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Dans le style de l’Écriture, le pain se prend pour toute sorte de nourriture (Genèse 3.19) : Vous mangerez votre pain à la sueur de voue visage. Je vous servirai tin peu de pain, dit Abraham à ses hôtes (Genèse 8.5). Si Dieu me donne du pain pour vivre, dit Jacob, en faisant son vœu à Béthel (Genèse 28.20). Faites-le venir, afin qu’il mange du pain, invitez-le à venir manger avec nous, etc. (Exode 16.15). La manne est nommée un pain descendu du ciel (Genèse 3.19) Dieu dit en la donnant, qu’il nourrit son peuple de pain, qu’il leur donne du pain en abondance, etc.
Les anciens Hébreux avaient plusieurs manières de cuire le pain. Souvent ils le cuisaient sous la cendre. Abraham sert aux trois anges qu’il reçut dans sa tente, des pains cuits sous la cendre (Genèse 28.6) ; l’hébreu huggoth signifie des pains ou gâteaux minces de la forme à-peu-près de nos galettes, que l’on cuit sous la cendre, ou sur des platines chauffées, ou dans des tourtières, ou dans les pierres faites exprès et échauffées. Les Hébreux (Exode 12.39), à leur sortie de l’Égypte, firent de ces pains sans levain pour leur voyage. Élie dans sa fuite trouve à son chevet du pain cuit sous la cendre, et un vase d’eau. Le même Élie dit à la veuve de Sarepta de lui faire un petit pain cuit sous la cendre. Le texte hébreu dans le troisième livre des Rois, 19.6, les appelle huggoth, des charbons, et le prophète Osée (Osée 7.8) compare Éphraïm à ces huggolh, qu’on n’a pas retournés, qui ne sont cuits que d’un côté. Busbèque dit qu’en Bulgarie ces sortes de pains sont encore communs. On les y nomme hugaces : aussitôt qu’on voit arriver un hôte, les femmes font promptement de ces pains sans levain, cuits sous la cendre, que l’on vend aux trangers ; car en ce pays-là il n’y a point de boulangers.
Les Arabes et les autres peuples d’Orient où le bois est rare, cuisent souvent leurs pains entre deux brasiers de fiente de vache allumée, qui brûle d’un feu lent, et cuit le pain tout à loisir. La mie de ce pain est fort bonne, quand on la mange le jour même ; mais la croûte est noire et brûlée, et conserve une odeur de ce qui a servi à la cuire. Cela peut servir à expliquer un passage d’Ézéchiel (Ézéchiel 4.9-10,12,13,15) qui choque extrêmement la plupart des auteurs. Le Seigneur commande à ce prophète de faire une pâte composée de froment, d’orge, de fèves, de lentilles, de millet et de vesce, d’en faire un pain cuit sous la cendre, et de le couvrir avec des excréments humains aux yeux de tout le peuple. Le prophète ayant témoigné au Seigneur une extrême répugnance à cela, Dieu lui permit de le couvrir d’excréments de bœufs, au lieu d’excréments d’hommes. Il ne faut pas s’imaginer que Dieu voulut faire manger des excréments d’hommes au prophète ; mais seulement il lui avait commandé de cuire son pain sous de pareils excréments. Ensuite il lui permit de le faire cuire sous de la fiente de vaches, comme le font les Arabes (1).
Les Hébreux et les autres Orientaux ont encore à présent une espèce de four, nommé tannour, qui est comme une grande cruche de grès, ouverte par le haut, dans laquelle ils font du feu ; lorsqu’elle est bien échauffée, ils détrempent de la farine dans de l’eau, comme nous faisons pour faire de la colle à châssis ; ils appliquent cette pâte avec le creux de la main au dehors de la cruche ; elle s’y cuit dans un instant, et l’humidité en étant desséchée, elle se détache mince et déliée comme nos gaufres. Les Orientaux tiennent que le four d’Ève était de cette sorte, qu’il fut laissé à Noé ; et que de l’eau bouillante qui en sortit se fit le déluge. Rêveries. Une troisième sorte de pain usitée parmi les Orientaux est celle qui se cuit dans une grande cruche à demi pleine de certains petits cailloux blancs et luisants, sur lesquels ils jettent la pâte étendue en forme de galettes. Le pain est blanc et de bonne odeur ; mais il n’est bon que le jour qu’on le fait, à moins qu’on n’y mêle du levain pour le conserver plus longtemps. Cette manière est la plus ordinaire dans la Palestine (2).
