceux de Gerson la droite. Comme ils passaient toute leur vie à apprendre ou a exercer la musique, ils devaient la savoir parfaitement, soit qu’ils jouassent simplement des instruments, ou qu’ils chantassent de leur voix. Le Seigneur avait abondamment pourvu à leur subsistance, et rien n’empêchait qu’ils ne se perfectionnassent dans leur art et qu’ils n’y réussissent.

Les rois avaient aussi leur musique particulière. Asaph était grand maître de la musique du roi David. Il était, dit l’Écriture (1 Chroniques 25.2), prophète à la main du roi. Et Berzellaï disait à David (2 Samuel 19.35 Ecclésiaste 2.6) : Suis-je d’un âge à prendre plaisir aux voix des musiciens et des musiciennes ? Dans le temple même et dans les cérémonies de religion on voyait des musiciennes, aussi bien que des musiciens. C’étaient pour l’ordinaire les filles des lévites. Héman avait douze fils et trois filles, qui savaient la musique (1 Chroniques 15.5). Le psaume 9 est adressé à Ben ou Banaias, chef de la bande des jeunes filles qui chantaient au temple. Esdras, dans le dénombrement qu’il fait de ceux qu’il ramène de la captivité, compte deux cents tant chantres que musiciennes (Esdras 2.66-67 Néhémie 7.67). Le paraphraste chaldéen, sur le chapitre 2 v. 8, de l’Ecclésiaste, où Salomon dit qu’il s’est fait des musiciens et des musiciennes, l’entend des musiciennes du temple. Dans le premier livre des Paralipoinènes (1 Chroniques 15.20), il est dit dans l’Hébreu, que Zacharie, Oziel et Sémiramoth présidaient à la septième bande de la musique, qui était la bande des jeunes filles.

Quant à la nature de leur musique, nous n’en pouvons juger que par conjecture, parce que depuis longtemps elle est perdue et hors d’usage. Mais il y a assez d’apparence que oe n’était qu’un mélange de plusieurs voix qui chantaient toutes sur le même ton, chacune selon sa force et sa portée ; et qu’il n’y avait pas parmi eux ces différents accords et cette combinaison de plusieurs voix et de plusieurs tons qui forment notre musique composée. Il est très-probable aussi que pour l’ordinaire le son des instruments accompagnait les voix. Mais s’il est permis d’inférer la beauté de leur musique par ses effets merveilleux et par la grandeur, la majesté, la beauté des choses qui sont renfermées dans leurs cantiques, il faut convenir que leur musique devait être très-excellente et très-parfaite. Tout le monde sait que David, par le son de sa harpe, dissipait la mélancolie de Saül, et qu’il chassait le mauvais esprit qui l’agitait (1 Samuel 16.23). Ce même Saül ayant envoyé du monde pour arrêter David, qui s’était retiré au milieu d’une troupe de prophètes à Najoth de Ramatha, ces envoyés n’eurent pas plutôt entendu le son des instruments des prophètes, qui chantaient et qui jouaient, qu’ils furent tant d’un coup comme transportés par un enthousiasme divin, et commencèrent à faire comme eux (1 Samuel 19.23-24). Une seconde compagnie que Saül y envoya on fit de même. Enfin ce prince y étant venu lui-même fut saisi de l’Esprit divin, et commença à faire tous les mouvements que font les hommes inspirés, avant même qu’il fût arrivé au lieu où étaient les prophètes. Le prophète Élisée, se trouvant un peu ému, fit venir un joueur d’instruments pour calmer son humeur, et pour le mettre en état de recevoir l’impression de l’Esprit divin (2 Rois 3.15). On peut voir notre dissertation sur la musique des Hébreux, à la tête du second tome sur les Psaumes.

