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Niches

Il est dit, dans le prophète Amos (Amos 5.25-26) que les Israélites, dans leur voyage du désert, ont porté la tente ou le pavillon de leur dieu Moloch, l’image de leurs idoles, l’astre de leur dieu. Saint Étienne, dans les Actes (Actes 7.43), leur fait le même reproche. On conjecture, avec assez de fondement, que Moloch et ces autres divinités païennes qu’ils portaient dans le désert, étaient portées dans des niches sur les épaules des hommes, ou dans des chariots couverts, comme on sait que quelquefois les païens menaient leurs dieux en processions, ou dans les marches publiques. Il y en a qui croient que ces temples d’argent de la déesse Diane (Actes 29.24), que l’on vendait à Éphèse, étaient aussi de ces niches, ou de ces petits temples portatifs pour la dévotion des pèlerins. Il faut donner ici quelque jour à ce point d’antiquité.

La coutume de porter les figures des dieux sous des tentes et dans des litières couvertes est venue des Égyptiens. Hérodote parle d’une fêle d’Isis, où l’on portait sa statue sur un chariot à quatre roues tiré par les prêtres. Le même auteur, parlant d’une de leurs divinités dit qu’ils la portent d’un temple dans un autre, renfermée dans une petite chapelle de bois doré. Saint Clément d’Alexandrie parle d’une procession égyptienne où l’on portait deux chiens d’or, un épervier et un ibis. Le même Père rapporte les paroles de Ménandre, qui raillait de ces divinités coureuses qui ne pouvaient demeurer en place. Macrobe dit que les prêtres égyptiens portent la statue de Jupiter d’Héliopolis sur leurs épaules, comme on porte les dieux des Romains, dans la pompe des jeux du cirque. Philon de Biblos raconte qu’on portait Agrotes, phénicienne, dans une niche couverte sur un chariot traîné par des animaux.

Les prêtres égyptiens mettaient Jupiter Ammon sur une nacelle d’où pendaient des plats d’argent. Ils jugeaient par leur mouvement de la volonté du dieu, et rendaient sur cela leurs réponses à ceux qui les consultaient. Les Égyptiens et les Carthaginois, au rapport de Servius, avaient de petits simulacres qu’on portait sur des chariots, et qui rendaient des oracles par le mouvement qu’ils imprimaient à leur voiture. Les Gaulois promenaient leurs dieux couverts d’un voile blanc par les campagnes, dit Sulpice Sévère. Tacite parle d’une déesse inconnue qui résidait dans une île de l’Océan. On lui conserve un chariot couvert dont nul n’ose approcher que son sacrificateur. Quand il dit que la déesse y est entrée, on y attelle deux génisses, qui conduisent le char partout où l’on veut, après quoi elles le ramènent dans son bois. On lave et le chariot et les voiles qui le couvrent, puis on noie les esclaves que l’on a employés à cela. Voilà des exemples des dieux portés dans des niches et sur des chariots.

Il faut encore donner quelques exemples de petits temples de métal. Diodore de Sicile parle de deux petits temples d’or. Il y en avait un à Lacédémone qui était tout d’airain, et qu’on appelait pour ce sujet Chalcoteicos, ou maison d’airain. Victor, dans sa description de Rome, en met de même métal dans cette ville ; mais je croirais bien plutôt que les petits temples de Diane d’Éphèse que vendait Démétrius l’orfèvre étaient ou des figures en petit du temple de cette déesse, ou des niches où sa figure était représentée.

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