Durant toute l’octave de Pâques les Hébreux n’usent que de pain azyme, c’est-à-dire, sans levain, en mémoire de ce qu’au temps de leur sortie d’Égypte ils n’eurent pas le loisir de cuire du pain levé ; mais étant sortis en précipitation, ils se contentèrent de cuire des pains sans levain et sous la cendre (Exode 12.8-9). C’est ce qu’ils pratiquent encore aujourd’hui avec une exactitude scrupuleuse. Voyez l’article Azyme.
Moïse avait ordonné (Nombres 15.20) aux Israélites, lorsqu’ils seraient arrivés dans la terre promise, d’offrir au Seigneur un gâteau de leurs pâte, en forme de prémices, dans la suite de toutes leurs races. Ces prémices de pains, ou de pâtes se donnaient au prêtre ou au lévite qui demeurait dans le lieu où l’on cuisait le pain et s’il n’y avait ni prêtre ni lévite, on jetait dans le feu ou dans le four cette partie de pâte destinée au Seigneur, ou à son ministre. La quantité de pain qu’on donnait pour les prémices n’était pas fixée par la loi ; mais la coutume et la tradition l’avaient déterminée, dit saint Jérônse, entre la quarantième partie de la masse pour le plus, et la soixantième pour le moins. Philon remarque que l’on séparait quelque chose pour le prêtre autant de fois qu’on pétrissait ; mais il ne dit pas à quoi cela montait.
Léon de Modène dit que l’usage moderne des Juifs est que quand le pain est pétri, et qu’on a fait un morceau de pâte gros de quarante œufs, on en prend une petite partie dont on fait un gâteau qui tient lieu des prémices ordonnées par la loi. On avait accoutumé de donner ce gâteau au sacrificateur, mais à présent on le jette au feu, où on le laisse brûler entièrement. C’est un des trois préceptes qui doivent être observés par les femmes, parce que ce sont elles qui font ordinairement le pain. Voici la prière qu’elles doivent réciter en jetant au four ou dans le feu cette petite portion de pâte. Soyez béni, Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous avez sanctifiés par vos préceptes, et qui nous avez commandé de séparer un gâteau de notre pâte.
(1) M. de Lamartine, dans son voyage Palestine, avait pour cuisinier un homme du pays, dont il parle en ces termes : « Son talent en cuisine consiste à faire du feu en plein champ avec des arbustes épineux ou de la fiente de chameau desséchée ; à suspendre une marmite de cuivre sur deux bâtons qui se croisent à leur extrémité, et à faire bouillir du riz et des poulets ou des morceaux de mouton dans cette marmite. Il chauffe aussi des cailloux arrondis dans le foyer, et quand ils sont presque rouges, il les enduit d’une pâte de farine d’orge qu’il a pétrie et c’est là notre pain » Voyage en Orient, tome. I pages 489.
(2) « La manière dont on fait le pain chez les Arabes est la même qu’au temps des patriarches de la Bible. J’ai vu les femmes de Nébé enfermer la pâte dans des débris de vases qu’elles recouvraient de cendres brûlantes dans un four ; c’est exactement du pain cuit sous la cendre ; tel était le pain que Sara offrit aux trois messagers célestes sur la colline de Mambré. J’ai remarqué deux sortes de pains chez les Arabes, le pain rond cuit dans des débris de vases dont je viens de parler, et le pain semblable à des crèpes ; pour faire cuire ce dernier pain, on en tapisse l’intérieur du four. » M. Poujoulât, Correspondances d’Orient tome 5 pages 421.