Les instruments de musique des anciens Hébreux sont peut-être ce qu’il y a eu jusqu’ici de plus inconnu dans le texte des Écritures. Les rabbins n’en savent pas plus sur cet article que les commentateurs les moins instruits des affaires des Juifs. On ne peut lire sans quelque pitié ce qu’ils disent la plupart sur certains termes inconnus qui se trouvent dans les titres des psaumes, et qu’ils prennent au hasard pour des instruments de musique. De ce nombre sont, par exemple, neghinoth, hannechiloth, hascheminith, siggaion, gitthith, halmoth, michtam, hakleth, haschachar, schoschanim, etc. Mais si l’on veut examiner les choses de plus près, on trouvera que les Hébreux ont un bien moindre nombre d’instruments de musique, et qu’on peut les réduire à trois classes :

1° Les instruments à cordes ;

2° Les instruments à vent, ou les diverses sortes de flûtes ; 

3° Les différentes espèces de tambours.

Les instruments à cordes sont le nable, le psaltérion, ou psanneterim (Daniel 3.5) ; et ces trois instruments ne sont apparemment que la même chose. Ils ont quelque rapport avec la harpe et la cythare ancienne, ou le hasur, c’est-à-dire avec l’instrument à dix cordes. L’un et l’autre étaient à-peu-près de la figure d’un delta : mais le psaltérion ou nable était creux par le haut et se touchait par le bas ; au lieu que la cythare ou l’instrument à dix cordes se touchait par le haut et était creux par le bas. L’un et l’autre se touchaient avec l’archet et avec les doigts.

Le Cinnor ou lyre antique, était tantôt à trois, tantôt à six, et tantôt à neuf cordes. Ces cordes étaient tendues de haut en bas et résonnaient sur un ventre creux qui était au bas. Il se touchait avec les doigts ou avec l’archet.

La symphonie ancienne était à-peu-près la même que notre vielle.

La sambuque était un instrument à cordes, que nous croyons avoir été à-peu-près de la forme du psaltérion moderne. Voilà ce que je trouve d’instruments à cordes dans l’Écriture.

On y remarque aussi diverses sortes de trompettes et de flûtes, dont il est malaisé de donner la figure. Ce qu’il y a de plus remarquable en ce genre est l’orgue ancien, nommé en hébreu, huggah, qui n’est autre apparemment que ces flûtes antiques composées de plusieurs tuyaux de grosseur et de grandeur inégales, qui rendaient un son harmonieux, lorsqu’on soufflait, en les passant successivement sous la lèvre d’en bas.

Les tambours étaient de plusieurs sortes. Le terme hébreu tuph, d’où vient tympanum, se prend pour toutes sortes de tambours ou de tymbales. Le zalzelim est ordinairement traduit dans les Septante et dans la Vulgate par cymbala, qui sont un instrument de cuivre d’un son fort perçant, qui est fait en forme de calottes, que l’on frappe l’une contre l’autre, en les tenant une de chaque main. Les nouveaux interprètes par zalzelim entendent le sistre, qui est un instrument autrefois fort commun en Égypte. Il était de figure ovale, ou en demi-cercle allongé en forme de baudrier, traversé par quelques verges de bronze qui jouaient dans des trous, ou ils étaient arrêtés par leurs têtes.

Le texte hébreu parle d’un instrument appelé schalischim, que les Septante ont rendu par cymbala, et sain Jérôme par systra. Il ne se trouve qu’en un seul endroit de l’Écriture, savoir (1 Samuel 18.6). Le terme schalischim insinue qu’il était de forme triangulaire, et qu’il pourrait bien être cet instrument ancien triangulaire, dans lequel étaient plusieurs anneaux que l’un agitait avec une baguette, et qui rendait un son perçant.

Enfin il est parlé dans le texte des mezilothaïnz, qui étaient de cuivre et rendaient un son aigu et perçant. On les traduit ordinairement par cymbala. D’autres les traduisent par tintinnabula, des clochettes. Zacharie (Zacharie 14.20) dit que le temps viendra que l’on écrira sur les méziloths des chevaux : Consacré au Seigneur : ce qui pourrait faire juger ue ce terme signifie une clochette ; puisqu’on sait qu’anciennement on en mettait aux chevaux de bataille pour les accoutumer au bruit. Nous avons traité des instruments de musique des anciens Hébreux à la tête du second volume du commentaire sur les psaumes. Nous avons aussi dit quelque chose de chacun des principaux instruments sous leurs titres particuliers.

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