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Nicolas

Nicolas de Damas (1)

Philosophe péripatéticien, poète et historien, prit le surnom de Damas, à cause qu’il était natif de cette ville. Il vivait du temps d’Auguste, peu avant la naissance de Jésus-Christ, et eut beaucoup de part aux bannes grâces de cet empereur et à celles d’Hérode le Grand, roi des Juifs. Celui-là l’employa en diverses atîaiies importantes, dont il s’acquitta parfaitement. Josèphe cite assez souvent son Histoire : et en quelques endroits il l’accuse d’avoir déguisé la vérité en faveur d’Hérode, auquel il avait consacré sa plume. Il avait écrit l’Histoire générale, et Josèphe cite quelque chose qu’il avait dit d’Antiochus Épiphane. Suitlas ne comptait que 80 livres dans l’Histoire de Nicolas de Damas. Josèphe cite le 124e, Athénée en compte 144, il avait composé divers autres ouvrages. Henri de Valois a publié à Paris, l’an 1634., en grec et en latin, le recueil que Constantin Porphyrogénète avait fait de divers ouvrages de Nicolas de Damas. Ces recueils appartenaient à M. de Peiresch, qui les avait fait acheter dans l’île de Chypre.

Nicolas (2)

Un des sept premiers diacres (Actes 6.5), était prosélyte d'Antioche, c’est-à-dire, converti du paganisme à la religion des Juifs. Il embrassa ensuite le christianisme, et fut un des plus fervents et des plus saints d’entre les premiers chrétiens ; en sorte qu’on le choisit pour être un des sept premiers diacres de l’Église de Jérusalem. Sa mémoire été obscurcie dans l’Église par une tache, dont jusqu’ici il n’a pas été possible de le laver entièrement. Certains hérétiques furent nommés nicolaites, de son nom ; et quoique peut-être il n’ait eu aucune part à leurs erreurs ni à leurs dérèglements, on ne laisse pas de le soupçonner d’y avoir donné au moins quelque occasion. Voici ce que les anciens nous apprennent sur son sujet :
Il avait une femme qui était fort belle, et à l’imitation des plus parfaits, il la quitta, pour vivre dans la continence. Saint Épiphane dit qu’il ne persévéra pas dans sa résolution ; il reprit sa femme, et pour tâcher de justifier sa conduite, il se fit des principes opposés à la vérité et à la pureté ; il se plongea dans le désordre, et donna commencement à la secte des nicolaïtes, et à celle des gnostiques, et de quantité d’autres qui, suivant leurs passions, inventèrent mille sortes de méchancetés et de crimes.

Saint Épiphane est appuyé en cela par saint Irénée, Tertullien, saint Hippolyte, saint Hilaire, saint Grégoire de Nysse, saint Philastre de Bresse, saint Jérôme, Cassien, saint Grégoire le Grand, saint Pacien, Gildas et plusieurs nouveaux, qui disent que Nicolas diacre a été le chef et maître de la secte impie et infâme des nicolaïtes.

Mais saint Clément d’Alexandrie, plus ancien que saint Épiphane, témoigne beaucoup d’estime pour Nicolas, et raconte la chose tout autrement. Les apôtres, dit-il, ayant fait quelques reproches à Nicolas, comme étant trop jaloux de sa femme, il la fit venir devant tout le monde en leur présence, et permit de l’épouser à quiconque la voudrait. Cette parole, qu’il dit simplement, et sans y faire de réflexion, n’était qu’une preuve du peu d’attachement et de passion qu’il avait pour son épouse ; et en effet, ajoute saint Clément, j’ai appris qu’il n’avait jamais eu la compagnie d’aucune autre femme. Et pour son fils et ses filles, lesquels ont vécu fort longtemps, ils ont toujours conservé une parfaite virginité. Mais ceux qui étaient bien aises de s’autoriser de son nom prirent prétexte sur ce qu’il avait fait, pour s’abandonner à toutes sortes de débauches.

Ces hérétiques se fondaient encore, dit le même saint Clément, sur une parole que Nicolas avait dite, qu’il faut abuser de la chair ; par où il ne voulait marquer autre chose, sinon que nous devons réprimer les mouvements de la sensualité et de la concupiscence et mortifier les passions et les impétuosités de la chair ; au lieu que ces disciples de la volupté expliquaient ces paroles selon leur sensualité, et non selon la pensée de cet nomme apostolique. Eusèbe ayant raconté que les nicolaïtes se vantaient d’avoir le diacre Nicolas pour maître et pour chef, les réfute, en rapportant tout au long ce passage de saint Clément d’Alexandrie. Théodoret fait la même chose, et se déclare encore plus ouvertement pour le sentiment de saint Clément : car, excusant la permission que Nicolas donnait d’épouser sa femme, il dit que ce diacre n’avait au fond nulle envie de le permettre ; mais qu’il voulait par là confondre ceux qui murmuraient contre lui. Saint Augustin, Victorin de Pettau, saint Isidore, un concile de Tours vont aussi à le décharger. Les Constitutions apostoliques et les Lettres interpolées de saint Ignace le martyr disent que les nicolaïtes prennent faussement ce nom. Voilà ce qu’on dit pour sa justification.

Cassien dit que quelques-uns distinguaient Nicolas, auteur de la secte des nicolaïtes, de Nicolas, un des sept premiers diacres. Il veut apparemment marquer l’auteur des Constitutions apostoliques, qui dit que c’est à faux que les nicolaïtes se disent disciples de Nicolas, l’un des sept diacres. Jésus-Christ, dans l’Apocalypse (Apocalypse 2.6-15), condamne en deux endroits les actions et la doctrine des nicolaïtes. Il dit qu’il les hait : il fait un mérite à l’évêque d’Éphèse de ce qu’il les a en horreur, et il reproche à celui de Pergame que quelques-uns de son Église suivaient leur doctrine. Dans tous ces endroits S. Jean n’insinue pas la moindre chose qui aille à excuser Nicolas, ni à le décharger de l’accusation qui le fait auteur des nicolaïtes, et nous ne voyons là qu’aucune Église ait jamais rendu quelque honneur à la mémoire de Nicolas, ce qui est un fâcheux préjugé contre lui.

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