Ou, suivant le texte hébreu, pains des faces : c’était des pains qu’on offrait à Dieu tous les samedis sur la table d’or posée dans le Saint (Exode 25.30). Les Hébreux assurent que ces pains étaient carrés, et à quatre faces, et couverts de feuilles d’or. Ils étaient au nombre de douze, en mémoire des douze tribus d’Israël, au nom desquelles ils étaient offerts. Chaque pain était composé de deux assarons de farine ; les deux assarons font environ six pintes. Ces pains étaient sans levain ; on les présentait tout chauds chaque jour de sabbat, et on ôtait en même temps les vieux, qui devaient être mangés par les prêtres seuls. Cette offrande était accompagnée de sel et d’encens, et même de vin, selon quelques commentateurs ; l’Écriture n’exprime que le sel et l’encens ; mais on présume qu’on y ajoutait le vin, parce qu’il ne manquait pas dans les autres sacrifices et offrandes. On croit que ces pains étaient posés l’un sur l’autre en deux piles de six chacune ; et qu’entre chaque pain il y avait deux lames d’or repliées en demi cercle tout le long de leur longueur, pour donner de l’air aux pains, et empêcher qu’ils ne se moisissent. Ces lames d’or repliées étaient soutenues à leurs extrémités par des fourchettes d’or qui posaient à terre.
Nous avons remarqué que ces pains de proposition ne se mangeaient que par les prêtres seuls. Toutefois David en ayant reçu du grand prêtre Achimélech, en mangea sans scrupule dans la nécessité (Matthieu 12.4), et notre Sauveur se sert de cet exemple pour justifier ses apôtres qui mangeaient des épis, et qui les froissaient le jour du sabbat. Le prêtre Achimélech appele laïcos panes, ceux dont il est permis à tout le monde de manger, et panes sanctos, ceux dont il n’y a que les prêtres qui mangent.
Nous avons parlé sous l’article offrandes, des différentes sortes de pain que l’on offrait dans le temple, tant avec les sacrifices que dans les offrandes de farines, de gâteaux, de pains, de grains, etc. Il paraît par plus d’un endroit de l’Écriture, qu’il y avait toujours près de l’autel un panier plein de pains (Exode 29.32 Nombres 6.15), pour être offerts avec les sacrifices ordinaires. Panes qui sunt in canistro ; et canistrum panum azymorum.
Moïse défend aux prêtres (Lévitique 22.25) de recevoir des pains de la main d’un étranger, ni quelque autre chose qu’il voudra donner, parce que tous ces dons sont corrompus. On est partagé sur le sens de cette loi. Quelques-uns, comme Tostat, Cajetan et autres, prétendent que sous le nom de pain on doit entendre toutes sortes d’offrandes et de sacrifices, parce que, dans l’Écriture, les victimes qu’on immole, sont quelquefois nommées le pain de Dieu. D’autres, que Dieu défend de recevoir immédiatement de la main des peuples infidèles aucunes hosties ni aucune offrande réelle ; mais seulement de l’argent pour en acheter des victimes ou des offrandes. D’autres enfin l’expliquent littéralement des offrandes de farine, de pain, de gâteaux ; on n’en devait point recevoir dans le temple de la main d’un infidèle ou d’un idolâtre.
Dieu menace de briser le bâton du pain (Lévitique 22.25), baculum panis (Lévitique 22.26), ou virgam panis (Ézéchiel 4.16), ou robur panis (Isaïe 3.1), ou firmamentum panis (Psaumes 104.16) ; c’est-à-dire, d’envoyer dans Israël le fléau de famine, ou de faire que le pain qu’ils prendraient ne les sustentât pas, de leur envoyer une faim canine et insatiable.
Manger, dévorer quelqu’un comme le pain (Nombres 14.9), c’est-à-dire, le dévorer, le détruire sans résistance, sans scrupule, s’en faire un jeu, un divertissement. Voyez Psaumes 13.4 ; 52.5.
L’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais de toute parole qui procède de la bouche de Dieu Deutéronome 8.3). C’est-à-dire, Dieu peut nous sustenter non-seulement avec du pain et de la nourriture ordinaire, mais aussi avec toute autre chose s’il juge à propos de lui donner une vertu nourrissante. Ainsi il a nourri les Israélites dans le désert avec la manne ; il a nourri cinq mille hommes avec cinq pains distribués par les mains de Jésus-Christ et de ses apôtres. Verbum est mis pour chose. Dans le texte hébreu du Deutéronome, on ne lit pas verbo, mais seulement, in omni quod procedit de ore Dei.
