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Fils aîné de David et d’Achinoam sa seconde femme, ayant conçu une passion violente pour sa sœur Thamar, qui était fille de David et de Maacha, et sœur d’Absalom, il tomba dans une grande langueur et dans un grand dégoût (2 Samuel 13.1-4). Ce qui, ayant été remarqué par Jonadab, fils de Semmaa, frère do David et grand ami d’Amnon, il lui dit : Mon prince, d’où vient que vous maigrissez ainsi de jour en jour ? Amnon lui découvrit sa passion, et l’impossibilité où il se voyait de la satisfaire. Jonadab lui conseilla de faire le malade, et lui dit : Lorsque le roi votre père vous viendra visiter, dites-lui : Que ma sœur Thamar vienne, je vous prie, pour m’apprêter un peu à manger, afin que j’en mange de sa main. Amnon suivit ce conseil, et le roi lui accorda aisément ce qu’il désirait.
Lorsque Thamar fut venue à l’appartement où était couché son frère Amnon, elle prit de la farine, la pétrit, la délaya, et fit cuire le tout devant lui ; elle le mit dans un plat et le lui servit.
Mais Amnon n’en voulut point manger. Il fit sortir tout le monde, et ayant fait entrer sa sœur dans le lieu le plus secret de la chambre où était le lit, il se saisit d’elle et voulut lui faire violence. Mais Thamar lui dit : Mon frère, ne me faites point cet outrage et ne commettez point cette action, qui est un crime dans Israël ; vous me chargeriez d’un opprobre éternel, et vous passeriez dans Israël pour un insensé ; mais demandez-moi plutôt au roi en mariage, et il ne vous refusera point cette demande (Lévitique 18.11, son trouble l’empêcha de se faire cette réflexion).
Mais Amnon, n’écoutant que sa passion, lui fit violence, et abusa d’elle. Après quoi il conçut pour elle une aversion plus excessive que n’avait été l’amour qu’il avait eu. Il voulut la faire sortir ; et comme elle faisait quelque résistance, il appela un de ses gens, et lui dit : Mettez-la hors d’ici, et fermez la porte après elle. Absalom son frère, l’ayant rencontrée qui jetait de grands cris, et qui avait la tête couverte de cendre, la consola, et lui dit de se taire. David ayant appris ce qui s’était passé, en fut fort affligé ; mais comme il aimait tendrement Amnon, qui était son fils aîné, il ne voulut pas l’attrister.
Absalom conserva dans son cœur le ressentiment de cet affront pendant deux ans, attendant l’occasion de s’en venger. Un jour il invita le roi son père, et tous ses frères, à venir à Baalhasur, près d’Éphraïm, à un festin qu’il faisait pour la tondaille de ses brebis. Le roi l’en remercia. Mais Absalom le pria avec tant d’instance, qu’il lui permit d’y mener les princes, ses enfants, et en particulier Amnon. Absalom donna cet ordre à ses gens : Lorsque vous verrez Amnon qui commencera à être troublé par le vin, et que je vous ferai signe, frappez-le, et le tuez. Ne craignez point ; car c’est moi qui vous le commande. Ces officiers exécutèrent ce que leur maître avait dit ; et ainsi Amnon fut tué, au milieu de la bonne chère, chez son frère Absalom, l’an du monde 2974 ; avant Jésus-Christ, 1026 ; avant l’ère vulgaire, 1030 [« Rien ne manque à ce court tableau ; c’est l’histoire entière d’une passion criminelle, depuis sa naissance jusqu’à sa punition ; tout s’y trouve : abattement qui ne peut se cacher, infâmes conseils, ruse et mensonge, mécompte, haine, violence, meurtre enfin ; mais le trait le plus frappant est cette aversion subite qui s’empare du cœur d’Amnon. D’où peut venir un changement si rapide ? de ce que l’attente des passions est toujours trompée, et que l’on déteste les malheureux qu’on a faits. »]
Fils de Simon [de la tribu de Juda].
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