Sont mis pour toute nourriture. Ainsi on dit que Moïse demeura quarante jours sur la montagne de Sinaï, sans manger du pain, ni sans boire d’eau (Deutéronome 9.9-18). Dieu se plaint des Ammonites et des Moabites, qui ne sont pas venus au-devant des Israélites avec du pain et de l’eau (Deutéronome 23.4) ; et Nabal fait dire à David : Je prendrai mon pain et mon eau, et je les donnerai à des gens que je ne connais pas. Abdias, intendant du roi Achab, nourrit cent prophètes du Seigneur de pain et d’eau. Le commencement de la vie de l’homme est le pain et l’eau Ecclésiaste 24.28.
Du troisième des Rois sont la même chose qu’un peu de pain et un peu d’eau, du second livre des Paralipomènes. Isaïe menace les Juifs de la colère de Dieu, et dit qu’il leur donnera si peu de pain et d’eau qu’ils n’en auront pas pour se rassasier.
Comme les Hébreux faisaient ordinairement leur pain fort mince, et en forme de gaufres ou de galettes, ou de petits gâteaux, ils ne le coupaient pas avec le couteau, mais Ils le rompaient, d’où vient cette expression si ordinaire dans l’Écriture, rompre le pain, pour dire manger, se mettre à table.
On remarque aussi que ceux qui se mettaient en voyage, pour l’ordinaire faisaient provision de pain, parce qu’alors on ne trouvait ni hôtelleries ni boulangers dans la Palestine, du moins ils y étaient fort rares. Jésus-Christ dit à ses disciples de ne se pas mettre en peine en allaut en voyage pour prêcher l’Évangile, de prendre du pain pour leur provision (Marc 6.8) ; ils en avaient toutefois ordinairement à la suite du Sauveur, et un jour ils témoignèrent beaucoup d’inquiétude de ce qu’ils avaient oublié d’en emporter (Matthieu 16.5-8), de quoi Jésus les reprit fortement.
Le Psalmiste parle du pain des larmes Fuerunt mihi lacrymœ meoe panes die ac noete (Psaumes 41.4) ; et ailleurs (Psaumes 79.9) : Vous vous rassasierez du pain de larmes. Et encore : Vous qui manqez le pain de douleur (Psaumes 126.2). On comprend bien que tout cela marque des larmes, une douleur continuelle, qui fait perdre le souvenir et l’envie de boire et de manger.
Le pain D’impiété (Proverbes 4.17), Le pain de Mensonge (Proverbes 22.17 ; 23.3) est un pain acquis par le crime, par la tromperie, par le mensonge. Le pain de ceux qui sont dans le deuil est mis dans Osée 9, pour un pain impur et souillé. Il y en a qui croient que ce passage de Jérémie 9.19, Mettons du bois dans son pain, signifie, empoisonner son pain en y mêlant un bois venimeux ; ou jetons-lui du bois sur le corps, accablons-le de coups de bâton. L’Hébreu lechem, qui signifie ordinairement du pain, se met aussi quelquefois pour le corps.
Envoyez votre pain sur les eaux qui coulent, et vous le retrouverez après un long temps, dit Salomon (Ecclésiaste 11.2) ; c’est-à-dire à la lettre : semez votre grain sur un terrain bien arrosé, et vous ferez une récolte abondante ; ou selon le sens moral : Faites des aumônes copieuses, ne refusez votre secours à personne, et vous en recevrez une récompense proportionnée à votre libéralité et à l’étendue de votre charité.
L’Eucharistie, ou le sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ contenu réellement et substantiellement sous les apparences du pain et du vin est très souvent désigné dans le Nouveau Testament sous le nom de pain, de pain de vie, de pain vivifiant, de pain que nous rompons, et la sainte communion est marquée sous le nom de fraction de pain. Le même sacrement est figuré par la manne, ce pain céleste, ce pain des anges, ce pain qui contenait toutes sortes de douceurs et de délices,
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